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Délit de supportérisme

Les lois Loppsi 2 font l'amalgame entre supporters et hooligans pour accroître la répression des ultras et restreindre les libertés individuelles. Dans une grande indifférence.
Auteur : Jérôme Latta le 28 Fev 2011

 

Arsenal de mesures regroupées sous l'appellation de loi d'orientation et de programmation sur la performance de la sécurité intérieure, définitivement adopté le 9 février, Loppsi 2 comporte des dispositions hétéroclites: possibilité pour les policiers municipaux de fouiller les bagages, création d'un délit de pénétration sans autorisation dans la cabine de pilotage des trains ou alourdissement des peines pour les squatters... À côté de volets largement commentés comme l'extension de la vidéosurveillance sur la voie publique ou les dispositifs de filtrage d'Internet, celui concernant les "violences sportives" avait des chances de passer inaperçu.


Empilement de mesures

Le nombre dérisoire d'articles consacrés au sujet par la presse d'information l'a confirmé, mais il n'est pas certain qu'en d'autres circonstances, le sort des supporters en général et des ultras en particulier aurait soulevé beaucoup plus de compassion. Pourtant, après avoir fait des stades des zones où s'applique un droit d'exception, ce sont maintenant les supporters qui voient leurs libertés restreintes. Il faut dire que dans ce domaine, les gouvernements successifs depuis 2002 ont occupé le terrain médiatique avec un incroyable empilement de mesures assorties d'opérations de communication: chaque incident majeur a donné lieu à des discours déterminés – toujours les mêmes – et à des annonces consistant essentiellement à inventer des mesures déjà existantes, mal appliquées ou inapplicables (lire l'interview du sociologue Nicolas Hourcade, en septembre dernier, "Les nouvelles mesures annoncées existent déjà").

Le tout avec une remarquable inefficacité, puisqu'en dépit de son caractère numériquement limité, le hooliganisme à la française a débouché sur deux morts aux abords du Parc des Princes, sans toutefois que les médias ne cessent de répercuter docilement la "détermination" du gouvernement en souscrivant à ses mises en scène grossières (lire "Sarkozy bloqué au même stade").

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Ubu flic

Le décès de Yann Lorence, le 17 mars 2010 à la suite d'une rixe entre factions de supporters parisiens, en marge du match PSG-OM, a toutefois marqué un tournant répressif supplémentaire, d'abord avec la dissolution des associations parisiennes. Elle préludait à la suppression spectaculaire, par le Paris Saint-Germain, des abonnements dans les virages, en parallèle à une multiplication des interdictions administratives de stade (IAS). Allongées en 2010 à six mois au lieu de trois initialement, elles introduisaient un dangereux précédent en donnant au préfet le pouvoir de prendre de telles décisions sur la foi de simples présomptions ou de rapports de police, sans passer devant aucune instance judiciaire.

249 supporters parisiens ont ainsi été interdits de stade pour avoir simplement participé à une manifestation (non autorisée mais pacifique) pour protester comme les décisions du club, en août 2010. Cette politique ubuesque a aussi vu un supporter présumé passer trois heures en garde à vue... en raison d'une immatriculation en région parisienne, fatale le jour d'un Lens-PSG (lire l'article d'Eurosport). Plus récemment, le préfet d'Ille-et-Vilaine a obligé le Stade rennais à annuler des réservations de billets faites par Internet, sur la foi du lieu de résidence des acquéreurs... suspectés être des supporters du PSG désireux de ne pas participer au déplacement organisé par le club (lire l'article de Ouest-France). Une annulation que les avocats des supporters parisiens peuvent à juste titre qualifier de discriminatoire et mettre en cause sous l'angle de la méthode employée [1].



