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Alexander Frei, le feu au lac

Passe en retraite – L'attaquant suisse a décidé de mettre un terme à sa carrière en fin de saison. Ne retardons pas l'hommage à un buteur buté qui a marqué le Stade Rennais.

le 26 Nov 2012

 

 

Auteurs : Kireg, Delacotte&match, kro et Belmondo Bizarro

Nous sommes en décembre et pourtant flotte dans l’air un parfum de saucisses grillées. Ici et partout où les palets de plombs n’existent que pour s’échouer sur des planches de bois, des abords de la Vilaine aux confins du pays Gallo, un numéro 23 a écrit sa légende. N’évoquez pas Michael Jordan, on vous rirait au nez. Il est ici question de crampons et de gazon. En Bretagne, c’est un Suisse à qui l’on rend hommage.

 


Un quadruplé au printemps

Où étiez-vous le 21 mars 2004? Souvenez-vous. Ce dimanche soir, le buteur du Stade Rennais inscrit un quadruplé face à l’OM de Drogba. Rarement la Route de Lorient n’aura vécu soirée plus folle. Le match de clôture de la 29e journée oppose L’OM sixième, au Stade Rennais douzième. À la demie heure de jeu, Laurent Battlès ouvre le score d’un retourné acrobatique. Dans le camp Rouge et Noir, on pense alors que la rencontre va être très longue. Pourtant, quatre minutes plus tard, Olivier Monterrubio tire un coup franc côté droit pour Frei qui égalise de la tête. Il faudra patienter quatre autres minutes pour voir le "duo magique" remettre ça. Le gaucher déborde et centre pour le plat du pied helvète, 2-1. Le bonheur est de courte durée et comme un pied de nez des meilleurs ennemis nantais, le chronomètre affiche 44’44" quand Didier Drogba remet les pendules à l’heure.

 

 

 

 

C’est au retour des vestiaires que le match bascule dans l’irrationnel. À la 60e minute, Frei, d’une frappe sèche, loge le cuir sous la barre d’un Fabien Barthez déjà résigné. Mido peut égaliser, tous ont compris que les Phocéens ne sont plus que des pions ciels et blancs sur le plateau de jeu du héros du soir. Un dernier tir croisé et le Suisse assoit définitivement la victoire. En état de grâce, le buteur se lance alors dans un improbable pas de danse face à un kop breton en transe. Premier jour du printemps, cette soirée voit l’éclosion d’Alexander Frei, un des plus grands buteurs de l’histoire du Stade Rennais.

 

 


La bonne idée de l'hiver

Alex Frei débute sa carrière professionnelle en 1997, à Bâle. Après des passages réussis du côté de Thoune et de Lucerne, il rejoint le Servette FC en 2000. Pendant trois saisons, ses prestations à Genève sont convaincantes (36 buts en 64 matches). Les recruteurs rennais, échaudés par les filières sud-américaines, décident d’enrôler le Suisse lors de la trêve hivernale de 2003. Sans le savoir, ils viennent de mettre la main sur une perle rare. Alexander Frei sera le digne successeur de Marco Grassi.

 

Il va pourtant mettre du temps à trouver ses marques en Ille-et-Vilaine. Son maillot sera floqué du 23, numéro de celui qui reste sur la touche quand onze titulaires et onze remplaçants ont été choisis, numéro du maillot que l’on offre aux hommes politiques opportunistes. En effet, Vahid Halilhodzic, qui vient d’être nommé à la barre d’un navire Rouge et Noir en pleine tempête, ne compte pas sur ce joueur. Pourquoi lui ferait-il confiance? Il n’est pas vraiment rapide ni très puissant, et finalement pas vraiment technique. Il n’inscrira qu’un seul but en treize rencontres. Justifiant ainsi son existence pour vingt années supplémentaires, c’est la Coupe de la Ligue qui va lancer la belle histoire. Lors d’un obscur match à Auxerre, Laszlo Bölöni, nouvel entraîneur du Stade, fait confiance au Suisse. Il ne le regrettera pas.

