Cette année encore, il aura fallu se creuser sérieusement pour trouver cinq candidats susceptibles de porter le drapeau d’une idée du football qui soit représentative de l’équité sportive, du sentiment de responsabilité et de l’universalité du sport le plus populaire de la planète. Car les initiatives qui vont dans le sens d’un foot plus équitable, moins soumis aux lois du marché ou au cynisme ambiant, se sont une fois de plus comptées sur les doigts d’une main.

La conscience des enjeux qu’ils représentent n’étant pas le fort des footballeurs, ni de ceux qui les dirigent ou encore de ceux qui commentent leurs exploits, les rares occasions d’entendre un discours discordant en sont d’autant plus précieuses.

Votez pour la Spirale pour un foot plus équitable.

Votez aussi pour :
La Spirale de la régression
La spirale de la progression
La Spirale de l'ennui et de la frilosité
La Spirale du beau jeu et de l'audace.
La Spirale du pire moment de la saison
La Spirale du meilleur moment de la saison
La Spirale de la résurrection
La Spirale du truc utile
La Spirale du truc inutile
La Spirale de la meilleure performance comique
La déclaration de l'année


Abdeslam Ouaddou

D'accord, les insultes ne lui étaient pas adressées et il a engueulé la mauvaise personne. D'accord, son geste a servi à nourrir bêtement la chronique anti-arbitrale. D'accord, il a aussi déclenché un grand moment d'hystérie et d'hypocrisie collectives avec la "découverte" du racisme dans les stades. Mais, dans une corporation où les gestes spontanés ne sont pas tous aussi jolis que des reprises de volée, sa montée en tribune un soir de Metz-Valenciennes a eu quelque chose de réjouissant. Surtout, son spectaculaire refus de subir des insultes racistes a fait reculer un peu la banalisation de ces attitudes en frappant les esprits.

Le message s'adresse probablement plus aux spectateurs qu'aux footballeurs, qui devraient jouer sans avoir à se boucher les oreilles: idéalement, il faudrait que les spectateurs qui entendent de tels propos fassent des Ouaddou à leur tour et claquent le beignet des grosses gueules fétides pour leur faire comprendre ce qui n'est pas tolérable – pas plus dans un stade qu'ailleurs. Sans que les tirades simili-humanistes et les indignations en carton de nos moralistes médiatiques n'y soient pour rien.

Atout
Il a quand même poussé Guy Carlier à s'excuser pour avoir désigné à la vindicte des téléspectateurs de France 2 Foot une poignée de spectateurs messins filmés par hasard – son meilleur gag de la saison.
Faiblesse
Il a plus de chances de rester dans l'histoire avec son inoubliable "Il ne faut pas brûler la peau de l'ours avant de l'avoir vendue".



"Et si les papiers de Monsieur sont en règle, le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour éviter qu'à l'avenir, les minorités visibles ne soient stigmatisées de la sorte".



La victoire de l’Irak en Coupe d’Asie

00:01
Réunion au sommet dans le bureau ovale. "Peu importent les moyens consacrés à l’opération, peu importent les milliards de dollars que ça coûtera: il faut ABSOLUMENT empêcher ça!" s’écrie le président Logan, tapant du poing sur la table. Sa mâchoire est trop serrée pour répondre à Bill Buchanan, en liaison par vidéo conférence depuis la CTU, qui lui demande l’autorisation d’aller libérer Jack Bauer des geôles du consulat chinois qu’il avait pris d’assaut en solitaire trois ans plus tôt – dans l’espoir de sauver l’Amérique en s’emparant des schémas tactiques de toutes les équipes de soccer asiatiques.

Après un match nul face à la Thaïlande, une victoire contre l’Australie et un nouveau partage des points face aux Oumanis dirigés par Gabriel Calderon, l’Irak se qualifie pour les quarts de finale de la Coupe d’Asie, en terminant première de sa poule de qualification. Elle dispose alors du Vietnam, avant d’éliminer la Corée du Sud aux tirs aux buts. Pour la première fois de son histoire, l’Irak va jouer une finale continentale, face à l’Arabie saoudite, qui trône au sommet du palmarès de la compétition avec ses trois trophées.

19:35
Jack sent bien que quelque chose ne tourne pas rond. Il connaît cette ambiance de fin du monde . La plus grande démocratie de la planète est en danger. Coup de bol, il se souvient encore du numéro direct du poste de Chloe, et les batteries de son téléphone cellulaire sont encore au top quand il l’extrait de son rectum après plus de trente-six mois de rétention. Pas de bol, on ne capte aucun réseau au fond de ce fuckin’ caisson étanche immergé deux cents mètres au-dessous du niveau de la mer.

Younis Mahmoud Khalef marque l’unique but de la finale. L’Irak est championne d’Asie, Mahmoud est nominé au Ballon d’Or, deux attentats à la voiture piégée visent les supporters irakiens, à Bagdad. Cinquante morts.

00:00
Jack Bauer n’en a rien à foutre. C’est la première fois de sa vie qu’il a glandé pendant vingt-quatre heures chrono, et pour dire la vérité, ça lui fait bien plaisir.

