Les Bleus au bord de l'excès de confiance?
Depuis deux ans, rien de fâcheux ne semble pouvoir arriver aux Bleus. Les champions du monde allient dorénavant une solidité toute germanique à une réussite toute italienne. Le résultat final des éliminatoires de l’Euro est à ce titre exemplaire: finir premier du groupe après avoir entr’aperçu la possibilité d’une élimination directe constitue un fait d’armes encore inenvisageable il y a quelques années.
L’épatant avec cette équipe, c’est sa faculté à nous rassurer à chaque fois que le moindre doute s’immisce. Dans ce domaine, elle se tire très bien d’affaire. Trop bien même. Cette assurance, déclamée par tous les joueurs et sur tous les tons, s’appuie sur des résultats sportifs balayant toute tentative de critiques. S’inquiète-t-on d’une assise défensive de plus en plus poreuse que les Bleus, fins tacticiens, recentrent le débat vers l’avant (si l’on peut s’exprimer ainsi). Les promesses sont tellement alléchantes dans ce domaine qu’il a allègrement servi de paravent à un problème dont la compétition nous dira s’il en était réellement un. Espérons que nous n’auront pas fait là l’économie d’un débat salutaire pour la suite.
Dans cet ordre d’idée, nous aurions même, avouons-le, préféré que l’Equipe de France se fasse battre, une fois ou deux, histoire d’ébranler la belle confiance de joueurs que nous soupçonnons (peut être à tort) d’être un peu trop sûrs d’eux-mêmes. Nous pensons, en effet, que l’abus de confiance s’accorde mal à l’obligatoire et régulière remise en cause que tout sportif de haut niveau se doit d’effectuer pour durer. Cette crainte est malheureusement entretenue par l’ambiance qui règne autour des tricolores. Les Bleus ont tellement répété qu’ils allaient gagner la compétition que tout le monde les croit. Icônes devenues intouchables, plus une voix n’ose s’élever vers elles ne serait-ce que pour émettre non pas une critique mais un simple conseil : tuons d’abord l’ours hollandais et vendons nos images aux publicitaires après. De plus, le consensus qui entoure les hommes de Roger Lemerre a pour résultat direct de faire évoluer l’équipe nationale dans un climat dénué de toute tension. Pas un blessé à l’appel et pas un mot plus haut que l’autre pour secouer tout ça. Les bleus s’entendent malheureusement à merveille. Pas de Matthäus dans le coin, pas de farouches engueulades ou de haine cordiale. Rien qui ne puisse troubler la paisible sérénité d’une équipe auto-programmée et persuadée d’aller au bout de son objectif.
Cette confiance en soi, l’accumulation de raisons objectives de croire en la victoire, la sérénité qui se dégage du groupe et le talent des joueurs, cela fait beaucoup. Nous, pauvres supporters, avons peur que tout cela soit même trop beau pour être vrai. Nous craignons de retomber de trop haut pour le quotidien de nos petites vies. Nos principaux espoirs résidant d’une part, dans notre ignorance espérée des éléments qui constituent un cerveau de champion du monde et d’autre part, dans la foi que nous avons en l’équipe de France.
Allez les bleus.