Habitus baballe
Pour causer socio, éco, sciences-po, anthropo, histoire-géo, philo, épistémo, Adorno, filporno, Bernard Pardo...
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L'amour Durix le 13/04/2023 à 08h12Effectivement. Je suis un affreux Européen.
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Red Tsar le 21/04/2023 à 16h59Plusieurs d'entre vous avaient témoigné de l'intérêt pour les pages de Nicolas Renahy sur le football en milieu rural (in Les gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale, Paris, La Découverte, 2010, 294 p.). Une grande enquête participative est organisée cet été, le 26 août, à Espalion, par le PTDR (Pôle des Territoires en Déprise Rurale). Une occasion d'aider la recherche, mais aussi de partir à la rencontre du peuple, le vrai, pas celui dont vous parlez à longueur de pages parce que vous avez lu tout Zola (pas Gianfranco, mais le fils de Francesco).
L'inscription, gratuite, s'effectue par mail : boardelique.inscription@gmail.com
Plus d'informations ici : lien
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Pascal Amateur le 12/05/2023 à 11h33Éducation. Le débat fait rage entre "parentalité bienveillante"® et autoritarisme punitif, prétendument résumé autour de deux figures : Isabelle Filliozat et Caroline Goldman. Télérama a récemment proposé un article à chier sur ce débat moderne, compilation de citations sans aucune compréhension de l'enjeu. Eh bien figurez-vous que Jean-Patrick Sacdefiel est venu s'immiscer sous le nom d'"Elisabeth Roudinesco". Laquelle, si elle dit parfois des conneries, livre une tribune dans Le Monde, dont le ton est délicieusement piquant. Je vous en donne un passage :
"Née en 1957, autrice d'une quarantaine de livres, Isabelle Filliozat est issue d'une famille de psychothérapeutes. Titulaire d'une maîtrise de psychologie clinique, qui ne lui permettait pas de s'installer comme psychologue, elle s'est tournée vers des thérapies non homologuées pour exercer le métier de conférencière. Aussi bien met-elle en scène sur YouTube sa souffrance, ses émotions et la détestation de sa mère, qui l'a contrainte dans son enfance à une cure psychanalytique. Mais elle raconte aussi que son grand-père frappait son père à coups de cravache, ayant été lui-même victime de parents violents. C'est donc pour venger cette généalogie de l'humiliation qu'elle a décidé, dit-elle, de se lancer dans une croisade en faveur d'une régénération de l'enfance : ni conflit ni contrainte.
Il faut l'entendre raconter les postures d'une fillette de 6 ans qui ne sait pas quel vêtement choisir chaque matin pour aller à l'école : elle met une robe sous laquelle elle enfile un pantalon, aussitôt retiré en faveur d'un pull qui sera à son tour relégué au placard. Travail nécessaire, souligne-t-elle, au bon « développement neurocomportemental » de l'enfant, qui apprendra ainsi à jouir de sa garde-robe sans avoir eu à subir la moindre interdiction. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le parent « positif » doit être au service de ses chers bambins.
Pour divulguer ses idées, Isabelle Filliozat a fondé une école, des ateliers de coaching et diverses formations payantes destinées à apprendre aux parents à élever leurs enfants, rejoignant ainsi la galaxie du développement personnel qui valorise une culture de l'estime de soi, caractéristique des sociétés occidentales contemporaines : calmer son mental, dépasser les blessures anciennes, méditer, devenir zen, etc. Elle s'est également rapprochée de Guy Trédaniel, son deuxième éditeur, spécialisé dans la diffusion des médecines dites « non conventionnelles », où l'on retrouve pêle-mêle des praticiens radiés de l'ordre et des antivax.
Considérée par des chercheurs en neurosciences comme une scientifique de haut niveau, Isabelle Filliozat a été reçue par Anne Hidalgo à la Mairie de Paris, le 12 avril 2022, soutenue par les écologistes, décorée de la Légion d'honneur, applaudie par Muriel Salmona, fondatrice de l'association Mémoire traumatique. Elle a été vice-présidente, en 2019, de la commission des 1 000 premiers jours, mandatée par le gouvernement sous la haute autorité d'Olivier Véran, alors ministre de la santé, pour formuler des « propositions » sur la petite enfance. Aussi incarne-t-elle pour ses admirateurs la quintessence d'un progressisme de gauche."
