La Gazette : 32e journée
Il faut faire le grand écart pour se tenir sur un podium où le leader a 16 points d'avance sur le troisième. On voit d'ailleurs quelle option les Girondins ont prise sur la qualification pour la C1 en l'emportant face à Nice, et à quel danger les Lillois se sont exposés en ne rapportant qu'un point de la Meinau...
Au terme de cette journée qui a collectionné les matches nuls, les rares vainqueurs se sont positionnés pour le Graal européen – s'agissant de Rennes et Lens qui talonnent désormais Auxerre – ou se sont redonné de l'espoir s'agissant du FC Metz, qui a eu la bonne idée de déposer sa lanterne rouge dans les locaux de l'ACA… D'autant que les nouvelles défaites de Sochaux et surtout de Troyes sont de bonnes raisons supplémentaires d'y croire pour le trio des reléguables.
Les résultats de la 32e journée
Rennes-Troyes : 2-0
Lens-Sochaux : 2-1
Bordeaux-Nice : 1-0
Strasbourg-Lille : 2-2
Marseille-Le Mans : 1-1
Lyon-Toulouse : 1-1
Monaco-Paris SG : 1-1
Auxerre-Saint-Étienne : 1-1
Nancy-Nantes : 0-0
Ajaccio-Metz : 0-1
Le poncif est mon métier
Jamais en reste de stéréotypes, les commentateurs sont les parfaits pendants des joueurs. Certains s'adonnent cependant au freestyle le plus radical, à l'image de Laurent Paganelli, qui adore poser des questions sans queue ni tête, comme s'il ne livrait en direct à une expérience de psychopathologie sur les pauvres interviewés, obligés d'improviser (donc souvent de se raccrocher à la langue de bois comme un naufragé à un bout de bois flottant).
Déjà bien en langue avant le début de Monaco-Paris, il avait interrogé ainsi Camel Meriem: "Un match intéressant à jouer pour les Monégasques puisqu'il y a du public, il y a un adversaire, il y a des points à prendre…" Mais le plus fort devait venir en cours de match, un discours à la Darry Cowl succédant aux truismes – cette fois pour solliciter Kalou sur le banc: "C'est dommage ce mauvais début de deuxième période de la part de votre équipe, l'équipe de Paris est revenue, l'équipe de Monaco est revenue, mais on sent que votre équipe est revenue dans cette rencontre et a repris le jeu à son compte". Kalou, lui, n'en est toujours pas revenu.
Bal tragique à Louis II : une passe
Comme Canal +, l'hebdo gratuit Sport avait fait du Monaco-PSG son affiche de la 32e journée. Au menu de cette page, à côté d'un commentaire ne mangeant pas de pain (et gratuit sûrement lui aussi) de Guy Roux Consulting SA, un copieux pavé de statistiques à déguster accompagné de quelques calendos en couleurs.
Dans la batterie assez "classique" des indicateurs déclinant les performances respectives des deux clubs à domicile et à l'extérieur, le dernier se démarque avec un titre une chouille plus aguicheur : il pointe les "Hommes à surveiller". Pas de surprise au rayon "meilleur buteur", l'increvable mobylette de Paulette indique trois buts au compteur. Pour ce 16e match à l'extérieur toujours, le "meilleur passeur", c'est Cissé avec... 1 passe.
On pouffe, et on s'interroge. Au début de la retransmission de Canal, le gros plan sur Edouard tient-il à ce qu'il retrouve à Louis II un jardin qui lui rappelle quelques très bons souvenirs, ou bien la chaîne qui compile les stats cible-t-elle LE meilleur passeur, un homme surveillé comme le lait sur le feu par le coach et l'effectif monégasques. Le très Wanted Edouard, le cador qui, à Paris, ne plafonne pas à "zéro passe". Bref, si sa stat' vaut bien celle de ses co-équipiers en la matière, elle a pour inconvénient pour sa pomme d'en faire le révélateur des petits soucis du club...
Malheur à celui qui a fait la première (et dernière) passe.
Les faux jumeaux : inédits
Ça y est, on a enfin retrouvé "Le cri" d'Edvard Munch. C'est Alexander Farnerud qui l'avait volé.
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Un Stade renaît
Européens pour la première fois depuis des lustres, outsiders déclarés en début de championnat, les Rennais ont entamé l’exercice 2005-2006 par la pratique favorite de leurs glorieux aînés: l’ascenseur. Autant la fin de saison précédente avait été marquée par un jeu alerte et léché, autant le début de la nouvelle ressemblait à un mauvais pastiche, malgré un effectif peu chamboulé à l’été (départ de Sorlin). Avec une défense en chewing-gum basée sur un axe à fort potentiel comique (Adailton-Ouaddou), un Frei boudeur et perso, des tensions palpables (Hadji marginalisé), et les ligaments éparpillés du capitaine Jeunechamp, le Stade rennais en venait à regarder derrière lui et se voyait déjà englué dans une saison aussi oubliable que son président, le sémillant Emmanuel Cueff.
