Ballon de Plomb 2011, les candidats: Spahic et Ciani
Un défenseur qui élimine (littéralement) ses adversaires et un autre qui s\'élimine lui-même: l\'art de disparaître, par deux candidats qui peuvent y croire.
Emir Spahic, l'instinct du braqueur
Spahic et Montpellier, c'est une histoire qui commence bien et qui se finit mal. Buteur lors de son premier match face au Paris SG le 8 août 2009, il est l'un des acteurs principaux de la belle saison héraultaise. Vanté pour ses qualités défensives et sa technique sûre, il est l'une des pièces essentielles du dispositif de René Girard. Malheureusement, il devient également rapidement le symbole de brutalité qui colle à la peau du MHSC encore aujourd'hui, même sans lui. C'est ce qui s'appelle laisser son empreinte dans un club, même s'il s'agit là plutôt d'une trace de crampons. Embarrassés et agacés, René Girard et Louis Nicollin chercheront très tôt à le faire partir et à lui trouver un suppléant.
L'exercice 2010-2011 du Bosnien est un calvaire: pour défendre, il joue des coudes. Dans la tronche de Nolan Roux d'abord, puis dans celle de Issam Jemâa. À chaque fois, Emir s'en sort sans avertissement mais la commission de discipline le rattrape: il écope de quatre matches de suspension pour son premier fait d'armes, et de sept pour le second, ce qui lui fera rater la finale de la Coupe de la Ligue face à l'OM, point d'orgue de la saison montpelliéraine. Au total, il aura purgé une suspension cumulée de 17 matches et n'aura joué que 23 rencontres en L1.
Spahic est donc une sorte de Van Bommel discount: son jeu dur occulte quasi totalement sa qualité technique. Comme lors du match France-Bosnie, quand il fait un croc-en-jambe dans la surface à Nasri, alors que lui et son équipe dominent techniquement la France et mènent 1-0. On connaît la suite: le joueur de Manchester City égalisera et la Bosnie n'ira pas à l'Euro 2012.
Point fort
Il en a sous le coude.
Point faible
Une technique qui édulcore son image de brute épaisse.
Le slogan de campagne
"Un tiens ne vaut pas mieux que deux tu les éclateras."
Michaël Ciani, coulé dans le plomb
“Ma force c'est d'avoir toujours su relever la tête, même dans les mauvaises passes”. Voilà un candidat qui saura aller chercher son trophée la tête haute. Michael Ciani connaît l’apogée de sa carrière le 3 mars 2010, lorsqu’il est aligné par Raymond Domenech aux côtés de Julien Escudé pour former la charnière centrale des Bleus face à l’Espagne. Le joueur est alors un des meilleurs défenseurs de Ligue 1, imposant ses incroyables qualités physiques à n’importe quel attaquant osant se présenter face à lui. Il est même capable de marquer une “Madjer” face au Bayern de Munich. Mais depuis ce soir-là, c’est la descente aux enfers.
La déprime post-première sélection est fréquente dans le monde du foot, celle de Michael Ciani dure incroyablement longtemps. "Je continue de croire que ça va s'arranger, clame-t-il dans France Football. Remarquez, je répète la même chose depuis un an et demi!” Titulaire incontestable à la faveur de l’extrême fragilité physique de ses concurrents, Michael Ciani a enchaîné les prestations en plomb cette année: de nombreux buts marqués contre son camp, des passes toujours mal assurées, “un placement de poussin”, il y en a même qui l’ont vu se faire prendre de vitesse par Emmanuel Rivière.
Avant le bouclage, Francis Gillot a tenu à apporter son témoignage: “Ça doit être compliqué pour lui aujourd’hui, c’est sûr. Il était suspendu, l’équipe a gagné à Ajaccio. Contre Paris, il joue pas et derrière je le remets parce qu’il y a Chalmé qui se blesse. Mais au départ, il est sur le banc. Peut être c’était la solution de le laisser un peu de côté. Avec la blessure de Chalmé, je suis pratiquement obligé de le mettre puisque je n’ai qu’un défenseur sur le banc. À l’arrivée, il est encore fautif. Donc, aujourd’hui, c’est compliqué pour lui. C’est un garçon qui doute, c’est sûr. Quand sur un coup de pied arrêté, on lui demande de se mettre au marquage d’un mec, on sent que dans sa tête, il y a beaucoup de choses qui se passent. À un moment donné, il faudra qu’il fasse trois quatre bons matches d’affilée mais aujourd’hui, j’ai du mal à le mettre dans l’équipe.” (Gold FM)
En désespoir de cause, Francis Gillot teste Trémoulinas en libéro derrière Ciani et Henrique.
Point fort
Dugarry n’hésite pas à le comparer à Cyril Domoraud.
Point faible
Si Carrasso finit par le blesser avec ses sorties kamikazes, Ciani pourrait gagner le statut de victime.
Le slogan de campagne
“Ciani chancelle, l’école est finie.”