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Tribunal de presse

De nombreux départs de feu sont déjà signalés dans les médias au lendemain de l'élimination, et le peloton d'exécution au complet guette Lemerre (depuis si longtemps). Chronique de la chronique d'un échec très attendu…
Auteur : Jamel Attal le 12 Juin 2002

 

Matin calme
Combien de temps va durer le procès des Bleus? Si Lemerre doit démissionner, qu'il le fasse vite parce que cela aurait au moins l'avantage d'écourter la curée. Dans L'Equipe, mercredi matin, on est cependant resté mesuré, et plutôt convenu. Jérôme Bureau fait tout de même un come-back très symbolique en Une, donnant l'impression désagréable que le message est "Vous avez bien rigolé les gars, mais maintenant on referme la parenthèse et on revient à la normale". Il livre entre les lignes la morale qu'il veut tirer de quatre ans d'histoire, sous la forme d'un aveu, immédiatement retourné contre l'équipe de France. Ce serait par "arrogance" que tout le monde aurait péché, lui en 98 et les Bleus en 2002. Certes, mais du côté des caciques de L'Equipe, il s'était agi de bien plus que de l'arrogance: le mépris, la malveillance, la malhonnêteté et l'abus de position dominante ne font pas partie du "dépassement de fonction" tel qu'aime à le définir Roger Lemerre.

Vincent Duluc signe pour sa part quatre articles, ce qui semble indiquer qu'il en avait préparé une bonne partie à l'avance, ou bien qu'il était vraiment dans un état second après la victoire du Danemark. Reconnaissons qu'il n'a pas excessivement chargé la mule et analysé de manière convaincante le verdict d'Incheon, même s'il laisse échapper dans la conclusion sa vision de la conquête du titre mondial précédent : selon lui l'équipe de France se poserait aujourd'hui "la même question qu'il y a quatre ans, le 12 juillet : pourquoi elle?". On reconnaît la célèbre théorie des champions du monde par hasard…


Cette relative retenue (Jérôme Bureau admet dans un euphémisme involontairement comique les "bons souvenirs" que cette équipe lègue aux amateurs de football), prépare peut-être pour les jours qui viennent des bombardements plus lourds.

Tourner la page ou brûler le livre ?
Les artilleurs se reconnaissent facilement à leur univers sémantique. D'abord par la façon obsessionnelle qu'ils ont de conclure à la "fin d'une histoire" — c'est le titre de L'Equipe, et V. Duluc y voit un "point final", une "sortie ratée" — de parler au passé et d'employer des références à la mort ou à la maladie ("I will not survive" est l'autre titre de L'Equipe). Il est vrai que la première image qui nous vient à l'esprit est celle de la conclusion d'une aventure, voire de la fin d'un cycle (le titre de notre article "Nous nous sommes tant aimés" tombe dans le même travers).

Mais si un renouvellement de l'effectif est inévitable dans les mois qui viennent, avec les retraites prévisibles et les nouveaux choix du futur sélectionneur, si quelque chose a fondamentalement changé avec ce séisme, il ne faut pas tomber dans le délire de la table rase, et ni jeter par la fenêtre tous les acquis de succès qui ne sont pas si lointains (voir La formation continue)., il faut au contraire retrouver des qualités qui ne se sont pas envolées dans la nature et en acquérir de nouvelles.

De manière tout à fait remarquable, les commentateurs du quotidien effectuent une mise en parallèle systématique entre les deux éditions du Mondial, en occultant presque aussi systématiquement l'Euro 2000, ce qui a notamment pour avantage de ne pas en créditer Roger Lemerre. La lecture de l'événement s'articule presque exclusivement autour de cet axe, indiquant la "personnalisation" extrême du rapport entre le quotidien sportif et la sélection nationale.


Apocalypse
Un autre trait caractéristique est effectivement la dramatisation à outrance, aussi ridicule et stérile que l'idéalisation excessive dont les Bleus ont été l'objet. Sur LCI, on proclame "le pire moment de l'histoire du sport français", ce qui fait injure à Kostadinov. La ligne revancharde se signale ainsi par un discours culpabilisateur qui stigmatise la "honte", l'"humiliation" (J. Bureau et V. Duluc emploient un grand nombre de fois l'adjectif "indigne"), et un recours presque enjoué aux synonymes d'échec connotés plus péjorativement, comme par exemple. V. Duluc parle d'échec "catastrophique", de "gigantesque naufrage programmé". Le bilan est effectivement désolant, décevant, cruel, cuisant et pour tout dire, incroyable, on peut légitimement parler de "fiasco", de "déroute", de "Bérézina" (avec plus ou moins de jubilation), mais il n'y aurait de véritable catastrophe que si le football français était un champ de ruines ou ne comptait plus de joueurs de valeur. Avec l'accident coréen (là, c'est nous qui euphémisons), l'équipe de France a bien illustré l'expression "passer au travers", ce qui met en cause des éléments au moins autant conjoncturels (blessures, fatigue, déveine) que structurels (vieillissement, sollicitations, schéma tactique…).

