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Feuilles de match et feuilles de maîtres

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Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.

  • Red Tsar le 27/10/2021 à 10h40
    * Comme Inamoto, j'ai dû m'y prendre à plusieurs reprises avant de réussir à aller au bout de Guerre et Paix, perdu dans les patronymes à rallonge (j'ai fini par me faire une fiche…). Mais, effectivement, c'est un effort qui vaut le coup !
    * Comme Loscoff (oui, je n'ai aucune personnalité), je pense qu'il faut ensuite poursuivre la route avec le « Guerre et Paix soviétique » : Vie et Destin. Une lecture qui hante longtemps et qui marque à jamais. Avant Vie et Destin, il y a Pour une juste cause, mais je pense que c'est mieux de commencer par Vie et Destin qui colle directement au sol (enfin, dans la boue et le sang).
    * Dans la foulée, je me demande : et qu'en est-il de la littérature russe aujourd'hui ? La Russie tsariste comme l'URSS ont eu leurs génies littéraires (fussent-ils, dans un cas comme dans l'autre, dans l'opposition). Et aujourd'hui ? Vous auriez des auteurs à recommander ? Je n'ai jamais lu que des petits trucs sympas, romans ou nouvelles, mais rien qui serait à la hauteur des prédécesseurs (certes, la question pourrait se poser pour d'autres pays…). Ce qui m'a le plus plu ces dernières années, c'est la Maison éternelle : un Américain qui parle de l'URSS. Mais qu'en est-il des auteurs russes qui parlent de la Russie d'aujourd'hui ?

  • Balthazar le 27/10/2021 à 10h44
    Pas lue, non, mais je note, merci ! J'ai un rapport, disons, ambivalent à (ce que je connais de) Nabokov.

    (Dans l'édition Folio d'Anna Karénine sont reproduits des commentaires de Dostoïevski dont l'enthousiasme sans réserve m'a surpris. Je me sentais presque plus proche des jugements de l'auteur lui-même, assez sévère avec son œuvre.)

  • Loscoff-Plage le 27/10/2021 à 12h34
    Je n'aime pas tout de Nabokov non plus. En fait, seulement ce qu'il a écrit en russe (on ne se refait pas). Mais ses leçons sur la littérature valent vraiment le détour, que ce soit la partie sur la littérature russe ou celle sur la littérature "étrangère". En France, c'est édité sous le titre "Littératures" chez Robert Laffont.

    Tolstoï et Dostoïevski ne se détestaient pas du tout, d'ailleurs, alors que la critique ultérieure les a institués pôles opposés de la littérature russe. Ils ont dû se croiser deux fois, si mes souvenirs sont exacts (Nabokov en parle, justement).

    Pour Red Tsar, quelques livres que j'ai aimés en littérature russe plus ou moins récente :

    - Alekseï Salnikov, "Les Petrov, la grippe, etc." (2017). Le jeune écrivain le plus doué en Russie actuellement selon moi. Le livre est délirant, dans une tradition assez gogolienne. J'en avais fait un petit résumé sur ce fil-même il y a un ou deux ans. Il vient d'être adapté en film par Kirill Serebriannikov. Je ne sais pas ce que vaut la traduction en français, cela n'a pas dû être facile.

    - Evgueni Vodolazkine, "Les Quatre vies d'Arseni" (2012). Un écrivain qui s'est un peu perdu dans ses derniers romans, mais celui-ci a l'avantage de présenter un pan de l'histoire russe très méconnu en France : le Moyen Âge des principautés. C'est un livre qui peut être déroutant, avec de nombreuses références bibliques et des allers-retours incessants entre langue ancienne et contemporaine.

    - Vassili Axionov, "Une saga moscovite" (1994). Si tu as aimé Vie et Destin, celui-là pourrait te plaire. Le ton est plus léger, mais le principe est plus ou moins le même : on suit les péripéties des membres d'une même famille de 1921 à 1953. Vassili Axionov n'est autre que le fils d'Evguenia Guinzbourg, immense femme dont il faut absolument lire l'autobiographie "Le Vertige" et "Le ciel de la Kolyma". Avec l'Archipel et les nouvelles de Chalamov, c'est le troisième pilier de la littérature sur le système concentrationnaire soviétique.

    - Gouzel Iakhina, "Zouleikha ouvre les yeux" (2015). Gros succès en Russie, sans doute le premier livre sur la déportation et les camps qui parvient jusqu'au grand public depuis le début des années 90. Il y a une romance agaçante qui gâche un peu, mais certains passages sont magnifiques. Son livre suivant, "Mes enfants" est encore meilleur, mais en cours de traduction.

    - Sergueï Lebedev, "Les hommes d'août" (2019). Traduit en français par Luba Jurgenson, toujours une valeur sûre. C'est un livre voyage, voyage dans l'immensité russe (lieu commun, check), voyage dans le temps pour mieux comprendre ce qu'ont représenté les années 90 pour ce pays.

