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Qui c'est The Strongest ?

Il a connu une catastrophe aérienne, dispute des clasicos et joue des tours aux grands d\'Amérique du Sud: certaines histoires de club sont des aventures...

Auteur : Sylvain Dupont le 22 Fev 2012

 

15 février 2011, première journée de Copa Libertadores pour le tenant du titre Santos, dans le groupe 1, très relevé, avec la présence d’un autre club brésilien, Internacional, et d’une équipe péruvienne qui monte, Juan Aurich. Les coéquipiers de Neymar se sont donc préparés avec sérieux, afin d’éviter de perdre des points face au petit poucet The Strongest: dès le début de la semaine, ils sont arrivés en Bolivie pour s’acclimater peu à peu, et être prêt à jouer à 3.600 mètres d’altitude. Malgré cet obstacle de taille, peu de gens imaginent que le récent finaliste du Mondial des clubs, qui aligne son équipe-type, dont Ganso et Neymar, va venir perdre des points cruciaux dans le vétuste stade Hernando Siles [1].

 

 

90e minute du match: Rodrigo Ramallo, entré sur le terrain à l’heure de jeu, marque de la tête et permet au Strongest de renverser la vapeur, 2-1 pour les Boliviens. L’équipe santista n’a pourtant pas déméritée, s’est procurée une foule d’occasions et a même pensé que le plus dur était fait en marquant dès la 10e minute, mais le cœur et le brin de chance des locaux ont eu raison de l’une des équipes vedettes d’Amérique latine. A contrario, les Boliviens ne possèdent que des joueurs du cru, inconnus du grand public, et cinq étrangers dont le plus connu est sans doute Sebastián Fernández, "Chamagol", l’attaquant chilien formé à Colo-Colo et qui a joué longtemps au Mexique [2].

 


Un club centenaire

Toutes ces valeurs sont résumées dans les symboles associés au club: le condor, l’oiseau andin par excellence et orgueil national, et le tigre, qui allie la force, la rapidité et la volonté de ne jamais rien lâcher. Cela explique que dès le début, les habitants de La Paz s’identifièrent aux maillots noir et or du Strong Foot Ball Club, fondé en 1908 par un groupe de jeunes qui cherchait au départ à défendre le territoire autour du kiosque où il se réunissait régulièrement. Mais derrière ce côté bagarreur et accrocheur qui plaisait tant aux foules, se cachait une vraie volonté de construire un club solide, durable, pour éviter de disparaître comme beaucoup d’autres clubs de quartier.

 

 

Ses jeunes fondateurs cherchèrent donc à donner les moyens de ses ambitions à celui qui deviendra vite The Strongest, et bientôt les titres affluent: le club gagne la première compétition officielle de Bolivie, la Coupe préfectorale de la Paz en 1911, et enchaîne avec 13 tournois victorieux, plus 6 finales, sur les 29 qui se disputeront entre 1914 et 1949. Les supporters s’enorgueillissent de ces premiers records qui tombent, comme lors de la saison 1930 au cours de laquelle les "Tigrés" terminent invaincus en n’encaissant aucun but, mais surtout commencent à sentir la valeur symbolique de ces titres, notamment les derniers, acquis aux dépens du nouveau rival Bolívar, issu lui aussi de la capitale.

 


La Guerre du Chaco

Néanmoins, au moment où The Strongest peut prendre une dimension nationale et continentale, grâce à la création de nouveaux tournois, éclate la Guerre du Chaco. Ce conflit avec le Paraguay, qui dura de 1932 à 1935, est particulièrement sanglant: un cinquième de l’armée bolivienne fut décimée, les civils sont victimes de la malaria et des privations. Malgré cela, la population fait preuve d’une grande solidarité et envoie sans relâche des vivres à ses soldats, parmi lesquels les joueurs du Strongest, devenus généraux ou colonels, continuent à démontrer leur courage et leur persévérance. À la mort du lieutenant José Rosendo Bullaín, ancien joueur du club, on décide de baptiser cette bataille où il a perdu la vie du nom de l’institution, une cruelle défaite qui restera pour l’histoire la "Batalla de Cañada Strongest".

