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La liste dans la vallée

Toute liste des 23 vient avec son cortège de polémiques, celle-ci ne fait pas exception. Et même si Domenech bénéficie de circonstances favorables, il doit affronter les tribunaux populaires...
Auteur : Pierre Martini le 16 Mai 2006

 

Chaque mois de mai des années paires obéit à un rituel: la "discussion" de la liste des 23 (anciennement 22) sélectionnés pour la phase finale de l'Euro ou du Mondial. Et tout se passe comme si chaque amateur de football faisait une affaire personnelle de cette liste… La présence d'untel ou l'absence de tel autre est nécessairement un scandale incompréhensible, et accessoirement apporte la preuve que le sélectionneur est au mieux un incompétent, au pire un irresponsable. Le commentateur semble exclure toute compréhension de la position de ce dernier qui est pourtant, en réalité, le seul à en assumer les contraintes – comme celle consistant à composer un groupe de 23 joueurs. Car à entendre les uns et les autres, une liste sans aberration se résumerait à cinq ou six noms (au maximum), et une liste n'oubliant personne en comporterait une bonne quarantaine. Exercice statistique: avec 40 joueurs, combien de listes des 22 différentes peut-on établir?


La guitare à discorde
Même sur le forum des Cahiers, mondialement réputé pour sa bonne tenue et ses envolées métaphysiques, ceux qui ont exprimé leurs regrets sans se placer sur le mode de l'indignation n'ont pas semblé majoritaires. L'intérêt pour les débats interminables sur deux sujets inéluctablement promis aux vaines palabres (les transferts et la liste des 22 ou 23) échapperait d'ailleurs à l'entendement si le football n'était pas ce sport où plus les controverses sont futiles, plus il faut les animer avec rage.
C'est quand même avec un peu de perplexité que l'on voit certains mythes perdurer, comme celui consistant à penser qu'une sélection se compose avec des critères identiques pour chaque appelé, ou qu'elle s'établit uniquement en fonction d'une évaluation strictement sportive (au mérite, en quelque sorte).

Beaucoup des auteurs de critiques ont aussi une forte propension à oublier que des paramètres invisibles pour nous autres – à commencer par ceux ayant trait aux personnalités et à la vie commune – sont primordiaux... On peut aussi penser que multiplier les concurrences directes entre des joueurs de valeur équivalente n'est pas le meilleur gage de confiance pour le titulaire et pour la concorde au sein du collectif: un "remplaçant" de moindre pedigree mais au bon esprit peut s'avérer un choix plus judicieux qu'une vedette frustrée. La nécessité de composer à la fois un onze, un banc et un groupe tout entier échappe à la plupart des soixante millions de sélectionneurs.


Une tradition belliqueuse
L'annonce du sélectionneur est donc un moment obligé de polémique, mais c'est également un rendez-vous important pour l'organe central de la presse sportive, ses satellites et ses suiveurs. La tradition veut aussi que l'on fourbisse ses armes à cette occasion, que l'on dresse les murs des futurs tribunaux en même temps que la potence du responsable technique.

On se souvient ainsi qu'en 1998, la conférence de presse de la fameuse liste des 28 avait donné le coup d'envoi des procès en crétinisme faits à Aimé Jacquet (voir 28 motifs de polémique et La voix du plus fort). Deux ans plus tard, attendu comme au coin d'un bois, Roger Lemerre coupe court aux controverses (voir Roger trompe son monde). En mai 2002, le consensus autour des doubles champions protège encore le sélectionneur: même la présence de Dugarry ne réveille pas les passions (voir 23 Bleus et pas vraiment de polémique).


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Jours tranquilles à Issy-les-Moulineaux
Cette fois encore, une paix relative entoure le sélectionneur, qui n'a pas eu les mêmes soucis de rupture de contrat rencontrés par Santini à la veille de l'Euro. Le retour des vieux, soutenu par l'écrasante majorité de la presse, y contribue paradoxalement: il y a quelque ironie à constater que le service foot de L'Équipe se retrouve contraint de soutenir (provisoirement) les survivants d'une génération sévèrement critiquée depuis quatre ans.
On s'en tient donc à des critiques formelles: le communicateur Domenech se voit reprocher de ne pas avoir énoncé les noms des joueurs – ce qui a privé les téléspectateurs d'une compréhension immédiate – mais ce n'est là qu'une broutille par rapport aux procès en crétinisme intenté jadis à Aimé Jacquet.

Dans l'article principal de L'Équipe de ce lundi, Vincent Duluc manifeste toutefois, sur un mode mineur, quelques bons vieux réflexes: "Glissant vers la communication plus que vers l'information, Raymond Domenech a lu ses notes, invité son auditoire à lire les noms des joueurs sélectionnés sur l'écran contigu, et il a fait demi-tour. Le sélectionneur avait décidé de ne pas répondre aux questions".
En effet, selon un dogme écrit nulle part, un sélectionneur devrait impérativement expliquer ses choix – comme si les commentateurs de la profession avaient besoin d'explications pour faire leur exégèse... Il faut d'ailleurs être un peu hypocrite pour ne pas reconnaître qu'une explication de texte, nom par nom, ne ferait que prêter le flanc à toutes sortes de critiques qui auraient beau jouer de souligner les contradictions… Et qu'en conséquence elle aurait toutes les chances de se résumer à un exercice de langue de bois sans aucun intérêt.


