Spirale de la régression
Enfin un prix dégressif pour les footballeurs dont la cote s'effondre! Désignez la chute la plus spectaculaire de la saison...
le 15 Juin 2007
Véritable tourbillon capable d’aspirer les footballeurs vers les tréfonds du classement des étoiles de France Football, la Spirale de la régression guette plus facilement les bons joueurs que les mauvais qui, c’est mécanique, ont moins de marge pour s’enfoncer. Peu importe que la chute soit longue et lente, à l’image de la carrière du joueur, ou bien soudaine au point de voir un joueur totalement disparaître en quelques matches: c’est bien l’amplitude de l’effondrement qu’il s’agit ici de mesurer. Comme pour le Ballon d’Or, les attaquant se retrouvent naturellement plus exposés à une nomination que les défenseurs, entre autres parce que les baisses de régime drastiques de ces derniers sont moins fréquentes et moins visibles.
Comme son homologue progressive, la Spirale de la régression – une sorte de prix dégressif – menace les joueurs au moindre transfert, à la moindre baisse de régime collective, à la moindre blessure. Et si certains des candidats au trophée 2007 semblent déjà prêts à remonter la pente dès la saison prochaine, la Spirale est également susceptible de récompenser un parcours entamé bien en amont, une sorte d’aboutissement au bout du chemin de la lose.
Vous pouvez d'ores et déjà voter pour les Spirales des Cahiers 2006-2007, ou attendre que tous les lauréats vous aient été présentés sur nos pages. Autre solution: le sondage grandeur nature sur eurosport.fr. Notez que les lauréats seront exclusivement désignés par le scrutin en ligne des Cahiers du foot...
Daniel Moreira
Moreira, c’est l’histoire d’une régression lente, inéluctable mais tellement naturelle, finalement. Sérieux espoir à Guingamp, pilier à Lens, il fut encore un rouage important au TFC, bien que déjà en-deçà de ses capacités. Cette saison, il pensait avoir plus de chances d’aller en Ligue des champions en quittant Toulouse pour Rennes (comment lui en vouloir?), d’autant que son jeu en profondeur se prêtait bien au style recroquevillé des Bretons. Las, inefficace, il est peu à peu écarté du onze, au profit de Jimmy Briand, d’un Utaka revenu en grâce, voire de l’improbable Moussa Sow.
Au final, titulaire dix-sept fois seulement, il réussit le tour de force de terminer à zéro but – moins que Rool, Guillon ou Oliech… Qu’est devenue la pointe virevoltante de Bollaert? Surtout, qui se souvient qu’avant la spirale spectaculaire de sa régression, Daniel Moreira fut sélectionné trois fois en équipe de France, excitant la vindicte de Nicolas Anelka?
Atout : on sent bien qu’à la fin de la saison, Dréossi aurait fait jouer n’importe qui à sa place, même Revault avec le numéro neuf.
Faiblesse : parmi les attaquants bretons placardisés, Fiorèse a quand même beaucoup plus une tête à claques.
Peter Odemwingie
Peut-on imaginer plus fulgurante régression que celle du Nigérian? Il avait terminé la saison précédente sur les talons de Pauleta au classement des buteurs, avec quatorze unités, bien qu’ayant été longtemps remplaçant au LOSC. Il a débuté l’année en beauté, enquillant les buts et faisant étalage de sa technique, son sang-froid et son jeu de tête. Mais soudain, il s’enraye et dès l’automne, il ne marque plus, s’agace, joue "perso". L’intransigeant Puel lui préfère de plus en plus souvent Fauvergue, Mirallas, et même Youla – qu’il trouve pourtant fainéant. Au final, en jouant plus de matches que la saison précédente, et en étant le titulaire initial en attaque, Odemwingie n’aura inscrit que cinq buts. Pire il les a inscrits entre la 2e et la 5e journée, (dont trois dans le même match), puis rideau. Enfin, son but à l’aller contre Manchester, qui aurait fait de lui un héros à Lille, fut refusé pour une poussette discutable. Quand ça veut pas…
Atout : quintessence de la régression accélérée, il perpétue le lignage de Moussilou ou Bakari à la pointe du LOSC.
