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Foot et politique

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  • Mangeur Vasqué le 16/01/2022 à 15h18
    Ce "no confidence vote" donc, qui pourrait en théorie faire éjecter Boris Johnson.

    Le Guardian et d'autres ont publié de bons articles expliquant clairement les scénarios possibles maintenant, avec ce "vote de non confiance" au centre des débats. Ces deux liens par exemple :

    lien

    lien

    Tout ça (au moins la première phase de ce "no confidence vote") se déroule assez secrètement, et selon des règles et coutumes anciennes. Ce qui me rappelle un bon mot de Merkel pendant les débats du Brexit entre Londres et Bruxelles, particulièrement autour des termes exacts du "withdrawal agreement" (l'accord de retrait) à la House of Commons et les A/R avec la House of Lords (bcp moins importante, parlementaires non élus).

    Début 2019, la presse britannique interrogea Merkel sur ces tractations après une énième tentative du speaker du parlement (le très pro Remain John "order!" Bercow) de bloquer la procédure, s'appuyant sur une loi de… 1604 (!), selon lui une "strong and long-standing convention". lien

    Merkel fixa le reporter et lui répondit : "Je dois vous avouer humblement que je ne ne suis pas une experte ès règles parlementaires britanniques du 17è siècle, mais j'ai pris connaissance hier de cette loi de 1604 avec grand intérêt."

    On pourrait se diriger vers un "no confidence vote" donc.

    Procédure donc initialement qui se déroule un peu en loucedé. Il y aurait déjà 30-35 députés qui ont envoyé leur lettre (demandant un tel vote) au président du "1922 Committee" lien, il en faut 54 pour déclencher ce vote de non-confiance (15 % des députés House of Commons du Parti conservateur, au nombre de 360).

    Le délai pour envoyer sa lettre est de 15 jours. On ne sait pas qui l'a envoyée, on ne le saura jamais car ces députés restent anonymes. Sauf évidemment ceux qui font leur coming out. Six députés ont déjà publiquement déclaré qu'ils avaient envoyé la lettre aux "22" cô on appelle le "1922 Committee".

    Le "22" est un groupe de 18 députés backbenchers + un président. Ces "backbenchers" sont de simples députés, sans autre mandat (les députés qui sont ministres, junior ministers ou senior ministers, ou secrétaire d'état sont des "frontbenchers" lien).

    Ce comité parlementaire conservateur est chargé de régler les problèmes au sein du Parti conservateur. Ils se réunissent une fois par semaine et discutent des questions du moment dans le parti, les "current issues". Une fois par mois, le président des 22 rencontre le premier ministre conservateur pour lui faire remonter le nouvelles du front. (Évidemment qd c'est un premier ministre travailliste, pas grosse activité. Mais bon, depuis 1979, sur 43 ans donc, on a eu 30 ans de premier ministre conservateur. Mais tout est la faute de la gauche selon les médias et la presse, largement de droite. Enfin passons).

    Si le président reçoit 54 lettres, il doit déclencher un vote de non confiance parmi les députés conservateurs (à bulletin secret), qui peut se faire très vite, sous les 24 h. Si majorité, 181 donc, le premier ministre démissionne.

    Ces votes n'arrivent évidemment pas souvent (y'en avait cependant eu un fin 2018 avec Theresa May lien, mais c'est rare. Car la pratique, ancestrale, privilégie une alternative : la démission du premier ministre avant l'humiliation d'un vote de non confiance. En gros, le président des 22 va voir le PM et lui dit : "Désolé mon gros mais je sens que la fronde est méga et qu'on va te dégager sans ménagement. Peut-être serait-il plus sage de démissionner et sauver ta dignité politique en disant que tu as entendu le peuple et que dans l'intérêt du pays bladibla…".

    C'est ce qu'il s'était passé avec Theresa May en 2019. Elle avait survécu au vote de non confiance de décembre 2018 (200 bulletins pour qu'elle reste vs 117 contre) mais 3 mois plus tard, la fronde s'étant intensifiée, le président du 22 l'avait prévenue qu'il y aurait un autre vote fin 2019 (faut attendre un an entre les votes) et que cette fois ça serait probablement une défaite, etc. donc elle avait sagement démissionné en mai 2019 lien

  • beltramaxi le 16/01/2022 à 15h23
    J'ai pas trop compris quelle était sa position justement (faudrait lire le livre), en tous cas personne ne fera de lien avec le wokisme, pas trop compris l'allusion non plus. Il parle aussi bien de responsabilité des bailleurs ou de l'Etat que de la logique communautaire que du déni de la gauche.

