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Deschamps, des choix

Contestés et risqués, les choix de Didier Deschamps pour construire "son" OM se sont avérés providentiels... même si de l'échec à la réussite, il n'y avait pas loin.
Auteur : Thibault Lécuyer (avec D. B.) le 2 Mai 2010

 

En remettant les pieds à Marseille seize ans après, Deschamps espérait revenir en fils prodigue. Pro-digue, déjà tout un programme tactique. Cette parabole produit pourtant peu de happy endings dans le football, Tapie président peut en témoigner. Or, le risque était à la hauteur de l'empreinte laissée, tant l'imaginaire a consacré le Basque en emblème de l'époque, fut-il exagéré. Deschamps est cité dans "L’équipe des 110 ans de l’OM", bien qu'il soit possible de trouver quelques n°6 dont les matches furent plus inoubliables. Sa légende s'est écrite ailleurs, elle rejaillira par ricochet sur ses années en ciel et blanc.
L'autre gageure consistait à succéder à un entraîneur à la popularité déraisonnable, en héritant de la mission de faire mieux que lui – c’est-à-dire remporter la L1. Sa carrière d'entraîneur naviguant dans des chemins de traverse, Deschamps acceptait là un défi périlleux.

deschamps_annee1_1.jpg


Deschamps, année 1
Devant lui, deux options. Jouer la continuité et retoucher à la marge un effectif passé à un cheveu du titre, ou monter un commando à prise rapide, en gageant que la nécessaire période de rodage n'entamerait pas trop les chances de succès, comme ce fut le cas les années précédentes. S'appuyant sur un mélange d'ego, de confiance et d'ambition, Deschamps prend le parti de confectionner son équipe. Il choisit des joueurs d'expérience, sans véritable avenir au club du fait de leur âge, et si possible déjà passés sous ses ordres. Aujourd'hui, ces options semblent sur le point d'être consacrées. Par un titre déjà acquis en Coupe de la Ligue, si oubliable soit-il. Et surtout par ces cinq points d'avance sur Auxerre à trois journées de la fin.

Les choix de Deschamps ont d'abord reposé sur un diagnostic. Malgré une fin d'exercice 2008/09 tonitruante, l'équipe manque de puissance et de vitesse en défense. Friable mentalement, et encore atteinte par la peur de gagner qui colle aux basques du club depuis… le départ de Deschamps. Sur la base de ce constat, Diawara doit par exemple conjuguer à lui seul les qualités physiques de Zubar, l'agressivité dans les duels de Civelli et le sens du placement d'Hilton. Sans charrier la faiblesse mentale du premier, les limites du second, et la lenteur du troisième. Les recrutements de Mbia et Heinze relèvent de la même logique.


deschamps_remplacants.jpgJouer les titres
C'est surtout sur le critère l'état d'esprit que Deschamps soigne son casting. On est très sérieux quand ça fait dix-sept ans. Les arrivants de l'été 2009 détiennent un palmarès conjugué de 12 titres de champion, 13 coupes nationales et 3 Coupes d'Europe. 28 titres (1). C'est plus que tout le reste de l'effectif réuni (15 titres, principalement concentrés sur Ben Arfa et Brandao). Huit recrues, dont quatre amenées à devenir titulaires (plus Elinton Andrade, censé remplacer Zenden dans le cœur des coiffeurs des Bouches-du-Rhône): le risque est grand, et les choix dépassionnés. Au départ d'un capitaine devenu emblématique s'ajoute la mise sur le banc d'Hilton et Valbuena ou la remise en question de Taiwo.

