Le fil dont vous êtes le héros

Amoureux des jeux de société & de plateau, qu'ils soient d'aventures, de rôles, de stratégies, de figurines, de cartes : ce fil est pour vous.

Gazier le 21/06/2023 à 03h12

En réponse à Cris CoOL le 20/06/2023 à 23h37
(voir le message)

Bien que je me sois mis à la française, je suis partant vu mon agenda allégé du moment.
lyes le 21/06/2023 à 16h07

Hey je dois jouer l'homme bus, si tu passes par la, impossible de retrouver ton psueudo lichess.

Tiens moi au courant ici ou sur la messagerie lichess Abu-Al-Qassim
pavlovitch le 21/06/2023 à 17h18

@ Lyes, le pseudo lichess de L'homme bus c'est: " T_Animal "

@ Gazier, L'idée semble être que tu joues avec les Blancs pour que Cris se prépare avec les Noirs!

Bon, de mon côté j'ai refait un tournoi après trois mois de pause. Quelques déceptions en début d'année, mais un contenu pas si dégueu qui me faisait penser que les bons résultats allaient revenir. Je me suis donc essayé à un tournoi sur un seul week-end, un format "fast food" avec 7 parties lentes du vendredi au dimanche, en cadence 1 heure par joueur + 30 secondes d'incrément. À l'instar du tournoi du Kremlin-Bicêtre joué par Raspou et Markov, ou du tournoi fermé à Lyon disputé par Koller il y a un mois, je crois.

C'était un open ouvert (hihi) aux -2400 elo, à l'est de l'Andalousie, où je partais comme huitième joueur le mieux classé. Je n'avais guère confiance en ma capacité à enchaîner sept parties d'échecs en 48 heures sans connaître de baisse de niveau, mais j'étais intrigué d'en faire l'expérience. Surtout pour la triple ronde du samedi qui s'annonçait dantesque! Il y avait aussi la nouveauté de la cadence de jeu. Sachant que j'ai tendance à me retrouver souvent en zeitnot, ça risquait d'être pire avec une demi-heure de moins que la cadence classique. Finalement, je pense avoir plutôt bien géré ma pendule, j'ai réussi à faire confiance à mon intuition, à prendre des décisions pratiques quand il le fallait, et je n'ai pas été trop mal au temps. Quant aux éventuelles baisses de niveau dues au rythme infernal du tournoi, sans trop spoiler, disons que vous pourrez en juger en voyant la conclusion.

Nous nous étions mis d'accord, trois joueurs de mon club et moi, pour faire le voyage ensemble, partager les chambres d'hôtel, etc. On débriefait ensemble après les rondes, on s'encourageait mutuellement, une bonne ambiance donc, un peu comme dans des matchs par équipe, mais sans cette pression de jouer pour l'équipe! Par contre, le temps libre était réduit au minimum et ça n'a pas été mémorable ni touristiquement ni gastronomiquement. C'était échecs, voiture, repas, dodo. Mais surtout échecs.

Le vendredi, je gagne deux parties d'assez bonne facture, mais pas parfaites. Une trop grosse prise de risques dans la première (au lieu de convertir tranquillement une finale avec un pion de plus contre un 1700, je sacrifie du matériel pour une attaque de mat, qui certes, marche, mais de justesse). Et une imprécision dans l'ouverture de la deuxième, non punie par mon adversaire.

Le samedi, journée de triple ronde, commence à l'échiquier numéro 1 contre un maître fide colombien qui a écrasé le tournoi. Avec les Blancs, j'ai un net avantage face à une défense moderne un peu ratée jusqu'au vingtième voire au trentième coup, mais il met une grosse pression à la pendule et active ses pièces de plus en plus. Je finis par complètement craquer et perdre dix coups plus tard. Pas trop déçu, je sais que j'aurais pu faire mieux, mais qu'il était un peu trop fort pour moi. Je gagne ensuite deux parties encore assez convaincantes, et sans trop m'épuiser, pour arriver à 4/5 avant le dimanche décisif.

