Les ressources inhumaines de l'OM
Fin septembre dernier, nous dressions le bilan de sept saisons de recrutement depuis 1990/2000, soulignant notamment que si l'équipe dirigeante actuelle était parvenue à réduire l'effectif au cours de l'été, elle avait encore échoué à établir une continuité avec la saison précédente. Chacun interprétera les ajustements de ce mercato (arrivées de Bonnissel, Maoulida, Pagis et Civelli) à l'aune de ces innombrables mouvements de personnel au cours des dernières années…
On s’échine depuis des années à décortiquer les nombreuses raisons au mal chronique qui rend chaque nouvelle saison de l’OM un peu plus burlesque que la précédente. Et si l’on insiste plus souvent sur les innombrables changements d’entraîneurs, il est temps de se pencher sur une autre partie du problème: les transferts.
Il suffit d’une étude sommaire pour se rendre compte que la cellule de recrutement marseillaise est cancéreuse, et que ses métastases se répandent dans le club tout entier — à l'image d'un organigramme d'armée mexicaine.
Loterie sans gros lot
En recherchant les joueurs passés par la commanderie depuis 2000, et aujourd’hui partis, on arrive à un constat effarant: pas moins de 119 (une fois écartés les jeunes du centre dont le premier contrat pro n’a pas été suivi de titularisations régulières) ont traîné leur crampons sur les pelouses du Vélodrome en un peu plus de cinq ans. De quoi aligner dix équipes complètes. (cf. liste ci-dessous). On y découvre une galerie de personnages variés, allant de l’illustre ancien tentant de se relancer au futur espoir qui a vu sa carrière se briser sur les rochers des calanques. On y trouve surtout une ribambelle de joueurs venus de pays exotiques, présentés à leur arrivée comme le futur Papin / Waddle / Boli (rayez la mention inutile) et qui s’avérèrent n’être que des Bakayoko conjugués au présent. Le volume donne une idée de l’absence de travail derrière chacun des recrutements, sorte de loterie où l’on espère tirer le gros lot une fois de temps en temps. Le hic, c’est que lorsque l’OM est tombé sur la perle rare, elle s’est débrouillée pour se la faire chiper avant de pouvoir en profiter. Le dernier Chelsea-Arsenal voyait ainsi s’opposer cinq anciens Marseillais: Gallas, Makelele, Drogba, Pires et Flamini. On constate aussi que de nombreux anciens pensionnaires de la Commanderie, en perdition lors de leur séjour marseillais, ont retrouvé un niveau de jeu et une valeur marchande sous d’autres cieux...
Recommandations fumeuses
Il y a une raison principale à cette pathologie: le recrutement marseillais est confié à des amateurs, les directions qui se sont succédé préférant le plus souvent un clientélisme historique en faisant appel à d’anciennes gloires (Skoblar, Mozer) qui doivent probablement y trouver leur compte. Cette année, c’est l’inénarrable José Anigo qui s’y colle, même si son seul fait d’armes en la matière est d’avoir sorti Matthieu Flamini du centre de formation. Les histoires de recrutements décidés après une recommandation fumeuse ou le simple visionnage d’une cassette sont légion, pendant qu’un Bernard Lacombe accumule les miles en passant toutes ses vacances entre le Brésil et Tola-Vologe. On a parfois l’impression que c’est le «Spécial transferts» de France Football qui dicte les priorités annuelles... Et si le club affirme toujours avec fierté que «n’importe qui ne peut pas réussir à Marseille», on se demande pourquoi n’importe qui y signe. Il est impossible de réaliser une véritable balance des transferts, les montants d’achat et de vente n’étant pas systématiquement divulgués. Pour la santé des supporters, il vaut peut-être mieux.
Cette saison, le club a enfin réussi à ramener son effectif à un volume décent (27 joueurs). Mais avec 13 arrivées (dont 3 retours de prêt) pour 15 départs, on serait bien en peine de trouver trace de la «continuité» éternellement promise par les dirigeants — cet été comme les précédents. Et à l'image de ses devanciers, Jean Fernandez est obligé de composer avec la rhétorique de la reconstruction. Faire et défaire, sur l'éternel chantier marseillais, est-ce toujours travailler?
Revue d'effectif 1999 / 2005 Joueurs passés par l'OM (arrivés et repartis) au cours de cette période *
• 9 gardiens
Arphexad, Gavanon, Gentile, Grégorini, Köpke, Lemasson, Porato, Runje, Trévisan.
• 41 défenseurs
Abardonado, Berrizzo, L. Blanc, S. Blanc, Blondeau, Z. Camara, Christanval, Colleter, Coulibaly, Cyprien, Decroix, Diatta, Dimas, Domoraud, Dos Santos, Dumas, Ecker, Edson, Fernandes, Fischer, Gallas, Issa, Jambay, Jurietti, Laurenti, Leboeuf, Leo, Lizarazu, Marquet, Martin, Martini, N’Gotty, Pérez, Reina, Ribault, Rool, Skacel, Sommeil, Torrisi, Tuzzio, Van Buyten, Yobo.
• 39 milieux
Adriano, André Luis, Ba, Battles, Belmadi, Bernardi, Brando, Brunel, Camus, Celestini, Cheyrou, Costa, S. Dalmat, W. Dalmat, De la Pena, Fiorèse, Flamini, Gourvenec, Guel, Hemdani, Ingesson, Johansen, Keita, Leroy, Luccin, Marsiglia, Marcelinho, Meriem, N’Diaye, Pedretti, Pirès, Racon, Rivera, Roy, Stankovic, Swierczewski, Teixeira, Vachousek, Yayahoui.
• 30 attaquants
Alfonso, Bakayoko, Bamogo, Barry, Calandria, Titi Camara, Cavens, Chapuis, Dahou, G. Deschamps, Diawara, Dill, Drogba, Dugarry, Fernandao, Gafour, Luyindula, Marlet, Maurice, Mido, Montenegro, Moses, Mouret, Nouma, Pouget, Ravanelli, Sakho, Skoro, Sytchev, Weah.
* Mercato d'hiver 2006 non inclus.