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Paris sportifs : on parie que vous allez perdre

Six mois après l'ouverture du marché des paris en ligne, les profits ne sont pas au rendez-vous. Les dérives, si.
Auteur : Jérôme Latta le 20 Dec 2010

 

Cela restera l'un des événements économico-sportifs de l'année: "l'ouverture à la concurrence" du marché des paris en ligne pour le sport, les courses hippiques et le poker. Menée tambour battant pour un lancement avant la Coupe du monde de football, accompagnée par des campagnes publicitaires massives, elle présente déjà un bilan qualifié de décevant par les opérateurs détenteurs des licences délivrée par l'Arjel (Autorité de régulation de jeux en ligne). Pourtant, cette nouvelle industrie avait mis en scène l'Eldorado à venir avec un bel entrain.


Contre-performance du football
Selon un bilan au 28 novembre publié par l'Arjel, avec 125.000 joueurs réguliers pour une mise moyenne de 110 euros par semaine, les mises ont atteint 391 millions d'euros pour les paris sportifs – à peine plus que pour les paris hippiques (367). Loin de ce qui était escompté d'un effet Mondial qui n'a pas enclenché de dynamique, pour des raisons diverses, dont l'échec des Bleus, la concurrence persistante des sites illégaux ou un faible enracinement de la culture des paris et même de la culture sportive en France. "Nos parieurs sont clairement des fans de sport, mais pas autant que nous le pensions. Il y a un travail de démocratisation à faire pour séduire le grand public", estime Christophe Blot de sajoo.fr, cité par La Croix. "Nous nous sommes trompés collectivement sur l'ouverture du marché", a reconnu le PDG de la Française des Jeux (lire "Le jackpot des paris en ligne n'est pas au rendez-vous"). Découverte tardive: le marché ne serait pas aussi mûr ni aussi vaste qu'initialement espéré...

paris_repartition.jpg

Le football attire 57% des mises, bien moins que les 70 à 80% attendus, et les paris ne portent que pour un tiers sur les épreuves nationales. Le tennis atteint 25%, les vingt-huit autres disciplines éligibles se partageant le solde: à un surprenant troisième rang, le volley-ball (grâce aux tournois de beach-volley) n'obtient que 4%.


Les opérateurs en veulent plus
Du côté de l'Arjel et de son président Jean-François Vilotte, on se félicite du basculement "de l'offre illégale vers un cadre légal et réglementé" qui était l'objectif premier de la loi, en affirmant ne pas devoir se préoccuper de la rentabilité de l'activité. Les profits s'avérant insuffisants, les opérateurs réclament un changement de la loi sans attendre l'assouplissement que pourrait consentir le législateur lors du rendez-vous programmé fin 2011: ils déploient un lobbying tout-terrain et critiquent pêle-mêle le taux de retour aux joueurs plafonné à 85% des mises (contre 95% pour les pays pris comme référence), l'imposition (7,5%), les prélèvements en faveur du sport amateur (1,3%, puis 1,5% en 2011 et 1,8% en 2012) et des ligues professionnelles (1%), et l'exclusion des jeux de grattage, de casino et de loterie.
Quoi qu'il arrive sur le plan réglementaire, l'écrémage devrait être sévère parmi les quinze opérateurs de paris sportifs, alors que d'autres acteurs majeurs n'ont pas encore obtenu leur licence (Unibet et CanalWin). Et que ceux qui sont déjà en place sont à la peine: les comptes de Bwin ont ainsi plongé au troisième trimestre, en partie à cause des investissements consentis en France.


Les clubs ramassent la mise
En revanche, les clubs apparaissent comme de véritables gagnants de l'opération, avec de nouvelles ressources pour un sponsoring maillot mis en difficulté par la crise économique. Une manne retardée, mais qui est bien au rendez-vous avec près de 20 millions nouvellement injectés, selon une étude du cabinet Sport + Markt. On se souvient de l'arrestation spectaculaire en octobre 2006 des patrons autrichiens de Bwin, à l'occasion d'une conférence de presse tenue imprudemment au centre d'entraînement de l'AS Monaco à La Turbie – c'est-à-dire en territoire français (lire "L'argent du book n'a pas d'odeur") –, ou d'un Jean-Michel Aulas affrontant le ridicule la saison dernière, boudiné dans un maillot floqué au nom de Betclic et enfilé sous son costume. Le président de l'OL a fini par avoir gain de cause.
Les clubs professionnels bénéficient aussi des revenus issus du "droit au pari", 1% sur les mises reversé aux organisateurs des compétitions, c'est-à-dire aux ligues professionnelles via les fédérations sportives. La Ligue du football professionnel a défini un cahier des charges accepté cet été par les opérateurs – un peu contraints. La faiblesse des paris sur les compétitions françaises plafonne toutefois les gains espérés.


