Véritable romance-photo de la Ligue 1, le Feuilleton révèle tout ce qu'il aurait mieux valu ne jamais savoir sur la 29e journée.
En tête, Lyon et Marseille étirent les distances grâce à leurs victoires, leurs poursuivants ne glanant qu'un point lors de cette 29e journée — de Lille à Rennes en passant par Monaco et Auxerre (opposés à l'Abbé-Deschamps), jusqu'à Toulouse. Les Monégasques n'en ont récupéré qu'un de plus lors de leur match en retard à Strasbourg, mercredi soir, et restent à la portée du TFC et de l'AJA - qui doivent encore s'affronter dans la dernière rencontre à reprogrammer (27e journée).
Le milieu de tableau, qui mérite assez bien son nom, regroupe sept équipes autour de la barre symbolique des 40 points, a priori synonyme de maintien. Rennes et Saint-Étienne viennent juste de s'y percher, et joueront probablement plus libérés au cours de cette fin de saison. Le PSG flotte dans les limbes, à quelque distance (trois points) du grupetto composé de Nantes, Nice, Metz et Strasbourg, ces deux dernières équipes ayant peu engrangé lors des deux matches livrés ces derniers jours. Bilan mitigé pour Ajaccio dans les mêmes circonstances: la victoire face aux Parisiens n'aura pas propulsé les Corses hors de la zone de relégation en raison de leur défaite à Geoffroy-Guichard — même s'ils talonnent désormais des Caennais en mauvaise posture. Statu quo alarmant pour Bastia et Istres, tous deux défaits...
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Marseille : un classement paradoxal
L'OM aurait-il trouvé sa pierre philosophale? À savoir : réussir sa saison sportive en dépit du chaos des coulisses. Si l'instabilité a caractérisé la gestion olympienne au cours de la décennie passée, le club en a généralement payé le prix fort en termes de résultats. Mais le championnat 2004-2005 lui aura permis de cultiver un nombre record de paradoxes, car il y a tout de même quelque chose de surprenant à le voir pointer aujourd'hui à la seconde place, au point de constituer une (vague) menace pour l'OL. Comme si les soubresauts internes n'avaient finalement eu qu'un effet très relatif, voire positif quand il s'est agi de relancer la machine.
Mais le caractère déconcertant de cette deuxième place vient surtout du sentiment que l'Olympique de Marseille n'a pas vraiment fait d'étincelles sur le terrain. Quel joueur de l'effectif peut en effet se prévaloir d'une saison totalement réussie, à part, si l'on veut, un Meïté — sympathique antistar — ou un Déhu qui brille surtout par contraste? Au classement des étoiles de France Football (qui vaut ce qu'il vaut, mais c'est un indicateur comme un autre), on ne trouve qu'un seul Marseillais dans les 64 places qu'il compte: Benoît Pedretti, en 36e position. Chez les buteurs, on assiste à un étonnant turnover qui donne la vedette, pour de courtes périodes, à des attaquants auparavant vilipendés: ainsi de Marlet, auteur d'un doublé contre Lens (meilleur réalisateur du club avec sept buts, ex-aequo avec Luyindula, au 15e rang national). Et au moment de se souvenir de matches entièrement maîtrisés sur le plan de la qualité du jeu, on pense plutôt à des mi-temps ou à de jolis coups tactiques à l'extérieur. Même les séries de deux ou trois victoires ont toutes été interrompues par des contre-performances nettes...
On ne sait quels enseignements seront tirés de cette saison atypique, ni si les éternelles promesses de continuité auront quelque effet la saison prochaine. Il est d'ailleurs trop tôt pour en tirer le bilan, l'objectif d'une qualification directe en C1, essentiel pour l'avenir proche, n'étant pas encore assuré...
On comprend mieux pourquoi les joueurs de l'OM ont la trouille de leur entraîneur. |
Rennes-Nantes, inversion des rôles
Le débat agite déjà les pages de Ouest-France : "Rennes menace la suprématie nantaise". Le Stade rennais semble effectivement en mesure, pour la première fois depuis 1999, de finir le championnat devant son rival nantais... On peut toujours ironiser sur ce championnat régional disputé en milieu de tableau, mais il y a tout de même de quoi s’étonner d’une inversion des rôles inattendue entre les deux clubs, au cours des dernières saisons. Alors que les Rennais semblent avoir trouvé une forme de continuité sportive sous la houlette de Laszlo Bölöni, leurs homologues de Loire-Atlantique ont vu défiler quatre entraîneurs en quatre ans et connaissent une situation de crise institutionnelle qui s’éternise (président contesté, directeur sportif théoriquement sur le départ, actionnaire soucieux de se désengager). Symboliquement, alors que les produits du centre de formation des bords de la Vilaine s’épanouissent en équipe première, ceux des bords de l’Erdre font les frais du marasme ambiant. Pire : la tradition des transferts ratés semble s’être déplacée d’un département à l’autre... Désormais doté d’infrastructures de premier plan (stade, siège, centre d’entraînement), le SR — qui a cessé de jeter l'argent de Pinault par les fenêtres — peut raisonnablement s’imaginer un destin sportif intéressant, surtout s’il consolide les éléments positifs de cet exercice 2004/2005 (voir
Armor Luxe). Un pari pour la saison prochaine?
