Ceci n'est pas une pipe
Après un essorage en règle des arbitres, les suiveurs du championnat de France changent de têtes. Automne 2008: la tendance est à l'agression sur entraîneur, ou sur adjoint.
Auteur : newuser
le 10 Sept 2008
Les journalistes – ceux avec le diplôme – ne sont cette fois pas les plus virulents dans cette nouvelle chasse aux sorcières. Anciens joueurs et anciens entraîneurs, supposés apporter une compétence technique et un regard issus du terrain se sentent légitimes. Deux cas magnifient cette nouvelle mode: la gestion du cas Domenech et le combat en plaintes illimitées Larqué-Sonor.
Domenech, nech, nech s'empalait cheveux aux vents
Petit rappel des faits qui piquent: La France sort d'un Euro 2008 au bilan pouvant être scientifiquement évalué de "pas top" à "trop la rage". Un jeu inoffensif sauf pour l'amour du foot, des grognards plus proches de l’hôpital militaire que du bataillon de Joinville... La litanie des différentes causes probables avancées pour justifier l'échec est tellement longue que chacun y trouvera son bonheur sans difficulté.
Les couteaux étaient partout sortis, mais ce sont les consultants, armés de temps de parole à crédit illimité, vindicatifs comme des gosses à qui on a volé leur goûter et flottant sur leur aura d'anciens champions, qui assènent leur sanction sans appel. Pouces baissés, ce sera la mort.
Réunis autour de leur ancien chef de meute, les quatre-vingt dix-huitards vont mener une campagne de déstabilisation du sélectionneur à grands coups de poutres dans les genoux. Bien aidés, il faut l'avouer, par le sélectionneur lui-même qui, en plus d'avoir eu le mauvais goût de perdre, a eu la douteuse idée de vouloir "partir comme un prince" avec un coup de com' sur meetic en direct devant douze millions de téléspectateurs stupéfaits.
Appuyez sur la touche replay
Dugarry, le plus virulent d'entre eux, Lizarazu, le plus tenace, Desailly and co ont même eu le droit à une soirée de ball-trap entière, tous frais payés par Canal+. Le tout sur fond de revival de la France qui gagne et en invitant les exclus du système Domenech. La grande classe.
On notera les grands arguments et qui devaient mener Deschamps sur le trône:
"Domemech n'a rien gagné".
"Domenech ne sait pas communiquer".
"Domenech s'est fait virer de partout".
À se demander pour qui la comparaison était la moins flatteuse.
Au final, Domenech restera en promettant le changement. Domenech est là et rien n'a changé. Et au lieu de pouvoir prétendre à un putsch pour Deschamps, les anciens de 98 se retrouvent avec un de leurs hommes aux ordres de Domenech. Raymond, one point. Si les résultats ne suivent pas, amis journalistes ne vous embêtez pas à leur demander leur avis, sortez les enregistrements et appuyez sur replay.
"C'est pas faute de ne pas vous avoir prévenu: ça fait plus de vingt-cinq ans que je vous le dis, que ça va très très mal se terminer!"
Luc, il est ton pair
Mais le plus bel exemple du grand lâcher de n'importe quoi actuel reste la sortie de Jean-Michel Larqué sur Luc Sonor.
Petit rappel des faits: Roussey se cherche un adjoint pour la nouvelle saison de défilé de pull sur les épaules. Reconnaissant en Luc Sonor un parfait disciple, il l'engage en imaginant avec extase son (ancien) catogan bouclé descendre le long des rayures d'un pull marin en cachemire. Larqué, qui n'a jamais caché son affection pour Saint-Etienne, prend son téléphone suite à une défaite des Verts sur leur terrain contre le FC Met... pardon contre l'Olympique Lyonnais, et appelle son employeur RMC pour faire des heures supps (payées de nuit).
Il reproche un peu tout et surtout n'importe quoi à Roussey sur ce match perdu contre une équipe constituée de seulement huit ou neuf internationaux. Pour en arriver à déclarer que si Roussey a pris Luc Sonor, c'est pour être peinard et ne pas se faire piquer sa place par son adjoint. Luc Sonor est ainsi qualifié de "pipe", l'ancien Vert ajoutant: "Déjà quand il jouait c'était une pipe".
Revoyons cette action au ralenti
• Luc Sonor est une pipe en tant qu'entraîneur.
Luc Sonor n'a jamais dirigé de club, il s'agit de son premier poste d'adjoint.
Comment peut-il le qualifier de "pipe" alors qu'en fait on ne sait pas du tout ce que vaut Luc Sonor? Par contre, on connaît le niveau de Jean-Michel, qui a laissé une trace inoubliable de ses années d'entraîneur-joueur et de joueur-entraîneur au Paris-Saint-Germain (1977-1978).
• Luc Sonor était une pipe sur le terrain
Luc Sonor n'était certes pas poète mais il a glané un titre de champion, trois Coupes de France, une finale de l'UEFA, neuf sélections en A, la plupart en compagnie de Claude Puel d'ailleurs. On connaît des Mourinho et des Baup qui n'avaient pas un tel palmarès.
Belle pipe, hein, Monica?
Que Jean-Michel Larqué s'enflamme pour son club, cela pourrait se comprendre, si l'on omet une certaine obligation d'impartialité.
Que les champions du monde défendent leur capitaine, ça pourrait se comprendre aussi, si l'on oublie qu'à une transversale près, Domenech a failli être adoubé comme la deuxième partie de la Sainte-Trinité du foot français.
Il semblait qu'à l'origine, le rôle du consultant était de donner des clés de lecture au néophyte. Les voilà devenus arbitres et juges de la bonne pensée footballistique. Dans un monde où une défaite face à Lyon est causée par le recrutement de l'entraîneur adjoint.
Et pendant ce temps à Vera Cruz, Angel Marcos marche seul avec son tableau noir.