Deschamps prend le risque d'enrayer une mécanique qui a fait ses preuves. L'OM sort d'une deuxième partie de saison 2009 à 45 points (cette saison, Bordeaux en a marqué 43 lors des matches aller), signe que l'équipe était en voie de résoudre les problèmes cités plus haut, ou du moins de s'en accommoder. Le nouvel entraîneur prive aussi le Vélodrome de certains de ses chouchous, amoindrissant son capital d'indulgence auprès du public...
Et de méformes en blessures, durant la période de rodage le moteur tousse, l'entraîneur hésite, teste et donne parfois l'impression de naviguer à vue. Le temps qu'Édouard Cissé prenne la mesure d'un poste de titulaire qui ne lui était pas destiné ou que Valbuena montre autant de qualités qu'un an auparavant. Surtout, que toute l'équipe prenne conscience de l'engagement nécessaire à une solidité défensive indispensable pour viser plus haut. La mi-saison a été l'occasion d'une seconde donne, peut-être plus humble, assurément mieux inspirée.


Bonne fortune, bon cœur
Pourtant, les succès marseillais en 2010 tiennent autant à des choix pertinents qu'à de sacrés coups de chance. Le premier d'entre eux: que Mancini ait préféré le banc milanais pendant que Ben Arfa et Valbuena restaient sur l'étal une fois le marché clos. Que le renouveau de l'équipe ait coïncidé avec l'épanouissement de Lucho combiné au retour de ces deux-là n'est pas le moins marquant des symboles. Deschamps a eu besoin de six mois pour réussir à faire jouer "son" équipe avec celle de l'an passé...
Doivent également être évoqués les deux matches contre Sochaux, remis à une période où l'OM marche sur l'eau, alors qu'ils étaient censés se jouer plus tôt, quand l'équipe vacillait. Ils ont peut-être offert quelques points inespérés qui, obtenus tardivement, ont aussi permis à l'OM d'avancer masqué et sans pression, longtemps calé entre la cinquième et la sixième place avec ses matches en retard.

Surtout, la chance de Deschamps aura été de profiter d'un effondrement improbable de la concurrence. Bordeaux marabouté, Lyon en rodage permanent et accaparé par la C1, c'est un boulevard large comme le Prado qui s'est ouvert devant les Ciel et Blanc. Une chance que n'aura pas eue Gerets (2). Un dauphin à 1,90 points par match, comme l'AJA de Jean Fernandez, rend la vie plus facile (3).


Réduction de capital
Deschamps devait également compter sur un peu de réussite dans son recrutement. Et à la loterie du troisième âge, il a la main chaude une fois sur deux. Pour un Cissé au niveau, un Rool inutile. Pour un Heinze salutaire, un Morientes carbonisé. Il serait cependant réducteur de ramener les succès du Basque à la seule chance. L'état physique actuel des Bordelais et des Lyonnais pointe par exemple une gestion fine du turnover du côté de la Commanderie. L'entraîneur a réussi à impliquer ses remplaçants jusqu'au bout: Abriel, Koné, Kaboré, Ben Arfa et même Andrade n'ont pas laissé leur part aux chiens.

Il faudra cependant attendre au moins une saison supplémentaire pour mesurer avec recul le nouveau patrimoine constitué par Deschamps. Pour atteindre ses objectifs, il a largement entamé le capital joueurs du club. S'appuyer sur des éléments plus âgés grève la marge de progression de l’équipe, et pour aller plus haut en renforçant autant qu'en renouvelant un effectif vieillissant, il faudra dépenser (4).

Ce sacrifice et ces choix, contestables à l'origine et contestés durant une bonne partie de la saison – mais en passe d'être complètement légitimés –, étaient peut-être indispensables pour mettre fin à l'anomalie en forme de malédiction qui frappait le club. Peut-être pas. Qui sait si, sur sa lancée, l'équipe de la saison dernière n'aurait pas survolé le championnat? Didier Deschamps, lui, sait peut-être mieux que quiconque que les vainqueurs ont toujours raison. Que la fortune d'un entraîneur tient à de nombreuses variables qu'il ne maîtrise pas. Et que son destin personnel est sujet à des variations radicales. Au terme du championnat, la spectaculaire inversion des cotes personnelles de l'entraîneur marseillais et de son homologue girondin en témoigne aussi.


