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Un couteau dans la manche

Les armes sont fourbies depuis longtemps, elles dépassent désormais des manteaux. L'heure de la revanche est peut-être venue pour les fines lames de la presse sportive, impatientes de découper le cadavre de l'équipe de France après quatre années d'un odieux diktat leur interdisant de la critiquer…
Auteur : Jamel Attal le 3 Juin 2002

 

Une élimination prématurée des Bleus, si elle coûterait très cher à nos médias sportifs, serait une aubaine inespérée pour les revanchards de 98, qui rongent leur frein en silence depuis quatre ans. On ressent déjà la jubilation de certains journalistes, qui n'attendent même pas la confirmation de la Bérézina pour y aller de leur verdict et désigner les coupables. Quel métier facile.

Prêt à charger
L'immense Didier Roustan (son esprit est inversement proportionnel à l'idée qu'il s'en fait — voir Roustan n'a pas changé) critique le programme des Bleus ces deux dernières saisons, ressort les dossiers des déplacement au Chili et en Australie, affirme que le match contre la Belgique était une erreur, de même que celui contre la Corée, de même que faire jouer cette rencontre à Zidane. Il "plaisante à moitié" sur le calendrier obstétrical peu judicieux de sa femme. Quoi d'autre? Le groupe est trop vieux. Les Sénégalais n'ont pas été pris au sérieux, évidemment... L'avantage d'une défaite, c'est que toutes les raisons sont bonnes pour l'expliquer, que toutes les accusations fonctionnent (alors que la victoire est le fruit de la chance, c'est bien connu). Le Roustan va même jusqu'à dire que "ce n'est pas parce que l'on gagne que l'on est dans le vrai" (ce qui sous-entend que les titres de 98 et 2000 ne signifient rien) et pousse l'hypocrisie jusqu'à dire qu'il ne fera pas partie de ceux qui s'acharneraient sur les Bleus en cas d'élimination au premier tour.

Pierre Menès (L'Equipe) et Karim Nedjari (Le Parisien / Aujourd'hui), par exemple, pulvérisent de l'huile sur le feu, s'engouffrant dans les brèches d'une bulle décidément plus du tout étanche. La technique est immémoriale et fait partie du bagage de base du journaliste sportif (voir l'opus n°3 du journalisme sportif en 12 leçons). Elle consiste à se saisir des tensions potentielles, de recueillir des confidences potentiellement polémiques, à les instiller dans les articles pour qu'elles soient relayées au sein du groupe, donnant lieu à de nouvelles confidences. Très vite, la discorde peut s'immiscer et accentuer la crise interne (pour une raison qui nous échappent, le journaliste sportif semble voué à prouver par tous les moyens qu'il peut avoir une influence — négative — sur le résultat sportif). De cela aussi on croyait les Bleus préservés… Mais c'est fou ce que les choses ont changé en quatre ans. Joueurs, journalistes et sponsors baguenaudent dans le même hôtel, l'interdiction de négocier les transferts ou de collaborer avec un média quelconque a volé en éclat. Passons.

Le plus intéressant à observer est Vincent Duluc, seul rescapé encore visible du quarteron de sous-lieutenants qui avaient voulu la peau de Jacquet (Bureau, Ejnès, Urbini), misant alors sur la probabilité objectivement faible que l'équipe de France emporte le titre et prenant leur opinion personnelle pour une vérité révélée (voir Jacquet, L'Equipe et nous…). Ayant déjà dû ravaler ses espoirs de retour de bâton à l'Euro 2000, Duluc n'a eu de cesse d'entamer des mini-procès à chaque épisode délicat (comme les déplacements "diplomatiques" de la sélection), dans l'attente du déclenchement d'une vraie polémique. Quelques-unes sont tombées à l'eau (Cissé a été sélectionné par exemple), d'autres n'ont simplement pas eu lieu, comme sur la liste des 23 (en 2000 comme en 2002, voir 23 Bleus et pas vraiment de polémiques). Mais l'instruction est close avant même le crime, et présage un retentissant procès aux assises, dont le procureur, responsable football du seul quotidien sportif de France, est tout désigné. C'est d'autant plus regrettable que son talent d'analyste du jeu et son style pourraient mieux s'employer.

