L'OL n'a pas besoin de pelle pour creuser son trou, même si Rolland Courbis estimera que les arbitres sont aveugles, comme la justice. Ses poursuivants parisiens et bordelais, désormais sur la même ligne, ont en effet lâché des points ce week-end, tandis que l'AJA les rejoignait.
La photo de ce classement montre aux cinq premiers rangs la plupart des plus gros palmarès de France, puisque Monaco et Marseille se sont replacés aux côtés des Verts... Mais le milieu de tableau s'étage juste derrière ceux-là, un peu plus étiré, et augmenté du FC Sochaux qui recolle.
C'est le statu quo, en revanche, pour Metz et Strasbourg qui restent englués à bonne distance du reste de la compagnie.





Les résultats de la journée
Monaco-Metz : 3-0
Auxerre-Troyes : 3-0
Lyon-Ajaccio : 3-2
Nancy-Toulouse : 2-0
Marseille-Paris SG : 1-0
Lens-Nice : 2-2
Bordeaux-Sochaux : 1-1
Le Mans-Lille : 1-1
Nantes-Saint-Étienne : 1-1
Strasbourg-Rennes : 0-1



Les sabots d'Ilan
Un dribble dans un mouchoir de poche, une balle en profondeur dans le mouvement de l'extérieur du pied, et, au final, une passe décisive pour Jérémie Menez : samedi dernier, dans une sinistre rencontre entre les Girondins et Sochaux, le Brésilien Ilan a produit l'un des rares gestes de classe des quatre-vingt dix minutes de jeu. Déjà remarqué l'an passé grâce à des débuts tonitruants dans le Doubs, l'attaquant sud-américain avait eu plus de mal à confirmer, avec une régularité en dents de scie tout au long de la saison (mais tout de même douze buts à l'arrivée).
Cette année, malgré le départ de Santos sous des cieux plus cléments, il doit subir la concurrence de Dagano, arrivé de Guingamp comme un titulaire en puissance après un début de saison pénible des Lionceaux, et de Menez toujours considéré comme un grand espoir du club au poste d'attaquant. Pourtant, Ilan garde pour lui un rare atout dans l'actuel effectif sochalien: celui d'être l'un des derniers fins techniciens du club, après l'hémorragie vécue par les Franc-Comtois ces trois dernières années. Pas sûr, d'ailleurs, qu'il ne suive pas la trace de ses prédécesseurs dans des clubs ambitieux, à la fin d'une saison qui pourrait s'avérer pénible pour les Jaunes et Bleus.



Esprit, es-tu là ?
Même plus à la pointe de l’innovation dans le domaine de la stupidité confondante comme à l’époque des projections de têtes de cochons ou autres tentatives de lancers de buvettes du haut des gradins, certains spectateurs du Vélodrome se sont une fois de plus livrés à une très intelligente séance de jets divers et variés sur un tireur de corner qui avait choisi de défendre les mauvaises couleurs. C’est désormais récurrent, comme une mode intangible qui ne surprend pratiquement plus personne. La grande surprise en définitive viendrait presque des instances qui sanctionneraient sévèrement ces manifestations de la bêtise du supporter de football. Que deviendraient en effet les notes consignées par le délégué, si une sanction devait tomber sur un stade comme le Vélodrome le jour où Canal+ eût prévu de diffuser le prochain Marseille-Monaco en prime time? Une misérable amende, certainement, et pas de quoi entrevoir une quelconque prise de conscience du problème… 

Que l’on ne vienne pas nous seriner le refrain du "stade-reflet-de-la-société" vingt-quatre heures après avoir assisté au festoyant Stade Français-Stade Toulousain, sommet du Top 14 présenté comme l’équivalent du OM-PSG. Le stade de rugby serait-il donc immunisé contre le reflet de la société, seul fautif désigné? Les medias ont trouvé l’excuse fourre-tout de ce formidable "esprit rugby" pour tout expliquer. Il fallait y penser. On se contentera donc d’imaginer que l’esprit rugby veille également sur les sommets des championnats de France de Basket, de Hand, de Volley, voir même de Water-Polo…

Des supporters parisiens, eux, en sont rendus à attaquer le bus d’autres supporters parisiens sur la route du retour de Marseille, comme au bon vieux temps des diligences… Peu avant, le Directeur sportif du club phocéen, fidèle à lui-même, ne put s’empêcher d’apporter sa pierre à l’édifice en fleurissant les débats suite à l’affaire du vestiaire ammoniaqué d’un consensuel: "Allez vous faire enc…!" cordialement éructé à la face des dirigeants parisiens. Quant au président du Directoire, son langage plus finement fleuri ne lui a malheureusement pas permis de trouver un synonyme plus savant pour le mot "excuses".