    - Sergueï Dovlatov, n'importe quel recueil de nouvelles fera l'affaire. Le Tchekhov de l'URSS tardive. Certains récits sont à se tordre de rire. Auteur très bien traduit aux éditions de la Baconnière.

    - Józef Mackiewicz, "L'affaire du colonel Miassoïedov" (1962). Je triche, parce que c'est un écrivain polonais, mais lisez ce livre, lisez-le ! Balthazar a aimé !

    Je déconseille : Zakhar Prilepine, Andreï Astvatsatourov, Viktor Pelevine, Vladimir Sorokine, tous médiocres.

  • inamoto le 27/10/2021 à 14h41
    On devrait vraiment fusionner les fils litterature et echecs, on y retrouve les memes cedefistes et les memes références aux noms barbares.

  • Balthazar le 27/10/2021 à 18h05
    "Józef Mackiewicz, "L'affaire du colonel Miassoïedov" (1962). Je triche, parce que c'est un écrivain polonais, mais lisez ce livre, lisez-le ! Balthazar a aimé !"

    En cas de réédition, l'éditeur tient son bandeau...

    C'est drôle, j'ai failli te dire tout à l'heure que tout le monde me parlait de Nabokov ces derniers temps, et voilà que je tombe sur cette phrase dans le train et dans un très bon livre : "Je m'étais à peine préparé, effectuant le minimum pour ne pas avoir l'impression d'insulter mon métier, puis me plongeant dans les nouvelles de Nabokov dont je venais de trouver une édition russe chez un bouquiniste."

  • Red Tsar le 27/10/2021 à 18h15
    Grand merci pour toutes ces suggestions, Loscoff.
    Mais plusieurs de ces titres traitent des périodes antérieures. C'est là-dessus que je me questionnais. Est-ce qu'il y a des auteurs qui traitent de la Russie post-1990 avec la même ampleur que l'ont fait les contemporains de la Russie tsariste ou soviétique ? Tu y a répondu, merci, mais du coup, pas tant que ça on dirait (ça ne m'empêchera pas, évidemment, de lire les autres titres !).
    Tant que je te tiens, deux questions :
    - est-ce qu'il y a des livres qui traitent du rapport à la nature soit durant la période soviétique, soit après ?
    - est-ce que le Don paisible de Cholokov (si tant est qu'il en soit vraiment l'auteur...) ça vaut vraiment le coup ou ça reste une sorte de propagande insipide ? J'ai tout entendu à son sujet.

  • Loscoff-Plage le 28/10/2021 à 12h30
    - Pour la description de la Russie post-soviétique je commencerais par le Lebedev (retour sur les années 90) et le Salnikov (années 2000 dans l'Oural). L'écrivain emblématique des années 90 est Pelevine, dans un style très post-moderne que je déteste, mais l'honnêteté oblige à citer "Homo Zapiens (Generation P)", qui est un peu le roman phare sur ces années-là. Le "Sankia" de Prilepine est souvent cité également, mais je n'y ai jamais rien vu d'autre que la trame des Blues Brothers où les gentils musiciens sont remplacés par des néo-nazis. Tous ces ouvrages n'ont cependant rien à voir avec des fresques sur le temps présent, la littérature russe ne s'occupe plus de ça, ou alors sous la forme de livres-documents comme ceux de Svetlana Aleksievitch ("La fin de l'homme rouge"). Tolstoï lui-même écrit Guerre et Paix sans avoir vécu les événements, c'est plutôt l'histoire de la génération de ses parents et grands-parents. Au départ, il voulait que le roman se termine sur la révolte des décembristes contre Nicolas Ier, pour trouver les causes de ce sursaut d'une partie de la jeunesse noble contre le tsar. Peut-être qu'en 2050 un écrivain génial nous sortira un chef-d'oeuvre en deux tomes sur la période 1985-2000, qui sait !

    - La description de la nature a occupé une place centrale dans la prose des écrivains paysans de la période post-stalinienne. Ce sont des auteurs qui ne sont plus lus aujourd'hui en Russie, encore moins en France. Cet article recense les ouvrages les plus marquants : lien
    Je n'ai lu que "La Maison de Matriona" de Soljenitsyne dans les livres cités, donc je ne serai pas d'un grand secours. Dans mon souvenir, les descriptions de la nature de la Kolyma chez Chalamov et des grands espaces russes chez Pasternak sont beaucoup plus marquants. Il s'agit bien évidemment d'un rapport à la nature très particulier, marqué soit par une organisation collective défaillante, soit par la catastrophe (guerre civile, déportation).