Sans jugement

Cette politique d'entrave à la libre circulation se voit donc renforcée par le "durcissement" législatif prévu par Loppsi 2. La loi étend les obligations de pointage au commissariat des interdits de stade: elles concerneront aussi les rencontres disputées par "leur" équipe à l'étranger, et leurs noms pourront être communiqués aux autorités et fédérations sportives des pays en question. Les IAS sont étendues à douze mois, vingt-quatre mois en cas de récidive. "C’est un dispositif pour dissuader, à la limite acceptable s’il est court, estime Nicolas Hourcade, cité par Libération. Mais il devient vraiment problématique dans le cadre des extensions prévues par la nouvelle loi. Où est le respect des libertés publiques quand on peut interdire de stade quelqu’un jusqu’à un an sans aucune intervention de la justice?"

Surtout, le texte adopté indique que "le ministre de l’Intérieur [ainsi que le représentant de l’État dans le département ou, à Paris, le préfet de police] peut, par arrêté, interdire le déplacement individuel ou collectif de personnes se prévalant de la qualité de supporter d’une équipe ou se comportant comme tel sur les lieux d’une manifestation sportive et dont la présence est susceptible d’occasionner des troubles graves pour l’ordre public". Même disposition pour "toute personne ayant appartenu à une association ou un groupement de fait ayant fait l’objet d’une dissolution ou ayant participé aux activités qu’une association ayant fait l’objet d’une suspension d’activité s’est vue interdire". (lire l'article de PSGMag.net)

loppsi_supp_1.jpg


Amalgame hooligans-ultras

Peu de responsables politiques ont réagi, en dehors de Nicolas Bonnet, responsable de la commission sport du PCF qui a interpellé les députés sur cet article 24 de la loi "qui s’en prend aux supporters plutôt que de cibler les hooligans". "Il est également inconcevable qu’un supporter puisse être interdit administrativement de stade du fait de son appartenance à une association de supporters dissoute ou suspendue quand on sait que ces associations peuvent compter des centaines voire des milliers de membres", note le courrier, repris par la sénatrice communiste Nicole Borvo Cohen-Seat.

"Aujourd’hui, on fait un amalgame entre des comportements très différents. Sous prétexte de lutter contre le hooliganisme, on met dans le même panier fumigènes, contestation des dirigeants du football, insultes racistes et bagarres", déplore Nicolas Hourcade. La loi institue ainsi la criminalisation des supporters et la généralisation de l'arbitraire à leur encontre, au bon vouloir des institutions policières et sans réel contrôle par la justice. Pourtant, aux yeux des spécialistes et du simple bon sens, ce tout répressif est aussi inadapté à la situation que contraire au droit [2]. Un rapport du Sénat en 2007, mais aussi le Livre vert du supportérisme, commandité par le gouvernement et qui lui a été remis en octobre dernier, insistaient sur la nécessité du dialogue et de la prévention. C'est aussi l'avis de la Fondation Terra Nova ou des sociologues Patrick Mignon (lequel participe à Terra Nova – lire "Pour une désescalade des réponses sécuritaires dans le football"), Nicolas Hourcade (lire "Quelle politique de gestion des supporters?") et Ludovic Lestrelin (lire "La Loppsi 2 et le football"), tous trois contributeurs du Livre vert.



Gentrification des tribunes

La lutte – légitime – contre le hooliganisme dans les stades sert encore de prétexte à une démonstration d'autoritarisme qui va rater son objectif. Du moins son objectif prétendu: cette politique de stigmatisation des supporters s'inscrit dans la perspective de l'organisation par la France de l'Euro 2016, et surtout dans celle d'un football qui serait débarrassé de ses ultras, remplacés par un public presque exclusivement "familial". Une assistance de consommateurs plus dociles que le monde professionnel espère voir s'installer dans les stades neufs ou rénovés à l'occasion de l'Euro 2016 en France. Et une évolution "à l'anglaise" qui consiste à évincer, en partie par le portefeuille avec une stratégie de hausse des prix, en partie par de telles dispositions répressives, une frange trop remuante de supporters... en marge de laquelle s'abrite une minorité dangereuse, mais qui émet aussi un discours critique envers les dirigeants ou les instances du football, et qui s'élève régulièrement contre une marchandisation mettant en œuvre leur expropriation.

