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Raymond chauffe les plats

À un mois de Italie-France, le sélectionneur national a tiré le premier. Au-delà des polémiques obligées (Zidane, Materazzi, les arbitres en Italie), on se demande si la provocation sert l'équipe de France ou Domenech lui-même...
Auteur : Pierre Martini le 13 Août 2007

 

Le Parisien / Aujourd'hui en France ne s'y est pas trompé: l'interview accordé au quotidien par Raymond Domenech, paru le 9 août dernier, comportait sa charge explosive et le détonateur qui va avec. C'est donc assez logiquement que s'affichait en une l'exclamation "Incroyable Domenech!"

domenech_auj.jpgLeçon de morale
Du pain bénit. Sur lequel, dès le lendemain, L'Équipe tartine son beurre avec délectation. Un édito aussi moraliste que scandalisé ("Tombé sur la tête") multiplie les jugements de valeur: Domenech a "franchi la ligne jaune", il fait du "sous-Mourinho" (1). L'auteur s'effarouche en s'inquiétant de ce que "tous les éducateurs de France" vont pouvoir dire à leurs gamins, "ainsi encouragés à répéter l'arme fatale du grand joueur [Materazzi], le «fils de p...» décliné sur tous les tons" (2). Domenech désigne Marco Materazzi comme l'homme de la finale de Berlin? "Fabio Cannavaro n'a plus qu'à refiler son Ballon d'Or 2006 à son compatriote de l'Inter Milan", enrage le texte. On s'amuse de l'outrage ainsi fait au Madrilène, lauréat en carton du trophée de France Football. Et on ne voit pas bien, de toute façon, le scandale à désigner MM comme le MVP (ou le joueur majeur) de ce France-Italie – une évidence pour beaucoup.

Surtout, en versant comme à son habitude dans le procès de personne, le quotidien sportif passe à côté du sujet. D'abord parce qu'à bien les relire, les dires de Raymond ne consistent pas réellement à faire porter à Zidane la responsabilité de la défaite du 9 juillet, ni à ériger Materazzi en modèle, contrairement à ce qui a été traduit par la suite.


De l'intérêt de la provocation
Ensuite, indépendamment des risques encourus pour avoir proféré des accusations graves (à l'encontre de l'arbitre "acheté" de Italie-France Espoirs 1999) qui pourraient mener à des sanctions, on devrait surtout s'interroger sur l'utilité de ces provocations. Quel est, en effet, l'intérêt de remonter un peu plus les dix-huit internationaux italiens et les 80.000 spectateurs de San-Siro? Comment peut-on être sûr de sortir vainqueur d'une telle guéguerre psychologique et en prendre la responsabilité? Certes, on peut établir une liste bien fournie d'entraîneurs qui donnent dans ce genre de manœuvres (dont le Mourinho sus-cité), mais cet "art" est pour le moins risqué, et nombreux sont ceux qui s'y sont brûlé les doigts. Par ailleurs, une sélection est-elle, par rapport à un club, le lieu idéal pour lancer de telles banderilles?

Quelle dignité y a-t-il, de plus, à mettre par avance la pression sur l'arbitre, tel un Jean-Michel Aulas se réservant quelques excuses d'avance pour une éventuelle défaite? Là encore, on trouve de nombreux experts pour admirer ce genre de démarche, pourtant grossière – dans les deux sens du terme – mais censée soulager les joueurs d'une partie de la tension en attirant celle-ci sur le coach. Mais outre qu'elle n'est pas très digne, le bénéfice en est très hypothétique. Et que penser de cette contradiction, lorsque Raymond Domenech affirme "Nous, on a intérêt à relativiser cette rencontre. On n'est pas dans les même dispositions psychologiques. Eux vont vouloir chauffer le match"?


domenech_materazzi.jpgRaymond et Marco
Cette sortie médiatique, qu'on imagine calculée (dans le cas contraire, le sélectionneur présenterait un inquiétant défaut de maîtrise), a peut-être une autre vocation: permettre à Raymond Domenech de réimprimer sa marque sur la sélection. Il est vrai que sa prise de fonction, à l'été 2004, avait été marquée par des railleries  sur son style de management, avec les "affaires" de l'interdiction des téléphones portables durant les massages et de l'obligation des protège-tibias à l'entraînement. On lui avait aussi refusé la paternité de l'initiative visant à faire revenir les anciens, un an plus tard. Enfin, il a été en partie dépouillé de la responsabilité du parcours des Bleus en Allemagne, ses contempteurs ayant rétrospectivement justifié leurs procès en attribuant le mérite au groupe lui-même et à des joueurs cadres qui auraient pris le pouvoir (thèse assez infantile démentie par ceux-ci).

