Bauer, tour de stade
La petite enceinte de Saint-Ouen a rouvert, presque inchangée et portant toujours la trace d'un passé glorieux et modeste à la fois. Visite multimédia de ce stade singulier, et premier épisode d'un guide qui nous mènera peut-être au Camp Nou…
Le Stade Bauer est presque autant parisien que Banlieusard. Sis à quelques arpents de la Porte de Clignancourt, au pied des toutes dernières pentes de Montmartre, il faut traverser les puces du même nom pour y accéder. Depuis la tribune latérale, on voit même dépasser le Sacré-Cœur. C'est paradoxalement le stade de tous les records. Le record des plus petits guichets du monde, 30 cm2 de vitre opaque percée de trous. Il y en a deux comme ça. Le record aussi de la tribune la plus confortable du monde, puisque les habitants de l'immeuble qui se dresse juste derrière les buts bénéficient d'une vue imprenable (aux étages les plus hauts, on surplombe le terrain selon un angle qui ne doit exister nulle part ailleurs). Le loyer est compris dans l'abonnement.
La rénovation financée par la Mairie n'est pas très spectaculaire, le stade ayant conservé cette physionomie si particulière. Il s'agissait surtout de le remettre aux normes et d'avoir l'accord de la commission de sécurité. Une latérale est d'ailleurs complètement fermée et il lui manque encore une partie de sa couverture, arrachée en décembre 99 par la tempête. L'autre a toujours ce toit pointu, ces frêles structures métalliques et son aspect hétéroclite, et la plupart de ses gradins sont toujours coulés dans le béton. Les photos des années cinquante les montrent presque telles quelles.
Les escaliers extérieurs qui y conduisent donnent l'impression de mener à une grange. La tribune "moderne", construite le long de la rue du Docteur Bauer à la fin des années 70 et qui abrite les vestiaires et les bureaux, est la plus visiblement rafraîchie. Le temps semble quand même s'être arrêté puisqu'il s'agit de gradins debout. Un regard circulaire donne d'ailleurs l'impression que toutes les époques se percutent autour de la pelouse. L'ambiance Le match était forcément de gala. C'est en effet non moins que Jean-Luc Lahaye qui vient en donner le coup d'envoi, ce qui explique l'insistance avec laquelle la sono repassait la chanson "Femme", relativement hors de propos.
Les vraies gloires ne meurent jamais. |
L'ambiance, malgré un public clairsemé, est un peu délétère. Lors de la minute de silence en mémoire de Serge Besnard, ancien joueur décédé, des cris s'élèvent contre l'actuelle direction du club. Autre scène tragi-comique, un dirigeant vient arracher une frêle banderole en papier "De D2 en CFA, quel gâchis!". En revanche, une autre bâche (de petite dimension mais de facture professionnelle), accrochée anonymement sur un autre grillage était épargnée. Elle proclamait "Valck dehors" et était signée "les vrais supporters". Gérard Valck est le chef de file du front anti-Jean-Claude Bras (voir Que reste-t-il du Red Star?). Le public rassemble des extrêmes, avec d'un côté les vieux supporters et de l'autre les petits et grands frères des jeunes générations. Ceux qui sont sur la pelouse leur ressemblent.
Les toilettes sont à l'image du club, modestes et intimes, loin de celles de Lyon ou du Stade de France. |
FICHE PRATIQUE
Stade Bauer, 92 rue du Docteur Bauer 93400 Saint-Ouen. Le Docteur Bauer était un résistant fusillé en 1942. Accès Métro porte de Clignancourt (ligne 4) ou Mairie de Saint-Ouen (ligne 13). Bus Ligne 166 ou 255, arrêt Michelet-Docteur Bauer. La facture du spectateur Prix du billet : gratuit. Consommations : café 1€ ; soda 2€ ; barres chocolatées 1€. Pour toute consommation, le livre "Red Star, histoire d'une siècle" (valeur 20€) offert. La facture est donc exceptionnellement à l'avantage du spectateur, qui pouvait également participer au pot organisé après le match s'il était allé retirer une invitation à la Mairie de Saint-Ouen. Il pouvait même choisir sa tribune. Et en plus, l'accueil à la buvette est chaleureux. Site officiel www.redstar.fr. Il est animé par l'ancien joueur du Red Star et du Stade rennais Daniel Rodighiero.