Comme il n'y a pas de petits profits, les supporters parisiens peuvent se répéter ces assertions: "Le PSG se détache en tête", "Le PSG décroche Lyon", et même "Le PSG compte neuf fois plus de points que l'OM"... Ex-leaders très provisoires, Lyon, Bordeaux et Nantes se laissent également dépasser par une AJA victorieuse à l'ancienne, c'est-à-dire en contre.
La journée a confirmé la difficulté à gagner sur ses terres en ce début de saison, avec cinq défaites à domicile, dont quatre sur le score de 1-2. Avec 25 buts, elle rattrape en revanche une entame peu prolifique, en partie grâce au carton des Manceaux.
Selon une certaine symétrie, les dix premières équipes occupent la première moitié du tableau — c'est-à-dire les cinq marches du haut. Sur les cinq marches du bas, la partie Est de la France apparaît en mauvaise posture: seuls les Sochaliens, avec une victoire controversée à Nice, s'extraient du peloton de queue, où figurent Strasbourg, Metz et Nancy — aux côtés de Marseille et Rennes.
 



Les résultats de la journée
Paris SG-Toulouse : 2-0
Auxerre-Bordeaux : 1-0
Le Mans-Rennes : 4-0
Saint-Étienne-Metz : 2-0
Marseille-Lyon : 1-1
Nancy-Lens : 1-2
Strasbourg-Monaco : 1-2
Nantes-Ajaccio : 0-2
Nice-Sochaux : 1-2
Lille-Troyes 1-2



Olympiques
Une rencontre intense, voire "un beau match de foot" selon Gérard Houllier: le "sommet" entre Marseille et Lyon a cependant moins tenu de promesses qu'il n'en a faites. Promesses de montée en puissance pour l'OL, qui gère assez bien son début de championnat compte tenu de la fatigue accumulée en Corée et des soubresauts liés au transfert d'Essien. Promesses de jours meilleurs pour un OM qui a montré beaucoup de volonté et de belles qualités individuelles — notamment via Ribéry.
Le scénario s'est prêté à de telles conclusions, avec une ouverture du score marseillaise chanceuse, mais qui rendait justice à une entame réussie. Par la suite, on put surtout apprécier le spectacle de Lyonnais s'assurant une emprise croissante, logiquement récompensée par l'égalisation de Carew, Les vingt premières minutes de la seconde période donnèrent ainsi un aperçu de leur faculté à exercer une pression constante, avec une possession de balle nettement plus productive que celle de leurs adversaires. Juninho faisait oublier l'absence d'Essien, et Réveillère s'attachait à donner des regrets à Domenech. Un but aurait alors procédé d'une logique assez implacable... Mais l'arrière-garde phocéenne a bien tenu un résultat visiblement considéré comme positif dans ce contexte: en faisant entrer Ben Arfa à la place de Pedretti, Houllier montrait pour sa part qu'il visait encore la victoire, d'autant que les raids de Ribéry et Niang ne pouvaient suffire à faire pencher la balance de l'autre côté.
Le résultat final reste donc logique, et positif pour les deux équipes, l'une pouvant asseoir ses certitudes, l'autre sortir — un peu — de l'état d'urgence.



Arbitre au cirage
Dans la confusion totale qui a régné sur la fin de match entre Nice et Sochaux, signalons l'attitude assez peu fair-play de Sébastien Roudet: le milieu de terrain niçois a ainsi essayé de profiter de la fébrilité de Patrick Lhermitte, l'arbitre du match (plusieurs décisions contestables et contestées à son actif) en se jetant dans la surface pour obtenir un penalty. Abusé dans un premier temps, l'homme en noir a finalement inversé la sanction en accordant un coup franc aux Doubistes et un carton jaune au simulateur, sur les conseils de son assistant. Un triste moment pour l'éthique sportive, mais un bel espoir pour les fans de Fabrice Fiorèse, qui craignaient de manquer de spectacle dans les surfaces après le départ du "Marseillais" au Qatar.



Les Verts à l'identique ?
La première victoire des Stéphanois cette saison n'a pas procédé d'une domination outrageuse, mais plutôt de la gestion tranquille d'un avantage acquis à la pause grâce à un doublé de Piquionne face à des Messins peu aventureux. Pour les hommes de Muller, il s'est surtout agi, semble-t-il, de ne pas subir un carton semblable à celui de leur première journée au Parc des Princes.
Inchangée dans sa composition et son système tactique (un 4-3-3), l'équipe stéphanoise tardait à retrouver l'efficacité de la fin de saison passée. Ce succès leur permet de récupérer quelques certitudes entamées par une campagne Intertoto frustrante. On a donc retrouvé un Feindouno décisif par ses coups de patte, au service d'un Piquionne dont les travées de Geoffroy-Guichard commençaient déjà à douter. Bien complété par Frédéric Mendy, toujours aussi remuant, ce duo évolue devant le solide milieu composé de Zokora, Hellebuyck et Sablé. Les deux premiers ont d'ores et déjà retrouvé un volume de jeu satisfaisant, tandis que le troisième confirme son hyperactivité et son goût pour la participation offensive.
Ce match a aussi permis de voir les principales recrues de l'été : le jeune Perquis, transfuge de Troyes, qui a suppléé Camara encore convalescent — au sein d'une défense elle aussi bien assurée —, et Mazure, dont l'entrée a permis de créer de nouveau le danger, en fin de rencontre, devant la cage de Wimbée.



L'ASSE est particulièrement bien instruite des dangers d'une "saison 2", après un parcours de promu très réussi. Bien assise sur ses acquis, l'équipe attendra encore quelque temps avant de préciser ses objectifs: ce pourrait être celui d'un "simple" maintien qui assurerait l'essentiel (un peu de stabilité dans un club qui en a tant manqué), ou alors, pourquoi pas, celui d'un parcours d'outsider capable d'accrocher l'Europe, voire une finale de coupe...



Enflammade estivale
Comme de coutume après un bon début de championnat, les superlatifs se sont mis à pleuvoir sur le club de la capitale. Il est vrai que les supporters parisiens n'avaient pas vu d'aussi jolis mouvements collectifs depuis plusieurs mois. Il est tout aussi juste que Kalou, Rothen, voire Dhorasoo, constituent de très appréciables manieurs de chique. Pour autant, le PSG bénéficie d'un contexte ultra-favorable depuis le début de saison: deux matches à domicile, quelques cadeaux de sympathiques adversaires — comme ce samedi face au Téfécé — et des victoires face à Metz et Sochaux, deux clubs dont la saison pourrait s'avérer particulièrement longue au regard de la qualité de jeu proposée jusqu'ici... Il faudra, en fait, juger de ce que vaut ce PSG face à des défenses moins folkloriques que celles rencontrées par les Bleu et Rouge jusque-là pour envisager sérieusement, comme le sous-entendent déjà (et un peu hâtivement) le Parisien et Canal+, que le PSG joue le titre. Le spectre de la crise automnale (ou hivernale) pourrait redevenir d'actualité. C'est juste une question de saison.



Le livre de Jérémie
Terminons sur les pensées de notre Chouchou 2004/2005. Jérémie Janot a confié à L'Équipe des pensées d'une fraîcheur un peu détonantes dans le contexte actuel: "Si un joueur n'associe pas le plaisir au football, il ne peut pas se montrer performant (…) La principale qualité d'un gardien, c'est de se faire aimer par ses défenseurs (…) Le foot, c'est comme à l'école: si tu bosses bien avant, tu n'as pas de mauvaise surprise le jour de l'interro".