    Il ne faut pas oublier non plus que la mixité est combattue par la droite dans les quartiers aisés (réticence aux HLM) mais aussi par une certaine gauche dans les quartiers "populaires" (au motif d'une gentrification, en fait surtout parce qu'elle voit cette dernière comme pouvant la fragiliser politiquement). Et je ne suis pas sûr que c'est parce que tu croises un sénégalais et un malien qui regrettent que des plus blancs soient partis que cela en fasse quelque chose de simple.

    Tiens Easy puisque t'es par là, Saint-Denis a été largement tertiarisé depuis 20 ans, est-ce qu'on connait un peu les conséquences sur l'emploi des jeunes diplômés locaux ? Vu de loin, ça ne saute pas aux yeux.

  • Luis Caroll le 16/01/2022 à 15h35
    Pareil, j'ai plutôt l'accusation de wokisme facile mais là je vois pas.

  • Mevatlav Ekraspeck le 16/01/2022 à 17h44
    Si mes infos sont bonnes, le département du 93 a commandité un audit sur le sujet, des lycées locaux ont été sondés à ce sujet, sur le devenir des jeunes sortis de BTS / licence pro / prépas. Guette les publications locales.

    Sans préjuger de ce que ça va donner:

    Un chef d'établissement parlait « d'inemployabilité » de ses populations scolaires et pointait les faits suivants :
    - le classique délit de sale adresse.
    - une balance emplois proposés / candidats déséquilibrée.

    Mais aussi :
    - À diplôme équivalent, une qualité de formation moindre comparée à celle prodiguée dans les lycées « concurrents » (92 et 95). Le phénomène est dû à un phénomène connu, celui de l'adaptation des notes au public. Un 12 à St Denis ne reflète pas le même niveau d'acquis qu'un 12 à Levallois.
    - un public moins rompu aux codes de l'employabilité, très marqué par les us et coutumes des quartiers (langue, posture, tenue vestimentaire) rédhibitoire face aux RH.
    - une mobilité accrue en IDF, qui rend le marché de l'emploi tertiaire très concurrentiel : le spectre de recrutement est très large, l'atout du « local » en vient à se retourner contre les éventuels bénéficiaires de la proximité (surtout si cette dernière sous-entend un environnement pourri).

    Par contre mon petit doigt me dit qu'Uber et Amazon se goinfrent de livreur ou autre esclaves modernes dans le secteur…

  • blafafoire le 16/01/2022 à 18h44
    Pour Luis et Beltramaxi :

    "Pour simplifier, il s'agit du fait qu'on ait séparé les gens en fonction de leurs couleurs de peau ou origine."

    "C'est principalement à cause de l'attribution des logements sociaux par les bailleurs sociaux et les pouvoirs publics, lors des commissions d'attribution de logement. Selon la consonance d'un nom, il peut être simple de connaître l'origine de la personne. En théorie, il est interdit d'attribuer un logement selon la couleur de peau. Dais les faits, c'est largement pratiqué comme l'ont montré des travaux d'universitaires."

    "Les jeunes qui ont repris les causes antiracistes sont plus décomplexés pour parler de Blancs, de Noirs et d'Arabes. Dans les années 1990, ces mots étaient exclusivement dans la bouche de l'extrême droite. Jean-Marie Le Pen provoquait un tollé en les utilisant. Aujourd'hui, les associations s'en emparent pour dire toute autre chose. Ce sont des mots qui dérangent, mais je pense qu'ils permettent de nommer les choses."

    Notre tradition républicaine ne reconnaît pas de différence officiellement entre les citoyens. C'est un idéal noble vers lequel il faut tendre. Mais s'il se contente d'être un discours de pure forme, s'il n'est pas suivi de politiques, il produit l'opposé de ce qu'il prétend combattre."

    + Il cite en conclusion l'"Apartheid scolaire" dont la thèse est que le système scolaire est raciste.

    + Son idée que le communautarisme est un simple mécanisme de solidarité.

    Ça ne correspond peut-être pas à la définition stricte, mais bien avec celle qu'utilisent aujourd'hui les médias de droite.

  • Easy Sider le 16/01/2022 à 18h50
    Je suis un peu embêté pour te répondre avec des chiffres très précis parce que je ne remets pas la main sur un doc particulier qui aurait pu me permettre de le faire...et je ne bosse plus spécifiquement sur Saint-Denis et les environs depuis quelques temps. Par contre, en termes de grandes masses, ce que je peux te dire:

    1/ Les infos de Mev sont bonnes sur les premiers diplomes professionnels (niveau CAP, BEP, bac pro). Je ne trouve rien à redire à son message.

