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Le jour où je leur ai dit

Avouer sa vraie nature et ses penchants footballistiques à ses parents peut-être un exercice périlleux... [Note de la rédaction: texte inédit, en hommage à son auteur].
Auteur : Djézon Bouteille le 3 Sept 2008

 


Nous venons d'apprendre la disparition de Romain, alias Djézon Bouteille, lecteur, forumiste et notamment auteur de "Le sexe est-il entré dans le football?", article devenu un classique dans le magazine puis en ligne. Supporter de l'OL (personne n'est parfait), Romain a aussi participé à certains matches très amicaux organisés par les cédéfistes parisiens à Vincennes...

Nous éprouvons une grande tristesse à voir partir ce compagnon de route, tristesse qui n'est rien à côté de celle de sa famille et de ses proches, auxquels nous adressons aujourd'hui nos pensées.

"Le jour où je leur ai dit", ci-dessous, est un texte inédit de Romain.
Et nous ne résistons pas à l'envie de ressortir cet échange sur le fil "Observatoire du journalisme sportif":

=>> suppdebastille – mardi 31 juillet 2007 – 11:53
Tiens, Pierre Ménès, qui passe ses vacances à La Baule, est de retour et apparemment Pascal Praud ne fait pas partie de ses potes.
=>> Djézon Bouteille – mardi 31 juillet 2007 - 12:03
Il semblerait que Praud lui ait raconté la fin de Harry Potter 7. Pour se venger, Ménès lui a raconté la fin de Casablanca, mais Praud a haussé les épaules en lui disant que "T’es con, une ville, ça n'a pas de fin". Depuis, c’est la lutte à mort.



Le jour où je leur ai dit

Quand j’entre dans le salon, ils sont tous les deux assis et ils m’attendent. Maman aborde un sourire crispé et souffle sur le vernis de ses ongles, sec depuis dix bonnes minutes. J’ai répété mon speech dix fois, cent fois, mais j’ai du mal à trouver des mots.

"J’ai quelque chose à vous avouer".
Maman a pris la main de mon père. Il me sourit d’un air débonnaire, m’encourage d’un signe de la tête. Dans dix minutes, il ne sourira plus. J’ai du mal à le regarder.
"Cela fait longtemps que je veux vous dire quelque chose".
Je me tourne vers ma mère :
"Maman, tu te souviens de Sylvain. Il est venu manger quelques fois à la maison.
– Bien sûr, le charmant garçon avec qui tu joues au rugby le samedi soir".
Je prends ma respiration. Il faut que je parle vite.
"C’est lui. Mais, je ne fais pas que jouer au rugby avec lui. En fait, nous ne jouons pas vraiment au rugby".
Le cou de mon père s’est tendu. Il a compris, mais il ne m’aidera pas. Je suis seul, seul avec ma confession.
"Tu veux dire que …
– Oui."
Je regarde mes pieds, mais je suis décidé à finir le plus vite possible ce que j’ai à leur dire.
"Sylvain et moi somme supporters de foot."

– Oh mon Dieu".
Ma mère s’est affalée dans son fauteuil, mais elle tente de me sourire bravement. Mon père s’est levé en silence, sans me regarder, et est parti s’enfermer dans ma chambre.
Je ne sais pas quoi faire. J’aimerais lui dire que je suis encore son fils, que je n’ai pas changé, que je suis heureux qu’elle sache enfin qui je suis. Mais je ne bouge pas.

C’est elle qui rompt le silence.
"Tu le sais depuis combien de temps ?
– Je m’en doute depuis toujours, mais j’en suis sûr depuis trois ans.
– Depuis trois ans ?
– J’étais sorti avec des amis pendant l’été, un dimanche. Nous t’avions dit que nous sortions dans une boîte échangiste. Tu m’avais donné quelques billets en me disant de bien m’amuser."
J’ai honte de lui avoir menti. Mais il faut qu’elle sache.
"Je suis allé dans un petit bar rencontrer des gens avec qui j’avais parlé sur Internet. Nous avons regardé France-Angleterre. J’ai mis leur écharpe. J’ai adoré ça".


Elle se lève et va se réfugier dans la cuisine. Je la suis en lui parlant. Si elle ne me comprend pas, il faut au moins qu’elle m’entende.
"Maman, je me suis toujours douté que je n’étais pas comme les autres. Et tu le savais : tu as vu la cassette que je cachais sous mon matelas.
– Bien sûr que je l’ai vue. Mais tu étais jeune, je pensais que tu te cherchais. Si j’avais su qu’aujourd’hui encore tu regarderais ces… (elle frissonne) ces horreurs.
– C’est le coup franc de Platini contre Arconada, Maman.
– Parce qu’en plus tu connais les noms de ces personnes ?"
Son ton ironique me fait mal. Je veux me venger : "Sylvain m’a offert un maillot de l’OL à mon anniversaire".

Elle éclate en sanglots, et je me retrouve comme un con. Je la serre dans mes bras, elle se débat, puis pleure sur mon épaule. Elle me dit qu’elle m’aime toujours, mais qu’elle a besoin de temps. Que ça finirait par aller, et qu’elle parlerait à mon père.
Je lui fais confiance.

