En deux journées, l'OL a glané six points et porté son avance à quatorze unités... Seuls les Girondins, deux fois vainqueurs eux aussi, ont maintenu leur propre écart avec le leader, s'adjugeant une seconde place qui joue toute seul à la chaise musicale. L'AJA, le PSG, le LOSC et l'OM ont fait ce qu'ils ont pu en n'engrangeant que trois points – qui ont cependant suffi à les laisser placés dans la course à l'Europe, décrochant légèrement des Lensois décidément trop friables pour confirmer des qualités intermittentes (deux défaites) et des Stéphanois dont le match contre Toulouse a été remis pour cause de patinage peu artistique.
Derrière, l'ASM se fait rejoindre par le Stade rennais et talonner par les Manceaux, lesquels gardent une victoire d'avance sur leurs poursuivants du deuxième groupe – au devant duquel figurent les trois "N". Nancy, Nantes et Nice (avec respectivement trois, quatre et deux points pris en deux journées) s'échinent à laisser une distance psychologique entre eux et la zone de relégation. Même programme pour les deux "T" avec une victoire obtenue sur cette même période par Toulouse et Troyes.
Le FC Sochaux semble déterminé à faire office de lièvre pour le trio de queue, dont Strasbourg prend la tête, abandonnant sans regret la lanterne rouge à un ACA en perdition avec un record national de treize défaites.

Les résultats de la 21e journée
Lyon-Marseille : 2-1
Troyes-Lille : 1-0
Rennes-Le Mans : 1-0
Bordeaux-Auxerre : 1-0
Toulouse-Paris SG : 1-0
Monaco-Strabourg : 1-1
Sochaux-Nice : 1-1
Metz-Saint-Étienne : 0-1
Lens-Nancy : 1-2
Ajaccio-Nantes : 0-2


Les résultats de la 22e journée
Lille-Sochaux : 3-0
Strasbourg-Metz : 2-1
Paris SG-Troyes : 2-1
Auxerre-Lens : 1-0
Le Mans-Ajaccio : 1-0
Marseille-Rennes : 1-0
Nantes-Nice : 0-0
Nancy-Lyon : 0-2
Monaco-Bordeaux : 0-1



Liftings d'attaque
Si le mercato d'hiver est appelé à rester faible en volume – comme l'ensemble du marché des transferts depuis plusieurs années, en raison de la crise des liquidités dans l'Europe hors-Chelsea – au moins a-t-il déjà eu des effets ponctuellement significatifs, cette fois-ci. Sous l'effet conjugué de l'exode des Africains vers la CAN et des nécessaires "ajustements" de rigueur après une demi-saison, on a ainsi vu des équipes se présenter, lors des récentes journées, avec des configuration très renouvelées. Pour l'anecdote, on retiendra les retours de Bonnissel (Marseille) et de Dos Santos (Monaco), des latéraux qui font presque figure d'anciens joueurs. Mais, conséquence a priori logique des carences offensives de la plupart des équipes françaises, c'est encore devant que les changements sont les plus notables. Si Monaco a plus frappé les esprits que les défenses adverses, pour le moment, avec les arrivées de Di Vaio et de Vieri (même si le premier a marqué à Auxerre, l'ASM a enregistré deux défaites et un nul au cours des trois dernières journées), l'AS Saint-Étienne a peut-être fait une meilleure affaire avec Helder Postiga, déjà remuant en coupe face à Lille, et qui a inscrit le but de la victoire à Metz...
D'autres équipes font des paris sur des noms moins rutilants, comme Sochaux avec Mezague, Nantes avec Rossi, Italo-argentin en provenance de Bâle, et Oliech (mais le Kényan est déjà blessé) ou Metz avec Pimenov, transfuge du Lokomotiv Moscou.

Ailleurs, ce sont des revenants qui font office de néo-buteurs, comme Pancrate pour Paris, Denilson pour Bordeaux (première réalisation depuis deux ans) ou encore Frau pour Lens (but toutefois insuffisant pour enrayer la victoire de Nancy à Bollaert). Et certains clubs peuvent aussi compter sur des "jokers internes" comme Alonso chez les Girondins, Gygax à Lille, Grax à Troyes, Rodriguez à Paris ou Zerka à Nancy – un latéral qui joue avant-centre et marque cinq buts en quatre match, ça veut dire que les attaquants de Ligue 1 sont nuls ou que les défenseurs sont vraiment trop forts?



