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Domenech reste... au bout du fusil

Maudits Serbes, qui ont anéanti l'espoir de voir les Bleus perdre et leur sélectionneur partir. Tout le monde était pourtant bien d'accord...
Auteur : Jérôme Latta le 15 Sept 2008

 

L'histoire était écrite à l'avance, mais son accomplissement a tenu ses promesses de spectacle. Maintenu dans des conditions l'isolant un peu plus et surtout le soumettant à une insécurité totale, le sélectionneur était sûr d'affronter la tempête au moindre faux-pas. "Domenech en sursis, l'équipe de France en danger", le programme était connu dès la décision du bureau fédéral de nommer un fusible. De là à prendre toute la mesure du déferlement presque sauvage qui a suivi la défaite en Autriche, il y avait un pas...


Consensus national
Car c'est une nouvelle fois un délire collectif que le football français a suscité dans les médias, avec une campagne hystérique contre le responsable de tous les maux. Pour charger ainsi la mule, il fallait d'abord accomplir la formalité consistant à faire abstraction du match lui-même, perdu sur coups de pieds arrêtés et sur des fautes individuelles, et à n'avoir aucune considération pour une prestation des Bleus sans aucun rapport avec la "déroute" affirmée presque partout (1).

Le reste allait de soi, puisqu'il suffisait de réchauffer la polémique post-Euro, et d'agiter le chiffon Raymond, désormais devenu un motif de grogne populaire (ah... les vertus de diversion du football et sa place dans la hiérarchie de l'info laissent toujours rêveur). À nouveau, le consensus national s'établit sur une ligne unique, depuis les discussions de machine à café jusqu'aux réunions de rédaction: Domenech est nul, il faut le virer. Domenech est nul, il faut le siffler: la consigne était claire et l'événement déjà annoncé dans L'Équipe. Quand il n'est plus possible de vendre du "rêve" et des exploits, on se rabat naturellement sur le pouvoir de racolage des grands procès à charge.


domenech_serbie.jpg


Démobilisation générale
"L'angle", qui tient lieu d'analyse et de méthodologie dans le journalisme contemporain était tout trouvé: Domenech [ce tocard discrédité] devait-il survivre à la réception de la Serbie? Totalitaire, l'approche ne laissa presque rien au match à venir et à l'adversaire, et même à l'équipe de France elle-même, l'affiche se résumant alors à un absurde Domenech-Serbie, et son enjeu à un quitte ou double pour le technicien. "La dernière chance de Domenech", "Pour Domenech, c'est la victoire ou la porte", titrait par exemple Le Parisien / Aujourd'hui en France le même jour.

Pour donner le ton, du côté de L'Équipe, non content de donner ce bel os à ronger aux plus grands spécialistes formés au PSG (Jérôme Touboul, Sébastien Tarrago), on a aussi renoué avec les vieilles recettes pour traquer les dissensions internes et les battre en mayonnaise – quitte à les entretenir ou à les faire advenir (2). Les dossiers aussi ont été de sortie, comme le compte-rendu du Conseil fédéral qui avait reconduit Domenech. Une compilation qui, en guise de "révélations", n'a rien apporté d'inédit et a d'abord servi à fragiliser un peu plus Domenech. Et qui a accessoirement donné lieu à un nouvel accès de rage de Christophe Dugarry, réclamant la démission du Conseil fédéral et commentant déjà la mission du "prochain sélectionneur".


Jouer la défaite
Christian Teinturier, membre du Conseil fédéral et potentiel concurrent de Jean-Pierre Escalettes pour la présidence de la FFF, s'en trouva transformé en star des ondes en tant que seul opposant à la décision du 3 juillet dernier. L'homme qui a dit non a quand même dû préciser qu'il espérait la victoire de la France mercredi soir.
L'emballement faisant, les plus motivés des anti-Domenech se retrouvèrent en effet dans la position absurde de souhaiter implicitement une défaite. Quoi de plus logique? Dans l'atmosphère ambiante, seul un nouveau "fiasco" pouvait assouvir l'appétit de la foule et de ses meneurs. Domenech a eu tort de parler de "guillotine" et de "l'odeur du sang" à la veille de la rencontre, s'attirant de nouvelles critiques sur sa communication, mais on comprend qu'il ait eu un petit goût de métal dans la bouche.

