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Foot et politique

Le fil politique est un fil du rasoir, alors évitons de nous y couper. Par ailleurs, n'oublions pas que son but est d'accélérer l'avènement du grand soir, un de ces quatre matins!

  • Mevatlav Ekraspeck le 31/01/2022 à 19h36
    Le monde du deal est le plus atroce qui soit. Les témoignages des gosses qu'on arrive à récupérer des rues rentre dans la catégorie des échanges les plus glaçants que j'ai pu avoir en plus de 20 ans d'éducation nationale.

  • Mangeur Vasqué le 31/01/2022 à 19h47
    Très courant en Angleterre depuis une petite dizaine d'années, mais surtout depuis 2015-2016. On appelle ça les "County lines" lien

    Des trafiquants de drogue, de très grandes villes en genéral (marchés saturés ou concurrence trop dangereuse), souvent des "inner-city gangs" cô on les appelle, qui cherchent à s'implanter autour de ces gros centres urbains ou en milieu rural et qui pour minimiser les risques forcent des jeunes à faire le sale boulot, parfois super jeunes (la police a arrêté des pauvres gamins forcés à dealer qui avaient 6 ans (!), ils avaient un rôle de transporteurs, "drug runners").

    Y'a eu pas mal de films et docus sur ces County Lines ces dernières années

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    Si ces jeunes vulnérables exploités se montrent réticents, les trafiquants utilisent la violence. De l'exclavagisme moderne en quelque sorte. Voir ce court docu intitulé "Modern Slavery: County Lines" (sous-titres en anglais).

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    Trailer du film docu "County Lines" : lien

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    C'est vraiment super glauque comme truc : Voir par ex. ce poster de la National Crime Agency : lien

    Le plus souvent ces gangs choisissent des ados vulnérables, en rupture avec la societé. Mais pas des délinquants, uniquement des gamins innocents et inconnus des services de police (appelés par les trafiquants des "clean skins").

    Ils s'implantent dans des villes moyennes ou petites, ou même des villages, y créent un marché ou s'en emparent d'un par la force. Dans ces petites villes, les trafiquants louent aux gamins des piaules ("bedsits") ou forcent des adultes vulnérables et/ou accros aux drogues à les héberger chez eux. Ou alors ces gamins sont logés dans ces conurbations et envoyés vendre la came la journée, le soir, le week-end, pendant les vacances scolaires, etc.

    Ils leur offrent des bricoles, genre baskets neuves, fringues designer, etc. mais surtout leur volent leur identité en les menaçant sans arrêt (plus de téléphone, plus d'argent, plus de papiers). Le seul portable qu'ils ont est celui fourni par le réseau.

    Des fois il s'agit de jeunes endettés ou sont en fugue, ou des gamins à la dérive issus de cités, etc., et qui se font embrigader là-dedans avec l'illusion qu'ils pourront régler leurs dettes, sans pouvoir en sortir bien sûr, ou pas facilement, ils deviennent prisonniers du truc.

    Certains font ça au début par goût de l'aventure, vie merdique, décrocheurs, en conflit avec parents ou mère célibataire dépassée qui galère avec 3 boulots ou autre. Ils rencontrent un mec thuné qui leur présente le truc en glamourisant, un peu comme Daech attiraient des recrues avec des clips de propagande super bien faits.

    Mais parfois, ce sont des jeunes des classes moyennes, endettés ou autre, qui sont utilisés (dans ce cas-là, ils vivent chez leurs parents ou grands-parents etc. et sont envoyés plusieurs fois par semaine, ou le soir/week-end, vacances scolaires, etc. dans ces petites villes dealer discrétement, ils dealent sur commande, ils livrent).

    Ce dossier (de décembre 2017, l'un des tous premiers dans médias nationaux) est intéressant (s'inscrire avec adresse courriel), et il parle aussi de es jeunes issus de milieux ordinaires qui tombent là-dedans : lien

    "County lines — a new form of modern-day slavery

    Inner-city gangs are trafficking children to sell drugs in towns and villages across Britain — a practice known as "county lines". Why are their victims being criminalised?"

