Le saut de l'ange
Il y a une sorte de micro-feuilleton Christanval dans les Cahiers, depuis le moment où un article de Jamel souligna le caractère programmé et protégé (16/05/2000) de la carrière du Monégasque, produit estampillé DTN, doté d'un "coach média" par son équipementier qui lui assura un peu de figuration dans de prestigieux spots publicitaires. La saison qui s'achève a égrené une série de signes alarmants et mis un coup d'arrêt à ce programme un peu trop parfait, mais il sera peut-être bénéfique au joueur. Alors que le naufrage monégasque l'entraînait dans un anonymat dont il ne fût sorti que pour souligner ses lacunes, des blessures opportunes justifiait ses absences dans un groupe des Bleus auquel il avait auparavant un accès très privilégié. Comme un symbole, l'émergence de Silvestre en défense centrale a également grevé ses chances de figurer parmi les 22 pour la Corée.
Cette parenthèse n'a apparemment pas affecté sa cote, puisque que le club catalan s'en porte acquéreur comme s'il était encore ce futur grand international unanimement décrit. L'ex-espoir prend un risque plus considérable en partant dans un club en pleine tourmente (de graves accusations de corruption ont été portées par des dirigeants démissionnaires), et surtout qui s'est fait une spécialité de "casser" les carrières de tous les joueurs français qui y ont séjourné, de Dugarry à Dutruel en passant par Blanc et Petit. Si le Barça n'a pas eu la lucidité de mesurer la valeur d'un joueur comme notre Président, à quelle sauce pourra-t-il bien manger le "petit" Christanval? Mais comme en football les certitudes sont très relatives, on peut toujours imaginer que ce dernier trouvera là l'occasion de relancer sa trajectoire et de faire la preuve de ses réelles qualités. On aura pour mesurer la réussite de ce pari un indicateur objectif: sa présence ou non dans le groupe de Lemerre en juin prochain…

Transferts et contre tout
Les transactions récentes ayant quelque peu démenti le pronostic d'un marché des transferts anesthésié par l'attente de la réforme, force est de constater que l'approche de cette échéance a plutôt accéléré les mouvements, en France comme en Europe où les dizaines de millions ont été alignés presque comme à l'habitude. Les clubs peuvent estimer que les investissements, s'agissant de compléter leur effectif avec des pointures, se justifient sur le plan sportif malgré la perspective de moins-value à la revente. Thuram ou Veron valent bien le montant de ces chèques si un titre majeur est au bout. Les clubs espèrent peut-être que la période de transition prochainement instaurée par la FIFA permettra aux contrats signés avant le nouveau règlement d'être encore régi par l'ancien système. Les départs de ces joueurs seraient donc encore monnayables...

Brazil (VF)
Dans notre championnat, si Carrière, le fil rouge de l'intersaison, est resté en place jusqu'à présent, l'évolution du contingent brésilien a produit quelques sensations.
Le PSG a eu l'excellente idée de cueillir Aloisio, sur le plan sportif du moins, car avec l'épée de Damoclès d'une interdiction de territoire, le pari est risqué et le club de la capitale pourrait se retrouver dans quelques mois avec un nouvel imbroglio sur les bras. L'OM avait un instant envisagé de reconstituer le duo brésilien de Saint-Étienne, mais Tapie doit s'estimer paré avec Van Buyten, le Belge le plus cher de l'histoire, et surtout Jardel, premier gros coup du responsable sportif marseillais. Voilà en tout cas qui amène une vraie star dans nos stades.
De leur côté, les dirigeants bordelais n'ont pas attendu l'automne pour trouver un remplaçant avantageux à Laslandes. Après une saison à l'aune de celle de son club, Christian aura à cœur de reprendre le cours d'une intégration initialement prometteuse dans le championnat français. Pauleta-Christian : pas mal.
Enfin, impossible de ne pas mentionner Juninho, recrue très attendue de l'OL, non seulement pour ses qualités sportives supposées, mais aussi en raison des liens de cause à effet complexes qui régissent certains mouvements de joueurs. On en revient donc à Carrière, puisque si le recrutement du Brésilien amoindrissait les chances de venue du Nantais, le départ de Dhorasoo à l'Inter de Milan ouvre à nouveau la porte. Problème : les dirigeants lyonnais lorgnent vers Zenden, l'international batave du FC Barcelone. La situation de Carrière est finalement assez étrange. En toute logique, les offres devraient affluer, mais, seuls des Lyonnais chipoteurs se sont officiellement manifestés. Les hésitations de ces derniers profiteront-ils à un concurrent, ou le champion de France s'est déjà préparé à rester à Nantes?

Losc in Space
Pendant ce temps, le LOSC augmente son budget recrutement, apprend-on. Il était temps, vu qu'il n'y a pas eu de transfert vers le club. Une certaine stupeur semble régner à Lille, où certains cas délicats ne sont pas réglés, et où le silence d'Halilhodzic devient inquiétant. Mais gare aux conclusions hâtives : l'an passé, coach Vahid annonçait que son équipe n'était pas prête, suggérant que la relégation serait fatale. Et tout le monde était disposé à le croire.

Tous les (mauvais) garçons s'appellent Patrick
Difficile de dire si le mini-scandale Vieira qui s'est déclenché en Angleterre est le fait du joueur lui-même, de son agent ou de la presse britannique. Les déclarations du Gunner qui se voudrait ex-Gunner ne sont qu'une compilation de phrases éparses, visiblement déformées, mais elles n'ont pas été démenties et il se pourrait bien qu'un nouveau bras de fer soit entamé entre un footballeur d'Arsenal et ses dirigeants, sous l'égide d'un "agent" non agréé par la FIFA qui avait déjà "conseille" Anelka en 1999 : Marc Roger.
Les demi-échecs sportifs répétés du club de Londres donnent des motifs sportifs à ce départ (pressenti au moment où l'ex-Cannois avait exprimé sa déception devant une nouvelle saison vierge), mais Vieira joue ainsi avec son image, qu'il a excellente à Highbury et alentour. En brisant cette aura consensuelle, il entre dans une phase dangereuse de sa carrière, qui rencontre simultanément une très forte consécration. À un an d'un Mondial qui doit justement parachever cette évolution, Vieira doit calculer les risques pris. On sait qu'une saison à Arsenal est un stage idéal de préparation à une compétition des Bleus…