D'évidence, cette campagne massive avait toute chance d'avoir des effets désastreux sur le résultat, dans l'impossibilité – cette fois – de souder le groupe contre l'adversité: soigneusement isolé, le sélectionneur pouvait avoir des craintes quant à la solidarité de ses joueurs, abrités derrière le bouc émissaire de service (3). Au-delà, toutes les conditions étaient réunies pour un nouveau gadin: tout ce petit monde avait consciencieusement travaillé à une défaite en favorisant l'hostilité générale (4).


domenech_serbie2.jpg


Comble de malchance
Las, le score daigne parfois refléter le rapport de forces sur le terrain et ne pas obéir qu'à ces aléas qui font par ailleurs le charme du football. La France l'a logiquement emporté face à la Serbie, sans se départir de ses doutes mais en faisant valoir une supériorité certaine (5). Comble de malchance, le coaching tellement critiqué de Domenech s'avérait payant avec la titularisation de Gourcuff et la sortie de Benzema au profit d'Anelka. La partie était remise, et la déception palpable.

La vindicte n'est donc pas éteinte:, elle va juste être plus sourde et continuer de gonfler. La question n'est même pas de savoir si Domenech est bon ou mauvais, mais s'il lui reste une chance d'exercer sa mission dans des conditions décentes.
Une autre interrogation, abyssale, subsiste en parallèle: qu'est-ce qui pousse des journalistes à considérer que leur métier consiste à orchestrer des chasses à l'homme et à dresser des tribunaux médiatiques où les droits de la défense n'existent pas?



(1) Le paradoxe est que pour mettre en cause aussi exclusivement le sélectionneur, il faut continuer à estimer que l'équipe de France est une grande équipe qui doit figurer tout en haut de la hiérarchie mondiale. Un postulat qui ne tient pas compte que beaucoup d'internationaux sont des jeunes prometteurs mais qui n'ont encore rien confirmé, ou que la sélection souffre d'un manque de leaders techniques et moraux – a fortiori en l'absence de Ribéry, Vieira et Sagnol (forfaits complètement écartés par l'accusation).
C'est cet imperméabilité au football qui frappe le plus, finalement, chez les procureurs associés. Pour les grandes occasions (veilles des Coupes du monde 1998 ou Mondial 2006) ou les petites (lendemains de 2002, 2004 ou2008), les experts les plus patentés ne regardent tout simplement pas les matches lorsqu'il s'agit de diagnostiquer une situation dramatique, forcément dramatique. Quitte à tordre la réalité dans le sens désiré, ou à l'ignorer complètement.

(2) Seul le bonze Vincent Duluc prenait un peu de hauteur en lévitant au-dessus de la curée et du "fond de l'air agressif et vicié".

(3) Merci aux psychologues de comptoir qui ont égayé cette période en analysant le comportement des joueurs après leurs buts au Stade de France, ceux-ci n'ayant pas sauté dans les bras de leur entraîneur.

(4) Si la tartufferie était discipline paralympique (catégorie schizophrènes), tout ceux qui ont commenté innocemment l'atmosphère délétère autour du match en faisant comme s'ils n'y étaient pour rien auraient de fortes chances de médailles.

(5) Chez les lanceurs de pierre, on prend le score au pied de la lettre en cas de défaite, mais on l'interprète en cas de victoire. Il a donc fallu soutenir la thèse que celui d'Autriche-France traduisait une vérité profonde, mais que celui de France-Serbie n'avait pas de réelle signification.

Réactions

  • BigS le 15/09/2008 à 11h02
    Sur l'histoire du compte-rendu. Deux choses simples: timing évidemment calculé et donc malhonnête. Mais tout aussi malhonnête de dire, ouais on apprend rien. Ca n'est pas tout à fait exact.
    Et le journalisme d'investigation, ça commence quand même souvent comme ça, quelqu'un qui donne une info à un journaliste. Ce n'est pas ça qui fait ou pas la valeur de la démarche.

