Au bout de deux journées, le classement en relief en manque un peu, de relief, et l'accordéon est fort compressé. Il présente cependant quelques surprises à ses extrémités: les départs en fanfare de Nantes, Paris et Bordeaux, c'était une grosse cote.

Inversement, le Stade rennais n'a pas bénéficié de la dynamique de la saison passée pour bien entamer celle-ci, enregistrant même une sévère défaite contre le rival régional, alors que la Route-de-Lorient avait pris des allures de forteresse en 2004-2005... À Marseille, il faut déjà déployer des trésors de rhétorique (et avec Diouf, Anigo et Fernandez, il y en a pour tous les goûts) afin d'écarter l'abominable spectre de la "crise".

Au deuxième rang, on note la présence de trois spécialistes du football-pourcentage qui ont déjà bien rentabilisé leurs deux premières sorties. Parmi les promus, c'est Troyes qui s'en sort le mieux en glanant deux points, tandis que Le Mans et Nancy mesurent les difficultés de l'élite, en dépit d'ambitions dans le jeu. L'entraîneur lorrain Pablo Correa a déjà cerné le piège: bien jouer, mais ne pas engranger.



La question à 600 millions
Bien jouer, justement... Cette saison, ce ne sera pas seulement une question de choix tactiques ou de talents individuels, mais une nécessité économique. Avec le milliard et demi d'euros lâchés par Canal+ pour obtenir le privilège de retransmettre le championnat, le spectacle est devenu un impératif commercial. Problème, comment décréter le spectacle? Des consignes ont-elles été passées aux entraîneurs pour qu'ils privilégient l'attaque? Les attaquants ont-ils suivi des stages d'efficacité devant le but? Les défenseurs ont-ils conscience qu'une moindre rigueur de leur part pourrait revaloriser la L1? Les équipes qui jouent le maintien vont-elles opter pour une belle mort en se lâchant la bride?
Tout cela étant peu probable, on peut s'attarder sur les premiers constats: des promus déjà en difficulté, seulement six victoires à domicile en deux journées pour 17 et 18 buts marqués, des scores étriqués… Ce n'est pas gagné. Et l'on entend déjà la voix du pragmatisme chez ceux qui doivent prématurément revoir à la baisse leurs ambitions dans le jeu: "Il nous faut trouver d'autres solutions de jeu, qui ne seront pas forcément plaisantes pour le public, car c'est dur de produire du jeu dans ce championnat", constate Érick Mombaerts (La Dépêche).



Incident dipOLmatique La saison a commencé par un gag. L'animation annonçant, sur le site de Canal+, la reprise du championnat et les premiers matches diffusés a en effet comporté une incrustation plutôt inattendue: un logo de l'OL pas franchement conforme, puisqu'il s'agissait de celui que nous avions réinterprété il y a deux ans dans l'article Olympique lyonnais 2003/2004, la fiche. Alors, erreur malencontreuse d'un stagiaire inattentif, ou pari interne du genre "Chiche que je mets ce logo et que personne ne s'en rend compte"? En tout cas, l'incident n'a pas été apprécié par tout le monde sur le forum de l'OL, où certains contributeurs ont conclu à une nouvelle preuve d'irrespect envers leur club préféré.



West side glory
On les avait laissés moribonds en mai dernier, sauvant leur tête lors de l'ultime journée de championnat. Après deux mois de pause, ils sont revenus en grande forme, squattant le podium de la L1 avec deux victoires en autant de rencontres disputées et une défense inviolée. À Nantes et Bordeaux, les sourires sont donc revenus. C'est que, dans les deux clubs, on n'en attendait pas tant... Du côté de Nantes, la révolution de palais intervenue à l'intersaison — le président Gripond a dû céder sa place — et un recrutement famélique (entre autres, un Bamogo déprimé par une mauvaise expérience à l'OM) laissaient croire à des débuts délicats. En Gironde, où l'on avait longtemps attendu Guy Lacombe comme nouvel entraîneur avant de finir par prendre un Ricardo dont le FC Sochaux ne voulait pas, le sentiment était un peu identique. D'autant que la venue d'une flopée de Sud-américains anonymes laissait augurer du pire...

