Pétard, ça a pas rigolé. Lundi, Acariesse nous a convoqués à la première heure, histoire de préparer la préparation du match Comme j’avais un doute, je lui ai demandé c’est quoi la première heure. Il m’a expliqué que c’est l’heure à laquelle le soleil se lève, imbécile. Il est bon lui, comment je peux savoir moi si le soleil s‘est levé puisque je dors. Acariesse, il m’a répondu que j’avais plutôt intérêt à être à l’heure, si je voulais pas passer un sale quart d’heure puis il a raccroché très vite pour que ça soit lui qui a le dernier mot. Un vrai gamin.

Le lendemain, vers onze heures mais j’avance, Acariesse était dans son bureau comme si de rien était. Enfin dans son bureau à Fernandèze. Même qu’il avait les pieds dessus et qu’il se curait les dents avec un tournevisse. Acariesse a dit «J’ai réfléchi». Acariesse qui réfléchit, c’est du bluff. Obligé. Il a ajouté «Si on perd contre le péesseugé, c’est parce qu’on met trop de la pression sur les joueurs». Il nous a regardés comme pour nous défier de dire le contraire. Vu qu’il était armé, j’ai pas moufté. Dans son coin, Fernandèze s’aplatissait tellement qu’on aurait dit un poster. «Alors, a continué Acariesse, on va la jouer laxatif sur ce coup. C’est de la psychologie renversée!» Un truc inventé par Freud, l’attaquant de Lyon. J’ai rien compris. Il a finit en insistant «Surtout, il faut qu’on parle d’une seule voix!» Oh, Acariesse il nous a pris pour les choristes ou quoi?

Ni une ni deux, on est allé sur le terrain. C’est Lamouchi qui avait en charge le décrassage de l’équipe et il expliquait aux joueurs comment il se décrassait à l’époque où il jouait à l’Ajia, premier club mondial sur le décrassage. T’aurais vu, Lamouchi employait des mots trop bizarres du genre jamais entendus à l’OM: jogging, footing, stretching, plein de mots à base de ing. Dans le fond, Barthez se faisait une séance de fuming et Niang était en plein dorming.

Acariesse a commencé son speech comme quoi en admettant qu’on perde encore contre le péesseugé, ça serait pas l’amer à boire, qu’on gagnerait au prochain coup, qu’il fallait pas se mettre Gervais Martel en tête, tant pis si les journaux font les gros titres et puis il a envoyé Rimenez et Mendoza au piquet parce qu’ils se battaient. Les joueurs étaient soufflés. Moi à côté, je disais rien mais j’en pensais pas plus.

Fernandèze était trop content, il a dit à Barthez «Fabien, j’ai une bonne nouvelle, tu seras titulaire à tous les mètchs!» Barthez lui a répondu «Titulaire qui? Mon chien?» Fernandèze a bredouillé «Euh titulaire... s’il te plait?» Barthez a fait «Ouais, je préfère». Barthez faut l‘excuser, il est un peu à cran depuis qu’il a découvert l’effectif. Même qu’il a dit que jouer à l’OM, c’était pire que tous les TIG réunis.Et tu crois que la commission en a tenu compte au moment de son verdict? Même pas. C’est à vous dégoûter de cracher sur les arbitres.

Nous on a profité que la France jouait contre la redoutable équipe de Chipre pour préparer notre match contre le péesseugé tranquillement. Trop même. Pas un journaliste à l’horizon, sauf Olivier Rey mais lui il a une excuse béton, il est pas vraiment journaliste. Il essayait juste de savoir si Ribéry serait pas en contact avec un grand club. Acariesse lui a répondu non, mais que par contre, son poing allait pas tarder à être en contact avec ses gencives s’il continuait à fouiner. Olivier Rey a protesté qu’il allait se plaindre à amnésie internationale. Bonjour l’ambiance.

Là-dessus, Fernandèze a craqué. Il a décidé de mettre tout le monde au vert. Nasri a voulu savoir c’est quoi se mettre au vers. Beye a répondu «Mais t’es tebê ou quoi? Se mettre au vers, c’est faire rimer tout qu’on dit. Par exemple: Ferreira à ma place, franchement ça me les casse». «Pas du tout», a repris Lamouchi «Se mettre au vert signifie se placer dans des conditions idoines afin de préparer tactiquement l’effectif en vue d’une rencontre déterminante, je me souviens qu’avec Parme»... Tout le monde a ronchonné «Roooooooh!» Alors Fernandèze a expliqué que se mettre au vert, c’est comme être en quarantaine. Pétard, c’est vrai que c’est une bonne comparaison, puisqu’à l’OM des joueurs on en a facile une quarantaine. Et encore, je compte pas Rimenez.

Sauf que voilà, Barthez était pas chaud pour la mise au vert. Il a demandé à quelle heure le match? On a regardé sur le Télé7jours, y avait marqué 20h45. Il a dit «Bon ben, je serai là vers la demie. Si je suis à la bourre, vous avez qu’à commencer sans moi». Carasso lui a fait «Si tu veux, je ferai l’échauffement à ta place». Mais Fabien s’en fichait pas mal. Il a tapé dans le dos à Déhu et lui a balancé «Oh Jordy, le brassard y s’appelle reviens!» Déhu en a fait tomber ses béquilles puis il a commencé à grelotter du menton. Ses doigts se sont crispés autour du brassard et il a sangloté «Mais tu me le laisseras pour les entraînements, hein dit?» Barthez a répondu «Ouais bien sûr, quand y aura des entraînements à l’OM».

Fernandeze a annoncé comme principal mot d’ordre de la causerie «Surtout pas de complexe!» Assis dans le fond, Carasso a compris «Surtout pas de corn flakes». Il a demandé mais quesse qu’on va déjeuner alors. Fernandèze a répondu qu’il voyait pas le rapport. Carasso a marmonné " le premier qui touche à mes choco pops, ça va mal aller ! " Pendant ce temps, Déhu observait avec désarroi la trace de bronzage blanc laissé par le brassard tout en fredonnant le refrain de «Capitaine abandonné» des Gold n’ roses.

La veille du match, Robert Louis-Dreyfus nous appelle pour nous dire qu’il vient d’apprendre que l’on jouait le péesseugé. On peut rien lui cacher à celui-là. «Un match comme ça, ça se rate pas», qu’il a dit. Et faut dire ça aux joueurs, ils l’ont quand même loupé neuf fois d’affilée. Robert Louis-Dreyfus m’a avoué «Je vais vous faire une confidence, Joseph. C’est pour vivre de tel match que j’ai acheté l’OM». Sans blague, pour quasi le même prix, il avait qu’à s’abonner à canal. Papin s’y est mis aussi en demandant si des fois y aurait moyen de lui avoir une place. Je lui ai bien proposé celle de Niang en attaque mais comme il a refusé, c’est à contre cœur que je lui en ai filé une en présidentielle.