Spirales de la progression / de la régression
Ils nous ont surpris en bien ou en mal, ont dépassé les attentes ou n’y ont pas répondu: parmi les cinq candidats de chaque côté, qui a le plus progressé et qui a le plus régressé?
Spirale de la progression
Claudio Beauvue (EA Guingamp)
Seul Alexandre Lacazette a fait mieux que lui chez les attaquants français. Olivier Giroud, Karim Benzema, Antoine Griezmann et les autres sont tous derrière Claudio Beauvue au nombre de buts marqués en 2014/2015 toutes compétitions confondues. Le Guingampais a fini à vingt-sept unités, même pas freiné par une fin de saison qu’il a vécue replacé côté droit. Or, en début d’exercice, c’est son replacement dans l’axe qui a tout changé et lui a vite permis de faire oublier Mustapha Yatabaré. Il ne comptait que six buts en deux saisons de Ligue 1, mais "Air Beauvue" a pratiquement quadruplé son total en ajoutant dix-sept réalisations, dont six de la tête.
Atout: Il a réussi à transformer Jérémy Pied en excellent passeur et son compère Christophe Mandanne en tueur devant le but.
Faiblesse: Par contre, il a échoué à relancer la carrière de Sylvain Marveaux.
Yannick Carrasco (AS Monaco)
Oublié la saison passée, écarté par le talent de James Rodriguez, l’ailier monégasque s’est éveillé cette saison. Meilleur passeur de Monaco (dix passes décisives en Ligue 1), feu YFC, il a raccourci à Carrasco, symbolise la transformation munegu d’une équipe qui voulait construitre à une qui préfère un jeu direct et la contre-attaque. Guidée par un Leonardo Jardim snobé lors des trophées UNFP, la formation de la Principauté comptera sur son bolide belge pour continuer à surprendre dès août prochain. Et il faudra être prêt très vite, avec deux tours préliminaires de Ligue des champions, une compétition où Carrasco doit encore élever son niveau de jeu.
Atout: Il porte le plus beau maillot du championnat de France.
Faiblesse: Son look digne d’un candidat de Secret Story.
Nabil Fekir (Olympique lyonnais)
De la CFA à l’équipe de France en quelques mois, la progression de Nabil Fékir (Nabilon, de son petit pseudo Twitter) a été fulgurante, autant que ses envolées sur le terrain, le ballon collé au pied gauche. Caution spectacle numéro 1 de l’OL cette saison, le néo-international a formé un incroyable duo avec Alexandre Lacazette. Pas suffisant pour détrôner le PSG mais assez pour inscrire son nom sur les tablettes des plus grands clubs européens. En attendant de connaître son vrai poste, numéro 10 ou second attaquant, il enchaîne crochets et passes décisives, marque des buts, bref, l’extrême inverse du garçon timide en interview.
Atout: Ça énervera un peu plus les gens que les binationaux dérangent, qui voteront FN pour se venger.
Faiblesse: Ça énervera un peu plus les gens que les binationaux dérangent, qui voteront FN pour se venger.
Jérémy Morel (Olympique de Marseille)
De tête de Turc, Jérémy Morel est presque devenu l’un des chouchous du Vélodrome cette saison. Replacé en défense centrale par Marcelo Bielsa, l’ancien arrière gauche a réalisé une excellente saison. Solide dans les airs, intelligents dans son placement, plutôt bon à la relance, Morel n’a certes pas échappé à quelques mésaventures habituelles, mais il a tenu le choc dans un système où la défense était très exposée. Après avoir atteint un niveau qu’on ne lui soupçonnait plus, il disputera la Ligue des champions avec l’OL la saison prochaine.
Atout: On pourra titrer "Morel s’est enhardi".
Faiblesse: Il y a un sacré risque qu’il tombe dans l’autre versant de la catégorie la saison prochaine.
