On reprochera peut-être à Mandanda de ne pas être sorti sur le deuxième but, mais le corner était sortant et il y avait du monde. On retiendra justement de lui, dans un match où il a finalement été peu sollicité, trois prises de balles aériennes, une sortie devant Mutu (65e) et une autre devant Chivu (79e).

Souvent distancé sur le côté où les Roumains ont le mieux contre-attaqué, Évra est pris sur le démarrage de Petre quand il ouvre le score. Son apport offensif a été trop rarement efficace, mais consistant, comme en témoigne une position moyenne très haute qui explique qu'il a souvent fallu le suppléer défensivement. Son débordement et son centre en retrait de la 82e auraient pu magnifier son bilan si un Bleu s'était trouvé plus franchement sur la trajectoire.

Sagna a déclenché plus de centres, sans grande réussite. Les Roumains ayant décidé de bien bloquer les couloirs, lui aussi a eu de la peine à déborder. On ne doit cependant pas oublier de le créditer, comme son collègue, d'un volontarisme qui témoigne des intentions plus offensives de Domenech IV.





Abidal en flagrants délits

Boumsong a assez bien cloné le Gallas actuel. Il se fait balancer par Tamas au départ de sa course sur le corner du 2-0, Goian dont il était au marquage arrivant ensuite le premier sur le ballon. Jean-Michel Larqué parlera en direct de "marquage élastique, catastrophique. (...) Et pourtant, c'est pas faute d'être averti, et là, Boumsong ne saute même pas". Hésitant dans son placement (notamment sur les balles en profondeur) en début de match, tout comme son collègue, il a aussi délivré son lot de gestes défensifs tranchants, sortant notamment vainqueur de nombreux duels aériens.

Un bilan largement partagé avec Abidal. À ceci près que le Barcelonais s'est souvent mis sur les mauvaises photos, comme s'il était marqué du syndrome italien. Il fait douter tout son monde dès la 5e minute, avec sa remise latérale interceptée par Mutu (au crédit duquel on doit mettre une brillante anticipation, mais qui se fera reprendre par Ribéry et Boumsong). Il se laisse abuser par la passe déroutante de Goian dans la minute suivante, sur l'ouverture du score. Il est assez passif quand Mutu déborde et peut servir Marica en retrait (qui obtient le corner du deuxième but)... Il est hors de position sur le centre de Muresan pour l'énorme occasion de Mutu (tête au-dessus) juste avant la pause. Mais, de la tête, il sort aussi un centre très dangereux venu de la gauche, après une alerte sur corner (25e), et s'est montré beaucoup plus rigoureux en seconde période, effectuant un sans-faute – si l'on excepte un périlleux tennis-ballon avec Mandanda sur une balle en retrait (55e).



Jérémie les pendules à l'heure

Des fautes et du déchet technique, notamment dans les passes vers l'avant: Diarra et Toulalan payent ainsi... leur propre domination dans un entrejeu délaissé par les Roumains. Mais comme pour les latéraux, il faut souligner leur implication, leur volume de jeu et leurs prises d'initiative, qui se sont notamment traduites par des frappes à mi-distance.

Toulalan s'est mué en passeur inspiré sur la louche (de volée) dans l'axe de la surface pour Henry qui verra Lobont le priver de la réduction du score (36e), puis en alertant Gourcuff pour faire advenir celle-ci (69e). On l'a même vu, après une frappe contrée, entrer rageusement dans la surface (50e). Il a certes commis quelques semelles qui lui ont valu d'être tardivement averti, mais on s'accordera le droit, en cette période d'autodénigrement obligatoire, de l'avoir trouvé très bon.
Jeté dans la gueule des loups par la blessure de Vieira, Diarra a manifestement dû gérer son stress, avant de trouver ses marques et de livrer une copie très honorable.

Malouda a bien interprété son rôle de victime expiatoire en faisant les frais de l'avantage pris par les Roumains et du changement tactique décidé par Domenech – et maintenu par lui malgré la réduction du score. En dépit de la domination française, il a peu animé son côté gauche, ne se signalant que par une frappe au-dessus (33e), et l'amorce de l'action qui aboutit au but de Ribéry.

 
"Désolé Florent, mais tu connais la règle: si on fait tous les deux un match pourri, c'est toi qui sors".


Oubliez le 10, jouez le 14

Il déçoit rarement et n'a pas dérogé à la règle pour un retour attendu: Ribéry a revitalisé le jeu français et signé une réduction du score cruciale. Abstraction faite de son extinction progressive après l'heure de jeu, il a rayonné sur toute la largeur du terrain – aussi bien au gré des reconfigurations tactiques qu'au titre de sa propre liberté – et fait très tôt reculer les locaux avec ses incessantes banderilles.
On portera aussi à son bilan son entente avec Gourcuff et sa capacité à mettre ses partenaires en position de tir: Gourcuff (tir dans le petit filet, 13e), Henry (32e), Gourcuff (but, 37e), Henry (reprise enveloppée au-dessus, 52e). Entre son but et son ultime occasion (tir croisé au ras du poteau, 82e), il aura tenté sa chance avec moins de précision (dans les bras de Lobont à la 47e, contré à la 56e). Une ombre au tableau: cette dispensable simulation de faute dans la surface, après une bonne percussion (32e).

Gourcuff est déjà plus qu'un perdreau de l'année, car même s'il faut se garder des emballements et souligner qu'il a quand même été moins rayonnant que contre la Serbie (notamment après être passé à droite), son match a encore marqué les esprits – d'autant qu'il l'a couronné d'un geste anthologique. On n'oubliera pas pour autant sa remise à une touche pour Ribéry, impeccablement servi en pleine surface, ni cette reprise sur laquelle Lobont doit briller après une première tentative d'Henry (64e).
Son entame a peut-être paru hésitante, mais il a nettoyé des ballons dès les premières minutes, avant de donner le tempo. Pas extraordinaire d'efficacité sur les coups de pied arrêtés, il a compensé avec une grande variété de contributions: récupérations, remises, accélérations, centres, tirs au but, etc. Avec lui, l'équipe de France a provisoirement trouvé la dose de technique et de vision du jeu qui lui a grandement fait défaut ces derniers mois.





Attaquants vous voulez

Henry n'a commencé à exister que dans le dernier quart d'heure de la première période, manquant de peu la plus belle occasion des Tricolores (déviation en extension sur une balle en cloche de Toulalan, 36e). Il a franchement ressuscité une fois replacé à gauche, où il a fait parler sa vitesse, sa technique et sa vision du jeu. Ce positionnement lui a même permis de placer de vraies frappes: sa spéciale à la 64e minute, repoussée du bout des gants par Lobont, une volée trop enlevée (56e), un retourné trop centré après un corner (78e). Surtout, il a enfin servi ses partenaires, dans les deux sens du terme.

Encore une fois loin de ses éclats lyonnais, Benzema n'a paradoxalement pas profité du remaniement opéré par Domenech avec son entrée en jeu (38e). Non seulement il s'est procuré peu d'occasions (une tête sur le gardien, 60e, un tir au-dessus, 80e), mais ses décrochages n'ont pas servi à grand-chose. Il n'a pas encore fait sa place.