Quel que soit le sentiment que l'on éprouve pour telle ou telle catégorie de population, on doit toujours s'alarmer de la voir privée d'une partie de ses libertés. Dans le cas de la répression du supportérisme, c'est aussi l'avenir du football en tant que culture populaire – et pas seulement comme industrie – qui est en jeu.


[1] Saisie par un supporter, la CNIL a ouvert une instruction contre le club breton, suspecté d'avoir utilisé l'adresse IP de ces clients indésirables pour les localiser.
[2] Les parlementaires PS et PCF ont saisi le Conseil constitutionnel pour quinze articles de la loi, dont ceux évoqués ici.

Réactions

  • sansai le 01/03/2011 à 16h42
    Tu compares des choses qui me paraissent difficilement comparable. Je vois mal en quoi les radars, ça correspond à cibler une population particulière. C'est pour tout le monde, les radars. C'est pas réservé à une catégorie particulière de conducteurs.
    C'est donc au contraire parfaitement équitable les radars, et ça ne stigmatise personne.

    Si tu veux vraiment transposer les radars aux IDS, ça correspondrait à interdire tout le monde de stade pour éviter les débordements.

    C'est une mesure qui pourrait être discutée, à la rigueur. La sécurité dans les stades, problème réglé.
    Suivant.

  • Sens de la dérision le 01/03/2011 à 16h46
    Je n'ai jamais dit que les mesures évoquées dans l'article étaient intelligentes/pertinentes.
    Ce que je voulais au départ pointer du doigt, c'est que je ne vois pas le problème d'un public familial. On dirait souvent que, sur les CDF, familial c'est la pire insulte pour un public et qu'au contraire le public Ultra c'est le vrai public. Je rappelais juste que les Ultras ne sont pas tout blanc dans l'histoire et qu'en agissant de certaines manières, en fermant les yeux sur certaines pratiques au sein même de leurs associations, ils ont fait le blé d'un gouvernement qui cherche à trouver des coupables coûte que coûte.

    Et je plussune sur la nécessité d'avoir un juste milieu :

    sansai
    mardi 1 mars 2011 - 15h53
    Il doit y avoir un juste milieu, intelligent et lié à une réflexion saine, entraînant des mesures justes et équitables, et au besoin des sanctions mesurées et méritées, adaptées aux faits commis ou non par chaque individu, quelque part, sans stigmatiser par défaut une population entière comme si elle était un nid à individus violents et dégénérés.

  • sansai le 01/03/2011 à 16h59
    Je suis d'accord avec toi. Je critique la vision mercantile qui caractérise un "public familial" selon les présidents de club, et qui justifie toutes les mesures prises récemment à l'encontre des ultras en prenant comme prétexte des évènements ponctuels et qui caractérisent les comportements d'une minorité d'individus, avec l'assentiment des pouvoirs publics.

    Perso la dernière fois que j'ai été dans un stade de foot c'était en latérale avec des amis et leurs petites familles. J'ai pas trouvé ça particulièrement pénible.
    Non plus que pour les gosses d'ailleurs, et pourtant y'avait des ultras dans les virages qui criaient des slogans et agitaient des banderoles.

    Il s'agit pas non plus de tomber dans le jeu des oppositions entre les différentes franges d'un public, en prenant le parti inverse d'opposer les bons supporters ultras amoureux du club aux mauvais supporters consommateurs passifs des latérales, je te rejoins complètement là-dessus.

    D'une manière générale il faudrait arrêter de catégoriser les gens ainsi pour mieux les stigmatiser et les opposer ainsi les uns aux autres, et arrêter d'imposer des mesures exceptionnelles aux uns, qui confinent à l'atteinte à leurs droits les plus fondamentaux, juste pour mieux assurer un sentiment illusoire de sécurité absolue aux autres, sur la base d'une insécurité plus ou moins fantasmée et propagée par des medias complaisants.

