Ballon d'Eau fraîche, les candidats : Elana et Seube
Ballon d'Eau fraîche, la campagne – On rencontre de bien jolis prétendants dans nos contrées pluvieuses.
Auteur : Julien Tomas
le 10 Dec 2010
Steeve Elana (Brest)
Steeve Elana est passé par des chemins de traverse pour se faire une place en Ligue 1. À seize ans, il quitte la région parisienne, faute d'avoir pu accéder à un centre de formation, et part en sport-études à Marseille. Il est ensuite recruté, sur petite annonce, par le club d'Endoume... qui ne le conserve qu'une année.
C'est alors que sa carrière prend un virage inespéré. Repéré par l'entraîneur des moins de 20 ans de l'OM, il est invité à partager les entrainements avec les jeunes Olympiens. Il fréquente alors Marc Lévy qui lui "réapprend le poste". Promu en CFA, il quitte Marseille en 2001 pour l'ASOA Valence, alors en National, avant de rejoindre Caen l'année suivante. Il s'impose rapidement comme titulaire, participe à la remontée de Malherbe en 2004, débute en L1 dans la foulée mais se blesse après une dizaine de matches, et laisse sa place à Vincent Planté.
Brest lui propose alors de retrouver une place de titulaire, le Stade vient d'être promu en L2. Le club se stabilise à ce niveau mais n'arrive pas à s'extraire du bas du classement. Elana commence à croire qu'il ne reverra jamais la L1 mais reste fidèle au club breton: "Plus les années passaient et plus l'étau se resserrait pour remettre les pieds en L1. Je n'avais même plus peur, je me voyais finir en L2. Je me battais pour retrouver la L1, mais à un moment... Quand on est dans un club comme Brest qui se bat pour le maintien depuis trois ou quatre années de suite, forcément c'est compliqué d'y croire".
En 2009, Alex Dupont arrive et la magie opère, le Stade Brestois revient en L1, dix-neuf ans après. Steeve Elana est élu meilleur gardien de L2, puis meilleur joueur du mois en octobre après plus de 800 minutes d'invincibilité et huit matches sans encaisser de buts en L1. Cela ne l'empêche pas de rester modeste, se considérant comme "un pion parmi onze joueurs" et de révéler le nom du gardien à qui il aimerait être comparé... Grégory Wimbée, qui s'est installé, lui aussi, sur le tard en Ligue 1.
Point fort
Son prénom n'a pas une prononciation ridicule.
Point faible
C'était Lionel Létizi qu'il fallait citer en exemple.
Nicolas Seube (Caen)
Né à Toulouse et formé au TFC, Nicolas Seube a passé sa carrière à Caen, où il entend bien la finir: "J'ai connu ma femme ici et mes enfants sont nés à Caen. Je me sens comme un Caennais d'adoption. C'est comme si j'avais toujours vécu ici". D'abord utilisé au poste de latéral, où ses performances sont parfois contestées, il progresse suffisamment pour devenir cadre de son équipe, jusqu'à en enfiler le brassard de capitaine en 2006.
Pourtant, dès l'année suivante, il subit la concurrence de Reynald Lemaitre. Plutôt que de se lamenter en pointant le manque de respect de son entraineur, il accepte de découvrir un nouveau poste. Il est aligné en milieu défensif, où il rayonne, ses interventions saignantes, cheveux au vent, faisant régulièrement grogner D'Ornano de plaisir. "Cap'tain Seube" est devenu "Seube ce héros".
Hors du terrain, Seube a récemment donné une interview à foot365.fr, dans laquelle il tenait un discours rafraichissant et intelligent sur l'argent du foot: "Je suis d'accord pour dire qu'il y a trop d'argent dans le milieu du football. Mais il y a des choses à prendre en compte et ce n'est pas expliqué aux gens. Être footballeur, ce n'est pas une finalité, c'est quelque chose qui se prépare. Il y a quelques anciens joueurs qui sont à la rue parce qu'ils ne prévoient pas. Si on prévoit, on peut bien vivre jusqu'à la fin de nos jours".
Il y évoquait aussi son engagement politique, tabou absolu chez les footballeurs ("Je suis issu d'une famille qui vote communiste. J'ai baigné là-dedans") qui l'a conduit, en 2008, à participer à la campagne du candidat PS à la mairie caennaise.
Point fort
Il n'a pas d'agent.
Point faible
Il a un peu d'argent quand même.