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Blatter sous l'emprise de la GLT

La Coupe des Confédérations a servi de test à une nouvelle "Goal Line Technology" qui, comme prévu, n'a servi à rien – sauf à intoxiquer le débat.

Auteur : Jacques Blociszewski le 2 Juil 2013

 


Un système qui coûte cher, qui sera utilisé deux ou trois fois par an au niveau international, dont une petite minorité de stades seront équipés, qui donnera surtout satisfaction aux fabricants d’électronique, qui n’aura aucun effet bénéfique sur le football… Vous avez trouvé? C’est la technologie dans l’arbitrage vue par Sepp Blatter.
 


Quatorze caméras et quelques centimètres

Après avoir longtemps refusé toute assistance technologique à l’arbitrage, le président de la FIFA a fait entrer dans les lois du jeu, en juillet 2012, un système de vérification du franchissement de la ligne de but par le ballon. La raison affichée de ce revirement? Le match Allemagne-Angleterre du Mondial 2010, durant lequel un but de Lampard a été injustement refusé aux Anglais, ainsi qu’un but lui aussi refusé à tort aux Ukrainiens contre l’Angleterre à l’Euro 2012. Dans ce dernier cas, selon les experts de Hawk-Eye, le ballon était rentré de… 2,5 centimètres.
 

 



 

La Coupe des Confédérations qui vient de s’achever au Brésil devait voir une nouvelle "expérimentation" de Goal Line Technology (GLT). Le système retenu est le GoalControl-4D, produit par une firme allemande. Il comporte quatorze caméras à haute vitesse situées autour du terrain et dirigées vers les buts (sept caméras pour chacun). Elles filment en continu la position du ballon près du but, en trois dimensions. Si le ballon franchit la ligne, l’unité centrale du système envoie en moins d’une seconde un signal vers la montre de l’arbitre. Au Brésil, comme c’était prévisible, aucun cas litigieux ne s’est présenté. Cela avait déjà été le cas lors de l’expérimentation précédente, au Mondial des clubs 2012 au Japon. La première caractéristique de ces systèmes électroniques est en effet qu’ils sont quasiment impossibles à expérimenter en match puisque les situations qu’ils sont supposés éclaircir n’arrivent presque jamais. Et même si une de celles-ci se produisait et que le test s’avérait positif, que pourrait-on conclure à partir d’un seul cas?
 

À notre connaissance, au niveau international et depuis 1996, seuls sept matches auraient clairement relevé d’une assistance technologique: trois cas avérés (Roumanie-Bulgarie 1996, Brésil-Colombie 2004, Allemagne-Angleterre 2010), trois cas probables (France-Corée du Sud 2006, Brésil-Etats-Unis 2009, Ukraine-Angleterre 2012), un cas limite, Chelsea-Liverpool 2005 en Ligue des champions. Et même si le chiffre réel est sans doute autour de dix ou douze cas, cela reste très, très peu. Quant à l’impact concret que ces buts pour la plupart refusés ont eu sur le résultat des matches concernés, on peut en débattre à perte de vue, tant les situations potentiellement décisives sont nombreuses dans une rencontre.
 


La révolution n'aura pas lieu

Sepp Blatter a eu un mérite: il a toujours refusé un "arbitrage" vidéo basé sur un visionnage d’images de télévision, trop long et ouvrant la boîte de Pandore des interprétations multiples. Il n’avait en tête qu’une application au franchissement de la ligne de but, à condition que la technologie soit au point. Il a donc beaucoup attendu, a baladé les médias, et beaucoup de ceux-ci, crédules, ont suivi, développant à l’infini le thème: "une révolution dans le football". Une révolution invisible…
 

Pendant ce temps, Michel Platini, lui, mettait en œuvre l’arbitrage à cinq, avec beaucoup de sagesse et une très méritoire résistance à l’utilisation de toute technologie d’assistance à la prise de décision pendant les matches (autre bien sûr que celle déjà en place pour la communication radio entre arbitres). Comme la GLT, l’arbitrage à cinq a lui aussi été intégré dans les Lois du jeu. Il aurait donc suffi au président de la FIFA de calquer sa position sur celle du président de l’UEFA – et peut-être futur candidat à la présidence de la FIFA – et de laisser s’installer un arbitrage à cinq qui, une fois perfectionné, donnera sans doute d’aussi bons résultats que la GLT, en coûtant moins cher et en apportant bien plus au jeu.
 