  • funkoverload le 15/09/2008 à 11h09
    mollows
    lundi 15 septembre 2008 - 10h43
    Concernant le travail de sape, à noter l'effort constant de Vendroux les samedi et dimanche matin du ouik-end d'Autriche-France. Classieux.

    Sinon, Lizararu recevrait de Bordeaux une invite à déguster un chapeau Breton que ce ne serait qu'à moitié étonnant...
    ---

    Vendroux c'est le mec qui m'a fait découvrir le foot à la radio il y a de nombreuses années.
    Ce mec est désormais complètement gâteux et complètement incompétent (c'était une misère de l'entendre lorsqu'il était à Pékin).

    j'ai pas pigé ta seconde phrase par contre !

  • liquido le 15/09/2008 à 11h10
    BigS
    lundi 15 septembre 2008 - 11h02

    Et le journalisme d'investigation, ça commence quand même souvent comme ça, quelqu'un qui donne une info à un journaliste. Ce n'est pas ça qui fait ou pas la valeur de la démarche.

    ---

    La "valeur" vient précisément de l'investigation, non ? C'est-à-dire du travail de mise en perspective et d'explication effectué en aval de la simple réception de l'info.

  • BigS le 15/09/2008 à 11h18
    On est d'accord. A la relecture, je réalise que je chipote un peu sur ton post. En fait je réagissais à ça: "Un mec qui réceptionne les minutes d'une réunion et les balance dans la presse, ça relève du journalisme d'investigation ?", sans avoir pris en compte le "et les balance dans la presse" qui change un peu les choses.
    Parce que "Un mec qui réceptionne les minutes d'une réunion (...) ça relève du journalisme d'investigation ?", de fait, oui.

  • Diablesse Rouge le 15/09/2008 à 11h34
    Ce n'est que du Wiki parce que je n'ai pas trop le temps de vérifier ailleurs (et donc je ne fais pas de journalisme d'investigation)...

    "Le journalisme d'enquête, ou d'investigation, est un genre journalistique qui se caractérise par la durée de travail sur un même sujet et par des recherches approfondies.
    En consultant plusieurs sources et en interrogeant plusieurs spécialistes du sujet ou témoins des événements, le journaliste d'investigation peut trier plus efficacement les informations et découvrir des faits inédits. Sa connaissance des faits tiendra donc mieux compte de la réalité et son analyse sera ainsi de meilleure qualité.
    La définition du journalisme d'investigation, selon la déontologie du journalisme, implique également une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ou économiques, et une profondeur d'analyse qui résiste à la tentation de l'audimat ou à la course à l'exclusivité."

    Je préfère de loin ce rapport à la déontologie du journalisme que celui exprimé précédemment dans les commentaires, et plus particulièrement encore le "résistance à la tentation de l'audimat et course à l'exclusivité".

    Sinon un lien vers les différentes chartes des journalistes, si ça intéresse quelqu'un: lien



  • Björn Björk le 15/09/2008 à 11h46
    Diablesse Rouge
    lundi 15 septembre 2008 - 11h34
    "La définition du journalisme d'investigation, selon la déontologie du journalisme, implique également une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ou économiques, et une profondeur d'analyse qui résiste à la tentation de l'audimat ou à la course à l'exclusivité."


    J'ai envie de dire lol à la rédac de l'équipe.

  • Roger Cénisse le 15/09/2008 à 12h46
    Et sinon, la rédac, horlmis les postures hors mainstream et la position de sages au dessus de la mélée et de la curée, z'en pensez quoi justement du maintien de Domenech ?

    Non point qu'il soit justifié ou non, bref, ça je m'en fiche un peu, mais si vous pouviez faire une analyse des forces en présence, des positions politiques, des enjeux, des luttes de pouvoir, je pense que ça conviendrait mieux plutôt que cette position, même trèèèèèèèèèèès largement justifiée, de sages qui distribuent les bons et les mauvais points à la presse.