Atout
Même avec une fin aussi tragique, ça ferait une super série télé. Reste plus qu’à trouver le studio hollywoodien capable de la produire.
Faiblesse
Quelqu’un a déjà regardé un match de Coupe d’Asie des nations par ici?



Il est 9:05 sur la côte ouest. Alors qu’il visitait une école primaire, Georges Bush vient d’apprendre que l’Irak a gagné la Coupe d’Asie. Après quelques minutes de réflexion, il va prendre la décision d’attaquer la France.



Le comportement des joueurs russes pendant l’Euro

La rédaction des Cahiers prise les doigts dans la confiture. Cette fois, on tient une preuve tangible: elle ne tourne décidément pas qu’à l’eau fraîche. Comment justifier autrement que par l’abus de substances illicites la présence du comportement de la sélection russe dans la liste des prétendants à une Spirale sensée pouvoir changer la face du football? Tous les Fabrice Fiorèse en sont convenus: seul le résultat compte, et peu importent les moyens.

Il est pourtant réconfortant de constater qu’un joueur qui tombe à terre est capable de se relever avant d’enchaîner les quadruples axels sur la pelouse. Il y a quelque chose d’anachronique dans l’attitude calme d’un défenseur central qui se voit signifier son expulsion en obtempérant. Est-ce qu’au fond, cette économie de gesticulations et de simagrées n’a pas permis aux hommes d’Hiddink de se concentrer sur leur joli jeu?

Atout
Ça vous dirait, à l’avenir, de parler moins de l’arbitrage et plus du jeu, comme avant?
Faiblesse
Toute l’Europe occidentale croit encore que les Russes vivent dans les Seventies.



"On vous agresse pas m'sieur, on vous protège de Guy Lacombe".



Le combat de la FIFA pour le 6+5

Et si l’équipe qui a le plus de panache au monde était, à la surprise générale, celle constituée par le service juridique de la FIFA, emmenée par son capitaine Sepp Blatter? Là ou certaines autres fédérations internationales ne pensent qu’à sauvegarder leur image et/ou leurs bénéfices (UCI, FIA, IRB,…), la FIFA s’est lancée dans une croisade perdue d’avance, mais ô combien romantique: la réappropriation locale des effectifs de club.

L’organisation internationale milite pour un football, certes loisir universel, mais à identité nationale, par l’imposition d'un quota de joueurs nationaux dans les effectifs. Menant un long travail de lobbying auprès des instances européennes, Blatter aura vu sa réforme du 6+5 édulcorée au fur et à mesure des négociations. C’est d’abord l’UEFA qui imposera sa notion du "formé localement", avant que la commission européenne ne juge recevable le quota, non plus de 6+5, mais de… 8 sur 23. Si la réforme est en trompe-l’œil, 2008 restera malgré tout l’année de l’implantation psychologique de celle-ci. Nous pouvons rêver désormais à d’autres chantiers impossibles, comme revoir les clubs jouer dans leurs couleurs historiques…

Atout
Il faut consommer les footballeurs localement pour éviter les nuisances dues à leurs transferts.
Faiblesse
Une réforme capable de redonner le goût du football à Georges Frêche.



L’élimination de l’Italie après un 0-0 et des tirs aux buts

Là où il y a des gênes, il n’y a pas de plaisir. Longtemps, les Italiens n’en ont pas beaucoup éprouvé, de la gène, à passer des poules, des tours de coupe et remporter des trophées au forceps. Seul le résultat compte. Habilement distillé par les clubs de Serie A comme par la Nazionale, le cliché perdurait depuis que le football existe. Mais depuis dix ans, et déjà un quart de finale, l’observateur avait perdu ses repères (car le néofi.. neophytt… le Footix, lui, les avait gardés): un championnat prolifique et des éliminations piteuses, remportées par leurs adversaires – "à l’Italienne" qui plus est. Dix années de progrès, totalement gâchées par un Mondial 2006 incroyablement rétrograde. Matches escamotés, penalties généreux, arbitrage partial, simulations éhontées, provocations: un terrible medley de cent années de football italien.

Alors non, cher lecteur, il ne s’agit pas de jouer sur votre petit ego franchouillard et cet instinct primaire de la revanche en agitant des motivations limites xénophobes. Cette Spirale, peut-être la plus belle, ne le mérite pas. Non, cette revendication est noble. Elle est salutaire, humaine, généreuse, et profondément universelle (moins l’Italie). Ne votez pas pour vous, votez pour tous. Votez pour le retour du progrès, pour l’avancée vers un avenir meilleur et un football équitable, c’est-à-dire dans lequel l’Italie n’a pas que de la chance.

Atout
Il faut sanctionner Berlusconi par tous les moyens.
Faiblesse
Jean-Marc Furlan va voter pour cette Spirale.



"Allô Furlan? Ouais, c'est Roland. Dis, tu voudrais pas venir commenter France-Italie avec moi? Non parce que Lebœuf, il est bien gentil, mais il a aucune crédibilité scientifique".


Votez pour la Spirale pour un foot plus équitable.

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