La Revue de stress, c'est la gazette de la com' : campagnes de pub foireuses, sites officiels plus qu'authentiques, clubs sans nom, offres de services, images de stars, journalistes disparus… Tout est bon pour elle.
Sacrée Coupe des confédérations
La Coupe des confédérations approche, et la campagne bat son plein. Malheureusement, la veine médiévalo-chevaleresque (déjà exploitée pour la campagne 2000/2002 des matches amicaux de l'équipe de France) est de retour. Cela nous vaut une affiche qui recourt à une imagerie grotesque de chevalier en crampons et maillot du RC Lens, adoubé par une femme (les publicitaires devraient lire
Jacques Le Goff).
Authentique
D'accord, il n'a pas la plus belle page d'accueil des sites officiels, il n'est pas non plus le plus ergonomique avec son étrange colonne actualité, mais le site de l'Olympique lyonnais est précieux pour au moins une chose: il offre une superbe illustration à notre 8e leçon de journalisme sportif,
Interviewer un footballeur. En effet, les propos des joueurs y sont retranscrits tels quels, sans ce délicat travail de réécriture auquel se livrent habituellement les journalistes. Cela a pour résultat des déclarations brutes de décoffrage, avec une ponctuation qui contraint le lecteur à battre ses records d'apnée, des répétitions en série et des tournures plus vraies que nature ("oui mais bon", "je crois qu'à partir de là"…). On pousse même cette scrupuleuse restitution jusqu'à redoubler les erreurs de syntaxe par des fautes d'orthographes.
Cela donne, par exemple, cette superbe tirade de Grégory Coupet :
"C'est parce que la pression se relâche sur eux car ils n'ont plus rien a gagné, ni plus rien à perdre donc ils vont jouer libérer, c'est pour ça que comme dit Jérôme Alonzo "ils ont de quoi nourrir des regrets" parce qu'ils ont un gros potentiel avec une qualité et une quantité de joueurs importante donc c'est vrai qu'ils peuvent nourrir des regrets, mais j'espère qu'en les battant à domicile cela permettra de montrer la différence (…) Oui c'est un plaisir, car c'est une statistique que l'on espérer plus depuis le début de saison, mais je crois qu'on a resserrer les boulons et que collectivement on fait de plus gros efforts défensivement et que on a réussi à prendre les choses dans l'ordre".
www.olympiquelyonnais.com
Bouchet production
Du bon, mais dans un autre registre, il a en a sur les sites officiels, comme cette interview de Christophe Bouchet sur celui de l'OM, daté du 25 avril et destiné à marquer un an de présidence. Une longueur inhabituelle comparativement à ce qui se fait dans la presse, et surtout un ton sans complaisance envers un président qui joue pourtant sur son terrain. On apprécie d'autant plus la franchise des propos et l'évocation de sujets qui ne seraient pas abordés aussi facilement ailleurs… Ça ne nous rend pas Bouchet plus sympathique pour autant (voir
Bouchet s'en va-t-en guerre), mais au moins a-t-il sur certains de ses collègues le mérite de la clarté.
L'interview de Christophe Bouchet
Rendez-nous Vincent Duluc !
C'est fait, Vincent Duluc n'est plus le rédacteur attitré de L'Équipe pour l'équipe de France, il est remplacé par Fabrice Jouhaud, nouveau rédacteur en chef, qui nous prive injustement d'un de nos journalistes préférés, qui était à sa corporation ce que Djorkaeff était à celle des joueurs: un remarquable pourvoyeur de matière pour les Cahiers du football. Sans conteste le plus sympathique représentant du quatuor maudit de la Coupe du monde 1998, il est aussi un remarquable styliste, dont les papiers sont toujours remarquablement construits, malgré une tendance irrépressible à cultiver les germes de vaines polémiques. Vincent, si la frustration est trop forte, sache que nos pages te sont ouvertes. C'est moins bien payé, mais la liberté de ton n'a pas de prix.
Qui retrouvera la trace de Vincent Duluc? |
Scrabble
La presse sportive sert à toutes sortes de choses, comme par exemple, pour un entraîneur, à y insérer ses lettres de motivation. C'est le cas d'Alain Giresse dans le France Football du 2 mai, faisant acte de candidature pour le poste d'entraîneur du RC Strasbourg.
"Oui, le Racing m'attire. Aux FAR Rabat, ma passion d'entraîner s'est encore accrue, j'ai progressé (…) Je tiens aussi à dire que je n'ai jamais eu de problème avec des joueurs. Je sais tenir un groupe". C'est noté Alain, mais pour entraîner Strasbourg, il y a un "i" et un "e" en trop dans ton nom.
Star académique
David Ginola ne parle pas de son ancien métier, mais de sa future carrière de comédien. |
Horse with no name
Le RC Strasbourg, parlons-en. Patrick Proisy et IMG McCormack ont comme prévu cédé la place à un nouveau groupe d'actionnaires (voir
Strasbourg libéré). La cérémonie a eu lieu dans la plus stricte intimité, sans fleurs ni couronne.
Le président du directoire, Egon Gindorf, doit gérer, entre autres chantiers et passifs judiciaires légués par son prédécesseur, celui du conflit avec l'association Omnisport. Le tribunal administratif a récemment confirmé l'invalidation de la convention qui liait les deux parties, ce qui prive le club à la fois du numéro d'affiliation à la fédération (rendant juridiquement virtuelle sa participation au championnat!) et du droit d'utiliser l'appellation "Racing Club de Strasbourg".
Un rapprochement est souhaité par tout le monde, à commencer par les associations de supporters qui n'ont jamais digéré le traitement marketing de l'ancienne direction — symbolisé par un logo que nous décryptions récemment, voir ci-dessous —, et demandent
"aux nouveaux dirigeants de négocier avec le Racing Omnisport pour un rapide retour de nos couleurs. Le nouveau maillot ne peut pas continuer à arborer le logo actuel purement commercial qui ne reprend aucun symbole fort de la région, un logo sans âme associé au Racing de l'ère Proisy" (DNA 05/05). Le président des Ultra Boys 90 constate: "Aujourd'hui, nous sommes aussi le seul club du monde à ne pas pouvoir porter son nom sur le maillot. On ne s'appelle pas Racing Club de Strasbourg mais "Depuis 1906", date de création du club. Nous n'avons pas de nom" (DNA 06/05).
Courbis bisque rage
S'il est un registre que Rolland Courbis maîtrise mieux que les subtilités tactiques du football moderne, c'est celui de la dignité outragée. Victime du Sars (une sorte de syndrome arbitral typique) depuis la houleuse réception de Bordeaux (voir
Le carton pour se faire battre), Rolland avait convoqué la presse ce mardi. Quelle révélation allait-il faire devant un parterre médusé? Aucune en fait, il ne s'agissait que d'informer les médias de son envie, encore très vague, de partir à l'étranger.
En phase avec son entraîneur, le club a décidé de faire appel de la suspension pour un match ferme prononcée à l'encontre du stade François-Coty, une décision qui en dit long sur la capacité de l'ACA à assumer des débordements inacceptables. On devrait donc pouvoir jeter des cailloux sur les arbitres, pénétrer sur le terrain pour les agresser verbalement, continuer dans les couloirs du stade, tenir des propos infantiles et irresponsables… sans risquer autre chose qu'un sursis assorti de remontrances.
Tenue de scène
Si le ridicule ne tue pas Didier Roustan, c'est parce qu'il ne se rend pas compte. |