Toutefois, Blatter a décidé de mettre le maximum de bâtons dans les roues de son rival Platini. Il a donc fait passer la GLT, qui sera appliquée au Mondial 2014. Ensuite, eh bien, advienne que pourra. Les fédérations nationales choisiront de l’utiliser ou non, ce sera à la carte... Mais combien de championnats vont-ils pouvoir financer la GLT et l’adopter? On a beau ne pas être un partisan acharné de l’universalité du foot et de l’argument du "football à deux vitesses" qu’il faudrait éviter dans l’arbitrage – il est d’ailleurs déjà au moins à trois vitesses –, cela créera une disparité de plus (et cette fois à l’intérieur même du monde pro…) dont on se serait bien passé. Ces systèmes coûtent cher. Selon Michel Platini: 54 millions d’euros sur cinq ans pour la Ligue des champions et la Ligue Europa. Et pour Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA: de 121.000 à 201.000 euros par installation de système.
 


Surtout, ne pas se rater

En réalité, la GLT ne servira pratiquement à rien et relève d’une conception du foot très contestable. Décider de ne retenir qu’un seul type de fait de jeu c’est exclure tous les autres, c’est accorder une prime à une relative maladresse; aucun attaquant n’est en effet obligé de tirer sur la barre, les filets sont fait pour trembler et constituent un outil (pas cher du tout) qui permet de s’assurer que 99,9 % des buts sont bel et bien marqués. Avec la GLT, on va vérifier un cas de figure qui relève plus du saut en longueur que du football. C’est bien dans la logique des lobbies des fabricants d’électronique, qui ont fini par gagner, contre le foot. Ils savent que pour les actions n’entraînant pas de mesure linéaire, leurs créations sont impuissantes. Résultat: on continuera ici et là à refuser à tort des buts valables, avec des filets tout tremblants d’émotion, alors que sur un tir à demi réussi on laissera la GLT explorer l’infiniment petit. La balle est rentrée de six centimètres deviendra une info capitale, au milieu du déferlement sur le football de statistiques délirantes.
 

 


 

Si encore on pouvait être sûr que ces technologies fonctionneront au jour J... Car ce jour-là, il vaudra mieux ne pas se rater. Mais Steve Carter, directeur de Hawk-Eye (système absent de Brésil 2013, alors qu’il était présent au Japon en 2012 et que la Premier League l’utilisera cette saison – vive l’harmonisation) n’a pas l’air si rassuré que ça: "Le pire scénario possible serait que, si le système n’est pas assez précis, les caméras de la télévision montrent qu’il s’est trompé" (!). Alors qu’elle était censée délivrer l’arbitrage des images télé – au moins sur un point – la GLT restera tributaire des chaînes.


Il y a plus encore. Selon le document FIFA "Amendements aux lois du jeu", "L’arbitre doit tester la fonctionnalité du système avant le match. Les tests à effectuer sont établis par le Manuel de tests du Programme Qualité de la FIFA pour la GLT" (45 pages). La confiance règne… L’arbitre garde le dernier mot, le pouvoir décisionnel, nous dit-on. On imagine la scène: "Alors M. l’arbitre, vous en pensez quoi? – Non, aujourd’hui je le sens pas, les tests ne sont pas bons, on va faire sans ". Et deux heures plus tard se reproduit le scénario d’Allemagne-Angleterre 2010... On nage dans l’absurde. Enfin (s’il en était encore besoin), la célèbre revue scientifique Nature a publié un texte du chercheur Nic Fleming, dans lequel il déclare: "l’introduction de la GLT dans le football est susceptible d’engendrer une tromperie massive des téléspectateurs" (…) La mesure implique l’erreur".
 

L'obstination du président de la FIFA à faire passer la GLT ressemble à une mauvaise plaisanterie faite au football. Elle lui nuira même, dans un avenir proche. Mais les décisions absurdes ont la vie dure.

 

Réactions

  • Ibranche le 02/07/2013 à 01h05
    Excellent boulot

  • Marcus Lupus le 02/07/2013 à 09h19
    Très bon article, je reste tout de même naïvement surpris de la béatitude générale des médias sur ces "révolutions" qui n'en sont pas.