Finalement, Nantais et Bordelais sont partis du bon pied... Chez les marine et blanc, les deux meilleures recrues pourraient bien être Darcheville, qui a presque fait oublier sa dernière saison en deux accélérations au Vélodrome, et Afanou, qui semble avoir retrouvé ses sensations pré-exil aux Emirats... À Nantes, on se dit peut-être que l'une des plus belles épopées du club, en 95, était intervenue peu après une crise assez similaire à celle qu'a connue la Jonelière ces derniers temps...
Cela dit, en bons chats échaudés, les dirigeants des deux clubs ne s'enflamment pas pour autant. Surtout du côté de la Gironde: car si les Canaris ont assommé Lens et Rennes, deux des bonnes équipes de ce championnat, les Bordelais n'ont finalement croqué qu'une équipe marseillaise entre deux tours d'Intertoto et un promu fatigué. Mais on doit quand même respirer dans les travées de la Beaujoire et de Lescure...



L'OM prend Lamouchi
Fidèle à sa tradition estivale de recyclage de Bleus, l'OM a cette fois opté pour le recrutement de l'un des six "exclus" du Mondial français au printemps 98: Sabri Lamouchi. Comme Liza l'an passé, l'ex-Monégasque présente pourtant quelques difficultés à s'adapter dans sa nouvelle équipe : un peu court physiquement, limité dans son apport au collectif, il pourrait démontrer rapidement, si son jeu ne s'améliore pas, que le club marseillais n'est décidément pas la meilleure maison de retraites pour anciennes "gloires" nationales. Même, si, pour l'heure, Lamouchi la joue habilement, n'hésitant jamais à user de l'autocritique pour qualifier ses prestations. À défaut d'assurer sur le terrain, il fait le travail devant les micros...




John est joli
Cette année encore, l'OL s'est vu railler à l'intersaison pour son incapacité à faire venir un attaquant de gros calibre dans son effectif. Après l'échec Morientes il y a deux ans, c'est le tchèque Baros qui a décliné l'invitation à découvrir les joies de la Ligue 1, ses stades champêtres et sa moyenne de buts affriolante. Qui plus est, l'OL n'est pas parvenu à recruter le prometteur attaquant bordelais Chamakh, malgré l'habitude girondine de brader ses bons joueurs en fin de saison. Beaucoup voyaient donc l'arrivée du Norvégien Carew, en provenance de l'obscur championnat turc, comme la preuve des difficultés lyonnaises à développer son attractivité à l'échelle européenne. D'autant que le joueur n'affiche pas des statistiques de renard des surfaces (son record est de 13 buts en une saison, la dernière à Besiktas).

Après deux journées de championnat, le géant nordique a pourtant déjà prouvé qu'il n'était pas un joueur de seconde zone : deux parties, deux buts, sans omettre le triplé inscrit contre Auxerre lors du Trophée des champions. Son apport au jeu reste encore perfectible, mais du point de vue de l'efficacité, il impressionne déjà. Les lyonnais pouvaient difficilement espérer mieux.



Le lion ne mord plus
Qu'espérer de bien quand on perd en deux ans les trois quarts de ses tripoteurs de ballon, et que l'entraîneur charismatique qui a assuré le renouveau du club en L1 est remplacé par un néophyte qui fut à deux doigts de couler Ajaccio il y a quelques mois? C'est probablement la question que se posent les supporters sochaliens après deux premiers matches ou l'équipe locale s'est inclinée à domicile, pointant à une peu flatteuse avant-dernière place au classement. Les Doubistes n'ont pourtant pas démérité, assurant deux honnêtes parties à Bonal, et ne s'inclinant que par la plus petite des marges à chaque fois. Mais c'est justement là la caractéristique des équipes besogneuses qui ne cessent de flirter avec la zone rouge tout au long des dix mois de compétition...