    2/ La tertiarisation n'a pas amené une structure d'emplois correspondant à l'offre de diplômés habitant sur le territoire. De mémoire sur les 9 villes de Plaine Comune, on a quelque chose comme 25% de la population totale qui a un diplôme équivalent à Bac+2, 25% de la population qui a un niveau bac-bac pro, et 50% de la population qui n'a aucun diplôme ou le Brevet des collèges. Et autour de 20% de chômage. Les emplois tertiaires réclament généralement un niveau minimal de bac+2 pour les moins qualifiés, donc il est mécaniquement compliqué pour le territoire de fournir des candidats en nombre pour les boites qui recrutent.

    3/ Les boites tertiares qui sont arrivée ici le faisaient pour des raison d'exemptions fiscales (et un peu d'image mais pas tant que ça au final), en profitant des conditions de la Zone Franche et certaines d'entre elles en sont déjà reparties, laissant des friches tertiaires compliquées à combler: l'exemple d'SFR déjà reparti après avoir construit des complexes gigantesques qu'ils préfèrent laisser vides que les occuper en est assez emblématique...de plus, ces boites arrivent dans le cadre de déménagement et pas d'extension, c'est à dire que leurs salariés déjà en poste arrivent dans le coin, et que seul le turnover peut permettra à des gens du coin d'entrer dans les boites. Certaines d'entre-elles ont quand même des dispositifs "diversité" qui permettent d'ouvrir les possibilités.

    4/ Pour avoir été amené à bosser un peu avec Pôle Emploi sur des parcours de formation dans ces coin-là, le constat était fait que plutôt que viser les top emplois tertiaires qui sont de toute façon saturés en termes de candidatures d'où qu'on vienne t et que l'on sorte (me semble que Lui en palait l'autre jour), l'option la plus simple et réaliste pour permettre à la population du coin de travailler "localement" était de leur permettre d'avoir un accès facilité aux emplois de services liés à la maintenant, au nettoyage, à la sécurité et aux services externes (restauration, hôtellerie etc) car plus réaliste à la structure des diplômes de la population. Car, étonnament, on s'est rendu compte que les gens qui faisaient le plus de bornes pour bosser étaient très souvent ceux qui étaient les moins qualifiés et pour faire les boulot les moins rémunérateurs et qui faisaient cumuler des inégalités (horaires décalés, obligation de prendre la voiture car pas de transports en commun a un bout ou àl'autre de la journée de travail, contacts avec des produits toxiques etc). Il y a donc un vrai enjeu à localiser ces emplois-là, cela permettant de faire gagner du temps et de l'argent à une partie no-négligeable de la population.

    5/ Sur le point précis des jeunes diplômés, en dehors de ce que dit Mev, peut être qu'Edji s'il passe par là pourrait nous en dire plus ou avoir accès à des données de l'université du coin...mais je préfère ne pas m'avancer au risque de dire des conneries...

  • Edji le 16/01/2022 à 19h11
    Tout cela est très intéressant, merci (à commencer par l'itw au point de départ de la discussion).
    Je n'ai pas grand chose à apporter du petit bout de ma lorgnette de prof de fac dans un domaine de surcroît limité, si ce n'est que :
    - même à ce niveau d'études (y compris en Master), la mixité sur le plan des origines demeure extrêmement réduite (ça ne concerne donc pas les seules établissements primaires et secondaires) ;
    - il y a un clairement un déficit de formation préalable fort préoccupant, et l'on finit par diplômer à l'usure des étudiants dépourvus de bases solides sur le plan de l'expression et du raisonnement, ce qui me désespère surtout pour les intéressés ;
    - et ce d'autant plus que la motivation de ces derniers n'est certainement pas en cause, ce qui permet malgré tout de propulser ceux qui ont le minimum requis dans la sphère de l'employabilité en leur donnant confiance en eux (le manque de confiance, qui s'observe à maints égards, m'apparaissant comme le second énorme obstacle à leur promotion sociale) ;
    - d'où le grand intérêt de LA piste la plus sérieuse de professionnalisation (horreur, j'ai prononcé le mot qui fâche en bon suppôt macroniste du néolibéralisme…), qui réside dans l'alternance, laquelle connaît certes un très fort développement un peu partout mais avec une utilité sans commune mesure dans des contrées comme celle-ci, et avec, de ce que j'en vois, bien peu d'échecs (même s'il y en a) => tout ce qui peut contribuer à mettre le paquet en la matière aura mon entière approbation (ce qui ne dispense pas de faire preuve de vigilance face aux structures qui en abusent pour de basses raisons comptables et fiscales).