Le sélectionneur français, candidat au poste de directeur technique national, s'est-il laissé aller à une petite poussée d'égocentrisme? "J'aurais pu être Materazzi", déclare-t-il, histoire de rappeler qu'il fut lui-même Raymond Domenech, défenseur provocateur qui faisait peur jusque dans les albums Panini. Et qui, aujourd'hui, a peut-être envie de cultiver sa propre historiographie en redonnant un peu d'actualité à un personnage qu'il a "créé" lorsqu'il était joueur?

La crainte que l'on peut avoir, c'est qu'en guise de revival, Raymond Domenech renoue avec un style que l'on avait bien connu lorsqu'il dirigeait les Espoirs: tout en provocation justement. S'il n'avait pas remporté de titre avec ces sélections, son mandat a été marqué par deux rencontres très singulières: le Italie-France de 1999 et le France-Portugal de 2003. (3). Dans les deux cas, le technicien portait sa part de responsabilité dans la dégénérescence de la situation sur le terrain, n'ayant pas fait grand-chose pour calmer les esprits ni pour éviter de recourir à la provocation.
Dans un mois, on verra si cette stratégie, avec l'équipe de France A, aura eu un sens ou pas...


(1) Doit-on comprendre que Mourinho fait du "sur-Domenech" et que ses provocations sont plus estimables?
(2) Rappelons toutefois l'ironie que le 10 juillet 2006, Claude Droussent (directeur de la rédaction de L'Équipe) s'était fendu d'un édito en forme de leçon de morale, qui fustigeait Zidane en s'inquiétant de ne pas pouvoir expliquer son geste à des "dizaines de millions d'enfants à travers le monde". Il s'interrogeait aussi sur ce que le joueur lui-même dirait à ses propres enfants. des excuses avaient été présentées dans l'édito du lendemain.
(3) Fameux huitième de finale retour du championnat d'Europe perdu par les Bleus, 18 novembre 2003 à Clermont-Ferrand, à la suite duquel Djibril Cissé avait écopé des cinq matches de suspension qui l'avaient privé de l'Euro 2004. On se souvient aussi du vestiaire dévasté par les Portugais et de leur refus de se soumettre au contrôle antidopage.

Réactions

  • eskimo le 13/08/2007 à 14h06
    Foot-X il y a un fil du forum où tu peux sans souci critiquer les CDF, apres oui des gens risquent de n'être pas d'accord mais à toi d'être le plus convaincant ; tu dis "essayes de critiquer les CDF tu vas voir si on te fait pas cracher ta bile puis tes dents..." mais je crois que du moment que tu es posé et argumenté t'auras des réponses posées et argumentées.

    Sinon je ne comprends pas le fond de ta volonté : tu admets qu'il y a matière à critique mais faudraiut juste pas en parler, ou pas trop ? Fais avec les CDF comme tu fais avec l'équipe : le lis pas qq temps dès que tu y retrouves les travers que tu dénonces alors.

    Cette position du "pas de polémique" est décidément de plus en plus généralisée.

  • Le Che le 13/08/2007 à 14h11
    hu "c'est à bas le PPA !"
    chiant de pas pouvoir éditer.....

  • Foot-x le 13/08/2007 à 14h31
    une courte réponse à eskimo

    Pour la critique des CDF c'était du second degré car effectivement on peut critiquer le journal ou le site, en s'exposant nous même à la critique cela va de soit.

    L'idée n'est pas "de ne pas faire de vague" mais le vrai sujet (comme le dit la rédac) c'est l'utilité ou non de la provoc de Domenech. Après qu'en sujet subsidiaire on glisse que l'équipe n'a pas fait un bon papier en jouant sur le registre des chtis n'enfants contaminés par le gagner à tout prix ...

    Mais là du coup l'article dit que le fond du problème c'est le caractère inutile voire dangereux de propos et puis quoi ??? et puis L'équipe ils sont mauvais, JMA est arrogant et Domenech est manipulateur égocentrique.

    En quoi c'est dangereux la provoc ? Je suis désolé mais les CDF font la même chose (sur ce petit bout d'article hein faut pas déconner) que l'équipe en regradnt un événement à travers un tout petit prisme : la lutte contre l'establishment. Les CDF ont identifié la vraie question mais ils ont ensuite dit que les autres n'y avaient pas répondu et ça je trouve pas terrible.

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