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Coldo3895 le 28/06/2005 à 10h10
Cher Raphaël... Je constate avec plaisir que tu as cessé de raconter que le sport français a 10 ans de retard... Ca a été long, mais apparemment tu es enfin convaincu.
Tu dis: "Le sport, l'expression sportive du corps se doivent de rester dans la sphère privée, donc à pratiquer en amateur".
Moi je dis que le sport "se doit" de rien du tout... Pourquoi veux-tu forcément imposer un rôle, une fonction, au sport ?...
Le sport professionnel est, de mon point de vue de supporter, un spectacle !!! Pourquoi n'y aurait-il pas des gens payés pour faire ce spectacle ?... Vas-tu aussi demander à ce que le théâtre ne soit qu'amateur ? Que les arts plastiques adoptent la démarche du bénévolat ?... Faut-il remplacer les grands concerts par le groupe de Mimile et ses Amis (amateurs bien sûr) sur la terrasse du Café des Boulistes ?
Tu n'es pas naïf au point de croire que sous prétexte qu'on en parle beaucoup en ce moment, l'obtention des JO est quelque chose dont les français rêvent jour et nuit, si ?
Moi j'espère que Paris aura les JO parce que... c'est joli !... c'est sympa !... On va bien s'amuser !...
J'ai d'excellents souvenirs de la Coupe du Monde 98 sur ce thème. De grandes discussions avec des supporters hollandais. De la traversée de Lyon, à pied, avec des supporters Danois.
Je suis complètement indifférent à l'aspect économique. Si ça fait du bien, tant mieux. Mais surtout, ça fait plaisir... Et ça c'est important.
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olerouge le 28/06/2005 à 13h41
+1 Coldo.
Effectivement, les Jeux, c'est du plaisir. J'ai eu la chance d'aller à Athènes l'an passé et à l'époque j'étais un peu réticent à l'idée d'accueillir les Jeux (le bordel, tout ça). T'es pas obligé de foncer dans tout le barnum. Tu peux aller voir des épreuves, admirer quelques athlètes faire des trucs assez sympa et prendre du plaisir. Le reste du temps, tu rencontres des gens que tu ne connais pas (des étrangers souvent). Le seul truc qui m'a gêné, c'est les 99% de blancs dans les tribunes. Si Paris 2012 pouvait se démerder pour que les plus pauvres de la planète puissent assister à des épreuves, rien que cela, ce serait pas mal.
Faut pas bouder son plaisir, les gars. Pour qui aime le spectacle sportif, les Jeux, c'est super sympa. Après, les aspects environnementaux, économiques, c'est comme pour le reste de la société, il y a des associations, des partis politiques, syndicats pour faire pression.
C'est la société qui corrompt le sport, certainement pas l'inverse.
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raphael-paris le 28/06/2005 à 13h57
Denis Grozdanovitch sur la tristesse du tennisman (toujours Senso).
" Un journaliste eut un jour l’étonnante inspiration de poser cette question surprenante à Borg, au cours d’une interview à laquelle j’assistai fortuitement dans les vestiaires : il lui demanda s’il lui arrivait d’être triste. Or le champion suédois - qui sortait tout juste d’un match acharné devant plusieurs milliers de spectateurs excités dans les tribunes -, la chemise trempée de sueur, commençant, assis sur l’un des bancs sous les porte-manteaux, de délacer ses chaussures de tennis avant d’aller prendre une douche, s’arrêta un instant, perplexe, et jeta un coup d’œil furtif à ce qui l’environnait : coéquipiers, masseurs, coaches, flatteurs empressés et curieux dans mon genre, sans compter la demi-douzaine de journalistes en attente, puis, apercevant sans doute au-delà, par les fenêtres ouvertes sur les allées, d’autres joueurs fébrilement affairés, la foule en train de circuler au coude à coude parmi les stands commerciaux, au milieu des appels incessants des hauts-parleurs, des relents de fritures et des bruits – consubstantiels aux stades d’aujourd’hui -, des boîtes de bière roulant sur les gradins et enfin, un peu à l’écart, les incontournables snobs tirés à quatre épingles, les officiels gravement pénétrés de leur importance, bref, paraissant réaliser un instant l’énorme foire qu’était devenu depuis quelques années le stade de la porte d’Auteuil au moment de son grand tournoi, le champion, d’un air un peu las et détournant la tête pour saisir sa serviette, répondit :
" Oui, cela m’arrive…
- Ah bon ! Et à quelle occasion ?