Attention spoiler, j'aime bien la conclusion : "En voulant fabriquer des enfants parfaits et de la bonne éducation avec de bons sentiments, et en niant l'importance de l'autorité, on risque fort de fabriquer de la folie et surtout de valoriser le néant au détriment de l'intelligence."
Voilà, vous pouvez reprendre une éducation normale.
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OLpeth le 12/05/2023 à 12h15Il me semble que Goldman n'est pas à mettre dans une case autoritarisme punitif, tu aurais aussi pu utiliser des guillemets. Un résumé de ce qu'elle pense ici : lien
Perso je préfère de loin l'approche équilibrée de Goldman au truc complètement perché de Filliozat. Ne jamais dire non à son gosse, le laisser prendre toutes ses décisions, une certaine idée de l'enfer.
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Pascal Amateur le 12/05/2023 à 12h31Oui, oui, oui, j'ai juste placé le paragraphe mitraillette de Roudinesco. Le plus triste étant la création dans ce débat d'un clivage gauche-droite inepte, et la transformation en effet de l'approche de Goldman en autoritarisme punitif® sans nuance aucune.
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Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit le 12/05/2023 à 12h54Juste sur ça :
"Considérée par des chercheurs en neurosciences comme une scientifique de haut niveau..."
A priori, point du tout. N'importe quel chercheur qui évalue un dossier (et encore plus pour quelqu'un du domaine) va vérifier les états de service (ou de publications/citations) du dossier en question.
En l'occurrence, en termes scientifiques, le dossier Filliozat est très mince (google scholar ou semanticscholar sont vos amis). Aucun chercheur un minimum compétent ne dirait de cette personne qu'elle est une scientifique de haut niveau, ou alors il faut donner le prix Nobel à 98% des chercheurs de ce pays.
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Ichnemon le 12/05/2023 à 13h26Merci ça me rassure. Pour avoir écouter quelques podcast de Goldman, je n'ai jamais eu cet impression d'autoritarisme qui la qualifie dans certains articles.
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Edji le 12/05/2023 à 13h29Dans cette guéguerre un peu ridicule, j'ai surtout découvert que c'était la fille de Jean-Jacques… *yeux han ce choc* !
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Maurice Eculé le 12/05/2023 à 13h38D'ailleurs le plaidoyer en sa faveur dans la même tribune est très drôle :
"Il est difficile d'imaginer que la fille aînée de Jean-Jacques Goldman puisse être une fieffée réactionnaire. Élevée au sein d'une fratrie de six enfants (issus de deux mariages successifs du chanteur), elle a connu une « enfance de rêve », dit-elle, au milieu des Restos du cœur, magnifique entreprise caritative inventée par Coluche et accompagnée par le concert des Enfoirés, dont son père fut l'animateur, raison pour laquelle il est la personnalité préférée des Français. Quant à sa passion pour l'enfance, elle remonte à sa grand-mère, juive allemande, qui lui lisait des textes de Freud, à son grand-père, juif polonais, communiste et résistant, à sa mère, psychologue. Dans la famille Goldman, on aime les livres et on respecte le savoir et l'intelligence."
Ça pose un débat d'idées !
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Pascal Amateur le 12/05/2023 à 13h39Oui, oui, c'est en ce sens que Roudinesco dit parfois des conneries, et quand elle balance un truc flou, c'est en général elle charge la barque pour défendre son propos.
En fouillant le sujet, j'ai vu que Le Monde avait, fin avril, consacré un très long, et très destructeur article sur Filliozat : "Isabelle Filliozat, le bon filon de l'éducation positive", pour ceux qui ont un abonnement. Démonstration spectaculaire d'une quasi-absence de travail clinique, et d'un bizness démentiel.
Je n'ai jamais lu Caroline Goldman (ni Filliozat !), d'où ma gêne pour en parler précisément.
Édit : j'aurais pu répondre la même chose à Maurice, il y a toujours des trucs lunaires chez Roudinesco, le truc (philosémite ?) sur la famille Goldman est du pince-moi.