Même Eric Cantona, qui n'est pas journaliste mais qui est aussi une victime de cette équipe de France, ne manque pas l'occasion de fustiger dans la presse anglaise cette équipe de France sans talent (sauf Trezeguet, Henry, Zidane et Barthez!), affublée d'une défense calamiteuse. Le King Con émarge lui aussi au club des revanchards, aux côtés d'une profession qu'il fait pourtant profession de détester.


Une presse sportive odieusement muselée
Pour tâcher de comprendre les raisons de cette malveillance chronique, il faut cependant tâcher de dépasser le contentieux Jacquet-L'Equipe, qui ne concerne pas tous les journalistes en question. Mais c'est encore Vincent Duluc qui exprime le mieux les raisons de cette vindicte longtemps couvée. Se confiant au journal anglais The Independent, le 10 mars dernier, il s'est en effet laissé aller à quelques confidences prohibées de ce côté-ci de la Manche. Passons sur l'invocation de la chance éhontée dont on eu besoin les Bleus pour conquérir leurs deux titres, qui est l'argument le plus systématiquement invoqué (et le plus infantile) pour discréditer ces exploits (de L'Equipe aux Guignols en passant par Jean-Patrick Sacdefiel). Il ne trahit pourtant que l'aigreur de ceux qui l'invoquent. Mais le cœur du problème se situe selon eux dans l'immunité totale dont bénéficient les Bleus, dans la loi du silence imposée aux médias. L'article du quotidien londonien voulait faire un peu de scandale autour des choix de Roger Lemerre — qui méprise des joueurs méritant indubitablement la sélection (comme Cygan, Gallas, Malbranque, Robert, Kanouté, Darcheville, Dacourt ou Lamouchi) — et il a trouvé à qui parler.
"C'est vrai qu'il y a un phénomène d'élitisme, mais on ne peut rien y faire. Comment critiquer les champions du monde et d'Europe? On a tous trop peur". >
La terrible vérité est tombée, c'est une chape de plomb stalinienne qui jugule la liberté de la presse sportive, obligée de louer les qualités d'une équipe championne du monde et d'Europe, sous la menace de terribles représailles.

En déplorant l'unanimité (à mots couverts, car chat échaudé boit l'eau tiède), ces leaders d'opinion du microcosme footballistique soulignent en fait leur propre indigence, faisant eux-mêmes le constat de leur incapacité à trouver une troisième voie entre la malveillance et l'adoration, à tenir un discours critique équilibré, argumenté et dédramatisé, nous laissant seuls entre TF1 et L'Equipe dans un désert d'amour et d'humour (on dirait du Catherine Lara, mais il y a du vrai). Si les motivations, la teneur, et les méthodes de leur exercice critique n'avaient pas été aussi déplorables en 1998, ils ne seraient probablement pas dans cette impasse aujourd'hui. Et malheureusement, ils ne s'en sortiront qu'en recommençant. Enfin, ne leur faites surtout pas remarquer qu'ils n'emploient qu'avec parcimonie leur sens de l'investigation et leur intransigeance dans d'autres domaines comme le dopage ou le business, ça les énerve.


On conclura simplement en espérant qu'ils ont une nouvelle fois été imprudents et devront remballer leurs arsenaux, ou au moins attendre le plus tard possible…

Réactions

  • marco le 05/06/2002 à 07h07
    le rasage de tête harvest, ok, mais ce serait pas plutôt toi qui userait de la tondeuse ?

  • harvest le 05/06/2002 à 13h28
    Non , marco , relis mes posts depuis deux ans : j'ai toujours été dans la Ré lien fait longtemps que je ballade la tête à roger sur une ( des ) pique(s).

La revue des Cahiers du football