À la Pagis
De son côté, l'OM va pouvoir reconstituer l'attaque du RC Strasbourg de l'an passé, en associant Niang et Pagis, épaulé à Lyon et contre Rennes par un Maoulida qui devra prouver qu'il n'est pas juste un anagramme raté de Malouda. Avec ce recrutement qui doit effacer les échecs de Gimenez et Mendoza, le club reste fidèle à sa politique des ressources humaines cette saison : les dirigeants tentent des coups raisonnés à coûts raisonnables. Les deux recrues ayant marqué chacune un but, le pari semble tenable...
On le tiendrait volontiers pour Mickaël Pagis, le prototype du "beau joueur", élégant et fin technicien, que résume sa remise de la tête pour Lamouchi à Gerland, une petite merveille d'application. Arrivé sur le tard dans l'élite (première saison en L1 il y a quatre ans seulement, avec Sochaux), Pagis peut encore, à trente-deux ans, prouver toute sa valeur en dépit d'une demi-saison ratée (avec circonstances atténuantes) en Alsace – dans la foulée d'un exercice 2004/2005 qui l'avait pourtant vu établir son record personnel avec quinze réalisations.



Flippant dauphin
Il y a quelque chose d'étrange à voir les Girondins, quinzième attaque de Ligue 1, occuper au soir de cette vingt-deuxième journée la place de deuxième du championnat de France. Seules cinq équipes ont moins marqué qu'eux: les quatre derniers du classement et Nice, 14e. Une performance de marque : lors des huit dernières éditions, aucune formation classée dans les dix premiers n'avait eu une aussi faible attaque à ce moment de la compétition.
Ce phénomène est d'abord la conséquence d'une efficacité absolue: Bordeaux a remporté huit de ses dix victoires sur le score de 1-0, seules les défenses de l'OM et Troyes ayant eu la sympathie de laisser les Marine et Blanc doubler la marque. Il est aussi la résultante de la défense de fer des Girondins. Avec 11 buts encaissés, elle se classe évidemment sur la plus haute marche du podium. En conséquence, Bordeaux est aujourd'hui l'équipe du championnat qui suscite le moins de buts de toutes les formations de Ligue!

La nouvelle apparaît peu réjouissante pour les amateurs de ballon, mais elle s'avère en revanche encourageante pour les supporters du club aquitain. Avec de telles statistiques, le club se rapproche en effet du profil du LOSC vahidien, qui n'avait inscrit que 24 buts lors de la saison 2000/2001 et de l'OM d'Alain Perrin qui n'en comptait que 23, deux ans plus tard. Lillois et Phocéens avaient alors terminé leur soporifique saison sur le podium...



Animateur d'entreprise
Le paradoxe du PSG version Lacombe, c'est que si son prédécesseur n'a dû sa "crise" qu'à un président qui l'avait décrété, lui-même est placé devant l'alternative "La victoire ou la crise" (titre du JDD le matin du match contre Troyes). C'est peut-être une façon de dire que le club ne s'en sortira jamais. Toujours est-il que le coach doit repondre à l'exigence de gagner à domicile (comme y parvenait Fournier) et à celle de présenter un visage conquérant à l'extérieur (là où Fournier a échoué). Il a raté ce second objectif à Toulouse, et n'a réussi que sur le fil à remplir le premier au Parc des Princes, face à l'ESTAC. Ses appels à la responsabilité et son recours affiché à la pédagogie indiquent toutefois qu'une fois de plus, ce sont les joueurs qui ont les clés. Autant dire que Guy Lacombe, peut-être essentiellement embauché pour ses qualités de motivateur, n'a pas fini de marcher sur le fil du rasoir.



La Ligue la plus moche
Suite à une initiative d'Olivier Sadran, le sémillant président du TFC, les spectateurs et téléspectateurs du TFC doivent subir les affres des insupportables panneaux lumineux qui bordent la pelouse du Stadium. En matière d'animation publicitaire, nos dirigeants semblent avoir beaucoup d'imagination, puisqu'on a vu le maillot des Girondins – habituellement floqué du nom d'un fabricant de téléphones mobiles – s'orner, lors de la réception d'Auxerre, d'un gros visuel figurant... un des produits de ce même fabricant. À quand des panneaux déroulants sur le torse des joueurs?

Dans un championnat qui doute en permanence de son prestige, on peut s'interroger sur l'effet désastreux de maillots qui rivalisent de laideur, avec des logos bariolés s'étalant largement comme des plastrons (la palme au terrible "Baguépi" des Troyens) ou se multipliant comme des patches d'Iron Maiden sur la veste en jean d'un hard rocker des années 80 (l'OL n'échappant pas à cette prolifération). Des cinq ligues européennes majeures, la nôtre est sans conteste celle qui présente les tuniques les plus hideuses... Il serait temps que la LFP instaure des règles, incluant des limitations de superficie et de couleurs, pour mettre un terme à ces attentats textiles.