Albanais blancs et Bleus benêts
En mode expérimental avec un 4-4-2 losange peu convaincant, l'équipe de France n'est revenue dans le match et sur l'Albanie qu'en renouant avec des recettes connues.
Une première minute de pression albanaise, conduisant à jouer avec Lloris puis obligeant Yanga Mbiwa à concéder un corner à la réception duquel Cana envoie une tête sur la transversale: l'entame des visiteurs a montré où ils souhaitaient mettre la barre dans cette opposition. Évidemment positionnés pour défendre avec intensité, ils obtenaient d'ailleurs deux autres corners avant les dix minutes de jeu.
On ne peut donc pas s'étonner des occasions – et du but – concédés par l'équipe de France. D'autant moins que l'Albanie a ressemblé à beaucoup des adversaires des Bleus ces dernières années, leur posant des problèmes bien connus (lire la nalyse). On pourrait facilement définir cette équipe standard: pas de génie individuel, mais de la rigueur tactique, un collectif homogène, un niveau technique très honorable, une bonne capacité à jouer les contres et/ou les coups de pied arrêtés, beaucoup d'investissement mental et physique. Voilà pourquoi il n'y a plus de petites équipes, et tant d'équipes difficiles pour celles qui disposent de plus de potentiel – mais de bien moins de marge pour le transformer en supériorité.
C'est pourtant cette marge que Didier Deschamps doit trouver, d'ici l'Euro 2016, en explorant les solutions humaines et tactiques à sa disposition, sans négliger l'esprit de son équipe. Il retirera plus d'enseignements que nous de ce France-Albanie un peu décousu, dont nous aurons quand même pu apprécier le rythme, et l'envie de gagner qu'y ont mis les Bleus – fût-ce surtout en seconde période.
La nalyse : adieu au 4-4-2 ?
Didier Deschamps a décidé de saupoudrer la longue campagne de matches amicaux d'innovations tactiques, en quête d'alternatives aux traditionnels 4-3-3/4-2-3-1. Ce match face à l'Albanie fut donc l'occasion de revoir le 4-4-2 en losange plutôt séduisant contre le Portugal (2-1). Autant l'affirmer d'emblée: ce fut beaucoup moins le cas vendredi soir.
Enlisement dans l'axe
Si le sélectionneur trouve à cette organisation des vertus de maîtrise du ballon grâce à un entrejeu renforcé, l'argument perd de sa pertinence quand l'adversaire, comme l'Albanie, renonce à la bataille de la possession. Dès lors, l'accumulation d'éléments axiaux s'est retournée contre les Bleus, trop souvent enlisés au cœur du bloc défensif adverse, bas et compact. Et pourtant, Valbuena s’est une fois de plus démené pour apporter du liant (cent sept ballons joués, deux tirs, quatre occasions créées, cinq fautes subies).
L'apport des latéraux, crucial pour aérer le jeu, a été inégal même s'il s'est amélioré au fil du temps, Christophe Jallet ayant été le plus offensif (onze centres) – mais au détriment de sa solidité défensive, faute de couverture. Une fois n'est pas coutume, l'équipe de France a penché à droite.
La configuration du match a également joué en défaveur de association Lacazette-Benzema, pourtant alléchante sur le papier. Le premier s'éclate dans les grands espaces à l'OL, il en a été privé. Le second, certes précis dans ses remises (87% de passes réussies), a retrouvé sa tendance à jouer trop petit aux abords de la surface. Les deux hommes ne se sont échangés, en tout et pour tout, que six ballons.
Griezmann, plus vite
Au rang des déceptions, on ajoutera aussi les atermoiements de Mapou Yanga-Mbiwa, l'incapacité de la sentinelle Yohan Cabaye à sécuriser la phase de transition à la perte du ballon, le nouveau but encaissé sur coup de pied arrêté (le septième sur les huit derniers concédés) et le manque de tranchant des Bleus pour couper l'un des trente-six (!) centres, plus ou moins bien distillés. En face, les Albanais ont opposé une discipline et une détermination défensives remarquables, ainsi qu'un talent technique certain pour exploiter efficacement leurs ballons de contre.
Le passage au 4-3-3 à la pause, un peu, puis l'entrée réussie d'Antoine Griezmann à l'heure de jeu, surtout (avec la “mobilité” et la “vitesse” réclamées par le sélectionneur), ont amélioré les choses offensivement: meilleure occupation de l'espace, disponibilité entre les lignes, et la récompense d'une égalisation logique. Mais pas de quoi effacer le sentiment frustrant de stagnation dans ce genre de matches. Car les difficultés de l'équipe de France à forcer les coffres forts posés devant elle durent depuis plusieurs années déjà, et personne n'a encore trouvé la bonne combinaison. (Julien Momont)
Vu du forum
=>> le Bleu - 21h32
Sans Patrice Evra, on n'arrive à rien.
=>> Gazier - 21h33
Le Pogba, là, c'est bien celui qui joue à Saint-Étienne ?
=>> Charterhouse11 - 22h34
Didier, tu as le droit d'envisager Schneiderlin titulaire un jour, c'est autorisé par la FIFA.
=>> Mevatlav Ekraspeck - 22h48
Une conclusion : faut plus jouer à Rennes, c'est contagieux.
=>> Tonton Danijel - 23h26
Il reste une différence entre le Stade des Alpes et le Stade de la Route de Lorient: les supporteurs ont déjà vu l'équipe de France gagner au Stade des Alpes...
=>> PCarnehan - 23h42
Vu qu'on a tenté un malheureux 4-4-2 des années 80-90 contre l'Albanie, on peut aussi essayer de jouer en WM face à la Suède. En forme d'hommage à la Coupe du monde 1958 (et 54).
=>> Mevatlav Ekraspeck - 00h53
La charnière, c'est un truc maudit en France, que ce soit au foot ou au rugby.
=>> Paul de Gascogne - 01h15
Après le match de ce soir, Deschamps albanie définitivement le 4-4-2.
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