Faiblesse : on peut attendre un an et voter pour Fauvergue.
David Hellebuyck
La carrière de David tenait pourtant de la résurrection: membre du club des laissés pour compte de l'impitoyable centre de formation de l'OL, il parvient à rebondir après de difficiles passages à Guingamp et Lausanne, en rejoignant, revanchard, une AS Saint-Étienne dont il accompagne le renouveau et dont il devient un des piliers de la remontée. Mieux: il reste un titulaire incontestable en Ligue 1 avec 37 et 35 matches disputés lors des deux premières saisons des Verts dans l'élite.
Las, il dilapide ce crédit laborieusement accumulé en un seul transfert vers le PSG. Pris dans les remous de la crise locale, cet introverti bien mal calibré pour les turpitudes du club de la capitale ne s'impose ni aux yeux de Lacombe, ni à ceux de Le Guen et les bouts de match qu'il dispute ne l'aident en rien pour se relancer. Son pied gauche qui faisait merveille dans le Forez ne brille plus et sa polyvalence n'est plus un atout. Le voilà revenu à la case départ: sur la liste des transferts.
Atout : quelque part, il représente tous les joueurs qui ont mis involontairement un terme à leur carrière en signant à Paris.
Faiblesse : il n'a même pas fait d'esclandre quand on l'a aligné en CFA.
Johan Micoud
Recruté l’été dernier à prix d’or par les Girondins pour donner un peu de maestria offensive à une formation qui en manquait cruellement, l’ex-meneur du Werder – qui symbolisait l'incapacité de la France à reconnaître ses authentiques génies – a commis une saison totalement transparente. Réputé pour servir le caviar à la louche à ses attaquants, il leur a plutôt donné du casse-croûte, animant ainsi la pire attaque des équipes de la première moitié de tableau. Seule consolation: un début de reconversion au poste de milieu défensif qui lui a permis de rehausser sa moyenne. Mais le débat reste ouvert: Micoud a-t-il été victime de l'oppression tactique qui caractérise notre championnat et brime les techniciens de son genre, ou bien le niveau de la Bundesliga est-il aussi surestimé que celui du Cantona maigre? Sans trancher la question, on peut s'amuser du fait que certains voyaient encore récemment en lui une alternative à Zidane chez les Bleus…
Atout : il s’est parfaitement intégré à l’esprit de son "nouveau" club
Faiblesse : ceux qui le suivent depuis longtemps savent qu’il n’a pas chuté de si haut.
Gaël Givet
Déjà en perte de vitesse la saison passée, le défenseur monégasque avait rempilé au sein d'une ASM forcément en crise, laissant son compère Sébastien Squillaci réussir son transfert à Lyon. Pilier de la reconstruction des Bleus sous Domenech I, sa dernière sélection remontre à août dernier, pour trente minutes contre la Bosnie. La précédent avait eu lieu... en novembre 2005 contre le Costa Rica. À Monaco, il n'a pas perdu sa place de titulaire ni son brassard de capitaine, mais ses performances individuelles ont été conformes au début de saison calamiteux de son club. Et comme le garçon tenait à assumer ses responsabilités, c'est lui qui se pointait devant les caméras, la mine défaite et le poil hirsute, pour assumer la débâcle. Déjà que sa réputation de défenseur bourrin pesait plus lourd que son irréprochable engagement sur les terrains, cette saison a aggravé la décote d'un joueur qui, il y a trois ans, disputait la finale de la Ligue des champions...
Atout : son excuse de la fatigue accumulée à cause du dernier Mondial se retourne contre lui.
Faiblesse : avec son look de Trifon, Ivanov en plus joli, il reste éminemment sympathique.