(1) Joueur (Titres de champion / Coupe nationale / Coupe d'Europe) : Heinze (2/2/0), Morientes (2/1/3), Diawara (1/2/0), Cissé (1/5/0), Lucho (6/2/0), Rool (0/1/0).
(2) Les 77 points de la saison passée auraient suffi cette année pour remporter la L1 haut la main. Les 84 points de l'OL 2006 sont d'ores et déjà inaccessibles, et les 81 de l'OL 2007 improbables. Ils signifieraient pourtant que les Phocéens réussissent une phase retour à 45 points, comme l'année précédente. Et il faudra cravacher pour attendre les 79 points des autres titres lyonnais.
(3) À ce titre, il est permis de se remémorer le match perdu à domicile face à Lyon l'an dernier, celui qui envoya le titre en Gironde. Les espoirs phocéens furent enterrés par Benzema et Juninho, deux joueurs qui semblent avoir manqué à l'OL cette saison.
(4) Ce qui est plus facile quand on finit champion, avec des ressources supplémentaires et un pouvoir de séduction accru.

Réactions

  • Mandandamadeus le 03/05/2010 à 10h15
    gurney
    lundi 3 mai 2010 - 09h52

    D'après ce qu'il se dit sur le Café, DD aurait d'ailleurs avoué hier dans le CFC que la défaite contre Benfica était l'une des raisons majeures de la bonne série olympienne (état de fraîcheur, toussa).

    Quant à la LDC, il ne faut pas non plus occulter que l'OM l'a -encore- joué cette année avec une équipe en rodage. Je pense donc que Double D ne pourra jauger le niveau européen réel de "son" équipe que la saison prochaine.

  • Vel Coyote le 03/05/2010 à 10h29
    Les championnats se jouent sur des détails et quelques matches clés... mmmh sans rire... un peu comme tout le temps en fait.

    Pour la fraîcheur qui était plus simple à garder, j'imagine qu'elle comptabilise aussi l'enchaînement de 5 matches en 14 jours qu'on vient de se taper. Mais sinon oui gurney, c'était plus dur d'offrir à la France un OL-Real qu'un OM-Copenhague...

    Par contre ce qui est sûr, c'est qu'avec le recul, l'élimination contre Benfica a servi, car avec le calendrier déjà démentiel qu'on avait en avril, caser 2 matches (même pas enthousiasmants car réchauffés) contre les Reds aurait alourdi la chose dans des proportions impossibles à moins de nouveaux reports.

  • fabraf le 03/05/2010 à 10h36
    Belle analyse. Maintenant passons à mon interprétation.
    Si jamais on gagnait le titre, je serais heureux (putain 17 ans) mais... Oui car il y a un gros MAIS.

    Sur le Café, on peut souvent lire la phrase suivante : "l'an passé, ce match on ne l'aurait pas gagné". Et bien si : la stat des 77 points de Gerets prouve que l'on fait un parcours similaire à l'an dernier. Sauf que l'on a pas les Bordeaux extraordinaires de 99 et 2009 dans les pattes.

    Ok, on sera peut-être champion mais quel(s) joueur(s) a progressé sous Deschamps ? L'an dernier, on disait que certains joueurs avaient atteint à un excellent niveau voire étaient en surrégime (Taïwo, Civelli, Valbuena...). On l'expliquait par le charisme de Gerets sur ses joueurs. Cette année par contre, tous les joueurs de l'an passé sont à leur niveau habituel voire en dessous. Hasard ?

    Là où Deschamps était principalement attendu, c'était en LdC. Il devait permettre au club de passer un cap. Force est de constater que pour le moment, il ne fait pas mieux que Gerets.

    La suite plus tard

  • José-Mickaël le 03/05/2010 à 10h42
    fabraf
    lundi 3 mai 2010 - 10h36
    > Là où Deschamps était principalement attendu, c'était en LdC. Il devait permettre au club de passer un cap. Force est de constater que pour le moment, il ne fait pas mieux que Gerets.