Réactions

  • betomar le 03/09/2008 à 14h12
    Les collègues de bureau sont habitués à ma voir pouffer bêtement devant mon écran (par exemple à la lecture des posts de Djezon), mais là, ils se demandent vraiment pourquoi je chouine comme une midinette. En plus, je peux pas m'empêcher de penser que parmi les dernières équipes qu'il a eues sous les yeux, ya quand même mon cher TFC. et ça, c'est triste.
    Bref, faudra vraiment penser à tirer un câble jusque là-haut, histoire de brancher l'ADSL.

  • Yoop2804 le 03/09/2008 à 14h37
    Eh ben si on m'avait dit un jour que je serais triste qu'il y ait un Lyonnais de moins...

  • Zizou Krist le 03/09/2008 à 14h43
    On a dû se croiser plus souvent virtuellement qu'autour d'un verre ou d'un ballon que ses pieds carrés trouvaient bien trop rond, mais triste je suis. Un des rares cédéfistes que j'ai pu voir dans la vraie vie, celle où on peut pas revenir après s'être fait expulser, ni créer de double pseudo (Chloé, love).

    A Lyon, y a pas de passion, et y a plus de Djezon.

  • RabbiJacob le 03/09/2008 à 14h44
    Je ne connaissais pas Djézon ni de près ni de loin mais j'avais comme tout à chacun reperé que derrière cet excellent pseudo se cachait un humour corrosif et puissant.
    Pourtant, en apprenant la nouvelle ce matin en passant une première fois sur le site je me suis senti étrangement touché. La deuxième fois j'ai partagé avec émotions les réactions des autres cdfistes. Et là j'ai envie aussi de mettre un mot pour souhaiter à Romain de resposer en paix.
    C'est étonnant de découvrir ainsi que l'appartenance à une communauté d'internautes est une chose bien réelle, et que nos sentiments dans ces moments n'ont rien de virtuels.

  • kiouv le 03/09/2008 à 15h26
    Comme dirait Rochefort : "Elle est bonne, mais on la refait".

    Putain, un gone de moins... So long, Djéz.

  • forezjohn le 03/09/2008 à 15h30
    Moi aussi je suis triste.
    Toutes mes condoléances à la famille et aux proches.

  • funkoverload le 03/09/2008 à 15h40
    Je connaissais pas Djézon
    Alors pourquoi cette peine sourde, aphone
    Son texte, émouvant
    Posthume trop étroit à présent
    Et ces témoignages prégnants
    Et Jihair, salaud, c’est drôle
    C’est moins dur.

  • lemon le 03/09/2008 à 16h06
    Djézon Bouteille (fil VIP)
    mardi 15 avril 2008 - 17:24
    Ce soir, vengeance

    Vengeance contre les Messins et une année passée à regarder de loin leur fil où on n'était jamais invités, leur second degré qui-n'appartient-qu'à-eux, leurs petites blagues décapantes-qu'on-ne-comprendrait-pas-parce-qu'on-est-des-polards.

    Vengeance parce qu'enfin, ces pages pleines de compos d'équipe, d'analyses de cours de bourse et d'exégèses des propos aulassiens va payer.

    Ce soir, nous jouons pour tous les geeks de tous les lycées, pour tous les membres des clubs d'échecs de collège jamais invités aux boums, pour tous les joueurs de jeux de rôle lançant leurs dés en cachette, de peur d'être surpris par les gros cools venant fumer une clope dans la classe pendant la pause de midi.

    Ce soir, nous jouons pour tous les Screech Powers, tous les Jerry Steiner, tous les François qui aimeraient être des Christophe Rippert.

    ----------

    Djézon Bouteille (Fil PEM - cf Shura)
    jeudi 22 mai 2008 - 23:43
    Qu'il est doux de rêver, mes amis parisiens,
    A deux beaux "tu l'auras", quand on n'a pas un "tiens".
    Mais vous voir moribonds, vous qui fûtes si classes,
    Fait réfléchir aussi sur la gloire qui passe.
    Quand demain nous ferons, coupe à la main, la fête,
    Nous saurons qu'un jour nous serons ce que vous êtes.

    ---------------------------

    Hors de question qu'ils se perdent à la prochaine purge des fils ces messages là. Il n'y a qu'à travers ses écrits que j'ai entraperçu Djezon, et ben y'avait une chouette vue.

  • M@jor le 03/09/2008 à 16h17
    RIP vieux camarade, nos petites piques sur nos clubs respectifs vont me manquer.
    Mon prochain but à Vincennes sera pour toi, j'espère que tu sauras être patient.
    Snif.

  • Joey Tribbiani le 03/09/2008 à 16h23
    Il est bien bien chouette ce texte.
    Un des meilleurs que j’ai lus depuis longtemps, même ici.

    Un peu trompeur aussi, puisqu’il pourrait faire croire à un lecteur non averti que les fans de l’OL sont, à l’instar de l’auteur, et contre toute évidence statistique, des gens drôles, fins et cultivés.

    Faisons gaffe quand même …

    (Autre chose Djézon, l’intro de la rédac avant ton texte là, faut la virer.
    Si c’est une vanne – je n’imagine pas que ça puisse être autre chose - elle est super lourde, pas drôle, bref ça ne te ressemble pas.
    A plus Mr B.
    Et bises à Chloé)

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