Numérologie des footballeurs
Infographie – De 1 à 99, quels sont les numéros préférés de 12.200 joueurs pros dans 442 clubs européens? La réponse en chiffres, et l'occasion de refaire un peu l'histoire de la numérotation des maillots.
Le 25 août 1928, les rencontres Sheffield Wednesday-Arsenal et Chelsea-Swansea Town sont l'occasion d'expérimenter une nouveauté: les joueurs de chaque équipe portent en effet un numéro au dos de leur maillot, de 1 à 11, ce qui permet aux spectateurs de les identifier plus facilement. Par convention, chaque numéro correspond à un poste.
À l'occasion de la Coupe du monde 1954, la FIFA impose que chacun des 22 joueurs sélectionnés en dispose d'un qui lui soit propre. La correspondance avec les postes en prend un coup, qui sera plus définitif lorsque la Premier League adoptera le même principe en 1993/94 pour les effectifs des clubs, faisant école dans la plupart des autres championnats – le numéro commençant aussi, à cette époque, à s'accompagner du nom du joueur.
Depuis une vingtaine d'années, la porte est donc ouverte aux fantaisies, même si l'attachement aux onze premiers numéros persiste et conserve un sens quand ils désignent un poste sur le terrain (voir ci-dessous). L'étude des numéros attribués dans 24 championnats européens, réalisées à partir de la base de données du site footballsquads.co.uk donne une idée des préférences actuelles…
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Les observations en vrac
Numéro le plus emblématique avec le 1 du gardien, le 10 – peut-être parce qu'il est un peu plus lourd à porter – est toutefois devancé par le numéro 7 (effet Beckham-Cristiano?).
Les numéros de 1 à 11 conservent une certaine préséance numérique, mais aussi une correspondance avec les postes: les 4 et 5 sont par exemple dans leur grande majorité des défenseurs, et les 9 des attaquants dans une proportion encore plus importante.
On note quand même la relativement faible popularité du 2 et du 3, concurrencés par les numéros de 14 à 23. Les 12 et 13 sont peu prisés, peut-être parce qu'ils sont trop associés au statut de remplaçant.
Au-delà du 11, le statut de gardien, défenseur, milieu ou attaquant ne semble plus entrer en ligne de compte, même si les portiers ont une prédilection pour le 12, le 13, le 16 (effet Barthez?) ou le 30.
Les numéros "redoublés" (33, 44, 55…) exercent une séduction notable, certainement par défaut quand le chiffre "premier" n'est pas disponible. Ainsi, les 55 sont-ils en majorité des défenseurs, les 99 des attaquants. La surreprésentation est toutefois moindre pour le 66 (peur du diable?) et le 88 (crainte de l'assimilation au néo-nazisme?).
Numéros et compositions d'équipe
Le lien entre le numéro et le poste sur le terrain a connu des interprétations différentes selon les traditions nationales, et il a nécessairement suivi les principales évolutions des organisations tactiques. Le schéma originel né en Angleterre (qui suit l'ordre numérique de la droite vers la gauche et du bas vers le haut sur notre image) a posé certains fondamentaux qui perdurent, notamment pour les attaquants. Le 4-2-4 de la tradition brésilienne a accordé un rôle créateur essentiel eu numéro 10, imité par le 4-3-1-2 argentin.
On peut retenir un schéma "canonique", qui s'est fixé au cours des années 70 et auquel on continue à faire référence pour désigner les rôles et les postes. Il attribue le 2 et le 3 aux défenseurs latéraux, le 4 et 5 aux centraux. Le 6 est le milieu défensif souvent axial, alors que le 8 est plus "relayeur". La tradition attribue évidemment au 10 le rôle de meneur de jeu et au 9 celui d'avant-centre, mais elle donne aussi le 7 à l'ailier droit et le 11 à son homologue à gauche. Ailiers qui, dans une ère plus contemporaine, auront tendance à devenir des milieux offensifs, tandis que le 4-4-2 brouille un peu la numérotation classique dans l'entrejeu…
Pour conclure, les amateurs de règlements peuvent consulter ce visuel extrait de celui de la FIFA, qui fixe les emplacements et les dimensions des numéros pour les maillots des équipes nationales.