  • Red Tsar le 16/01/2022 à 20h30
    Pour ma part, je trouve aussi très bien le principe de l'alternance en formation initiale et même tout au long de la vie pour les salariés. Prendre le temps d'aller observer des collègues, lire ou suivre un séminaire bien fait, avoir du temps pour écrire ou échanger en groupe, bref pouvoir réfléchir sur son métier (ou un autre) sans être isolé pour mieux avoir prise sur lui (ou en changer), ça me paraît essentiel.

    Mais tu constates toi-même que tes étudiants sont défaillants au niveau des bases ''académiques''. Donc il leur faudrait aussi plus d'heures de cours classiques. Par ailleurs, on ne peut pas tout vouloir à la fois dans un temps limité et je pense qu'on sera tous d'accord sur le fait que l'éducation joue aussi un rôle important pour faire société et renforcer la démocratie. Je ne sais pas si tu as lu les ouvrages de Nussbaum (une libérale pur jus) et si ce n'est pas le cas, je suppose que c'est compliqué vu ton métier de dégager du temps comme ça pour le faire, mais voici une recension de Former les citoyens, où elle plaide pour revaloriser la place des humanités dans les cursus : lien
    On en a aussi parlé sur un autre fil, je crois.

    De ce point de vue, les annonces de Macron pour l'enseignement supérieur m'ont glacé. Pour les extraits que j'en ai lus (j'espère qu'ils n'étaient pas représentatifs...), il ne s'agissait pas d'une recherche d'équilibre ou d'une volonté d'aller un peu plus loin dans une professionnalisation déjà bien avancée depuis une vingtaine d'années, mais d'une mise au pas complète du supérieur aux logiques du marché, avec peu de carottes et beaucoup de bâtons pour que les universités s'y plient.

    Pour en revenir à la question initiale, je n'ai pas assez d'intelligence pour trouver comment concilier alternance (puisque je suis pour) et renforcement des enseignements ''académiques'', sinon de rajouter des années aux cursus. À une époque, il y a eu des projets de ''propédeutique'', deux années intermédiaires entre lycée et université. Comme les cours seraient liés à de l'alternance, ça pourrait être vivable pour les jeunes, qui ne seraient pas dans un tunnel trop long à être enfermés dans des salles de classes/amphi. Mais ça ne pourrait évidemment se faire qu'avec un statut de l'étudiant qui permette de poursuivre des études plus longues sans le couperet financier (allocation ou autre...).

  • Mevatlav Ekraspeck le 16/01/2022 à 21h04
    L'alternance, c'est l'avenir.

    Dans un monde ou le savoir théorique est à portée de deux clics, ce n'est plus là les enjeux majeurs de l'éducation. On va vers une "révolution de l'apprendre" qui va mettre le geste, l'exécution au coeur de la clef de la formation. Parce que c'est ce que cherchent les entreprises, qui ont deux solutions : soient elles forment (via l'apprentissage et l'alternance donc), soient elles récupèrent des formés.

    Et je précise pour les tenants de la ligne "l'entreprise et l'école, c'est mal, c'est Satan, c'est le privé", je vous rappelle quand même que passé un certain âge, on va au lycée / dans le sup' pour apprendre un métier, pas pour la gloire de savoir.

    Bref, les boîtes veulent recruter du jeune qui tient la route, et qui connait les rudiments du geste professionnel. Et ce qui fait écho la discussion sur le neuf-cube, c'est ce décalage constaté entre le niveau de qualification affiché et reconnu au niveau national, validé par un diplôme, et ce que vont constater les employeurs ou les structures de formation pré-bac, BTS ou CPGE.

    Vous savez tous que je vadrouille du côté de ces derniers. Bouchez vous les yeux et les oreilles, je vais vous raconter des horreurs.

    Déjà, Parcoursup, c'est bien. C'est bien parce que ça évite que ce que je vais vous décrire de prenne de l'ampleur.