Le nombre d’arrêtés préfectoraux anti-déplacements
Apparus dans la foulée du tour de vis sécuritaire imposé par Robin Leproux au Parc des Princes, les arrêtés préfectoraux interdisant aux supporters de se déplacer ont d’abord concerné le public parisien exclusivement. Puis le procédé s’est étendu aux matchs réputés tendus, aux derbies jugés à risque, avant de se généraliser cette année à des clubs comme Nantes (à Lens), Saint-Etienne (contre le Red Star), Nice (à Saint-Etienne) et d’autres sur la base de prétextes de plus en plus fallacieux. A un an de l’Euro 2016, les autorités semblent n’avoir d’autre remède au hooliganisme qu’une lecture simpliste et criminalisante du supportérisme et des entraves répétées à la liberté de circulation. La multiplication de tels arrêtés depuis le drame du décès de Yann Lorence constitue en tout cas un cas d’école de la stratégie du choc, ou comment profiter d’un évènement exceptionnel pour imposer, puis banaliser l’inadmissible.
Atout: Le grotesque absolu des “considérant” (singés ici par un communiqué parodique des Tigers).
Faiblesse: L’arsenal législatif ne permet pas encore de se prémunir contre les supporters qui vont voir leur équipe à domicile.
Spirale de la régression
Florent Balmont (Lille OSC)
C’était attendu, cela a fini par arriver: à trente-cinq ans, le milieu de terrain lillois arrive en bout de parcours. Lui qui a souvent compensé ses lacunes par la hargne n’a plus les mêmes jambes et son manque d’apport offensif est dommageable. Le problème, c’est que quand il est aligné avec Mavuba et Gueye – meilleur Lillois, avec qui la différence d’abattage fut saisissante –, on attend de lui qu’il se projette. Et on ne devrait pas.
Atout: Il est une bonne solution de repli si Lille rate la Spirale de la frilosité.
Faiblesse: On n’osera pas aller lui annoncer sa victoire.
Le Téfécé
Neuvième la saison dernière, Toulouse a piqué la place habituellement dévolue à l’OGC Nice cette saison. Surtout, le début de saison présageait un autre scénario. Jusqu’à une défaite à Marseille, preuve que la marche était encore un peu haute pour viser l’Europe, point de départ d’une dégringolade jusque dans la zone rouge, au cours de laquelle Wissam Ben Yedder a connu quelques passages sur le banc, dont Alain Casanova a finalement été éjecté. Son successeur Dominique Arribagé a su sauver les meubles en remisant le 3-5-2 au placard au profit d’un 4-4-2 en losange, et c’est un moindre mal.
Atout: C’est quand même plus logique de "distinguer" une équipe toute entière.
Faiblesse: Ce n’est peut-être qu’un accident de parcours.
Florent Malouda (FC Metz)
On attendait beaucoup du retour du Guyanais en Ligue 1, et l’idée de le voir mener la jeune troupe messine vers le maintien était séduisante, comme l’entame de saison des Lorrains. Le problème, c’est que les meilleurs jours footballistiques de Florent Malouda datent, et qu’il n’a pas su élever suffisamment son niveau pour éviter le naufrage du FC Metz. Il n’a pas été aidé, il est vrai, par certaines options tactiques d’Albert Cartier, qui l’a parfois aligné côté gauche contrairement au projet initial, alors que Florent Malouda n’a plus l’explosivité et la vitesse suffisantes pour y briller. Mais même dans l’axe, il n’a pas eu le rendement escompté (3 buts, 4 passes décisives).
Atout: Il est le nominé au dénivelé régressif le plus élevé.
Faiblesse: Il paye peut-être avant tout la mauvaise saison d’une équipe pas forcément assez armée à la base pour se maintenir en Ligue 1.
Yohan Cabaye (Paris Saint-Germain)
Il y a un peu plus d’un an et demi, Yohan Cabaye fêtait la qualification de la France pour la Coupe du monde 2014. Il venait de délivrer une excellente performance de numéro 6, posté devant la défense, coupant les contre-attaques ukrainiennes, distribuant le jeu proprement. Une prestation trompeuse, peut-être. Depuis son arrivée au PSG, en janvier 2014, l’ancien Magpie n’a que très rarement convaincu, que ce soit en sentinelle ou en relayeur. Entre temps, Kondogbia et Schneiderlin ont émergé. Bon footballeur, mais pas assez pour ce PSG, le Français est destiné à partir pour à zéro repartir. Son rôle en équipe nationale se joue dans les mois à venir.
Atout: Ce regard halluciné dès qu’il prend un carton jaune qui aurait très bien pu être rouge.
Faiblesse: Il peut faire un bien meilleur candidat l’an prochain s’il signe vraiment à Crystal Palace.