Chronique coréenne : amère mousson
Mercredi un gros coup de mousson est tombé sur Séoul. Des trombes de flotte. Normal en cette saison paraît-il. Forcément, nous on y voit un signe. Du genre colère des fameux "dieux du football". Pas ceux qui sont tombés sur la tête mardi, et ont pris l’avion aujourd’hui (mercredi), non les autres les boss, ceux qui peuplent les temples du football.
Le ciel nous est tombé sur la tête dès le réveil. Un drôle de truc. Je vous assure que ça impressionne, la foudre coréenne. J’ai même des camarades qui ont préféré couper TV5 et les infos françaises. Par sécurité qu’ils disent.
Tout ça est triste comme un jour sans pain, glauque comme des jours sans foot. Comment vous dire, ça ressemble à ce dernier jour de vacances où d’un seul coup on doit penser à tout…
Ce qui énerve, c’est qu’on a l’impression que ces vacances n’ont pas commencé. On était venu voir du foot, on en a vu à la télé, et en coréen dans le texte. Maintenant on arrête pas de voir les Danois. Héros malgré eux.
Car ne nous y trompons pas, les nôtres n’y étaient pas. A l’image de Djidane, comme on dit ici, les Bleus sont apparus convalescents. Ils se sont payé une bonne cure de remise en forme avant d’attaquer les choses sérieuses. Mais de quel mal mystérieux peuvent-ils bien souffrir? On les croyait immunisés, dépositaires d’un vaccin contre la défaite.
C’est grave docteur ? Non juste psychosomatique, répondent les plus optimistes. Un truc est sûr, on s’est tous fait berner. Et tous on a shooté plus haut que notre culte.
Chant du coq et chant du cygne
Alors forcément nos confrères se gaussent et s’occupent de l’ambiance. "Vous avez pas Gloria Gaynor ça leur rappellera des souvenirs ", demande ce guilleret transalpin au barman de l’hôtel. Facile. Y’a des buts en or qui se perdent. Ceci dit, il faut tout de même reconnaître que depuis quatre ans Gloria et le coq ont sans doute un peu trop chanté.
Et un et deux et trois zéros, comme les buts encaissés par les champions en trois matches. Et puis il y a ce zéro pointé impensable, du jamais vu pour un patron. Quel camouflet pour le trident magique, canonniers insatiables en Italie, Angleterre et France.
La suite ? De la nalyse et de la bonne pendant plusieurs semaines. Fin de cycle ou bien? Puis il y a Roger, libre dans sa tête. Va Falloir qu’elle reste bien accrochée parce qu’elle va tâter du couperet et du sévère. Certains ont quatre ans de frustration à lui servir. L’abbé Simonet a dit après le Sénégal que quoi qu’il arrive "aucune tête ne tomberait". Il a oublié de parler à ses ouailles car mardi soir il s’en est trouvé à réclamer insidieusement celle de "l’homme garant des choix tactiques".
Vous cassez pas, Roger va partir. En exil comme son héros Napoléon. Il n’est donc pas nécessaire de lui crever le bidon. "L’homme que je suis est au courant de toutes les conséquences", qu’il nous a dit. Et puis une décennie de bataillon de Joinville ça vous forge un caractère. "L’honneur", chez lui c’est un maître mot, c’est comme "scorer". Il est pas du genre à se laisser emmerder, et il faut bien dire qu’il a souvent l’impression de l’être, parfois même à tort. Conséquence? La quille c’est lui qui la tient. Personne d’autre, reçu? Et je vous annonce que de son chapeau, il va nous sortir un gros lapin. Très bientôt.
Reste les joueurs. Les vieux comme ils disent. Ceux dont on dit qu’ils vont remiser les crampons et le flottant. Possible. Mais je peux vous dire que Marcel par exemple, ça l’agace menu de rester là-dessus. Du coup, il a parlé du match du mois d’août contre la Tunisie.
Le tonnerre et les éclairs continuent. Un vrai temps de chien. Il va falloir que ça cesse, j’ai un avion à prendre demain, moi.