- Lorsque je songe aux matchs entre copains du petit club où j’ai débuté ! "
lien
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nidieunimaître le 28/06/2005 à 14h26
Réaction de anahuf - lundi 27 juin 2005 - 14h39
>>+1, moi, j'aime bien ce post. Anahuf explique clairement le problème de la diffusion de la connaissance scientifique (au sens large), mais il ne résoud rien... tu serais pas sociologue? :-)
Par contre, je trouve le texte maladroit et peu engageant (au moins aux 3 1ères lectures), ce qui est dommage car il essye de mettre en débat un champ de la société qui est rarement interrogé sur son rôle, son histoire, sa perception, son utilisation,...
L'utilisation récurrente de termes sociologiques (fait social total, techniques du corps, incorporation,...) le rend difficilement compréhensible, d'autant plus que derrière ces termes se cachent des concepts qui ont chacun fait l'objet d'une multitude d'études, de divergences. Je ne me place pas en grand érudit, et je perçois justement la difficulté à donner du sens à tous ce "jargon sociologique" puisque je comprends/connais certains des concepts utilisés et d'autres non. Et plus encore que l'ignorance de leur sens sociologique, c'est l'utilisation abusive qui en est faite dans les discours médiatiques ou pseudo-intelectuels qui fait qu'on croit les comprendre et qu'on trouve ce type de texte ridicule (enculage de mouche serait-il plus pertinent?).
Mais bon, je ne vais pas faire du "sous-anahuf", qui a expliqué bien mieux que moi ce que je pense.
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bebito le 28/06/2005 à 15h23
Je relance le débat de fond sur le texte du MCS.
Hier j’avais vertement attaqué les auteurs de ce texte et je suis arrivé a comprendre le passage suivant (j’ai la chance d’aimer la socio et de m’y etre intéressé un peu) :
« Que parler d’incorporation du système sportif n’est pas une simple métaphore. Les déterminations socio-sportives que nous intériorisons deviennent véritablement chair et sang. Le sport comme tout le social s’incarne en chaque individu et ses déterminations une fois incorporées jouent par rapport à notre façon d’être au monde le même rôle indispensable que nos os et nos tendons jouent dans notre locomotion. »
J’ai écrit que c’était une généralisation abusive, et bien, je trouve que c’est pire encore.
Voilà tout d’abord comment je comprend ce passage (en langage volontairement simple) : les gens (ouh la la, ça part fort !), les gens, disais-je, ont intériorisé la façon dont le sport nous apprend à nous comporter par rapport aux concurrents. Et cette façon de se comporter dans le sport (chercher à être le meilleur, battre l’autre, éliminer les plus faibles, sélectionner) va devenir une façon de se comporter en général, dans la vie courante (« être au monde »). Dans la vie courante, qui n’est pas censé être une piste d’athlétisme ou un terrain de foot, on va donc éliminer les plus faibles (pauvres, peu diplomés, précaires…), chercher à être le meilleur au détriment d’autrui, etc. Et on va adopter un telle attitude de façon extrêmement intense, naturelle et profonde. La structure même de notre comportement en société sera : compétition, élimination des faibles, etc.
Et bien cette idée, elle pue du cul ! (pardon la rédac’)
Critique en plusieurs points :
1.notons ici que les auteurs ne s’attardent que sur les valeurs « négatives » du sport, pas sur les valeurs « positives » (compétition, élimination des plus faibles, instinct grégaire de l’équipe VS. respect des règles, fair-play, vie de groupe, partage, solidarité etc.), sur lesquels on pourrait tenir le même discours mais dans un sens positif.