On sait enfin pourquoi le Stade rennais est si peu performant à l'extérieur: les attaquants jouent à "1, 2, 3 Soleil" pendant les matches. |
Les observations en vrac
> Esthétique de la feinte : en fait, Helder n'est pas joueur de foot, mais torero.
> Le match de Sochaux a été arbitré par deux femmes assistantes. Prochaine rubrique des CdF mag : "Le hors-jeu expliqué à mon mec".
> Les supporters stéphanois et bordelais ont joué en lever de rideau de la rencontre entre leurs deux clubs à Lescure. La partie était arbitrée par un Lyonnais, porté disparu depuis.
> Bakayoko place une balle au-dessus de la barre à cinq mètres du but vide. Visiblement, il est énervé de ne pas avoir été nominé pour le Ballon de Plomb 2004.
Le talent à l'échelle de la L1
Philippe Bruet, à propos du penalty marqué par Ajaccio (C+) : "Letizi ne peut rien sur ce coup de génie d'Andre Luiz".
La confiance en ses capacités
Frédéric Danjou (C+) : "Personne ne nous fera descendre". Vous vous en chargerez très bien tout seuls?
En quelques semaines, Malek Cherrad a acquis toute la panoplie des gestes de l'attaquant bastiais. |
L'éclair de lucidité
Laurent Fournier (C+) : "On parle d'Europe, mais il ne faut pas se leurrer".
La curiosité touristique
Francis Gillot (AFP) : "Lens est sans doute passé à côté de quelque chose". Vous avez croisé Christanval sur le parking?
La vingt-huitième couche
Jean-Michel Aulas (olweb.fr) : "Le petit brin de réussite qui nous avait fuit à Caen pour des raisons extra sportives a été compensé ce soir".
Le moniteur d'OL Conduite
Paul Le Guen (olweb.fr) : "C'est un match que l'on aurait pu mieux conduire".
Heureusement, Xavier Gravelaine et Jean-Louis Gasset ont hurlé assez fort pour que le banc lyonnais se protège du projecteur décroché par Ibrahima Bakayoko sur sa dernière frappe. |
La tête de truc
Sylvain Armand (psg.fr) : "Il y a de quoi en avoir gros sur la patate". Il faudrait arrêter de tout mettre sur le dos d'Helder.
L'OL lapsus
Jean-Michel Aulas (olweb.fr) : "On a fait un pas sérieux psychologiquement". Tu parles de toi?
Le gazon verni
Cris (olweb.fr) : "Le terrain était très dur, mais à la fin, il nous a permis de remporter ce match!" Comme quoi, les erreurs de pelouse s'équilibrent à la fin de la saison.
Le non-Lyonnais
Frédéric Déhu (TF1) : "J'ai voulu sauter, mais mon corps n'a pas répondu".
Sammy Traoré croit nécessaire d'indiquer au tireur du corner qu'il vaut mieux jouer sur lui que sur Vahirua. |
Le Laszlo tiède
Laszlo Bölöni (C+) : "Je ne suis pas content, mais je ne suis pas triste non plus". Tu es entraîneur de Rennes, quoi.
La limite du raisonnement
Rolland Courbis (TF1) : "À 1-0 contre une équipe inquiétante, on n'est pas à l'abri d'une égalisation". Pas contre une équipe aussi inquiétante que le PSG.
L'emballement
Benoît Pedretti (om.net) : "C’était ce soir une référence en termes d’intelligence tactique". Un doublé de Marlet dans un match non maîtrisé, on appellerait plutôt ça un gros coup de bol.
Le tribunal permanent
Xavier Gravelaine (TF1) : "Lyon a accusé la fatigue". De toute façon, ce n'est jamais de leur faute.
Un Ajaccio-PSG, ça se passe de commentaires. |
La vitesse relative
Sidney Govou (L'Équipe) : "On avance, tout doucement". Dans ce cas, les autres reculent.
La charge de la brigade très légère
Gernot Rohr (L'Équipe) : "Strasbourg est venu avec une seule pointe". La pointe de vitesse de Devaux?
Le chantage du cardiaque
Guy Roux (L'Équipe) : "J'en ai gros sur le cœur".
Le double appel
Jacky Duguépéroux (DNA) : "Saviola décrochait plus qu'à l'accoutumée". Il cherche un club pour la saison prochaine.
Grégory Coupet et Sébastien Pérez évoquent avec nostalgie leurs années stéphanoises, quand ils portaient un maillot chargé d'histoire et non pas un bout de tissu constellé de sponsors. |
Le sportif quotidien
Sidney Govou (L'Équipe) : "On ne peut pas gagner 7-2 tous les jours". Ça poserait effectivement un problème de calendrier.
L'éclatement de la bulle nantaise
Serge Le Dizet (Ouest-France) : "Il y a encore du gaz". Votre football-champagne est quand même bien éventé.
La partie de bonneteau
Laszlo Bölöni (L'Équipe) : "On peut estimer que c'est un bon point, même si on peut regretter les deux points perdus".
La prestidigitation
Laurent Fournier (F365) : "On avait franchement l’impression qu’Ajaccio était la meilleure équipe du monde". Et oui, Paris est magique.
Selon vous, le couvre-chef d'Emmanuel Adebayor signifie:
1. qu'il rêve secrètement de rejoindre l'EA Guingamp.
2. que sa maman a cousu ses initiales sur ses affaires pour qu'il ne les perde pas dans la colo monégasque.
3. que comme 97% des footballeurs, il a un goût vestimentaire exécrable. |