    Dans les stades comme ailleurs, et même si effectivement, il y a effectivement des délinquants et des comportements inacceptables dont il faut bien que notre société s'occupe (dans toutes les strates de notre société, il est bon de le marteler).
    Mais pas n'importe comment, ni à n'importe quel prix, et encore moins pour servir des objectifs qui sont tout autres qu'une véritable volonté de sécuriser notre société.

  • zorrobabbel le 01/03/2011 à 17h36
    sansai
    mardi 1 mars 2011 - 16h59
    juste pour mieux assurer un sentiment illusoire de sécurité absolue aux autres, sur la base d'une insécurité plus ou moins fantasmée et propagée par des medias complaisants.

    Mais pas n'importe comment, ni à n'importe quel prix, et encore moins pour servir des objectifs qui sont tout autres qu'une véritable volonté de sécuriser notre société.
    ----------
    Une question sansai, ce sont les mesures qui te dérangent, ou le gouvernement qui les met en place ?

    Je me répète, mais insécurité ou pas, pour sauver une vie, quelques IDS et quelques contraintes ne me semblent en aucun cas illusoire ou illogique.


  • Jean-Noël Perrin le 01/03/2011 à 17h59
    La question est alors de savoir si :
    - le seul but des mesures citées est de se débarrasser de la violence, et pas aussi, par la même occasion, de toute forme de contestation possible (*) ;
    - le cas échéant, si les mesures constituent une réponse appropriée.

    Parce que, je regrette, mais je ne vois pas en quoi mettre en garde à vue ceux qui se déplacent pour voir un match de foot avec une voiture immatriculée 75, annuler les billets de ceux qui veulent se déplacer depuis l'Ile-de-France, instaurer un couvre-feu anti-supporter, sont des mesures nécessaires par rapport aux faits de violence.
    Sans même revenir sur les amalgames que ça crée/entretient auprès du public non averti (ou, selon le point de vue, de l'électorat...), ça revient à considérer que TOUTE personne désirant voir un match de football et ayant une préférence pour telle équipe est un hooligan potentiel.
    Et là, non, non, non et renon. Désolé.

    (*) cf. l'article "Nettoyage à sec" d'octobre 2002 sur ce site :
    « c'est du côté des répressifs que l'on trouve les propos les plus remarquables. Le responsable de la sécurité de Lens: "Aucune banderole ne rentre dans le stade sans un contrôle strict. S'il y a des propos contre le club ou contre la Ligue elles sont interdites. Les supporteurs n'ont pas le droit d'attaquer le système". »

  • José-Mickaël le 01/03/2011 à 20h15
    zorrobabbel
    mardi 1 mars 2011 - 16h16
    > Interdire les abonnements aux Ultras parisiens est une punition qui me semble plus qu'acceptable si l'on parvient à ne plus jamais avoir de mort dans ce stade.

    L'autre jour, encore un jeune qui a provoqué un accident de la route. Interdire aux moins de 25 ans d'avoir une voiture est une punition qui me semmble plus qu'acceptable si l'on parvient à ne plus jamais avoir de mort sur cette route.

    « C'est comme les flash immobiles rajoutés sur la route. Ils tapent au hasard »

    Faux : ils ne tapent que les coupables, ceux qui ont dépassé la vitesse autorisée.

    « et comparer cela à du fascisme me semble quand même un peu fort. »

    Là, je suis d'accord avec toi. Ce n'est pas du fascisme, c'est de la démagogie.

  • Fredozoizo le 01/03/2011 à 22h21
    Plusieurs remarques de ma part :

    1/ Heureusement que la loi LOPPSI 2 n'ai pas été votée un an (ou deux) avant. Car Kahdafi n'aurait pas pu planter sa tente en plein Paris sans prendre le risque de finir au commissariat.

    2/ Heureusement mon fils n'aime pas le foot. Chaque fois qu'il vient au stade c'est pour se baffrer un cornet de frites. On ira chez Mc Do. La loi LOPPSI 2 participe aux problèmes d'obésité.