    Comme dans ce cas, gros coup de filet l'an dernier :

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    Donc des trafiquants de Londres et Birmingham/Wolverhampton et Northampton qui se sont pris collectivement 221 ans de zonzon (72 trafiquants identifiés) pour avoir créé 18 réseaux County Lines, en utilisant des jeunes vulnérables et "drifters" (paumés), de 14 ans certains. Ces jeunes étaient ensuite ventilés tout autour des Midlands dans des petites villes, où ils logeaient souvent pour bien pénétrer le marché local.

    "Members of a multi-million pound County Lines drugs gang have been jailed for total of 221 years after the group was infiltrated by undercover police.

    The covert operation took £1.3 million of drugs off the streets, closed down 18 County Lines rings and led to 72 convictions across the Midlands and London.

    The gang were using vulnerable children as young as 14 to deal Class A drugs including crack cocaine and heroin."

    Les County Lines sont absolument partout aujourd'hui. Y'a 10 ans ça existait à peine.

    On a commencé à en entendre parler en milieu scolaire, vers 2013-2014, mais l'expression n'est vraiment devenue "grand public" qu'autour de 2017-2018, via des articles et "features" dans les médias.

    Vers 2015, dans un collège du coin qui accueille en général une quinzaine de "LACs" (voir ci-dessous), on a eu vent que des LACs avaient été embrigadés dans des County Lines. La police a démantelé un gang peu après et effectivement y'avait quelques LACs de ce collège impliqués, des victimes en fait mais qui malheureusement, trop souvent, se retrouvent criminalisés.

    LACs = Looked After Children lien. Y'a environ 100 000 LACs au Royaume-Uni. Ce sont des gamins abandonnés ou retirés de leur environnement familial par les services sociaux. Très souvent des gamins en danger – abus sexuels, négligence, etc. et très vulnérables, mental health issues, gros problèmes émotionnels, etc. Placés dans des petits foyers ou famille d'accueil. Évidemment, ils sont scolarisés en mainstream pour la grande majorité. Tout est catégorisé ds le système éducatif anglais, et on mesure ta performance (on est payé au mérite, "performance-related pay"), en interne et en externe (inspections) par rapport à un tas d'indicateurs, une quinzaine en général mais ça varie selon des écoles (quasiment toutes autonomes ici), dont les LACs, si l'école en a évidemment. L'enseignant doit personnaliser ses cours en tenant compte de toutes ces catégories, une bien connue est "FSM" (Free School Meals pupils, sur laquelle Marcus Rashford, lui-même un ex FSM, a fait campagne et a réussi a faire plier le gouvernement…).

    Les autorités estiment qu'il y aurait plus de 2 000 County Lines en Angleterre :

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    "The government says it is to provide rehabilitation for 300,000 drug users who carry out half of all shop thefts, robberies and burglaries.

    Ministers have announced that a 10-year drugs strategy will allocate £780m in funding for the drug treatment system in England.

    It also includes £300m for combating more than 2,000 county lines gangs.

    The government says that in some cases casual drug users may lose their driving licences or passports.

    Labour said reforms were "long overdue" and cuts to police budgets had allowed gangs to grow."

    Encore une de démantelée près de chez moi en octobre dernier (fréquent, des gros dealers de Newcastle et Sunderland "en pleine expansion économique") :

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  • Mangeur Vasqué le 31/01/2022 à 21h04
    Pour donner une idée de l'ampleur du problème County Lines, je vais de temps en temps dans une jolie petite ville située à la frontière anglo-écossaise qui s'appelle Berwick (Upon Tweed), 12 000 habitants, tranquille, perdue au milieu de nulle part. lien, célèbre pour ses connections avec LS Lowry lien, le "peintre de la working class" cô il est parfois surnommé, longtemps snobé par le monde de l'art (connu dans le foot pour ce tableau "Going to the Match" lien).

    Lowry était de Salford, Manchester ( lien), mais adorait la mer et passait ses vacances à Berwick, et Sunderland aussi. Au passage, je recommande le film "Mrs Lowry & Son" lien). Y'a un Lowry Trail à Berwick, basique mais superbe, il suit les remparts.

