Brasil !
Ils l'ont fait, et comme l'a dit Deschamps à ces joueurs, il faut savourer. • Allons enfants • Le match • Le rébus ukrainien • Les observations • Vu du forum
Par Raphaël Cosmidis, Philippe Gargov, Christophe Kuchly et Jérôme Latta.
Allons enfants
J'ai vu les Bleus. De là où j'étais, je ne pouvais pas juger s'ils sont des crétins prétentieux, mais j'ai vu qu'ils avaient de l'orgueil. Je ne saurais dire s'ils sont patriotes, mais on a chanté deux Marseillaise avec eux, la deuxième au moment, où, nous apprêtant à quitter le stade ils ont pris le micro pour en improviser une seconde. Une Marseillaise hilare, les armes posées, les drapeaux à la main. Qu'il est beau, notre hymne guerrier quand il n'est qu'un chant de supporter, comme elle est bonne à aimer la France du football, une France bien inoffensive et peut-être illusoire, mais fugacement fraternelle dans ces moments-là. Ces moments-là, les amis... Comme on est heureux d'aimer le football, de vivre ça, ce truc con: une équipe qui accomplit un exploit qu'on n'osait espérer vraiment, les buts qui rentrent, les cris qui sortent, la joie folle, les larmes aux yeux, les copains avec soi, l'impression que ça va arriver, qu'il n'y aura pas de Kostadinov, que la soirée sera parfaite. Comme il est bon d'être ainsi remboursé des défaites, des déceptions, des frustrations – de tout ce qui s'acharne à altérer l'innocence et la passion –, d'être le même que celui qui, à tous les âges, était devant d'autres matches emportés par la folie.
On pouvait s'interroger sur ce que serait l'ambiance, après des journées si délétères, se demander si certains ne viendraient pas pour participer à une bronca. Le scénario du match n'a pas été dans ce sens, mais l'évidence est que l'immense majorité du public était venue pour voir ce qu'il avait imaginé de plus beau. Nous étions cinq mille spectateurs à avoir acquis les dernières places en se disant probablement, pour la plupart, qu'on ne doit pas rater une chance d'assister à un match mythique. Des soirs comme ça, on se dit qu'on y a pris une petite part: les latérales debout, les chants incessants, les acclamations sur les gestes défensifs, les tribunes encore pleines pour ne rien rater de la joie des joueurs. Ah oui, c'est bon aussi quand les clichés prennent réalité, comme celui de la "communion entre les joueurs et le public".
J'ai vu les Jaunes. De là où j'étais, à la fin du match, je pouvais juger de l'immense détresse qui les figeait sur la pelouse et qui disait à la fois ce qu'ils avaient perdu et ce que leurs adversaires avaient remporté. Honneur aux vaincus. Du moins à ceux qui l'ont été sur le terrain. Les Ukrainiens sont éliminés, pas les experts médiatiques, ceux qui sont toujours du côté de la défaite tout en piétinant les perdants. Ceux-là ont encore fait la démonstration qu'ils ne comprennent pas grand-chose au football: ni ce qui fait qu'on l'aime dans ces moments-là, ni ce qui fait le jeu, qu'ils ne savent même pas regarder, ne comprenant pas que cette équipe pouvait sortir un tel match, parce que leur mémoire ne remonte pas au-delà d'une semaine et parce qu'ils n'analysent jamais que les scores. Ils hisseront de nouveau leur séant rougi de cette nouvelle fessée, après toutes celles déjà subies, sur les tabourets des émissions de télé, avec la conscience à peine troublée des imposteurs, poussant l'absence de vergogne jusqu'à dire que c'est un peu grâce à eux: leurs têtes ont à peine changé depuis quinze ans, leurs arguments pas du tout. Et pour la énième fois, ils ont enregistré une défaite avec une victoire des Bleus. (J. L.)
Le match : implacables
Dès le début, les Français ont manifesté l'engagement nécessaire pour rendre possible la remontée. Cette entame au sprint a eu deux conséquences: embarquer le Stade de France dans le combat et repousser l’Ukraine devant son but. Ils ont dessiné dès les premières minutes la possibilité, de plus en plus concrète au fil du match, d’une victoire bleue et d’un échec des joueurs de Fomenko. Un premier tir enroulé de Mathieu Valbuena, à la suite d’un corner mal dégagé permet à Pyatov de se chauffer les gants (3e) et met d’entrée en lumière les faiblesses adverses sur les coups de pieds arrêtés. Mais ni Paul Pogba (8e), ni Karim Benzema (10e), abandonnés par la défense adverse, ne parviennent à cadrer leurs têtes.