  • L'Abel et l'Ebert le 02/07/2013 à 09h57
    Très bon article, qui présente effectivement ce qui pourrait arriver à l’avenir avec l’utilisation d’un tel système et toutes les stats absurdes qui en découleraient.

    Etant arbitre dans un autre sport, je m’interroge sur ce que l’auteur sous-entend par « il est d’ailleurs déjà au moins à trois vitesses » (parlant de l’arbitrage). Pur figure de style ou il y a bien plusieurs vitesses constatées ? Et alors, quelle est cette fameuse troisième vitesse qui s’intercale ? Matchs internationaux/ Championnats pro/Amateurs ? Merci !

  • zorrobabbel le 02/07/2013 à 10h16
    je suis toujours aussi surpris de lire des articles aussi arrêtés sur les cdf.

    Au vu de l'argumentation utilisée, et du peu de chiffres et de stat, on devrait pouvoir faire exactement le même article à charge contre l'arbitrage à 5.

    Je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi d'autres sports parviennent à faire des tests sur tels ou tels changements d'arbitrage (tennis, rugby, hand, F1, etc...) en revenant en arrière si les tests ne s'avèrent pas concluant, alors que le foot, lui, sombrerait corps et âme si l'on ouvrait la boite de pandore qu'est la vidéo.

  • Gabriel Heinze Sergent García Rafa Márquez le 02/07/2013 à 10h26
    Le "pire scénario" évoqué dans l'article (les images télés montrent que le hawk-eye s'est planté) me parait peu probable, les angles de caméras permettant rarement de trancher à 100%. Par contre, vue la fréquence à laquelle ce sera utilisé, j'imagine très bien que le truc soit indisponible le jour on en enfin besoin, genre pour un match de Premier League en 2015. Et là on va bien rigoler.

    L'article dans Nature est intéressant car il évoque la précision et l'estimation de l'erreur sur ce genre de méthode. Je rêverais de lire dans L'Équipe "le but est rentré de 2.5cm +- 1cm". Avec une transparence sur les barres d'erreur, je serais peut-être moins réticent à tester cette technologie. Malheureusement, il est clair que ces infos ne seront jamais publiques, mieux vaut garder l'illusion que la science produit des résultats exacts.

  • Jamel Attal le 02/07/2013 à 10h47
    @Gabriel
    La FIFA exige pas plus de 3 cm de marge d'erreur, ce qui peut sembler très important en regard de la précision chirurgicale prétendue de l'outil – qui doit justement intervenir dans les cas les plus "limite".
    L'article de Nature est effectivement passionnant, ne serait-ce que parce qu'il rappelle que les divers procédés de GLT reconstituent une image de synthèse, qu'ils produisent une représentation "fictive".

    @zorrobabbel
    L'article "arrêté" que tu décris comporte une somme d'arguments, et tu peux librement contre-argumenter à partir de ces éléments, contester tel ou tel point. Je ne vois pas le rapport avec l'arbitrage à 5 (du moins pas celui que tu suggères), sur lequel on peut discuter mais qui ne relève pas du tout de la même approche.

    Et en l'occurrence, le football a bel et bien testé la GLT - enfin, entre guillemets puisqu'un cas de figure type "Lampard" ne s'est pas présenté.

    Après, quand on est capable d'anticiper (simplement en imaginant les diverses modalités concrètes d'application de l'arbitrage vidéo) la somme d'effets pervers et les conséquences sur le jeu qu'engendreraient ces "solutions", quel est le besoin de les expérimenter à tout prix? Surtout qu'avec la capacité du football à prendre et maintenir des décisions absurdes, un constat d'échec risquerait de ne pas être suffisant pour revenir en arrière...

  • zorrobabbel le 02/07/2013 à 11h15
    Disons que je trouve l'introduction assez arrêtée:

    "La Coupe des Conf a servi de test à une nouvelle Technology qui n'a servi à rien sauf à intoxiquer le débat.
    Un système qui coûte cher, qui sera utilisé deux ou trois fois par an au niveau international"

    Et la conclusion de ton post tout aussi arrêtée :

    "avec la capacité du football à prendre et maintenir des décisions absurdes, un constat d'échec risquerait de ne pas être suffisant pour revenir en arrière"

    -------

    Tout changement peut induire de nouvelles problématiques, bien malin celui qui pourra les prévoir à l'avance. D'où la nécessité de tests ou de pilotes, dans le foot comme dans tout autre domaine.
    j'étais persuadé que la vidéo dans le rugby allait emmener contestation et problème. force est de constater que c'est une réussite qui n'a pas introduit la moindre polémique depuis 3 ans.

