Coupe du monde : and the winner is… la FIFA!
Invité: Bakchich – "Ce qui appartient à la FIFA appartient à la FIFA. Ce qui appartient au pays organisateur est toujours négociable"…
le 5 Juil 2010
Représentée par son big boss Sepp Blatter et son secrétaire Général Urs Linsi, la FIFA a signé le 4 août 2004 avec la Fédération Sud Africaine de Football, le contrat ("Organising Association Agreement") attribuant à cette dernière, l’organisation de la Coupe du monde 2010. On garde en mémoire, les accolades de circonstance et l’impressionnant document de 146 pages plus les dizaines d’annexes, brandi telle la Coupe elle-même vers les journalistes et les photographes présents par le président de la fédé Sud-Af’ chaviré par l’émotion… Le pays hôte ayant vite quitté la compétition, son peuple a été privé d’une bonne partie de la magie de la fête…
La FIFA seule gagnante
D’autant que la Commission sud-africaine des services publics a publié il y a peu un tableau de nature à rendre les citoyens locaux un tantinet plus nerveux encore. L’allocation des ressources aux diverses composantes de la grand-messe du football par le gouvernement sud-africain laisse en effet clairement augurer de l’issue de l’épreuve: la seule véritable gagnante sera, une fois de plus la FIFA. Qui se voit attribuer le quatrième poste des dépenses de l'Etat sud africain consacrés à la Coupe du monde (voir tableau ci-dessous)... On connaissait son fameux slogan "for the good of the Game"; on pourra maintenant lui adjoindre, "for the good of the FIFA" ou encore, troussé de manière un brin plus polémique encore, "ce qui appartient à la FIFA appartient à la FIFA; ce qui appartient au pays organisateur est toujours négociable"… Les derniers chiffres annoncés laissent espérer à Sepp Blatter et ses ouailles 3,2 milliards de dollars de recettes... pour un petit milliard de dépense.
Dans l’euphorie de l’attente du mega-événement, Pravin Gordhan le ministre des finances y était même allé de sa petite contribution personnelle au cours de sa présentation fin 2009 du budget 2010 au Parlement en affirmant que "On s’attend à ce que la Coupe du monde 2010 contribue au moins pour 0,5% à la croissance du Produit intérieur brut".
Croissance de crise
Le garçon aurait mieux fait de se taire. En Europe, où les gouvernants aux abois cherchent fébrilement des synonymes des mots austérité et rigueur dans leur Dictionnaire illustré de la crise, les mégateufs n’ont pas la cote. Un collectif de sociologues rabat-joie s’est même lâché dans Libé du 21 mai en rappelant quelques faits exaspérants: d’abord, la suggestion d’Augusto Mateus l’ancien ministre portugais de l’économie, de livrer les stades de l’Euro 2004 aux bulldozers plutôt que de s’évertuer en pure perte à les entretenir… Ensuite que c’est seulement en 2006 que les Canadiens sont parvenus à solder la douloureuse des Jeux olympiques de Montréal de 1976. Ou encore que les Grenoblois ont casqué pendant vingt-cinq ans pour solder la note salée des médailles d’or de Killy aux JO d’hiver de 1968. Et enfin, que les JO d’Athènes de 2004 ont coûté 9 milliards d’euros au contribuable grec qui, comme chacun sait, vient d’être condamné à la double peine par le FMI pour avoir laisser filer ses finances publiques en direction des stades…
Pour noircir un peu plus le tableau, on cite maintenant à tout bout de champ à Johannesburg l’étude de Merril Lynch ayant constaté que de 1954 à 2006, les pays organisateurs des grandes compétitions sportives internationales ont enregistré l’année de la fête, une croissance économique inférieure à leur rythme habituel. De gros nuages en perspective sur l'arc-en-ciel sud africain...