 

 


L'ami Monterrubio

L’international inscrira 41 buts en deux saisons. Deuxième meilleur buteur du championnat en 2003/04, il terminera numéro un l’année suivante sans avoir marqué le moindre penalty. Avec cet incroyable buteur, les Rennais se seront régalés. Qu’ils soient au stade, devant leur écran, ou bien l’oreille collée au poste de radio, tous auront passé des soirées à attendre l’inévitable but d’Alex Frei sur une passe du gauche de son ami Olivier Monterrubio. C’est d’ailleurs durant cette période qu’une nouvelle recrue rejoint l’équipe. Il est suédois et il frappe fort. Kim Källstrom fait du duo magique un trio explosif.

 

La dernière saison rennaise de Frei, sera celle de la coupe d’Europe. Les mémoires retiendront ce but de volée contre Osasuna sur une incroyable passe de "Rubio". Une vilaine blessure l’écartera finalement du terrain pendant de longues semaines et cet éloignement progressif permettra aux supporters de mieux accepter le départ de leur héros qui, au total, aura marqué 52 fois en 117 matches.

 

 


Borussia with love

Frei quitte la Bretagne en 2006. Direction le Borussia Dortmund, le club de ses rêves. Sur les bords du Ruhr, il montre tout son talent dès sa première saison en terminant deuxième meilleur buteur avec 16 réalisations en 32 matches, soit un but tous les deux matches. Les lecteurs de Bild l'éliront "Spieler der Saison", mais l’année qui suit est ponctuée de blessures. Il retrouve le Westfalenstadion lors de la deuxième mi-temps du Derby de la Ruhr. Le Borussia est alors mené de trois buts (0-3) par les ennemis de Schalke 04. Tous les éléments du scénario sont en place pour Alex Frei qui délivrera une passe décisive avant d'inscrire un doublé. Match nul et liesse générale dans les tribunes.

 

Après trois saisons et une Supercoupe en poche, l’attaquant quitte l’Allemagne pour retrouver le club de Bâle. Ses prestations restent de haute volée. En Ligue des champions, le club éliminera même le grand Manchester United en réalisant le nul 3-3 à Old Trafford avec un doublé de Frei, puis en gagnant 2-1 au parc Saint-Jacques. Lors de cette rencontre, l’ancien Rennais marquera un but décisif et Alex Ferguson avouera avoir été impressionné par sa performance. La réaction de l’intéressé sera fidèle à son style: "Ça fait plaisir, mais ce n’est pas pour ça que je vais courir à moitié nu dans toute la ville". 

 

 


Alex Frei, Schweizer Stürmer

Avec la Nati, Frei comptabilise 84 sélections pour 42 buts, un but tous les deux matches. Il devient ainsi le meilleur buteur de l’histoire de sa sélection. Sous son impulsion, les Suisses sortiront premiers de leur poule du Mondial 2006, devançant ainsi la France de Zidane, future finaliste. La suite de son histoire en selection sera plus chaotique. Lors de l’Euro 2008 co-organisé par la Suisse et l’Autriche, le buteur, blessé au genou, doit quitter la compétition dès le match d’ouverture. La frustration est trop forte, le fier attaquant est chez lui, ce tournoi devait être le sien. Alex Frei tombe en larmes. Rendez-vous est pris deux ans plus tard en Afrique du Sud. Hélas, une fois encore l’aventure tournera court. Blessé plusieurs mois avant la compétition, le joueur se bat. Il doit être prêt pour défier la grande Espagne. Sa rééducation sera aussi suivie que celle de Zizou, mauvaise série B française de l’année 2002. L’équipe suisse ne sortira pas des poules. Il quittera la Nati en 2011, se disant fatigué par les critiques et l’investissement exigé. Comme un artiste quitte la scène, il ne jouera pas le match de trop et brillera lors de sa dernière représentation, inscrivant un doublé face à l’Ukraine.