Ronde 6, dimanche matin, nous sommes quatre joueurs à quatre points, qui nous battons pour les places sur le podium. L'un deux, un de mes camarades de club, qui a réussi le samedi à prendre un demi-point au maître colombien, fait une nulle de salon. Un autre perd rapidement à la table 1. De mon côté, j'affronte un des joueurs que je craignais le plus, un jeune de 17 ans à 2200 elo, fort talentueux (elo maximum: 2260 il y a quelques mois). J'ai les Blancs, il répond e5 à mon 1.e4 et nous entrons dans une espagnole, variante d3.

Pendant les premiers coups, je suis dans un état de tension nerveuse peu commun, puis j'entre peu à peu dans la partie. Vers le vingtième coup, dans une position somme toute équilibrée, il me propose nulle. J'ai mal dormi, je ne me sens pas en forme, je suis stressé. Il est plus jeune, plus fort et plus talentueux que moi. C'est ma porte de sortie. Mais je n'ai pour ainsi dire jamais signé de nulle par accord mutuel! Et puis, je me bats pour la deuxième place du tournoi, voire la première selon ce qui se passe sur l'échiquier 1. Après une minute de réflexion, je refuse poliment son offre et joue mon coup.

Jusque là, nous jouions assez bien tous les deux. Une lutte acharnée s'engage, où je fais en sorte de jouer de la façon la plus incisive qui soit, en faisant monter la pression à chaque coup, et en organisant une attaque sur son roque. Je suis tenté plusieurs fois de simplifier la position, d'échanger les dames pour jouer sans risque. Mais je dois à chaque fois me convaincre de maintenir les pièces sur l'échiquier, et de laisser la tension croître, car c'est à mon avantage. Mon attaque ne débouche pas sur un gain direct, mais son roi est faible sur le long terme et mes trois pièces lourdes s'en rapprochent. À un moment, je joue un coup naturel avant de m'apercevoir que je viens de louper un gain facile, car son coup précédent était une énorme gaffe. Cela me déprime un instant. Tout reste à faire.

Notre partie est une des dernières de la ronde, ce qui nous vaut un afflux toujours plus grand de spectateurs. Il trouve un semblant de contre-jeu, me fait craindre que les choses ne se retournent. Puis il se résout à forcer une transition dans une finale de tours avec un pion de moins, et doit espérer y sauver la nulle. Mais je reste concentré pendant toute la finale et la convertis proprement. Incroyable, je l'ai fait! Je reste quelques minutes assis, après le départ de mon adversaire et des spectateurs, à savourer cette victoire, émotionnellement une de mes plus intenses. J'ai dû lutter contre mes nerfs, contre un certain manque de courage parfois, contre une aversion au risque que beaucoup de joueurs d'échecs partagent, d'ailleurs... et j'ai réussi à prendre le dessus.

J'ai à peine le temps de me remettre de mes émotions que mon collègue de club m'informe que nous jouons l'un contre l'autre pour finir, que j'ai les Noirs, et qu'une nulle m'assure la deuxième place. Sous-entendu, que lui ne serait pas contre un demi-point sans jouer, qui lui permettrait de continuer une belle progression à l'elo. Je n'ai plus vraiment la force de me concentrer, mais par principe je ne veux pas jouer à ce jeu-là. Je lui indique en m'asseyant que je préfère qu'on joue cette partie, ce qu'il semble bien comprendre. Il me sort une ouverture un peu plan-plan avec double fianchetto, dont je ne raffole pas. J'essaie de déséquilibrer les choses en me créant un pion isolé puis en lui donnant la paire de fous. Ce ne sont pas des décisions excellentes, mais la position semble jouable, visuellement (pour le module, c'est en fait quasiment +2 pour les Blancs).

Il voit alors l'opportunité de monter une attaque sur mon roi, mais ses pièces sont assez mal placées et je sens que quelque chose cloche dans sa position. Je me mets à calculer. Je vois la suite tactique qu'il a anticipée, mais j'analyse un peu plus loin et je trouve une jolie pointe qui réfute toute son attaque. Nous entrons là-dedans. Honnêtement, c'est une des plus belles combinaisons que j'aie placées sur l'échiquier. Il pousse même un "Oooohhh", au moment où je lui joue le coup qu'il avait manqué. Je gagne la dame au bout de cette séquence, contre une tour et un fou. Mon roi est dans un réseau de mat, donc je dois faire encore un peu attention. J'en suis conscient, mais je pense vite avoir résolu tous mes problèmes.