 

À la suite de la guerre, The Strongest retrouve le terrain et le chemin des victoires. C’est à ce moment-là qu’il acquiert le surnom de Derribador de Campeones ("tombeur de champions") qu’il ne cessera de justifier durant les décennies suivantes. Pour la seule saison 1941-1942, les Péruviens d’Universitario de Lima, les Chiliens de Wanderers, les Paraguayens de Cerro Porteño et les Argentins de Banfield et d’Estudiantes (9-1) tombent sur le terrain du Strongest. Mais le succès le plus retentissant est signé face à l’Independiente d’Arseno Enrico (3-1), club phare de l’époque. Suivra une série d’invincibilité de 1956 à 1960, toujours avec des joueurs boliviens sur le terrain.

 


La tragédie de Viloco

Nous sommes là dans les prémices de la Copa Libertadores, à laquelle The Strongest obtiendra le privilège de participer en 1965, après un énième titre local remporté. Malgré une élimination prématurée, les Tigrés marqueront une fois de plus l’histoire en devenant le premier club bolivien à gagner un match officiel à l’extérieur, face au Deportivo de Quito. Malheureusement, ils devront attendre plusieurs années avant de disputer à nouveau la joute continentale, à cause d’un évènement tragique.

 


L'équipe de la reconstruction.

 

Le 24 septembre 1969, The Strongest est l’invité d’un match amical commémorant le début de l’indépendance de la province de Santa Cruz, dans le sud du pays. Le lendemain, un coup d’état contre le président Luis Adolfo Siles Salinas éclate, faisant passer au second plan la disparition de l’avion transportant toute l’équipe. Ce n’est que le lendemain qu’on apprendra que l’appareil s’est écrasé dans les montagnes, près du village de Viloco. Aucun des soixante-neuf passagers, dont les seize joueurs de l’équipe première et le staff technique, n’a survécu. Le seul joueur qui a échappé à la tragédie est le capitaine, Rolando Vargas, suspendu au match précédent et qui a décidé de ne pas faire le voyage. C’est autour de lui que l’on reconstruira l’équipe.

 


Le goût de la modernité

En attendant, un élan de solidarité s'empare de la Bolivie et de toute l’Amérique latine: le rival de toujours, Bolívar, ainsi que d’autres équipes, cèdent certains de leurs joueurs pour permettre au Strongest de se reconstituer et d’organiser des tournées d’exhibition visant à récolter des fonds. Certaines fédérations font des dons, au Brésil on organise un Flamengo-Fluminense dont la recette sera reversée au club bolivien, et Boca Juniors leur donne deux joueurs, Luis Fernando Bastida et Victor Hugo Romero, qui deviendront vite des idoles stronguistes. En effet, un an après la catastrophe, le club devient champion de la Paz, et répètera l’exploit en 1971, face à Bolívar, avant de décrocher le titre national en 1974 et de remporter le premier championnat professionnel en 1977!

 

C’est que parmi les gestes de soutien que The Strongest a reçu, il y a aussi le don de vastes terrains (environ 50.000 mètres carrés) fait par le maire de la Paz. La présidence du club décide aussitôt d’initier la construction d’un complexe sportif dans lequelle on installe la Casa del Tigre, siège de l’institution, mais aussi un stade, et des installations pour une dizaine d’autres sports. Cet outil permettra au Strongest de renouer avec sa gloire d’antan, tout en favorisant l’essor du sport dans le pays: le complexe d’Achumani est aujourd’hui la plus grande infrastructure de Bolivie, et The Strongest Omnisports peut se vanter de succès dans des disciplines aussi différentes que le patinage, le tennis, le basket…

 

 

 


Doté de cette modernité qui a toujours été un des premiers soucis de l’institution, The Strongest a pu continuer à dominer son championnat (sept autres titres) et à s’exporter plutôt bien en Libertadores. Lors de ses quinze participations depuis 1978, le club a su logiquement se défendre à domicile et remporter des succès probants, face à River Plate [3], Palmeiras (4-2) ou au champion en titre Liga de Quito en 2005 (3-0 en Colombie), et bien sûr en dominant Santos cette année. Le club andin n’a toutefois pu se qualifier qu’à deux reprises (1990 et 1994) pour la deuxième phase, mais pourquoi ne pas espérer un nouvel exploit, que le niveau de l’opposition rendrait encore plus remarquable, cette année?

