La morale générale Après cette dixième journée, une première tendance semble se dégager, puisque trois équipes paraissent en position de faire le break, à la condition de confirmer leurs bonnes dispositions actuelles. Auxerre, tout d’abord : invaincue depuis neuf journées en championnat, l’équipe de Guy Roux continue de mener un rythme de champion — selon l’expression consacrée. Les Bourguignons s’appuient sur une excellente qualité de jeu collectif, appuyé par quelques individualités de grand talent. Devant, le buteur maison Benjani, avec sept buts au compteur, a fait oublier en une poignée de matches le prodige qu’il remplace. Comment un joueur à peine connu dans le championnat suisse peut-il exploser ainsi et montrer autant de capacités? Il y a certes des débuts trompeurs, mais on ne peut déjà plus parler de chance du débutant. Et le phénomène est d'autant plus remarquable qu'on laisse parfois plusieurs saisons d'adaptation à des joueurs importés au prix fort…

Didier Deschamps a ressorti sa veste en jean de 1985.

Monaco continue pour sa part sur la lancée de sa performance lyonnaise, en ramenant un point de Bourgogne grâce à un match plein, et au talent de Nonda, qui aurait pu signer un doublé sans une levée de drapeau intempestive… Quant aux Niçois, ils restent étonnement à l’affût avec un bon résultat à domicile face à Bastia, et un but de Diawara, qui était resté inefficace depuis plusieurs semaines… Les autres équipes du peloton de tête poursuivent leur parcours en dents-de-scie: l’espace d’un match, un PSG besogneux s’est subitement mué en machine à marquer, en l’absence de sa star brésilienne… Pour ceux qui doutent des incessants essais tactiques de Fernandez, Paulo Cesar, après avoir été à droite puis à gauche, était dans l'axe… et ça marche! Bordeaux rame malgré de beaux mouvements collectifs, tandis que l’OM coule après une bonne série, et que Sochaux s’incline pour la deuxième fois seulement, contre une équipe pourtant à sa portée. Les Lensois s’installent au milieu de ce pool d’outsiders au sein duquel il s’avère difficile de désigner un chef de file. Les observations en vrac Ça y est : Paulo Cesar peut définitivement jouer à la place de Ronaldinho. La nuit blanche, c’est à Marseille qu’elle a dû avoir lieu samedi soir. 7e carton jaune en 9 matches, mais toujours pas de rouge pour Cyril Rool. Il va falloir un peu appuyer les tacles, mon garçon… À Rennes, le stade "de la Route de Lorient", c’est pour arriver plus vite en L2 ? Bruno Basto, c’est un peu le Daniel Kenedy girondin. Le prix du plus beau trio de vendangeurs est attribué à Montpellier pour son attaque Bamogo-Mansaré-Bonilla. Pour faire autant d’erreurs grossières dans un match, Edmilson doit le faire exprès. Solidarité avec les tocards : l’avantage d’une pelouse comme celle d’Ajaccio, c’est que même les joueurs maladroits ont la possibilité de marquer des buts sur un rebond heureux. La bonne affaire Mwaruwari, ça vaut autant au Scrabble qu’au Subbuteo. Le fait divers du week-end Les Marseillais se sont enflammés un peu vite. Le but de raccroc Hector Tapia, faux rebond sur les abdos à deux mètres face au but. Le but du bourrin Valérien Ismaël : pas la peine de s’appliquer à placer une petite pichenette au-dessus du gardien quand on peut l’allumer à bout portant et compter sur deux déviations pour que le ballon franchisse la ligne.

Se faire la tête de Conan le Barbare ça fait peur, mais tout de suite beaucoup moins quand on a "Maison de la Literie" inscrit sur le torse.

Le fait insolite Déçu d’avoir tiré sur le poteau, Manchev s’acharne encore sur le montant quand Brunel, qui a suivi, expédie le ballon au fond des filets. L'image insolite Le président Nicolai, tel Moïse au milieu de la tribune pour séparer les supporters. La question Combien faudra-t-il de journées pour que Makukula ne soit plus appelé Makulula, Makelele ou Yakalelo? La réponse Si Benachour ne joue pas plus souvent, c'est parce que ça se voit trop qu'il est meilleur que Ronaldinho. L’homme en forme Yann Lachuer fait tout ce qu’il veut avec le ballon, sauf l’envoyer dans la lucarne sur une somptueuse reprise acrobatique. La corruption passive Thierry Gilardi : "L'En Avant Guingamp a signé un partenariat avec le PSG". A 5-0, on n'appelle plus ça un partenariat. L’entraîneur qui dénigre (1) Bertrand Marchand : "Les Parisiens n'ont pas eu besoin de construire des actions pour marquer, ils n'avaient qu'à mettre la balle devant et courir". L’entraîneur qui dénigre (2) Bertrand Marchand (AFP) : "On a fait un match de foot corpo du dimanche matin". Sauf que le dimanche matin, au moins, les joueurs font l’effort de se défoncer un peu sur le terrain. La honte pour Bordeaux Avec Liri, c'est un attaquant encore plus gros que Darcheville qui a égalisé. Le prix d'interprétation Aloisio fait beaucoup mieux Chico que Chico. L’allitération à éviter "Sochaux se serche" (Grégory Novak, Canal +) Le partenaire indulgent Daniel Van Buyten : "La présence de Frank Lebœuf n'aurait pas changé le scénario". Pas si sûr : avec lui, vous en auriez peut-être pris six. Le commentaire moyennement exact David Berger (Canal +) : "Paul Le Guen, qui a joué trois saisons à Rennes".

Après deux mois sur l’Ile de Beauté, Bruno Rodriguez a déjà retrouvé la gestuelle des polyphonies corses.