La Gazette, numéro 21
L'OL commence sa saison?
Les plus perspicaces avaient compris que notre mutisme à la suite de la précédente journée de Ligue des champions tenait plus à un chauvinisme torturé par deux défaites qu'à la volonté de boycotter cette compétition diabolique. Alors on ne va pas rater l'occasion du 3-0 de Gerland pour saluer un très joli match, avec un public qui a dû un peu rassurer Edmilson sur ses capacités acoustiques.
L'OL 2000/01 reste un mystère. On a envie de dire à Santini d'aligner une équipe aussi ambitieuse que son effectif, mais il multiplie les milieux défensifs et rate des victoires par manque d'audace, comme à Munich. Son dispositif, assez variable, ne l'empêche cependant pas d'aligner régulièrement trois attaquants, et malgré un parcours totalement irrégulier en championnat, rien n'exclut que la formule ne finisse par marcher. Appuyée sur une très grosse défense (contre Moscou, Deflandre, Müller, Bréchet), techniquement intéressante, et sur des milieux de grande expérience, l'attaque lyonnaise peut faire à elle seule la différence. Le rendement de l'équipe à plus long terme dépend de l'impact de ses deux créateurs, Malbranque et Dhorasoo (le second ayant du mal à revenir au nouveau qu'on lui a connu) si l'entraîneur leur accorde sa confiance.
Le déclic et l'indispensable surcroît d'assurance peuvent venir de ce match où la réussite (ou l'efficacité) a été lyonnaise, à défaut de la domination. Les Russes n'ont jamais fermé le jeu ni renoncé à faire partir leurs rapides offensives, donnant un rythme élevé à la partie. Pourtant, la paradoxale maîtrise des gris ne s'est jamais démentie, avec en bonus des périodes remarquables en fin de partie pour conserver le ballon. Les trois buts ont tous un air de parenté: ils concluaient des pénétrations rageuses dans l'axe (et un joli nombre de contres favorables pour le dernier). Ils consacraient surtout le talent des deux attaquants. Mis sur des rails par Marlet (dont on voit qu'il parvient à hausser encore son niveau de jeu dans les grandes occasions) dès la seconde minute, le scénario du match est donc resté idéal, en dépit d'une absence de but après la pause.
Dans la quête du fameux "match de référence", l'OL a peut-être touché le gros lot mardi soir, tout en préservant ses chances en Ligue des champions. Alors, avec son style faussement hésitant et son gros cul (pardon), l'équipe de Santini pourrait bien se stabiliser et devenir une redoutable machine à gagner. Mais attention, le dernier club français qui a réalisé un "match de référence" en Ligue des champions est le PSG. Qui en espère un autre ce soir.
Le vent de la polémique
Il a une casquette bleue, ses interviews depuis trois jours sont filmés sous quatre ou cinq angles différents et il fait beaucoup parler de lui... C'est bien entendu Luis Fernandez qui, la polémique à peine passée, se trouve à pied d'œuvre et se multiplie, devant les caméras ou sur les terrains d'entraînement du Camp des Loges.
Certaines réactions à nos articles récents (Le serment d'hypocrite et Gazette 20) sur le sujet nous ont fait le reproche de voir des complots partout, d'attaquer excessivement Perpère ou Fernandez, de trop parler du PSG...
Concernant l'arrivée de Fernandez à Paris, nous n'avons pas tant voulu dénoncer un complot machiavélique que souligner ce que l'affaire révèle des pratiques du milieu, et profiter de l'occasion pour mettre en évidence le réseau d'influence de Canal+ au sein du football français. Fernandez n'est pas un personnage détestable, nous sommes sûrs de ses qualités d'entraîneur, mais il a montré un visage moins plaisant que celui qu'on lui prête actuellement. Quant à Perpère, il n'est peut-être même pas totalement responsable de l'éviction de Bergeroo (parmi les hypothèses que nous n'avons pas faites, il y a celle de l'intervention directe de Lescure ou indirecte du trio Cayzac-Talar-Brochand), mais quoi qu'il en soit, lui aussi nous est apparu moins sympathique. En tout cas nettement moins décontracté.
Pour ce qui est de trop parler du PSG, c'est marrant, parce qu'à d'autres moments, c'était de Marseille ou de Lyon dont nous parlions trop, et pas assez du PSG, et c'était avec Perpère que nous n'étions pas assez critiques... Parfois, nous suivons l'actualité (on nous le reproche), parfois non (on nous le reproche aussi). D'autre part, nous notons avec amusement que la susceptibilité des supporters se réveille un peu quand leurs clubs sont exposés. Les chambreurs d'hier sont les chambrés d'aujourd'hui, qui chambreront à nouveau demain. Sauf les supporters strasbourgeois qui ne peuvent jamais chambrer.
Pour mémoire, la rédaction s'est exprimée récemment sur nos limites, nos défauts et nos partis pris (Reprise), exprimant tous nos regrets d'être aussi imparfaits.
Par ailleurs, à ceux qui nous demandent d'arrêter de diaboliser le foot business et de changer un peu de têtes de Turc, nous sommes désolés de répondre que c'est impossible. Nous n'allons pas trouver tout d'un coup Aulas ou Darmon super sympas, alors que leurs discours font constamment la promotion de tout ce que nous détestons dans le football actuel, et qu'ils sont tout de même incontournables (voire omniprésents, comme nos autres cibles favorites). Pour Djorkaeff, c'est vrai, c'est une obsession inexcusable.
Au passage, salutations à JC et Hapege (2è message), on est d'accord avec vous! (Gazette 20). Et merci à tous pour le débat.