    Pour prendre un sport qui draine plus d'argent, et dont les dirigeants font polémique (pour me rapprocher du foot), la F1 parvient année après année à changer les règles, de manière drastique, dans le but de produire toujours plus de spectacle.

    Dernier point sur la vidéo, ce n'est pas mon cheval de bataille. Mon cheval de bataille, c'est tester des nouveautés pour améliorer.
    j'aimerai voir dans le foot le carton jaune = 10 minutes dehors, et le "tu râles sur la faute, tu prends 10 mètres".

    ça je trouve que ce serait eau fraîche.

  • le Bleu le 02/07/2013 à 11h27
    Je rappelle que le dispositif de franchissement de la ligne de but faisait partie du Manifeste des Cahiers, quand même...

  • Jamel Attal le 02/07/2013 à 11h44
    @le Bleu
    Sans en être de fervents partisans, on ne s'est en effet jamais opposés au principe. Aujourd'hui, on en est à appliquer ce principe au travers de procédés que l'on peut évaluer, et qui paraissent insatisfaisants à plusieurs égards: rapport coût/bénéfice, méthodologie, discours qui l'accompagne, etc.

    @zorrobabbel
    "j'étais persuadé que la vidéo dans le rugby allait emmener contestation et problème. force est de constater que c'est une réussite qui n'a pas introduit la moindre polémique depuis 3 ans."
    =>> Ouh là. On devrait pouvoir trouver quelques amateurs de rugby pour te lister les incidents, dont un célèbre... en finale de la Coupe du monde. Et surtout, comme on l'a dit mille fois, le rugby n'est pas le football, qui ne se prête pas du tout de la même façon aux interruptions du jeu ni à la définition d'un champ d'application restreint et explicite.

    Après, l'attrait de la nouveauté et des solutions apparemment sexy se heurte souvent à la difficulté des conditions d'application et d'effets pervers très vite perceptibles (notamment l'expulsion temporaire, qui ajouterait des controverses sur ces nouvelles décisions arbitrales).
    Voir la série d'articles "Changer les règles":
    lien

  • Gabriel Heinze Sergent García Rafa Márquez le 02/07/2013 à 13h24
    La question de l'évaluation me parait fondamentale. Pour l'arbitrage à 5, s'il y a eu des études, je n'ai pas eu d'échos de leurs conclusions. Ça avait été le cas en basket par exemple, pour passer de 2 à 3 arbitres dans certaines compétitions. Les idées que proposent zorrobabbel (exclusion temporaires, 10 mètres pour contestation) sont à mon avis à creuser, mais il faut s'interroger à l'avance sur les moyens d'évaluer leur réussite ou non.
    Et pour la GLT, sauf dysfonctionnement majeur (ce que je ne souhaite pas, soyons clair), la rareté de son utilisation fait que ce ne sera pas facile à évaluer objectivement, et donc on ne reviendra pas en arrière. Soit, il y a d'autres pompes à fric qui me dérangent plus que ça dans le football, et si ça peut nous éviter d'avoir à entendre les anglais (ou pire, imaginons que ce soit les espagnols, les italiens ou les français!) chialer pendant quatre ans après, ce sera au moins ça de pris.

    Concernant le rugby, il est certain que ses règles évoluent beaucoup plus vite qu'au foot. Le revers de la médaille étant que certaines règles deviennent vraiment difficiles à comprendre pour les spectateurs occasionnels, surtout en comparaison du foot, dont la simplicité fait partie des attraits à mon sens.
    Mais au final, outre les quelques "incidents" qu'évoque Jamel et qui restent relativement rares, on peut légitimement s'inquiéter du côté "boite de Pandore" souvent évoqué par les opposants à la vidéo. Au début limitée à l'en-but en cas de litige sur un essai, elle est maintenant utilisée aussi pour l'action amenant à l'essai (vérifier que les dernières passes sont en arrière, ou qu'il n'y a pas eu d'obstruction, par exemple), certaines fautes susceptibles d'entrainer un carton, etc. Pour l'instant, l'impact sur le rythme du match reste à mon avis acceptable, mais depuis son introduction la tendance est clairement à toujours plus de vidéo.

La revue des Cahiers du football