2. une généralisation abusive : sont-ils certains que c’est toujours le cas, qu’on va intégrer ces schémas négatifs ? Assurément, chez certains oui, chez certains non ; chez certains on sait pas. En tant que sociologues, ils savent mieux que quiconque qu’il est impossible d’être définitif sur les humains. Ils ont écrit « chaque individu ». Ils auraient mieux fait de parler de « des individus » ou bien d’une « tendance ».
3. comme je l’ai déjà ecrit, les valeurs et les motivations ne sont pas les mêmes (et en tant que sociologues ils devraient le savoir) entre les athlètes d’une finale de 100m aux JO, une bande de pote le dimanche midi à Vincennes, un kayakiste qui bosse dans une PME et prend ses WE et ses vacances pour s’entrainer, une équipe de poussins le samedi aprèm’ ou un simple jogger un soir de semaine.
4. c’est une vision un peu idéale de l’existence. Bien sur, il ne faut pas écraser son prochain, mais dans la vie, parfois, il faut se battre, parfois il faut être le meilleur, parfois on est en concurrence avec quelqu’un. Et je n’invente rien en disant ça. N’en déplaise aux politiquement corrects.
5. on sent finalement peu à peu apparaître l’idéologie qui se cache derrière cet argument. J’ai mis du temps, mais maintenant, je la vois avec venir ses gros sabots…à « Le sport, c’est l’ultra-libéralisme ». Ah, l’ultra-libéralisme, l’hydre nouvelle de l’imaginaire moderne ! Ce qui sous-tend l’idée des auteurs, c’est que donc le sport nous apprend ces valeurs qui font le bonheur du libéralisme (aussi nommé « ultra-libéralisme selon votre culture et votre niveau d’affinité avec la chose) : survie du plus fort (du plus rentable, du plus puissant), élimination du plus faible (du moins rentable, du plus couteux) ; compétition a tous les niveaux de la vie (dans tous les secteurs de l’économie).
On sent même une proximité embarrassante entre les discours de la gauche très à gauche et ceci. Burp !
6. Donc le sport est de droite. La boucle est bouclée.
Peu importe qu’il existe aussi des valeurs « positives » (qui, selon le même raisonnement, rendraient le sport de gauche, hahaha !). Peu importe que les auteurs oublient de nous expliquer par quels processus se font ces intégrations des déterminismes socio-sportifs. Parce que là pour le coup, si tant est qu’on soit asservi, on aurait un peu mieux compris comment. « Ah mais c’aurait été trop technique » Et leur texte à la fin , il est pas imbitable ??
Il était en fait essentiel de nous mettre sur cette voie idéologique.
Je suis toujours aussi peu convaincu….
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Big Peplum le 28/06/2005 à 16h06
Bon j'avoue que moi non plus j'ai pas vraiment compris le texte dans son intégralité mais bon qu'importe puisque le théme qui nous intéresse tous ce n'est pas de débatre du sport comme d'un "phénomène social total" mais de savoir si c'est une bonne chose que Paris organise les JO ou pas ....ou si tout soimplement on s'en contrefout (je ferais plutot partie de cette derniere catégorie meme si en 2012 je serais bien content de retrouver l'ambiance CM98).
Perso je vois plutot d'un bon oeil qu'on se porte candidat a l'organisation d'un tel évenement sportif, mais:
Ce qui me désole c'est que le sujet est une priorité nationale alors qu'on a d'autres choses plus graves a régler (comme le chomage par exemple).
Ce qui m'énerve aussi c'est le battage médiatique et le coté mobilisation nationale qui va avec ("soutenons les Jo Paris 2012", "soutenons Florence et Hussein"....). les journaux font de plus en plus appel aux émotions plutot qu'aux propos critiques et argumentés.