Mais au fil des tâtonnements, Bölöni a soudain trouvé la bonne formule. Bourrillon en défense centrale, Gourcuff aux manettes, des doses instillées d’Espoirs voire de moins de 19 ans (Briand, Mvuemba, M’Bia, Pouplin…), un semblant d’esprit d’équipe retrouvé. Et voici les mêmes Rennais – malgré un effectif peu chamboulé au mercato (arrivée de Sorlin) puis privé de Frei –, estampillés épouvantails de la seconde partie de championnat. Ils cartonnent l'OL à Gerland (4-1), s’adjugent contre Troyes le record de victoires consécutives du club en championnat (6). Mensah verrouille les dix-huit mètres et Utaka retrouve le sens du but que quelques années à Lens avaient fini par lui ôter – au point qu’il enfile les buts comme des perles, deux par deux ou trois par trois. Les Rennais ont déposé, dans une remontée raquilienne, parisiens et marseillais à la consternante irrégularité, et viennent désormais talonner des Auxerrois en panne. Sur le même rythme jusqu’à la fin de saison, avec le retour des blessés (Jeunechamp, Frei) et un calendrier de ventre mou, le tour préliminaire de la Ligue des Champions devient un objectif sensé pour ce Stade-là. Ni plus ni moins usurpé que le LOSC 2004-2005, après tout.
Attention, la forme aiguë de la dépression connue sous le nom de mullerite peut s'abattre sur n'importe qui, n'importe où.
La mode du come-back
Ca y est, c’est le printemps, et avant même le retour des minijupes et des demis en terrasse, La L1 nous a offert ces dernières semaines des revenants à la pelle, preuve que le récent renouveau des films de zombies n’était en réalité qu’un signe avant coureur.
Les mauvaises langues affirment que c’est parce qu’on rentre dans la période de renouvellements de contrats… Toujours est il qu’on assiste à un bourgeonnement spectaculaire : on notera tout d’abord le retour en grande forme de Maoulida, qu’on n’avait plus vu aussi bien jouer depuis ses débuts à Montpellier, moteur principal d’une animation offensive pourtant défaillante sur la Canebière. Avec trois buts dans la semaine, il est sur le point de retrouver l’efficacité qui était la sienne sous le maillot grenat il y a quatre saisons, quand il était sous les ordres de… Jean Fernandez.
Du côté girondin, c’est Denilson qui vient enfin assumer une partie des espoirs placés en lui. Après avoir planté le but le plus rapide de la saison – et surtout un but capital sur le plan comptable – il a livré une copie plus que correcte. Un point commun cependant avec le marseillais précédemment cité : tous les deux ont encore du mal à tenir le rythme pendant quatre-vingt dix minutes.
Impossible de laisse de côté la terreur du moment : Utaka est, avec onze buts en un mois et demi, tout proche du ratio Pauletesque de 0,56 buts par match, avec un nombre de titularisations pourtant inférieur. Cela devrait être suffisant pour attirer sur lui l’œil du PSG ou de l’OM, où il aura tout loisir de s’enterrer une fois bien au chaud dans la banlieue cossue d’une grande métropole.
Comme Maoulida, Frau a profité du mercato pour corriger le tir après un transfert hasardeux. De son propre aveu, il lui fallait "un but pour se remettre en confiance". Ce fut chose faite la semaine dernière contre Toulouse, arrachant ainsi un point à l’extérieur. Il remit ça cette semaine à domicile, auteur du but de la victoire contre Sochaux. Avec Pedretti qui recommence à jouer, et Pagis qui s’impose à Marseille, assisterait-on à la fin de la malédiction des anciens Sochaliens?
L'envers du championnat
Au terme du choc Ajaccio-Metz, on peut évoquer une véritable passation de pouvoir en tête de l'envers-championnat. Ajaccio a confirmé son excellente forme du moment – 0,5 points remportés par match lors des huit dernières journées – en faisant la loi sur ses terres. Les hommes de Joël Muller devront retrouver une plus grande régularité dans le sprint final pour éviter l'injustice qui se profile: leaders 17 fois sur 32 cette saison, les voici distancés par des Corses qui se hissent au sommet du podium pour la quatrième fois seulement de la saison. Leur différence de buts favorable leur laisse encore un mince espoir (-27 contre seulement -23 pour les Ajacciens), mais en ramenant leur pire résultat à l'extérieur depuis le 9 avril 2005 à Caen, les Messins ont peut-être fait un trait définitif sur la première place ce week end…
Les Strasbourgeois tenaient un bon résultat sur leur terrain contre les modestes Lillois jusqu'à cette magnifique faute de main de Sylva à la 89e minute. Diané entrepris bien un auto-croc en jambe, mais il fut insuffisant pour lui éviter d'inscrire un deuxième but synonyme de contre-performance à domicile. Les Strasbourgeois se trouvent aujourd'hui installés à la troisième place du classement, à trois longueurs d'une première place qu'ils pouvaient légitimement ambitionner. Gare toutefois aux Troyens qui se rapprochent dangereusement…
Car les Strasbourgeois sont aujourd'hui sous la menace directe de Troyes, véritable terreur de cette fin de saison, qui bénéficie il est vrai d'un calendrier favorable (voir La Gazette: 31e journée). Outsiders, les Aubois reviennent à grandes enjambées aux portes d'un podium qui ne se situe plus qu'à deux petits points. Quand on se souvient de leur triste classement au soir de la 22e journée – 5e à dix points de la 3e place qualificative pour la Ligue 2 – on peut raisonnablement miser sur une fin de parcours en trombe de l'ESTAC pour déjouer les pronostics et se placer sur le podium.
Avec dix points de retard sur la 3e place, les Toulousains avaient encore un mince espoir, mais force est de constater qu'en ne profitant pas de leur opposition face à la lanterne rouge Lyonnaise, ils n'ont pas repris le moindre point aux Strasbourgeois. Leur faux-pas à Gerland leur impose d'ores et déjà – au même titre que Sochaux pourtant performant à Lens, mais qui compte encore six points de retard sur la 3e place –, de reporter leurs ambitions sur la saison prochaine…