    Ah ? J'ai toujours cru que là où il était principalement attendu, c'était pour - enfin - offrir un titre à Marseille, sous-entendu un titre de champion de France. Bon, ce n'est pas fait (attention, hein, souvenez-vous de 1934) mais au pire Deschamps fera aussi bien que Gerets, c'est déjà ça (je ne compte pas la coupe machin, bien sûr).

  • carolizba le 03/05/2010 à 10h49
    gurney
    lundi 3 mai 2010 - 09h52

    Deschamps a musclé son équipe, mais elle n'a pas pesé bien lourd face aux grabataires du milan

    ---

    Ah? Il me semble au contraire qu'elle a assez largement dominé les deux matches - et à un Brandao et/ou poteau près au retour, se qualifiait.

  • Edji le 03/05/2010 à 10h54
    Un peu surpris, pour ma part, que l'article n'évoque pas la principale trouvaille de DD, celle qui explique pour une bonne part le titre à venir pour les Mars' : le placement de MBia en charnière centrale, aux côtés de Diawara.
    Or, c'est bien avec ce choix qui ne s'imposait pas forcément que la défense de l'OM est devenue quasiment imprenable, et que le club s'est envolé en tête du championnat.
    Rien que pour cela, les amoureux du club phocéen ont tout lieu de se réjouir du bras d'honneur de Gerets à leur égard et de l'arrivée de Deschamps.

  • Papin Jour Pape toujours le 03/05/2010 à 11h03
    Mbia en DC houais, idée géniale. Cela pourrait poser problème à l'intersaison toutefois...

  • Qui me crame ce troll? le 03/05/2010 à 11h06
    José-Mickaël
    lundi 3 mai 2010 - 10h42
    ----
    D'accord avec JM. Ca serait étonnant que Deschamps ait été recruté pour la LDC. D'autant plus que ça serait quoi l'objectif ? Seulement sortir des poules. Certes ça ferait moins tache qu'une élimination à ce stade, mais ça dépend surtout du chapeau dans lequel le club se trouve et aussi de la chance.
    Donc c'est difficile d'en faire un objectif sérieux je pense.

  • arnaldo01 le 03/05/2010 à 11h08
    Edji
    lundi 3 mai 2010 - 10h54
    Un peu surpris, pour ma part, que l'article n'évoque pas la principale trouvaille de DD, celle qui explique pour une bonne part le titre à venir pour les Mars' : le placement de MBia en charnière centrale, aux côtés de Diawara.
    Or, c'est bien avec ce choix qui ne s'imposait pas forcément que la défense de l'OM est devenue quasiment imprenable, et que le club s'est envolé en tête du championnat.
    Rien que pour cela, les amoureux du club phocéen ont tout lieu de se réjouir du bras d'honneur de Gerets à leur égard et de l'arrivée de Deschamps.
    ___

    C'ets difficile à dire mais est-ce un choix de sa part ?
    Quand il a mis Mbia en defense centrale la première fois, il n'avait pas le choix (Heinze blessé et Hilton au fond du trou). Ensuite, il a poursuivi en maintenant Mbia en defense centrale mais parce que ca avait marché. Je ne suis pas sur que si Heinze ne se blesse pas, Didier mette Mbia en défense centrale.

  • carolizba le 03/05/2010 à 11h10
    La place de Mbia va même être à mon avis un des grands enjeux de cette intersaison.

    Soit Deschamps parvient à le convaincre de rester à cette place (à savoir, que son avenir est là, non seulement dans ce club mais en général) et il faut trouver un demi-défensif, et il faut résoudre le cas de l'arrière gauche (je vois mal Heinze décentré et Taïwo se satisfaire de la perspective d'une année entière sur le mode de cette fin de saison).

    Soit il n'y parvient pas et la charnière se retrouve de nouveau en chantier, comme tous les ans, avec en plus un milieu de terrain à rôder avec MBia retrouvant son poste de prédilection, si peu occupé cette année (souvent blessé avant son changement de registre).

    Il va quand même falloir régler ça assez vite.

La revue des Cahiers du football