    Pour être plus explicite, la "scandaleuserie" des campagnes de presse made in kiplé ou le parisien ou autres, ben il me semble que votre public et vos lecteurs sont suffisamment grands pour s'en rendre compte sans avoir besoin d'un article toutes les trois semaines pour le souligner. A la rigueur, mettez-le en sous-titre du site et basta. Par contre, une enquête pour voir qui fait quoi, les querelles intestines, etc., ça oui ça apporterait vraiment du neuf, du frais. Non ?

  • Jean-Noël Perrin le 15/09/2008 à 12h54
    L'article est très bon, comme d'habitude, dans le registre de la critique du dénigrement national orchestré par L'Équipe.
    Par contre, deux bémols :

    - le premier sur l'info donnée par 0,80 sur la réunion de la FFF qui a conduit au maintien de Domenech. Je suis plutôt d'accord avec K14 pour le coup : cet article s'inscrivait moins dans la ligné du racolage anti-sélectionneur que dans une logique de dénonciation des moeurs de la FFF et de la DTN qui, pour le coup, me semblent largement critiquables (quand on voit un Bernard Saules lancer sans sourciller un "si Domenech reste, c'est pas plus mal car comme ça on aura un fusible", ça laisse rêveur).

    - le second sur les performances de l'EdF proprement dites. À lire la rédac ("Pour charger ainsi la mule, il fallait d'abord accomplir la formalité consistant à faire abstraction du match lui-même, perdu sur coups de pieds arrêtés et sur des fautes individuelles, et à n'avoir aucune considération pour une prestation des Bleus sans aucun rapport avec la "déroute" affirmée presque partout" - puis, à propos du match suivant, "le score daigne parfois refléter le rapport de forces sur le terrain et ne pas obéir qu'à ces aléas qui font par ailleurs le charme du football. La France l'a logiquement emporté face à la Serbie"), on a l'impression que la défaite en Autriche est uniquement le fruit du hasard, d'un concours de circonstances et/ou d'un manque de bol total (et je me demande si la seconde phrase ne fait pas également allusion aux défaites de l'Euro, elles aussi dures à avaler à l'époque).
    Or, sans vouloir tomber dans le même excès que ceux que dénoncent les Cahiers, il me semble que l'Équipe de France et son sélectionneur ont leur part de responsabilité dans leur propre défaite en Autriche, et qu'on ne peut pas résumer ce match à "la France a bien joué en seconde mi-temps mais n'a pas eu de chance et perdu sur coups de pieds arrêtés"...

  • Diablesse Rouge le 15/09/2008 à 12h58
    Y a eu ça... lien

    Sinon, peut-être que la Rédac des Cahiers, au contraire des rédacs de tous les canards de France et de Navarre, qu'ils soient enchaînés ou non, ne prétend pas détenir la vérité suprême? A part ceux qui sont réellement directement impliqués, à savoir les membres des divers comités décisionnaires, qui peut réellement dire ce qu'il se passe, ce qu'il se dit, ce qu'il se trame? Et c'est certainement pas les minutes d'une réunion qui donnent la vérité suprême. Un rapport, tout circonstancié qu'il soit, n'est pas toujours le strict reflet de ce qui s'est dit dans une réunion parce qu'on sait justement que certains vautours sont prêts à s'abattre dessus afin d'en décortiquer le moindre mot.

  • suppdebastille le 15/09/2008 à 13h46
    "Jean-Noël Perrin
    lundi 15 septembre 2008 - 12h54
    L'article est très bon, comme d'habitude, dans le registre de la critique du dénigrement national orchestré par L'Équipe.
    Par contre, deux bémols :

    - le premier sur l'info donnée par 0,80 sur la réunion de la FFF qui a conduit au maintien de Domenech. Je suis plutôt d'accord avec K14 pour le coup : cet article s'inscrivait moins dans la ligné du racolage anti-sélectionneur que dans une logique de dénonciation des moeurs de la FFF et de la DTN qui, pour le coup, me semblent largement critiquables (quand on voit un Bernard Saules lancer sans sourciller un "si Domenech reste, c'est pas plus mal car comme ça on aura un fusible", ça laisse rêveur)."


    J'ai bien ri d'ailleurs hier soir lors de 100% foot quand Bruno Derrien commence son intervention par "Bernard Saules qui est un ami" avant de le tailler en pièces.

La revue des Cahiers du football