 

Les "années Frei" ont durablement frappé l'imaginaire rennais. Aujourd’hui encore, les supporters sont persuadés que chaque saison se terminera en boulet de canon. Le joueur aura aussi marqué les mémoires par son côté décalé et insaisissable. Après son quadruplé, il avouera être désolé pour Barthez. Quelques mois plus tard, après une victoire 2-0 et un but de sa part, il affirmera, furieux, que le Stade Rennais n’a pas le niveau de la Ligue 1 – une sortie complètement inattendue. En suisse, il enregistrera un immonde clip de hip-hop suisse (ou rap à Gruyère) sur les paroles de l’hymne national. Sa carrière avec la Nati sera émaillée de déclarations très dures envers la presse qui, selon lui, ne l’aura jamais vraiment compris. Un buteur buté qui nous a fait aimer le Stade Rennais, merci!

 

 

 

 

LES POINTS RETRAITE D’ALEXANDER FREI

 

La meilleure saison
La saison 2003/04 et ses 20 buts en 28 matches de championnat, soit 0.7 but par match. Cette année-là, les buts encaissés par Montpellier (78 au final) ne comptaient que pour 0,4.

La pire saison
Celle de son arrivée en 2002/03. Le p’tit Suisse n’est pas dans son assiette et reste comme un rond de flanc sur le banc.

La geste du buteur
Après avoir craché sur Steven Gerrard, Alex Frei désamorcera la polémique en parrainant deux lamas du zoo de Bâle. Une bonne droite aurait fait le bonheur des kangourous.

Le meilleur ami
Olivier Monterrubio, second membre des joyeux duettistes.

Le pire ennemi
Son coiffeur à Rennes. Il faut bien le dire, la mèche décolorée ne va pas à tout le monde. Elle ne va même à personne, en réalité.

La stat qui tue
Tous les footballogues vous le diront, un bon buteur marque une fois sur deux. Le mauvais buteur lui, ne marque pas une fois sur deux.

La meilleure preuve de son talent
Le Stade Rennais finit la saison 2003/04 avec un goal average de +2 avec une ligne défensive constituée de Ouaddou, Bourillon, Diatta et Grenet. 

Le poisson d’avril à sortir entre amis pour les épater
"Julian Esteban est le futur grand attaquant de la Suisse, j’ai convaincu Pierre Dréossi".

La reconversion souhaitable
Conseiller technique des attaquants du Stade Rennais à mi-temps ou une fois sur deux, c’est selon.

La reconversion à éviter
Champion de Puissance 4. On a beau en mettre quatre de suite, même avec Barthez comme adversaire, ça reste le jeu le plus chiant du monde.

 

Réactions

  • magnus le 26/11/2012 à 16h55
    Euro 2004+Stade Rennais, c'est également Biétry qui insiste sur le fait que malgré sa signature à Chelsea, Petr Cech reste pendant l'Euro un joueur de Rennes.

  • inamoto le 26/11/2012 à 21h56
    Merci les gars chouette article en rouge et noir, avec beaucoup de bons souvenirs inside. J'adorais les échauffements d'avant match quand Frei restait seul alors que tout le monde était déjà au vestiaire juste pour le plaisir d'aligner une série de pralines sous la barre sous les yeux du kop... ce mec a le but en lui !

  • Sens de la dérision le 27/11/2012 à 12h07
    Superbe article ! Même si j'étais persuadé que Frei s'était un peu planté après Rennes. Apparemment non.

  • Kireg le 27/11/2012 à 20h28
    Lu sur lien

    "J’ai croisé beaucoup de joueurs qui sont plus talentueux que moi. Mais moi, avec mes moyens, j’ai su me frayer un chemin, de Thoune à Bâle en passant par Lucerne, Servette, Rennes et Dortmund [...] Ce que je retiens, ce sont les fantastiques liens d’amitié que j’ai tissés dans chacun des clubs par lesquels je suis passé."

    C'est officiel, j'aime ce type.

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