S’il existe un esprit dans le football, il doivent être bien trop nombreux à se le partager.



Canal réchauffe les plats
"Derby de France" toujours. L'enjeu de la rentabilisation par Canal+ des 600 millions consacrés à la Ligue 1 devait inévitablement amener la chaîne à survendre ce prétendu sommet. On eut donc droit aux hyperboles sur la "rivalité historique", de la part de journalistes pour lesquels tout ce qui a plus de quinze ans doit appartenir à la préhistoire (décidément, dans le milieu, tout le monde fait bien semblant de n'avoir pas lu le bouquin de Péres et Riolo). Également au programme, un "plateau" avec quelques vieilles gloires comme Jean-Pierre Papin ou David Ginola qui a fait le déplacement depuis Sainte-Maxime (l'ancien joueur avait déjà été présent dans l'actualité récente avec l'évocation du France-Bulgarie de 93, en lien avec la qualification des Bleus). Une heure d'antenne avant le match, pour ne pas dire grand chose.

Histoire de contribuer à l'énervement général, la chaîne cryptée s'est particulièrement acharnée – encore plus que d'habitude – à repasser jusqu'à la nausée les ralentis des deux fautes parisiennes commises à la limite de la surface. Pendant le match, à la mi-temps et après le match. Un record de visionnages qui montre à quel point les télévisions visent une forme d'abrutissement par la répétition des images et manifestent une tendance réellement maladive à vouloir arbitrer les arbitres.
Mais l'autre fonction de ce procédé, la plus essentielle, c'est de servir de cache-misère à la pauvreté des analyses de nos commentateurs et consultants…

Malgré tout, on a quand même pu voir un match de foot plaisant, avec un OM dont l'entraîneur pouvait à juste titre se féliciter d'avoir bien négocié ce deuxième tournant de la saison, après la qualification pour la Coupe de l'UEFA. Le discours du staff sur la nécessité de la patience, surtout chez les supporters, s'en est trouvé crédibilisé. On retiendra aussi qu'un Ribéry de ce calibre pourrait bien constituer la surprise de la liste des 23 pour le Mondial 2006, s'il maintient ce niveau tout au long de la saison. Ce qui serait de nature à faire hésiter Domenech, c'est ce regard torve lancé par l'ex-Messin à Rozenhal juste avant de lui balancer un coup de coude manifestement prémédité. En Allemagne, il sera préférable de finir les matches à onze.



Auxerretitude
Le 20 août dernier, lors de la quatrième journée, l'AJ Auxerre se faisait cartonner par 7 buts à 0 par le RC Lens. Cette claque sembla annihiler un bon début de championnat (nul à Strasbourg, victoire à Monaco et victoire contre Bordeaux), et les sarcasmes s'abattirent sur le paletot de Jacques Santini. D'autant que dans la foulée, son équipe perdit à domicile contre Lyon puis à Rennes. L'héritage de Guy Roux semblait donc déjà en passe d'être dilapidé, l'objectif du maintien devenant plausible pour la première fois depuis des années. Si le mois de septembre vit l'élimination des Bourguignons en Coupe de l'UEFA, contre le Levski Sofia, il marqua surtout un redressement tangible. Au cours du mois écoulé, Auxerre remporta quatre victoires contre une seule défaite à Toulouse, pour pointer désormais à la quatrième place et remettre sa différence de buts presque à zéro — là où le Stade rennais trimballe un lourd -10 comme séquelle de ses propres absences.
 
L'équipe a récupéré Yann Lachuer et aligne depuis deux matches une paire Benjani-Luyindula qui pourrait s'installer et se montrer régulièrement efficace (notons que ces trois joueurs ont marqué samedi dernier, le Zimbabwéen ouvrant son compteur personnel). La défense s'est stabilisée autour de la charnière Grichting-Mignot, devant laquelle évolue un duo Berson-Violeau qui ne rigole pas trop. Pour composer son milieu offensif, Santini a le choix, puisque Kahlenberg, Cheyrou, Lachuer et Akalé sont autant de postulants crédibles pour les deux postes excentrés de son 4-4-2.
Bref, le tableau s'est considérablement éclairci et l'AJA devrait avoir les moyens de faire autre chose que de la figuration cette saison…