De plus ca m'irrite de plus en plus, lorsque l'on parle de "valeurs olympiques" ou meme de "valeurs" au sens large....thématique nébuleuse s'il en est.
enfin c'est quand meme un scandale que le seul projet porté par nos élites pour notre pays soit un projet sportif......à l'heure ou l'on coupe tous les budgets pour la recherche fondamentale (cad notre avenir), l'éducation....
Enfin bref, cet article a le mérite d'adopter un point de vue critique, à contre-courant du discours dominant, et le simple fait que certains s'opposent à la candidature parisienne est le signe que nous sommes toujours une démocratie.
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Alexis le 28/06/2005 à 16h41
Bebito,
ton poste soulève une question importante : celle de la définition du sport.
Non pas que le définir soit fondamental à notre quotidien d'observateurs/acteurs de ce monde. Mais dans le cadre de ce débat, précisément, il a son importance.
Le jogger du dimanche et le pro qui élimine les plus faibles dans un esprit de compétition n'ont pas la même démarche. Et pourtant, ils font du sport.
Et si l'on recherche une définition du sport, on ne trouvera pas deux sociologues qui en font la même : l'un parlera d'activités corporelles, un autre de compétition, un autre encore d'haviletés techniques, ou parfois même on tombera sur l'idée de spectacle, etc...
Les sociologues sont donc d'accord pour parler de "polycémie" de la notion de "sport".
Et selon que l'on définit le sport comme un activité de loisir ou comme le royaume de la compétition, figure de lance du capitalisme moderne, on sera pour ou contre ces JO.
Cependant, on peut aimer pratiquer le sport loisir et observer la compétition tout à la fois. Et c'est là que les auteurs du MCS se plantent. Je pense donc que bebito a raison de faire le paralèlle avec la politique à propos du texte : d'un côté la gauche qui milite pour un sport associatif pur et de l'autre les capitalistes qui prônent la compétition.
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Cheyenne le 28/06/2005 à 16h57
Je ne sais plus qui avait pondu une définition du sport un peu sous la forme de celle de la science par Popper.
Il y avait 3 conditions qu'un fait (forcément social évidemment) devait remplir pour être un sport. Bien sûr je ne me souviens que d'une seule, c'est la notion de compétition.
Faire du jogg avec son clebs c'est certes une activité physique mais ce n'est pas du sport. C'est la compétition qui donne une dimension nouvelle à une activité physique.
En ce sens, on peut dire que le MCS cadre bien son intervention.
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Alexis le 28/06/2005 à 17h04
Cheyenne,
le problème de la définition du sport, c'est qu'elle est souvent très personnelle. Tout le monde n'y glisse pas la notion de compétition.
Ex : aujourd'hui le surf est considéré comme un sport à part entière. Mais à son apparition, les compétition n'existaient pas. N'était-il donc pas un sport ?
Et le jogging, c'est sport selon le critère compétition. Certains font le marathon (ou autres distances).
Sinon, on dit que ceux qui se tapent 50 bornes de vélo à vive allure tous les w-e ne font jamais de sport, car ils pratiquent le vélo hors-organisation.
Donc voilà toute la difficulté de cette définition : on navigue toujours sur une corde raide (j'aime bien le mélange d'expressions).
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bebito le 28/06/2005 à 17h06
"d'un côté la gauche qui milite pour un sport associatif pur et de l'autre les capitalistes qui prônent la compétition."
=> ce n'était ni le but de mon intervention ni mon opinion, ça fait un peu simpliste, mais bon...
"Faire du jogg avec son clebs c'est certes une activité physique mais ce n'est pas du sport. C'est la compétition qui donne une dimension nouvelle à une activité physique."
=> ne parle-t-on pas justement de "sport" et de "sport de competition"? On pourrait alors dire que faire mon jogging tout seul, c'est du sport, et en compétition, c'est du "sport de compétition".
Non?