Nantes ne fait plus école
Les Nantais sont revenus, mais ils ont l’air encore plus mal-en-point que lors de leur dernier passage en Ligue 1...
Auteur : Michaël Grossman
le 5 Sept 2008
Trois journées. C’est le laps de temps durant lequel le FC Nantes aura vaguement tenu le choc cette saison. La quatrième semble déjà fatale aux illusions des Canaris. S’il n’est pas dans les habitudes de la maison de tirer des conclusions aussi rapidement, la quatrième sortie du FC Nantes a fait naître de tristes constats quant au potentiel sportif de l’illustre maison jaune.
Aux yeux de son président, la défaite pourtant pas humiliante concédée à Chaban-Delmas était celle de trop pour Michel Der Zakarian. Kita s’est plongé tout seul dans une situation ubuesque lui imposant de prôner les vertus de la patience en duplex dans Jour de Foot samedi soir, certainement sous le coup de la gifle aux rillettes de la Beaujoire: "Vous savez, quand on est malade et qu’on change de médecin, on ne trouve pas tout de suite le bon médicament, donc il faut attendre un petit peu de temps". Un ange passe.
À la recherche du nouveau David Copperfield
Alain Perrin, qui avait fait du Majax en qualifiant l’OM pour la Ligue des champions avec une attaque Chapuis-Sakho-Bakayoko, avait peut-être le profil. Mais c’est David Copperfield dont a besoin ce FC Nantes. La première demi-heure face au Mans était pavée de bonnes intentions dans les phases offensives. Mais un manque de mobilité collective condamnait les tentatives.
C’est donc sur coup de pied arrêté que Nantes concrétisait sa domination, avant de se déliter spectaculairement: une minute plus tard, les Canaris étaient plongés dans la soupe à la grimace. Pas de bol, ils ne savent pas nager. Privilégiant un jeu direct, les Manceaux interceptent une relance de N’Daw, et perforent le triple rideau de dix éléments en tout juste deux passes en profondeur.
Une équipe au ralenti
On le vérifie par la suite: les énormes carences défensives ne sont pas imputables à un défaut d’organisation. Sur cette action, comme sur d’autres à venir, les Nantais sont en place, tous appliqués au marquage d’un adversaire direct. Mais un marquage d’une telle passivité qu’il n’est qu’illusoire.
Un sentiment confirmé par le deuxième but que les Manceaux inscrivent juste avant la mi-temps. Une nouvelle séquence de jeu direct d’un grand classicisme: long ballon de la défense centrale pour sauter le milieu, le seul Maïga à la réception, au cœur de trois Nantais si peu prompts à intervenir que l’avant-centre malien peut enchaîner trois contrôles avant d’expédier sa mine au fond des filets d’Heurtebis, sans jamais avoir été inquiété. Outre sa belle technique, c’est surtout le temps qui a permis à Maïga de marquer. Un temps offert par une adversité fort attentiste. Foin de cohérence tactique: c’est tout un esprit de conquête qu’il faudrait insuffler à cette équipe.
"À partir de là, je crois que l'absence dans le staff d'un élément aussi important que Ramzy nous a été préjudiciable".
Résignés, nous étions tous les deux résignés
Car ce manque d’allant, criant dans l’attaque des ballons, fait rapidement défaut dans les phases de transmissions. De fait, dès l’égalisation mancelle, il est devenu impossible de construire quoi que ce soit de tranchant, côté nantais. Les faciès se déforment avant la plupart des transmissions, signe des efforts à produire par une accélération ou un dribble pour essayer de compenser le manque de disponibilité des coéquipiers. Tout semble réalisé "à l’arrache" – d’ailleurs, même Salim pourrait être titulaire dans cette équipe apathique.
La résignation apparente au retour des vestiaires est trop peu contrariée par la suite: une brève résurrection de mobilité permet aux Nantais de montrer le bout du bec en de rares occasions, pas abouties faute d’adresse dans les gestes élémentaires. Quand ils ne sont pas tirés avec désinvolture, seuls les coups francs mettent Pelé en action, en dehors d’une touche directe bien vicieuse qui constitue la plus grosse occasion de la seconde période nantaise, signe de l’incapacité à produire du jeu. Alors que le troisième but du Mans est inéluctable, Gravgaard manque de plier le match tout seul par une énième maladresse déviée in extremis par Heurtebis, avant que l’entrée en jeu de Gervinho, finit, comme on pouvait s’y attendre, d’achever les hommes de Larièpe.
Le constat de ce dernier est sans concession: "Je pense que ce groupe ne vit pas. Je pense que pour réussir à jouer en équipe, il faut impérativement qu’un groupe ait du plaisir à vivre ensemble. S’il y a un énorme chantier, c’est à ce niveau. C’est tous ces problèmes d’ego, de susceptibilité…" (1) Si ces maux touchent l’effectif en plus du président, on souhaite bien du plaisir au prochain entraîneur.
(1) FC Nantes TV