    Début 2020 la police y a demantelé un County Line. Des gros dealers de Merseyside (Liverpool) qui y avaient envoyé une dizaine de jeunes, qu'ils avaient esclavagisés, et logés chez deux personnes particulièrement vulnérables (handicapées), dans un "council estate" (cité HLM mais pas des barres, maisons construites années 1950-60). Ils rayonnaient aussi tout autour de Berwick et surtout dans un gros village touristique à côté, Eyemouth (en Écosse, juste de l'autre côté de la frontière. Tout ça se trouve sur la ligne Londres-York-Newcastle-Édimbourg)

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    Le court clip de la police régionale (Northumbria Police) :
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    C'est un très joli coin, nature sauvage, mais coin défavorisé où la conso drogues dures, "Class A drugs" lien, y fait des ravages, ce qui explique pourquoi ce gang de Liverpool, situé à presque 350 kms de là, voulait s'y implanter.

  • Mevatlav Ekraspeck le 31/01/2022 à 21h27
    C'est fascinant et proprement documenté…

    Je crois savoir ce que je vais en faire professionnellement…

  • Pascal Amateur le 31/01/2022 à 21h50
    Relancer la campagne "Si tu prends ma place, prends mon handicap" ?

  • Mangeur Vasqué le 31/01/2022 à 22h49
    Tu enseignes quelle(s) matière(s) ?

    Ce qu'on peut dire aussi sur ces County Lines et leur incroyable expansion à travers tout le Royaume-Uni depuis quelques années, c'est qu'elles ont su exploiter à merveille un "hollowing out" (évidement, éviscération) de l'État, des structures, sécuritaires, sociales, de prévention, etc. depuis 2010 (c'est en tout cas mon interprétation !).

    Par exemple : 606 commissariats fermés entre 2010 et 2018 (souvent en campagne), probablement encore plus depuis lien

    Même des villes moyennes, ou même relativement grandes, comme Bath ou St Albans, n'ont plus de commissariat "dedicated" (propre) ou seulement ouvert quelques heures/semaine (données 2018, peut-être ça a changé depuis). Ces villes comptent sur les commissariats alentours.

    23 000 postes supprimés dans la police (sur 140 000 quand les Travaillistes leur ont passé le relais, en 2010), etc. Le tout à l'avenant. Ce qui fait que même ouvert la journée, bcp de commissariats ont bcp moins de staff.

    Y'a un bon livre sur ça (pas les County Lines mais sur le démantèlement des structures régaliennes, et les problèmes qui en découlent, pour tous), c'est "Dismembered" lien (2017) et lien, écrit pas Polly Toynbee lien (journaliste très connue, Guardian) et David Walker.

    A partir de là, on comprend mieux comment ces County Lines gangs ont pu s'infiltrer facilement dans les brèches et prospérer.

    Cet article du Times par exemple lien décrit l'ampleur du problème (il est derrière un paywall, alors je mets des extraits – je ne souscris pas au Times, heaven forfend (!) comme ils disent dans Poirot, mais il est facile de contourner leur paywall).

    "Cities such as Bath and St Albans no longer have a dedicated station. St Albans police station was closed in 2015, and residents in the city of 140,000 are directed to a "free telephone to police control room" outside the council offices. London alone has lost 100 police stations in the past eight years.

    The scale of the closures has been revealed under freedom of information laws as policing is overhauled amid budget cuts and new threats from online crime and terrorism. The Sunday Times disclosed last week that one in three bobbies on the beat had been axed in three years as recorded violent crime surged.

    Figures from 38 out of the 43 police forces in England and Wales show how traditional stations with front desks, custody suites and emergency response officers have borne the brunt of cuts.
    Since 2010, 606 police stations have been closed. In Thames Valley, 24 out of 60 stations have shut, including Buckingham, Beaconsfield and Charlbury, as part of a drive to save £40m.

    In Hungerford, a Berkshire market town with a population of 5,000, the axed station has been replaced by a police base at the fire station, but residents are told to report crime elsewhere.
    "There's no doorbell here and we're behind three sets of doors, so we won't hear if someone knocks," an officer is reported to have told a public meeting. "It's not designed as a police station open to the public."