Mais il faut justement que la sanction sportive résulte moins d'un enchaînement de circonstances que d'une morale profonde, d'un destin inéluctable que nos augures avaient — évidemment — annoncé. Cette façon univoque de poser le problème résume le principe statistique qui donne presque toujours raison au journaliste sportif si celui-ci conçoit son travail comme l'anticipation de la défaite, qui conforte son autorité et valorise son expertise. Les exceptions de 98 et 2000 ont rendu encore plus pressant le besoin de rétablissement des prérogatives des spécialistes, écartés du débat par un peuple de Béotiens béats.


Discorde sensible
Si pour L'Equipe le terrain reste donc miné et le sujet fortement chargé en symboles, c'est avec moins de précaution et de raison que d'autres se sont chargés d'alimenter ce qu'ils interprètent comme la demande de leur lectorat. Patrick Chêne, qui doit probablement à sa culture télévisuelle une certaine pratique de l'hypocrisie, a ainsi torché sur Football365 un "édito" exemplaire qui dissimule son auteur derrière les "attaques" qui seront portées contre Lemerre. "Calamiteux Mondial", "défaites grotesques", "frontière du ridicule (…) pris comme une gifle en plein visage (sic)". Les affaires vont mal, Patrick?

Le Parisien franchit un pas de plus, mettant en évidence une des brèches principales dans laquelle certains journalistes vont s'engouffrer, comme ils ont commencé de le faire au cours de la compétition. La déroute rend possible une évolution fondamentale, qui fait très peur pour la suite: il est désormais possible d'exploiter la désunion et d'obtenir des déclarations polémiques de la part des insatisfaits. La perméabilité incroyable de la "bulle" autour des Bleus en Asie a d'ailleurs été un facteur déterminant de la dispersion constatée. Sous trois signatures, un article nous apprend que "les joueurs ne veulent plus de Lemerre", sur la base de confidences recueillies "sous le sceau de l'anonymat" qui constatent… la rupture de l'unité au sein du groupe. On ne saurait mieux l'encourager. Mais les propos rapportés visent surtout Lemerre, dont l'incompétence est maintenant attestée par les internationaux eux-mêmes. Si le ver n'était pas encore dans le fruit, l'y voilà.

L'immunité que leurs titres conféraient aux Bleus avait ceci d'insupportable qu'elle privait la profession d'une matière considérable en éteignant les controverses sur la sélection, créant une frustration certaine (on voit dans tous les pays la délectation avec laquelle les médias traitent les déboires des équipes nationales). Nous sommes mal placés pour refuser à des journalistes le plaisir de la polémique et de la contradiction, mais nous n'avons de cesse de regretter qu'il ne s'applique qu'à des objets restreints, sans distance d'aucune sorte…


Si nous n'adoptons pas la posture de l'indignation devant ce procès qui ne fait que commencer, c'est parce qu'il semble inévitable dans le contexte actuel, et que les Bleus n'ont pas fait ce qu'il fallait pour y échapper. L'ampleur de leur échec nourrit aussi bien le besoin d'analyse que l'expression d'une vindicte chez les supporters ou d'une revanche pour certains journalistes. La logique froide des résultats suffit à faire de Lemerre la victime logique de ce spectaculaire retournement de fortune, et sa fonction implique de devoir subir, le cas échéant, tous les réquisitoires imaginables.

Réactions

  • Peaudevache le 17/06/2002 à 09h11
    De mon côté j'ai entendu les extraits de la presse brésilienne. Très objectivement, ils ont assassiné les bleus en insistant lourdement sur le coup de pot monumental de 1998. En gros, les bleus sont des gagnants au loto qui n'ont fait que retrouver leur juste place... A côté, l'Equipe fait dans la dentelle !
    Non, vraiment on est ridicules (et l'EDF s'est vue tellement belle et insubmersible que là, ça fait doublement mal aux coqs. Pardon, aux chapons).
    Vive le Costa Rica, vive les mouilleurs de liquettes en licra isotherme en couleur ! Vive moi ! Lisez plus ! Commentez moins ! (fait trop chaud ici)

  • Limogescityboy le 17/06/2002 à 09h34
    peaudevache est plein de bon sens et de réalisme, ce qui ne l'empêche pas d'être drôle. Une leçon à méditer

  • S2M le 17/06/2002 à 11h36
    A mon sens l'échec en coupe du monde est tout de même suffisamment cuisant pour que l'on soit en droit de demander des comptes.

