Oh! Des espoirs
Matchbox : Argentine-Brésil : 3-0. Le match le plus attendu des Jeux Olympiques a tourné à la fessée. Sévère, mais méritée…
Auteur : Salif T. Sacha
le 20 Août 2008
Argentine-Brésil : 3-0
Buts : Agüero (52e, 58e), Riquelme (76e, pen.)
La nalyse
Les médias restreignaient iniquement la prestigieuse opposition à un combat de boxe entre Ronaldinho et Messi. Alors que les midinettes se pâmaient, le football trouvait bien peu de raisons de se réjouir.
Au-delà d’une médaille d’or qui se refuse toujours à eux, les Brésiliens, en totale perdition dans le jeu malgré une victoire en trompe l’œil en Copa America l’été dernier, cherchaient des raisons d’espérer dans ce tournoi olympique. Des signes de résurrection de Ronaldinho, des indices quant aux intentions de Dunga, cumulard à la tête des A et des espoirs dont l’obsession pour la rigueur et l’organisation n’ont jamais convaincu.
Ronaldinho sans gaz
Le stupide duel aura tourné court. C’est le poster de Ronaldinho qui était sur la pelouse du Stade des Ouvriers pour combler les photographes. Le vrai Ronaldinho, même en méforme, ne peut être aussi immobile sur le terrain. C’est d’ailleurs sur deux phases statiques qu’il sera parvenu à s’exprimer: un premier coup de pied arrêté au milieu du terrain à la première minute de jeu lui permet d’ouvrir habillement sur Rafael Sobis, préféré à Pato à la pointe de l’attaque, qui rate l’exécution de son contrôle en bonne position près du but. Puis un coup franc peu après l’heure de jeu, joliment enroulé des vingt-cinq mètres au-dessus du mur et repoussé par le poteau argentin. Les deux pieds plantés dans la pelouse, on ne vit que sa tête bouger le reste du temps, histoire de suivre un minimum le jeu. Une préparation studieuse à Milanello ne lui aurait-elle pas été plus bénéfique qu’un tournoi olympique aux exigences duquel il n’était pas apte à répondre? Le staff milanais a beaucoup de travail devant lui pour lui faire retrouver un niveau athlétique suffisant pour qu’il puisse exprimer de nouveau son indiscutable talent.
L'Argentine maîtrise
L’autre vedette, Diego, ne s’est pas montrée plus à son avantage. Mais à défaut, il a eu le mérite de travailler dans l’entrejeu. Il lui était de toute façon difficile de s’exprimer au sein d’une sélection aussi morne, de laquelle ne se dégage au final qu’une seule réelle satisfaction: Rafinha, le latéral droit de Schalke 04 dont les déboulés étaient bien les seuls à pouvoir déstabiliser l’Argentine. Dans ces conditions, les hommes de Batista et José Luis Brown se sont contentés de dérouler tranquillement leur partition. Sans génie, mais avec une maîtrise collective suffisante pour s’imposer largement. Après une première mi-temps insipide, les Argentins ont semblé marquer quand ils l’ont décidé sur un très joli but d’Agüero, concluant du bide (du bras?) un mouvement gauche-droite-gauche qui déchirait aisément la toile brésilienne. Dans la foulée, une énième frappe de loin brésilienne, décochée par Rafael Sobis, était déviée in extremis par Romero sur son poteau, comme si le sort voulait s’acharner. La crainte d’une égalisation ne dura que quatre minutes. Le temps pour Messi de conclure enfin une action individuelle en lâchant son ballon. Décalage, centre tendu, légère déviation d’Agüero face au but vide, et c’est plié.
Un penalty anecdotique de Riquelme aggravera la marque. Les Argentins ont déjà été plus consistants, notamment Riquelme au déchet inhabituel, dont le jeu argentin est beaucoup plus dépendant que de Messi. Du moins tant qu’il n’aura pas compris que le football est un sport collectif.
L'homme qui lit l'avenir dans le passé
Bixente Lizarazu (Canal+): "Je dirais que les Jeux, c'est la possibilité de voir le vivier des jeunes joueurs, comme Messi ou Agüero, qui, après, réussiront dans les plus grands clubs européens".
Le match de France 4
La minute de cliché météorologique de Thierry Adam (1)
"Il fait très chaud aujourd'hui à Pekin. Tant mieux, ce sont des sud-américains".
Prévisions météo pour ce week-end à Buenos Aires: 4°C le matin, 17°C l'après-midi, nuage épars.
La minute de cliché météorologique de Thierry Adam (2)
"Il fait chaud. On a beau être Sud-Américain, il fait lourd".
Températures moyennes annuelles à Mar del Plata d'après Météo France: de 12°C à 25°C l'après midi, de 4°C à 15°C le matin.
Le mot d’enfant qui passe moins bien quand on a quarante-et-un ans
Dominique le Glou: "A croire qu'ils ont appris à jouer non pas dans une cour d'école mais dans une boîte d'allumette".
Thierry Adam: "Dans une grande alors, parce que dans une petite ils rentrent pas".
Les observations en vrac
• Il n'y aurait pas quelques bouts d'ADN de Romario dans les jambes d'Agüero?
• On n'a pas arrêté de nous vendre ça comme un duel Ronnie-Messi, qui, dans des registres différents, ont été "plus décoratifs qu'utiles" (© Agnelli).
• Ne dites à personne chez Canal que le match était à 15h00, ils ont passé la journée à faire croire à leurs abonnés que leur diffusion de 17h00 était du direct.
• Les écussons des maillots argentins et brésiliens étaient trop sales pour les JO, mais pas les marques de leurs équipementiers. Ouf! L’esprit olympique est sauf.