Di Natale, un footballeur en argent
Passe en retraite – Antonio Di Natale, l'un des attaquants les plus réguliers et les plus fidèles du football italien, tirera sa révérence à la fin de la saison. C'est une bonne bouteille d'eau fraîche qui part avec lui.
Il est le dernier à avoir battu Iker Casillas en phase finale d'un tournoi international majeur [1]. Lancé par un délice de passe en profondeur d'Andrea Pirlo, Antonio Di Natale choisit d'enrouler son ballon sur la gauche du capitaine espagnol au lieu de le crocheter ou de servir sur sa droite Antonio Cassano qui avait suivi. En ce dimanche 10 juin 2012, l'attaquant de l'Udinese ouvre ainsi le score à la 61e minute d'une magnifique rencontre entre la Roja et la Squadra Azzurra. Un match qui reste une référence technique incontournable et dans lequel Di Natale venait de remplacer un Mario Balotelli nerveux et maladroit. Il prend ainsi sa revanche après son tir au but raté quatre ans plus tôt face au même gardien. Adroit, impliqué, travailleur, patient, le natif de Naples a — sur le tard — fait siennes les qualités de fidélité, de régularité et de fiabilité.
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Chi va piano va sano, e va lontano
À l'origine ailier gauche, ce sont ses prestations au poste d'avant-centre que l'histoire retiendra de Di Natale. Sa vivacité, sa technique, et surtout son sens du jeu et du but vont faire de lui un footballeur en progression douce mais constante et sûre. Après des passages dans les échelons inférieurs avec l'Iperzola et Varese en Serie C, et avec Viareggio en C2, il monte en Serie A avec son club formateur, Empoli, lors de la saison 2001/02. Une promotion à laquelle il prend une part active avec seize buts au compteur. Treize réalisations aident l'équipe à se maintenir l'année suivante et lui ouvrent les portes de la Nazionale, alors entraînée par Giovanni Trapattoni. Il a 25 ans.
Empoli finit avant-dernier en 2004 mais Di Natale s'engage avec l'Udinese pour rester dans l'élite. Titulaire mais peu prolifique, c'est surtout à travers son association complémentaire avec Vincenzo Iaquinta qu'il est utile, participant au parcours de son équipe qui se hisse à la quatrième place et se qualifie pour la Ligue des champions. Le départ de son coéquipier d'attaque va coïncider avec la naissance du joueur régulier et emblématique que l'on connaît. Il commence alors à marquer sa syndicale quinzaine de buts dès 2005/06, jusqu'à décrocher le titre de capocannoniere en 2009/10.
À l'âge du Christ, celui dont le nom de famille signifie "de Noël" en italien, inscrit 29 pions et permet à l'Udinese de se maintenir en Serie A. Lors des trois saisons suivantes, il dépasse encore la barre des 20 buts, le club frioulan obtenant ses tickets pour les C1 2011/12 et 2012/13. Mais Arsenal de justesse (alors que Di Natale rate un penalty au retour) puis Braga, aux tirs au buts, empêchent Udine de rejoindre la phase de groupe. Surtout, Roberto Donadoni, Marcelo Lippi et Cesare Prandelli l'emmènent avec eux en phases finales des grandes compétitions internationales, mais pour un succès mitigé. Il échoue face à Casillas en 2008, marque un but pour du beurre en poules en 2010 contre la Slovaquie et ne confirme pas son entrée en jeu fracassante lors de l'Euro des Pays de l'Est.
Un joueur en argent
Di Natale, c'est aussi et avant tout cela: un attaquant complet et polyvalent, au gabarit moyen (1,70m pour 73kg) mais paradoxalement trapu, qui a surtout rayonné sur la scène nationale malgré son honorable moyenne avoisinant le but tous les deux matches [2] en compétition européenne. Il n'a peut-être jamais été un joueur de la trempe des grands, quoiqu’il fut sous-estimé. Mais son histoire de footballeur en ascension, et fidèle à l'Udinese alors que le Milan lui proposait un contrat, est admirable et elle fait de lui un joueur apprécié et respecté.
Le Ballon d'eau fraîche a un cousin de l’autre côté des Alpes, le Pallone d’Argento (Ballon d’Argent). Il est décerné par l’Unione Stampa Sportiva Italiana et récompense les joueurs ayant fait preuve “de correction sportive, de talent footballistique, d’une bonne mentalité et de générosité”. Le capitaine de l’Udinese a été sacré en 2010/11, rejoignant au palmarès des noms comme Francesco Totti, Luca Toni, Gianfranco Zola ou Alessandro Del Piero.
Alors qu'on commence à discuter son utilité dans une équipe probablement trop dépendante de lui, Antonio Di Natale a annoncé au micro de Sky Italia qu'il se retirera des terrains en juin prochain, au Brésil espérons-le pour lui. Le meilleur buteur de l’histoire de l’Udinese a choisi de faire cette déclaration le 6 janvier. Le jour de l'Épiphanie.
[1] L'Espagne a cependant encaissé quatre buts lors de la Coupe des Confédérations 2013, un face à l'Uruguay en poules et trois en finale contre le Brésil.
[2] 17 réalisations en 37 rencontres.