Regarde les footballeurs plonger
Une Balle dans le pied – Les footballeurs simulent la douleur aussi bien que les femmes le plaisir. Et si le ridicule ne tue pas Drogba, comment faire pour le convaincre d\'arrêter la comédie?
Huitième de finale de Ligue des champions Chelsea-Naples, prolongation: à la lutte avec Salvatore Aronica, Didier Drogba profite d'un mouvement de bras du défenseur qui lui touche vaguement l'épaule pour s'écrouler puis porter les mains à son visage comme s'il avait été victime d'un coup de coude en pleine face. Quelques secondes plus tard, une caméra isolée le montre à terre, ouvrant un œil pour observer les effets de sa performance sur l'arbitre. L'effet est ruiné, le joueur ridicule. Mais en souffrira-t-il plus longtemps que ne durera le ralenti?
ÉTHIQUE DU TRUCAGE
La propension des footballeurs à se prendre la tête dans les mains après un contact n'engageant pourtant absolument pas cette partie de leur corps est si étonnante que l'on pourrait croire à un mauvais branchement de leurs terminaisons nerveuses. Les exemples célèbres abondent sur cette étrangeté, comme ces convulsions qui avaient saisi Rivaldo lors du Brésil-Turquie de la Coupe du monde 2002, atteint à la hanche par un ballon anodin lancé par un adversaire (exclu dans la foulée).
Sur le sujet des tricheries, deux morales s'opposent. La morale conventionnelle affichée par toutes les institutions, qui considère que l'idéal sportif, celui du fair-play et de la pureté du jeu, n'est pas censé tolérer les tricheries. La morale réelle: les matches recèlent une multitude d'entorses à cet esprit, et les tricheurs sont souvent récompensés. Pour de nombreux amateurs de football, le vice en fait partie et les malins ont droit de cité: à leurs yeux, la main de Maradona contre l'Angleterre en 1986 est un coup de génie, et Pippo Inzaghi un grand artiste.
(...)