    A mon sens (c'est juste mon avis) il y a trois principes fondamentaux que Roger Lemerre n'a pas respecté.

    1° Un joueur qui n'est pas titulaires au sein de son club n'a pas sa place en équipe nationale

    2°Il n'y a pas de mandat de bleu a vie et aucun international ne peut être à l'abri de l'emergence d'un joueurs pluis talentueux que lui.

    3°Tous poste doit être doublé, à défaut un système alternatif doit être mis en place. Autrement la sélection doit pouvoir se passer de n'importe qui.

    Enfin j'ajouterais ceci Lemerre a eu quatre ans pour diriger la selection des bleu, il a gagné une coupe d'Europe (il faut l'en féliciter) et a échouer au premier tour de la coupe du monde, qui plus est sans marquer le moindre but, bien que disposant de trois buteurs d'exception. Démissioner serait la moindre des choses.


  • depolnzen le 17/06/2002 à 12h42
    LimogesCityBoy,

    que tu trouves la campagne con, c'est ton droit, d'ailleurs personne n'a dit qu'elle était intelligente. Par contre, on parle de ce qu'en a fait L'Equipe pour railler la FFF (et pas le consortium Stade de France...bizarre non ?). Enfin c'est ce dont JE parle, puisque tu ne t'attaches toi, qu'à, montrer ta science en matière de mangas.
    Cette campagne était cul-cul la praline; pas forcément bien pensée. Mais de là à provoquer un incident diplomatique...
    Je te reporte au site du graphiste qui a fait cette campagne pour que tu puisses t'apercevoir qu'on est pas en présence d'un dangereux nationaliste.
    Alors oui, soyons sérieux 5 minutes.

    Quant à monsieur plumitif, je vous trouve sévère avec le poisson...L'Equipe est une excellente presse de gare. Et n'est jamais aussi mauvaise que lorsqu'elle prend le football trop au sérieux.
    Ah, au fait, rappellez-moi le nom du journaliste qui voulait foutre Blanc à la retraite, rappeller Sauzée et mettre l'indiscutable Keller avant-centre à l'automne 95 ?

  • depolnzen le 17/06/2002 à 14h35
    petit rappel :

    la campagne de publicité "les bleus 2002 - à la conquète d'une 2eme Coupe du Monde" était basée sur l'idée d'une parodie/hommage à Star Wars, de nos héros Les Bleus contre le reste du Monde, la Force contre le côté obscur.
    Comme il fallait bien évoquer un minimum des batailles épiques, l'allemand était par exemple representé par une chevalier teutonique (noté le clin d'oeil subtil à Eisenstein) plutôt que par un gros lard cuvant lors de la fête de la bière à Munich.
    C'etait peut être pas malin, mais c'était très premier degré (rappellons nous que les femmes et les enfants ainsi que les telespectateurs aiment le football depuis 1998, et que les gens ne vont plus à des matchs mais à des spectacles).
    Mais est-ce plus choquant et caricaturale que de faire un chant guerrier un hymne national. A propos, C'est quoi, un "sang impur" ?

  • Limogescityboy le 18/06/2002 à 04h33
    pas convaincants tes arguments, depolnzen. En gros, tu reproches à L'equipe d'avoir donné une opinion sur cette campagne et d'avoir relayé le mécontentement de l'ambassade de Roumanie. Donc, tu penses que ce serait mieux qu'un journal ferme sa gueule sur ce genre de trucs, bref qu'il censure, parce que c'est pas important, premier degré, référence à Eisenstein etc.
    Moi, je pense qu'oin pouvait se dispenser de cette campagne Les Bleus contre le reste du monde parce que comme tu dis, le foot, faut pas le prendre trop au sérieux et là, ça faisait vraiment George Bush et ses amis against the whole ugly world.
    Mais au moins, ça avait un mérite: faire tomber le masque de cette chère France qui, dès qu'elle gagne, est arrogante comme jamais et prête à écrabouiller ce qu'il y a autour ou à le récupérer (cf le Sénégal aujourd'hui, meilleur transfert d'émotion et de néo-colonialisme du moment)

  • depolnzen le 18/06/2002 à 15h31
    Les réactions de l'Equipe contre cette campagne infantile était disproportionnée et on dépassé de loin l'affiche du match contre la Roumanie.
    Désormais, ne t'inquiète pas, il y aura du grai à moudre contre la FFF.

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