    3/ J'èspère que le prix des places va augmenter de façon exponentielle. Cela poussera les gens vers d'autres sports. Déjà qu'à Toulouse avec la place à 5€ le stadium est à moitié vide. Les clubs finiront par se bouffer la rate.

    4/ Les hooligans sont pas cons au point de s'inscrire dans une association officielle de hooligans, quoique... Cela ne les empèchera pas de se foutre de bonnes peignées.

  • Edji le 02/03/2011 à 00h02
    zorrobabbel
    mardi 1 mars 2011 - 17h36
    Je me répète, mais insécurité ou pas, pour sauver une vie, quelques IDS et quelques contraintes ne me semblent en aucun cas illusoire ou illogique.
    ---
    Tiens, ça marche aussi avec la rétention de sûreté, ça.

    Pour le reste, avec retard, merci pour cet excellent article.
    Une précision complémentaire - en guise de rappel - cependant.
    La mesure la plus choquante de la LOPPSI 2, soit l'interdiction du déplacement individuel ou collectif de personnes "se prévalant de la qualité de supporter d’une équipe ou se comportant comme tel sur les lieux d’une manifestation sportive et dont la présence est susceptible d’occasionner des troubles graves pour l’ordre public", ça fait tout juste un an qu'elle est mise en oeuvre à l'encontre des supporters parisiens. Un an que des arrêtés préfectoraux sans support législatif de ce type sont édictés à chaque déplacement du PSG, sur lesquels pèsent par conséquent d'importants soupçons d'invalidité (sinon, pourquoi le législateur aurait-il pris la peine d'avaliser expressément le procédé ?).
    Alors, je suis certes ravi qu'à l'occasion de la généralisation de cette détestable méthode (qui, au passage, font encourir à leurs contrevenants rien moins que 6 mois de prison et 30000 euros d'amende, oui, vous avez bien lu, et ce pour le non-respect d'un arrêté préfectoral!!!), des protestations ça et là commencent à se faire entendre. Mais j'aurais apprécié qu'elles eussent été un peu plus audibles quand lesdites mesures - pourtant juridiquement et moralement tout aussi scandaleuses - étaient réservées en primeur aux fans de la capitale.
    Précision aussi pour les IAS, interdictions administratives de stade : celles qui, par rapport aux interdictions judiciaires de stade, devraient être l'exception dans un Etat de droit, en tant que mesures restrictives des libertés individuelles pouvant être prises unilatéralement, sans aucun respect des droits de la défense, sont pourtant de très loin majoritaires. Selon les chiffres du Ministère de l'intérieur (source Libé du 25 février dernier), elles sont au nombre de 409, contre 163 IDS judiciaires. 409, dont 249 (grosso modo les deux tiers) prononcées à la suite d'une manifestation n'ayant donné lieu à aucun acte de violence.
    Alors, ça paraît rien, comme ça, une IAS, mais ça contraint l'individu visé à pointer chaque semaine (bah oui, pour chaque match à domicile ET à l'extérieur, en France ET à l'étranger) au commissariat de son quartier. A charge pour lui de se démerder avec ses obligations professionnelles. Et ce pour une mesure qui peut être prise sans aucun contrôle, autre que juridictionnel, lequel prendra en pratique la forme d'un jugement intervenant...quand l'interdiction aura pris fin! Bref, quand bien même le requérant aurait gain de cause, il aura pointé pour rien pendant 6 mois.

  • sansai le 02/03/2011 à 01h13
    Peut-être, peut-être. Mais il aura surtout la satisfaction d'avoir peut-être évité un mort.

  • zorrobabbel le 02/03/2011 à 08h06
    je crois que tu as raison tout compte fait.
    On est 6 milliards, alors un mort c'est quoi ?
    tant que les ultras sont libres de se regrouper dans la même tribune pour leur match de foot et n'ont pas à pointer au commissariat.

    Les victimes, tout ça, c'est surfait.

    La morale est sauve.

La revue des Cahiers du football