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Médias : le mélange des genres
En sus des lourds investissements publicitaires consentis par les opérateurs pour imposer leur notoriété, les médias spécialisés se sont vus offrir de multiples opportunités de partenariats. Il en résulte des formes de journalisme abâtardi, plus proche de la voyance que de l'information, qui a fait surgir une flopée d'experts en pronostics missionnés pour attirer le chaland. L'irruption des cotes lors des retransmissions est un indice parmi d'autres de ces ambiguïtés qui compromettent un peu plus l'avenir du journalisme sportif en tant que journalisme. "Il existe un risque, bien réel, que le commentaire sportif ne serve plus qu'à accompagner une incitation au jeu", constatait le CSA en octobre dernier (sans envisager de réels rappels à la déontologie).
On ne compte déjà plus les consultants-vedettes qui œuvrent aussi pour un opérateur. Ce mélange des genres se prolonge dans l'émergence de conflits d'intérêts majeur: le paysage des paris sportifs attire des acteurs économiques qui touchent au sport par d'autres bandes, comme celle des médias: c'est le cas du groupe Amaury, de Canal+ ou de M6. (lire "Les paris en ligne à la limite du hors-jeu").


Prévention impossible
Alors que les perspectives économiques à moyen terme sont encore floues pour le secteur, une certitude s'impose: "l'accessibilité aux jeux, le développement des jeux en ligne augmente le nombre de joueurs addictifs", estime dans La Tribune Marie-Grall-Bronnec du CHU de Nantes), spécialiste de ces pathologies dont le coût est très élevé pour la collectivité (lire "Jeux en ligne: la nouvelle 'drogue' des Français?"). Or, la concurrence très intense favorise un marketing agressif incompatible avec les objectifs de prévention, ce dont l'Arjel commence à s'alarmer. Si les associations spécialisées observent déjà l'expansion de la dépendance chez les joueurs en ligne, on ne mesurera cependant les conséquences sanitaires de l'ouverture du marché que dans quelques années.

Sachant que l'ouverture du marché a par ailleurs mécaniquement augmenté le périmètre des paris truqués et de la corruption, quels que soient les dispositifs d'alerte mis en place, le bénéfice de cette loi reste extrêmement douteux. Édictée au motif d'encadrer des pratiques illégales et de se mettre en conformité avec les injonctions de la Commission européenne, elle semble n'avoir servi que les intérêts économiques mobilisés autour de ce marché, qui réclament désormais une accentuation de la libéralisation (lire aussi "Paris en ligne, les jeux sans le pain"). "On parie que vous allez gagner", clame le slogan d'un des opérateurs, quand cette industrie est fondée sur la certitude que vous allez perdre...

Réactions

  • Tonton Danijel le 21/12/2010 à 21h04
    Je dois avouer avoir une petite passion pour les jeux d'argent pour le sentiment d'adrénaline évoqué par semtex... sans avoir viré junkie ni psychopathe. Mais bon, en jouant juste une fois tous les trois mois une somme dérisoire par rapport à ma paie, ça va.

    Mais pour le foot, non. Il y a eu l'affaire Hoyer en Allemagne, cet arbitre acheté par des parieurs clandestins pour fausser le résultat d'un match. On pourrait penser qu'avec des sites légaux il y aurait moins de risques... Mais je me demande si les sites de paris sportifs n'ont pas intérêt à voir les grands clubs qu'ils sponsorisent se faire 'accrocher' par des petits quand la cote est très élevée. Et cela me fait un peu perdre la magie du sport (enfin, c'est pas comme si l'OL s'était fait accrocher deux saisons de suite chez la lanterne rouge de Ligue 1...).

La revue des Cahiers du football