Paix armée
On notera avec amusement, au détour d'un paragraphe, une forme d'aveu: "L'événement, c'est la sélection de Ribéry. C'était une évidence pour beaucoup. Elle avait été réclamée ici ou là, et surtout ici. Sa présence vaudra à Raymond Domenech une assez large adhésion à ses thèses, même si on ne l'imagine pas avoir fait ça pour ça". Voilà qui revient à admettre que c'est une véritable campagne qui a été menée en faveur du Marseillais, Domenech n'ayant d'ailleurs fait que se plier à "l'évidence" (il n'aura donc pas ce mérite). On note aussi la foi du journaliste dans la sûreté de son jugement (c'est toute une école). Enfin, et c'est le meilleur morceau, Vincent Duluc annonce au sélectionneur que ce geste lui a valu l'indulgence du jury – ou du moins un sursis.

Il faut dire que cette paix armée n'est que provisoire. "Le message de la nouveauté et, pour Ribéry, de l'insouciance, contrebalance aussi une liste aussi traditionnelle et conservatrice, qui comprend quinze survivants de l'échec portugais de l'été 2004, soit 65% d'une équipe qui avait eu du mal à en être une", avertit le journaliste. On pressent que les appels au retour de Zidane et de ses apôtres, et les célébrations qui avaient suivies, seront rapidement caducs si les choses tournent mal. Le quotidien sportif ne sera d'ailleurs pas seul sur ce chemin.


Portes ouvertes
La lecture de L'Equipe reste de toute façon un vrai plaisir, surtout si l'on s'expose à la deuxième division du débat journalistique avec les nombreux talk shows qui ont fait leur beurre de l'annonce. Dans ces cénacles, il est recommandé d'enfoncer les portes ouvertes en hurlant ou de s'étrangler d'indignation sans craindre le ridicule. Mais c'est bien là le génie du journalisme sportif : tous les arguments sont bons et il suffit de les asséner avec beaucoup d'assurance pour se poser en grand penseur du football. On peut construire toute une carrière là-dessus.

Dans l'émission "haut de gamme" 100% Foot, on a ainsi assisté au spectacle un peu surréaliste de Dugarry sabrant Dhorasoo, au sempiternel plaidoyer pour Robert Pires et à un vieux gimmick: "c'est Zidane qui a sélectionné Barthez". Cela aurait pu être pire: imaginez qu'il ait réclamé Dugarry ou Karembeu – qui furent, eux, de vrais sujets d'esclandre.
Ailleurs (voir Le résumé de "On refait le match"), d'autres sujets de débat complètent ce catalogue prévisible: Barthez et Coupet, Dhorasoo et Giuly, Chimbonda et Ribéry, Anelka et Cissé, Micoud et Pires. En l'absence de Govou ou d'Anelka, personne ne se détache vraiment parmi les postulants au statut d'indésirable, les détestations restent plutôt individuelles. Pas grand monde, non plus, pour souligner la résurrection de Mickaël Silvestre, presque unanimement considéré comme une grosse truffe il y a encore quelques mois. Mais on ne veut pas lancer une polémique.

Réactions

  • kiki2mars le 22/05/2006 à 15h22
    A mon age avoir des boutons n'est pas chose normale, pourtant quelques uns me sortent depuis quelques jours à la lecture de nos chers recalés qui pleurent dans les médias depuis l'annonce de leur non-sélection. Certes nos amis journaleux sont friands des répliques revanchardes et n'hésitent pas à les mettre en avant - mais quand on lit : "Je ne regarderai pas le Mondial" (Anelka)ou ""Être champion d'Europe et ne pas aller en Allemagne... c'est unique au monde une histoire pareille" (Giuly), mon acnée juvenile revient instantanément. La sportivité n'étouffe pas ses meilleurs joueurs français de la galaxie auto-proclamés. Pour répondre au premier on pourrait lui dire que d'être bon dans un championnat de merde n'a jamais été un puissant révélateur et proposer de ce fait Youri Djorkaeff, étoile des metrostars de NYC ("2005 Player of the Year") et qui recommence une saison 2006 de toute beauté dans le fameux championnat US. On pourra aussi répondre au second que Ludovic Sylvestre, son jeune coéquipier, est aussi quelque part champion d'Europe et qu'il devrait donc prendre la place de Patrick Viera.

    Au délà de la déception compréhensible, sera-t-il possible d'entendre un jour :
    "je suis déçu de ne pas avoir été appelé mais je suis persuadé que le sélectionneur a trouvé un équilibre, et je vais pouvoir partir en vacances pour me reposer de cette trop longue saison, 15 jours dans un hotel 4 étoiles de St Trop, claquer un mois de salaire (soit 100000 euros) avec ma (mes) femmes, et supporter mes potes de l'équipe de France devant ma télé que j'aurais installé en face de mon jacuzzi, en espérant qu'ils ramènent la coupe à la maison. Allez la France"


La revue des Cahiers du football