 


[1] Aussi nommé Stade Olympique de la Paz, il héberge également le rival Bolívar et a été le théâtre de la victoire 6-1 de la Bolivie sur la sélection argentine avant la Coupe du monde 2010.
[2] Les autres, deux Paraguayens, un Brésilien et un Argentin, ne sont même pas des titulaires indiscutables.
[3] Ce succès 1-0 sera finalement annulé en raison de la titularisation de Waldino Palacios, non habilité à jouer. Le club argentin gagnera sur tapis vert, provoquant l’élimination du Strongest.
Deux pages à consulter pour en savoir plus sur l’histoire du Strongest:
historiadelfutbolboliviano.com
fiebreamarilla.tripod.com/

Réactions

  • Gone Going le 22/02/2012 à 18h00
    Passer de 0 à 3800 mètres, surtout sans macher de feuilles de coca, ca essoufle surtout vachement à cause de la raréfaction de l'air. C'est pour ca que les Incas sont tout petits.
    Je dirais donc la réponse (B), car on ne peut plus courir beaucoup par manque d'oxygène dans le sang et donc de globules rouges.


    Ainsi, le Flamengo de Ronaldinho était allé s'acclimater plus d'une semaine en avance à Potosi (ancienne capitale coloniale à plus de 4000m) avant son match des qualifications, et Santos avait passé au moins 4 jours, meme si en vain. Ce n'est pas pour rien que le résumé d'O Mexico dit que Santos a ouvert le score avant de craquer petit à petit.

  • sansai le 22/02/2012 à 19h17
    Un poto me fait vous signaler que c'est el Chamagol González, et non Fernández (désolé Ô Mexico, j'aurais dû lui faire viser tes posts).

    Mais on est tous les deux d'accord pour dire que c'est un chouette article. Merci !

  • Ô Mexico le 22/02/2012 à 20h06
    Merci pour toutes les féloches, ça met du baume au coeur, surtout car je ne pensais pas qu'un article sur un club bolivien attire les foules.

    Comme vous l'aurez compris, le but de l'article n'est pas de commenter le match The Strongest-Santos, mais plutôt de souligner que le fait de jouer à 3600 mètres n'est pas le seul élément qui explique toute(s) victoire(s) du Strongest : professionnalisme, agressivité (la "garra") et confiance en ses (petits) moyens sont la recette des succès tigrés.

    Après, bien sûr que le fait de jouer en altitude lessive un joueur autant que 6 matchs sous le soleil d'Aix-en-Provence au mois de septembre, mais sur ce match précis, Neymar et ses gars avaient vraiment bien joué, s'étaient créé une palanquée d'occasions. The Strongest avait surtout eu le mérite de ne jamais lâché, d'y croire jusqu'au bout, avec l'appui d'un gardien qui multiplie les exploits.
    À ce propos, demain c'est le club péruvien de Juan Aurich (dont Gone Going parle sur le fil sudam') qui se présente à La Paz pour la 2e journée de Libertadores)

    Pour ce qui est de la bonne période de la Bolivie dans les années 90, j'avoue que j'ai un peu magnifié l'histoire du Strongest : le club phare du pays depuis quelques années, c'est Bolívar, voire Jorge Wilstermann ou Blooming. Eux fournissent beaucoup plus de joueurs à l'équipe nationale, pour le Mondial 94 idem : ce n'était pas la meilleure période du club, malgré un titre en 93.


    @George Worst : la taille de l'article ne permet pas de s'attarder sur la Guerre du Chaco, conflit régional aux enjeux internationaux (du pétrole avait été trouvé dans la zone). On compte 100000 morts des 2 côtés, avec un plus fort pourcentage pour les Boliviens, mais c'est surtout le nombre de disparus et de mutilés (introduction d'armes modernes, mauvaises conditions de combat) qui a marqué la population.

    @sansai : ouais, bon, Fernández, González, Martínez, c'est un peu pareil tout ça !

    Et encore merci à la Rédac pour le titre bien miuex inspiré que le mien.

  • magnus le 23/02/2012 à 00h22
    Ah, le Mondial 94! Etcheverry qui rentre contre l'Allemagne et se fait expulser dans la foulée.

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