Chronique coréenne : Roger bluesé
Je sais chers amis, je vous avais promis du boudin, et du meilleur, du Lemerre primeur. Du Roger primaire. Mais l’heure est grave et depuis ma dernière intervention il s’est passé un truc tout à fait stupéfiant: la cérémonie d’ouverture. Feu d’artifice, chanteuses, centaines de figurants, techno asiatique… Du Jean-Paul Good, mais en mieux. Y’a pas à dire, côté spectacle les Coréens ont du style. Les Sénégalais aussi remarquez. Ces petits bonhommes qui descendaient du ciel, avec des ballons par milliers.
Ce qui est regrettable c’est qu’ils aient oublié des petits souliers. Du genre crampons moulés, qui devaient tailler grand. De la godasse à trois bandes, estampillée avant l‘heure deux étoiles. Vous voyez?
La parole retrouvée
Mais les héros ont donc eu un gros coup de pompe. Dans le train. Les cousins sénégalais les ont renvoyés au terminus des prétentieux. Faux départ. Prévisible? On sait plus. Alors forcément depuis, les ex champions du monde mais toujours d’Europe accusent le coup. A force, ils finissent même par filer le bourdon. Car il n’y a pas à tortiller, les Sénégalais ont pourri l’ambiance. Il n’y a plus que Barthez pour sortir des petites conneries. "L’important c’est de se faire plaisir", a-t-il dit hier. Il est maso? Pour tout arranger ils ont mal à leurs physiques. Et ça dure…
Roger c’est au cœur qu’il a mal. Bien sûr qu’on savait qu’il en avait un. C’est même touchant. Le coup lui il l’a pris derrière la tête, juste en dessous du chapeau, vous savez celui qui lui parle. Ca l’a tout chamboulé. Il est tout chose et maintenant c’est lui qui cause. Bien même, et plus comme Cantona. "Avions-nous les moyens de les battre?" Il est dépité. Pour la suite? Il réfléchit, les joueurs aussi paraît-il. Entre nous il va y avoir du changement et chère rédaction des Cahiers, vous avez un ami arménien qui pourrait être déçu. Puis il y a Claude, "El monstro", comme on l’appelle en Espagne, qui travaille beaucoup. Enfin reste Zizou. Son genou. "L’évolution est favorable et le protocole de soin est scrupuleusement respecté (…). Travail excentrique sur machine isocinétique", a expliqué le doc. C’est énorme… Excentrique tout est dit.
Bref, il court, il se raccroche à la vie, il jongle avec le bruit des gens qui l’entourent. Avec quelques ballons aussi. Qui sait, peut-être qui pourrait faire le dernier quart d’heure (voir une demi-heure), si d’aventure ça se passait mal pour nos couleurs contre l’Uruguay.
Parenté et parrainage
Lundi 3 juin, Roger a décrété le huis clos. Le coach a beaucoup aimé les Sénégalais. Il n’arrête pas de dire que tactiquement son ami français Bruno Metsu lui a joué un sacré mauvais tour. Un gars du Nord, de Coudekerque, si c’est pas écœurant. Sans parler des joueurs, tous français. Je me demande si on a pas le meilleur championnat du monde. "La même culture", nous a dit Roger. On a donc un peu gagné finalement. Du coup le Président Chirac a envoyé un mail en bon uniforme: Jean François Lamour. Une épée ce type-là. Marcel raconte: "Monsieur Lamour, (ça fait drôle on dirait une adresse de Minitel rose, nous a transmis le message". Et? "Comme l’a dit le président Chirac c’est dans la défaite qu’il faut rester fort et lever la tête". Vache… ça fiche les pétoches voilà que nos gars se mettent à citer Chirac. Il faut dire que contrairement à Desailly, il a un peu d’expérience dans la défaite, le grand qui fout des baffes en photo à Claude Simonet les soirs de cacophonie corse annoncée. Mais là, on s’éloigne.
Allons plutôt à Busan, cueillir... Le départ est prévu mercredi. Jeudi à 20h30, on en saura plus. Vous la sentez monter la pression? "Attendez ce n’est pas le match de la mort, car heureusement personne ne va mourir", a expliqué Lilian Thuram. Pas faux. On dirait presque du Francis Lalanne. Tiens, il est où au fait?