Heureusement, la troisième est la bonne. À la suite d'un coup franc, le ballon se retrouve dans les pieds de Franck Ribéry. Pyatov ne peut que repousser dans les pieds de Mamadou Sakho qui finit de près (22e), en renard. À ce moment-là, plus que le score, c’est la manière qui donne envie d’y croire. Le tableau d’affichage ne tarde d’ailleurs pas à se mettre au niveau de l’impression laissée sur le terrain. Benzema, privé d’un but en position licite deux minutes auparavant, marque celui qui fait entrer le match dans une autre dimension (29e). Finie l’obligation de marquer, il est désormais possible de gérer. Les Bleus étouffent les Jaunes, le trio Sakho-Varane-Cabaye ratisse avec une efficacité déconcertante.
Si le tempo baisse, la France continue à dominer les débats. Valbuena est à nouveau mis en échec par Pyatov (31e) et Benzema (34e) est maladroit. Juste avant la pause, Debuchy sauve la maison en déviant un tir ukrainien qui partait droit vers le but (45e+1). La pause calme toute éventualité d’euphorie de l’Ukraine, laquelle se retrouve à dix juste après le repos après un tacle bien trop tardif (47e), et décide de se recroqueviller encore plus devant son but. Incertains dans leurs ambitions, les Français restent maîtres du jeu, même si la menace d’un contre continue à planer. Ribéry continue à gaspiller dans la surface (64e) mais Sakho, resté aux avants postes après un coup de pied arrêté, marque de la cuisse, embusqué derrière Gusev (72e). La conséquence logique d’une domination de tous les instants, un troisième but à l’esthétique encore plus douteuse que les deux autres mais à l’importance capitale. Malgré quelques ratés en fin de partie et un réflexe de Pyatov sur une tête de Giroud (85e) qui empêche de savourer trop tôt, c’est lui qui envoie la France au Brésil.
LIRE AUSSI : "FRANCE-UKRAINE, LES GARS / LA NALYSE"
Le rébus ukrainien
Les observations
Benzema avait parfaitement raison de dire que les Bleus sont supérieurs techniquement aux Ukrainiens.
Impeccable pendant tout le match, le public du Stade de France a craqué après le troisième but, enchaînant un “Po po polopo” puis un “Et 1, et 2, et 3-0”.
Vu le décalage entre les buts dans les autres matches et le moment où Christian Jeanpierre les annonce, il doit s’informer grâce aux alertes SFR.
Les valeurs du rugby, c’est aussi la défense de l'agriculture locale, avec cet hommage aux plus beaux champs de patate picards.
Trois simulations en moins de dix minutes, la lecture de Jean Baudrillard en causerie d’avant-match aura eu les effets escomptés.
Vivement la prochaine interview de Patrice Évra à Téléfoot.
C'est marrant comme les raisons qu'on s'était trouvées de minimiser une absence française de la Coupe du monde semblent dérisoires, maintenant.
C’est pas si mal, le football sans numéro 9.
Ils avaient l'air drôlement contents de gagner, pour des mecs qui s'en foutent.
On disait que la France n'avait pas besoin de Schweinsteiger, Pirlo ou Busquets pour l'emporter. Énervé, Yohan Cabaye a fait un mélange des trois.
Bon, finalement, c'était un super tirage.
Vu du forum
=>> vert 75 - 20h52
Lloris pas en vert, c'est bon je vous dis.
=>> Valbuena Jacta Est - 20h58
Je m'étais promis que je n'y croyais plus. Alors, dites, pourquoi est-ce que je suis devant ma télé en me disant que "quand même ce serait beau" ?
=>> George Worst - 21h23
Ouaiiiiiiiiiis, un grand black costaud.
=>> le Bleu - 21h27
Evra gagne un duel. Il se passe des choses incroyables ce soir.
=>> Joachim du Maurice-Bellay - 21h48
Mon premier match de foot de 2013. Bon choix.
=>> Moravcik dans les prés - 22h18
C'est merveilleux le football : Valbuena en Ligue 1, il m'énerve, et je trouve qu'il n'arrête pas de plonger. En équipe de France, je l'aime, et quand il tombe, je trouve qu'il y a faute et peut-être même carton jaune pour l'adversaire.
=>> Gone with the Greens - 22h28
Il attend la 90e pour faire rentrer Kostadinov, le coach ukrainien, non?
=>> Tricky - 22h30
Oh putain.
=>> samirbalbir - 22h46
La main de Valbuena, c'est le centre de Ginola ?
=>> I want my Mionnet back - 22h52
Quel pied.
Les titres auxquels vous avez échappé
Tchernobyl-gate
Sakho, mano à mano
Le Cabaye au fond du jardin
Brésil suffisait d’aimer
Wonderbrazil
Sackommence mantenant
Rébus de Nadine Zamorano
Titre sufféré par Freddy