Et là, après une vingtaine d'heures de jeu en un week-end, alors que je sens que je touche au but avec un joli score de 6/7, mon sens du danger disparaît complètement. J'active ma dame sur une case naturelle, en le laissant me donner des échecs, sans avoir calculé quoi que ce soit. Sa main tremble en infiltrant sa tour dans mon camp. Je me dis "tiens, que se passe-t-il pour qu'il soit soudainement nerveux?" Je me rends compte avec horreur que mon roi est dans un réseau d'échec perpétuel. Je me résigne vite, joue mon coup, le regarde. Nous nous sourions, je lui dis: "nulle?" et nous nous serrons la main.

Bon, ce ne sera qu'une nulle pour conclure, quel dommage!

Et à ce moment-là, mon adversaire de la ronde précédente, le jeune de 17 ans, à l'échiquier d'à côté, nous regarde et nous demande ce qui se passe. "Nulle par répétition". "Mais les Blancs étaient complètement gagnants!!" et il nous montre le coup gagnant le plus évident du monde dans la position finale. Loupé par moi qui n'étais plus capable de calculer un coup à l'avance. Loupé par mon coéquipier qui cherchait trop à assurer son demi-point. La déception fait alors place à un soulagement rétrospectif assez cocasse, accompagné des blagues du groupe whatsapp du club sur une nulle forcément arrangée au vu de la position finale.

Je finis donc seul deuxième du tournoi! J'empoche 20 points elo, 300€, et un nouveau trophée à apporter aux enfants. Je suis sur un petit nuage. Prochain tournoi dans 10 jours en République tchèque. Oui, ce week-end dans la province de Grenade n'était qu'une préparation.

Le lien vers le tournoi: lien

J'essaie de vous montrer quelques positions et parties du tournoi en vidéo dans les prochains jours.
Cris CoOL le 21/06/2023 à 17h38

Wouah ! Félicitations Pavlo !
Gazier le 21/06/2023 à 19h35

Bravo Pavlo.
Cris, s'il faut attaquer ta sicilienne avec les blancs, je ne sais pas à quoi je vais servir, moi qui ne joue jamais 1.e4.
Balthazar le 21/06/2023 à 22h10

Bravo pavlo, et vivement tes vidéos (je craignais le manque après Raspou / dan) !
C'est ton titre d'Olomouc que tu défends dans 10 jours ?
Utaka Souley le 22/06/2023 à 00h08

En réponse à Cris CoOL le 20/06/2023 à 23h37
(voir le message)

Je veux bien essayer mais je ne suis pas sûr de t'apporter toute l'opposition que tu pourrais souhaiter. Je peux trouver de la dispo samedi soir peut-être et dimanche soir quasi sûr, puis tous les autres soirs de la semaine prochaine en principe. Je ne me vexerai pas si tu préfères t'entraîner avec un autre que moi.
Utaka Souley le 22/06/2023 à 00h08

Et bravo pavlo !
pipige le 22/06/2023 à 00h33

Bravo Pavlo !

Impatient d'entendre ta vidéo.
Cris CoOL le 22/06/2023 à 08h55

Merci à tous pour votre disponibilité !
L'idée est de voir
1) s'il manque des lignes. Par exemple, altigone a joué 7.Fc4 hier et cela me semblait un manque dans le cours de ne pas avoir inclus cette ligne là qui semble tout à fait logique. Et je trouve intéressant d'être tombé dans un piège tactique dans notre deuxième partie. Je ne suis pas une référence certes mais en regardant dans la base de données, j'ai vu que 91% des joueurs sur lichess faisaient la même erreur ! C'est je pense une bonne information pour le créateur du cours.
2) s'il manque des plans en fin de ligne. C'est bien d'avoir quelques idées sur le milieu de jeu. Parfois c'est plutôt évident, parfois beaucoup moins. Ça me semble parfois un peu léger mais il faut voir ce que cela donne en pratique.
3) si la réfutation de coups moyens est évidente ou non.
4) si, personnellement, ces lignes-là me plaisent et si je me sens à l'aise avec elles. Je vais sans doute rester fidèle à la Caro-Kann mais les siciliennes sont passionnantes à étudier aussi.