    Quand il vous reste des places en BTS ou en prépa, vous avez la possibilité de taper dans des candidatures extérieures, des recalés... ou quand vous avez des défections sur la liste principale, vous vous autorisez des largesses avec la liste d'attente pour profiler votre candidat. Vous n'avez pas le choix sur le gros de l'effectif, mais quand à la marge vous pouvez vous éviter un boulet ou un traîne savate, alors au diable les règles. Oui, c'est mal.

    Quels critères vont être déterminants? Alors au risque d'en décevoir certains, le patronyme n'en fait pas partie. L'adresse non plus, on n'est pas des loups du privé. Non le truc moche, c'est que les profs, les chefs et les CPE, que ce soit en commission informelle ou en position de seul décideurs, ils ne regardent même plus les notes ou les mentions. Ils regardent les bahuts d'origine des gamins, parce que la "qualité d'enseignement" se sait. C'est un des plus gros tabous de l'EN, ce n'est évalué par aucun critère ou indicateur et c'est pourtant le critère le plus fiable qui soit aux yeux des initiés.

    C'est pourquoi le jeune Alix Chose, 15 de moyenne au lycée Bidule (93) en REP, sera écarté au profit d'Aboubacar, 12 de moyenne au lycée Bismuth (92), pour venir compléter une classe en BTS indus, alors que Parcoursup, lui, aurait fait le choix inverse. Et dans les faits, la vile réalité donne raison aux humains plutôt qu'à l'algorithme ; Aboubacar sera bien moins paumés face aux machines et bien mieux armés en savoirs de bases que le Alix, généralement.

    Mais ça c'est pour l'entrée de chaîne. A l'autre bout et au milieu c'est le même cirque. Pour les stages, par exemple, les berceaux et les tuteurs sont intransigeants sur les consignes : le patronyme et l'origine qui va avec, ils s'en cognent complet. Le cahier des charges est simple :
    LA première, classique : pas de gosses qui habitent trop loin, pour éviter les retards et les aléas de transport. La deuxième, de plus en plus prégnante : pas de "faux niveaux", c'est à dire des gamins qui ont choppé le bac mais qui dans les faits n'ont pas 20% des acquis que cette labellisation sous-entend. Et c'est là où des lycées entiers sont littéralement bannis, avec des gamins qui doivent s'éloigner à mort pour avoir une touche... vite annulée par le premier critère : pas de road-trip.

    Sans passe-droit type piston ou copinage, et sans possibilité de faire ses preuves, le stage, c'est mort.

    Et quand les grands sortent de BTS pour se ruer sur le marché de l'emploi, bis repetita : le lycée d'obtention du diplôme devient prédominant, combiné ce coup-ci à l'adresse de résidence. Un gosse du Val Fourré aura du mal à travailler sur le bassin d'emploi du mantois, parce que les RH des boites savent. Mieux vaut prendre un mec de Versailles / St Germain, Evreux ou Cergy : les "risques" sont supposés moindres sur les compétences acquises, et sur les à côtés désagrables (entrepôts visités, véhicules des boites empruntés, stockage des "marchandise" illicite quand l'employé est plus ou moins sous la coupe ou redevable d'une bande...).

    Les grosses entreprises n'aiment pas tisser des liens avec les quartiers du fait des potentiels actes de délinquances en lien avec les personnes qu'ils emploient. Et ça, c'est LE truc à changer par les autorités dans les années à venir.

    Et un truc idiot : on pourrait s'imaginer que, lorsque les RH sont issus de la diversité ( quelle atroce expression ) ils ont des tendances au copinage : oh tiens un copain issu du pays / du quartier / du lycée... Que nenni! Au contraire, ils sont encore plus impitoyable au moindre signe de "weshitude"... Pour en avoir longuement discuté avec plusieurs d'entre eux, leur logique est implacable et sanglante : nous au moins on s'en est sortis, nous au moins on a fait les efforts d'intégration, d'assimilation des codes et des langages, etc... C'est rude.

    Donc oui, l'intégration rapide et précoce dans une filière d'alternance a de fortes chances de détruire tout ça, qui contribue encore plus à la ségrégation spatiale et sociale, mais finalement assez peu raciale, en tout cas de moins en moins (seule bonne nouvelle du bordel). Et ça concerne beaucoup les mômes de St Denis, pour rebooter avec le sujet initial.

  • Mevatlav Ekraspeck le 16/01/2022 à 21h07
    Et sinon avec des heures de retard, je tombe sur le sort que réservera le président Zemmour aux élèves en situation de handicap.

    Alors le terme est souvent utilisé, galvaudé, mais là, pour le coup, c'est vrai ; j'ai envie de vomir.

    La nausée.