    Cleveland has shut 12 police stations since 2010. This triggered a protest by residents, who carried banners proclaiming: "We need to feel safe. We need police presence." Graham Cutler, 53, co-owner of the Railway Arms in the village of Brotton, east Cleveland, said: "It was horrendous. We were having cars and garden sheds broken into because the criminals knew there were no police." Police patrols were increased after the protests.

    In Southmead, a suburb of Bristol, residents complained that shutting the local station triggered a summer of discontent last year. Riot police were deployed to restore order after arson attacks on cars, joyriding and open drug-dealing. Police later announced a permanent new station at a hospital, featuring an inquiry desk and acting as a base for the neighbourhood policing team.
    In some areas, residents complain the closure programme has worsened response times.

    In London, the number of "significant" calls where police failed to respond in an hour nearly tripled in the three years to 2016-17, from 61,602 to 172,847. A spokeswoman for the Mayor of London said the government had forced the Metropolitan police to find £1bn of savings. "Closing police stations is the stark reality of crippling government cuts. The government has cut policing to the bone." Since 2010, central government funding of the police has fallen by about 20%, according to the Institute for Fiscal Studies.

    […]

    Avon and Somerset police said that out of 21 police stations shut since 2010, 12 had been replaced with other dedicated police stations or front counter services.

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    "Gloucestershire Police has closed 21 of 28 stations, leaving many sizeable towns without a dedicated base for officers.

    In Lancashire, 11 police station front counters have been closed this year, Freedom of Information figures showed.

    The pattern is the same in the Thames Valley region, where 24 of 60 stations have gone, and Cleveland, which has shut 12."

  • Easy Sider le 31/01/2022 à 23h15
    Merci beaucoup pour tes posts ultra riches et documentés!

    Vivant en grande ville avec trafic ayant pignon sur rue, je ne me rends pas bien compte des dégâts que ça peut faire dans de petites villes de province en France, mais j'imagine que ce sont des modèles facilement réplicables...

    La tendance dans le 93 étant, face au manque d'action publique de grande ampleur, les accords de paix sociale entre habitants des cités et dealers pour limiter les nuisances : à Saint Ouen ou quelques autres villes, ça tirait à balle réelle à 100m des sorties d'école. Ce qui très habitants qui ont fini par gérer le truc: le trafic survit mais sans faire de bruit.

  • Easy Sider le 31/01/2022 à 23h16
    Et le côté exploitation capitaliste comme une holding avec ses filiales et le fait qu'au final on ne touche jamais aux grands patrons...fait penser à bien d'autres. Là aussi ce sont les prolos du trafic qui en chient.

  • Mangeur Vasqué le 31/01/2022 à 23h33
    C'est triste en effet d'en arriver là. J'ai un peu suivi ce qu'il se passe à St Ouen et St Denis, et dans le 93 en général, via France24 et autre lien

    Ça a aussi intéressé pas mal la presse et les médias britanniques, lien (et "Engrenages"/Spiral a très bien marché ici, diffusé en clair sur BBC4, grosses audiences).

  • Red Tsar le 01/02/2022 à 08h18
    Brrr... J'ai rien lu de plus glauque sur le royaume de Sa Majesté depuis le Yorkshire de David Peace.

    Au passage, je ne voulais pas polluer le fil concerné, mais la question me titillait. Concernant la récurrence croissante des épisodes de tempêtes au RU, est-ce que ça suscite des commentaires particuliers ?

    J'ai lu il y a peu un article sur le "greenrush" des années 1980 au RU. Les associations environnementales ont compté jusqu'à 3M d'adhérents (Greenpeace...) avant de décliner, assez rapidement. The Economist lançait dès 1990 : "Merci, mouvement écologiste, de nous avoir montré tous les problèmes. On se retrouvera quand la prospérité sera de retour". Mais en tout cas, je n'imaginais pas que la question avait autant suscité d'adhésion à l'époque.
    Bref, qu'en est-il aujourd'hui ? Un éventuel retour ?

    ps : et sur le "greenrush" des années 1980, si tu as un avis (et du temps pour répondre, bien sûr) ? Un militantisme par compensation après la défaite sociale ? Un truc justement utilisé pour affaiblir les luttes sociales ? Une mode ? Un engagement politisé ? Un engagement dépolitisé ?