    - Cholokhov a longtemps été accusé d'avoir plagié le "Don paisible". Depuis la découverte en 1999 du manuscrit original signé par Cholokhov, les Russes considèrent généralement que le débat est clos, mais tu trouveras de nombreux spécialistes européens ou américains qui affirment, dans les grandes lignes, que jamais un bolchévique fanatique comme Cholokhov, ivrogne de surcroît, n'aurait pu écrire un roman pareil à 20 ans. Il est vrai que c'était un personnage assez odieux, vent debout contre la dissidence dans les années 60, et qu'il est de bon ton de le détester. Si l'on oublie deux secondes l'auteur, il faut bien admettre que le "Don paisible" n'est absolument pas une oeuvre de propagande, surtout dans sa version non censurée. Premièrement, le livre ne se focalise absolument pas sur les bolchéviques, mais sur les cosaques du Don, qui louvoient entre les allégeances, et sont quand même plus proches des Blancs. Deuxièmement, la Première Guerre mondiale et la Guerre civile sont décrites sans fard, fait assez rare à l'époque. Tout cela au point qu'une partie de la critique soviétique a accusé Cholokhov de sympathies tsaristes au moment de la publication. Quand on connaît son parcours ultérieur, cela ne manque pas de sel. En réalité, le principal obstacle pour le lecteur contemporain, ce n'est absolument pas le contenu idéologique du roman, c'est sa longueur. Je me souviens m'être dit à plusieurs reprise au cours de ma lecture : "Mais ça ne finira donc jamais !". Comme vous à la lecture de ce pavé !

  • Red Tsar le 31/10/2021 à 10h47
    Un très grand merci d'avoir pris le temps de cette réponse.
    Tu me rends d'autant plus service que je ne sais jamais quoi donner comme idée de cadeaux pour noël et là j'ai de quoi (même si d'ici-là, il faut que je finisse mes devoirs sur Shakespeare…).
    J'ai bien envie de pousser plus loin pour m'amuser à voir quelles sont tes limites, ou peut-être parce que ça m'intéresse vraiment :
    – qu'en est-il de la littérature soviétique d'Asie centrale ?
    – est-ce qu'il y a vraiment des différences significatives dans les langues parlées à Moscou, Minsk ou Kiev ?

    ps : j'y repense : mettre Alexievitch dans cette liste… Tu ne serais pas un grand panrusse infiltré au service du Kremlin ?
    pps : donc je comprends que Loscoff n'est pas le Loscoff auquel je pensais. Mais bon, de Brest à Brest, c'est cohérent.

  • Loscoff-Plage le 31/10/2021 à 14h36
    - Je ne connais rien à la littérature d'Asie centrale, hormis Tchinguiz Aïtmatov, écrivain kirghize qui était très lu en URSS. Un de ses premiers récits, Djamilia, a été traduit par Aragon chez nous, mais ne m'avait pas fait forte impression.

    - Si l'on parle de langue russe parlée en Russie, en Ukraine et à Minsk, elle n'est pas très différente. En réalité, aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'y a pas (plus) beaucoup de variantes dialectales en russe. Bien que le territoire soit immense, l'Etat est centralisé depuis longtemps et impose une norme relayée massivement par les médias et les migrations. Un de mes vieux maîtres avait coutume de dire qu'il y a plus de parlers anglais différents dans la seule ville de Londres que de parlers russes entre Minsk et Vladivostok. Les querelles que peuvent entretenir les linguistes moscovites contre les linguistiques pétersbourgeois sur des broutilles indécelables feraient mourir de rire n'importe quel spécialiste de l'anglais ou de l'allemand. Enfin, je crois.
    Les différences entre la façon de parler à Moscou et Kiev sont minimes pour celui qui n'est pas locuteur natif, et tiennent principalement à la prononciation du "g" et du pronom "chto". Ensuite, bien sûr, chaque peuple a sa propre langue nationale, plus ou moins vivace. C'est vrai à l'intérieur de la Russie, c'est aussi vrai dans certains Etats de l'ex-URSS.
    Pour Minsk et Kiev, la tendance depuis l'indépendance est de favoriser la langue nationale. De ce point de vue-là, l'évolution est assez impressionnante en Ukraine du fait de la crise. Je me souviens qu'au début des années 2010 je pouvais tranquillement parler russe avec tout le monde à Kiev, et on me répondait en ukrainien seulement le jour de la fête de l'indépendance. J'y suis retourné quand Rennes a joué contre Kiev et l'ukrainien était parlé presque systématiquement dans un contexte professionnel (magasins, accueil au stade, restaurants). On sent bien, néanmoins, que le russe est resté la langue d'expression naturelle pour par mal de gens : ça s'engueule en russe dans le bus. En plus, la situation est très contrastée : à l'est de Kiev on ne parle presque que russe, à l'ouest on parle ukrainien (surtout en Galicie). Ce bilinguisme national est favorisé par le fait qu'un locuteur d'une des deux langues comprend l'autre en faisait un petit effort. Je connais des Moscovites qui comprennent très bien l'ukrainien juste parce qu'ils ont regardé des séries ukrainiennes à la télé et écouté Okean Elzi dans leur enfance. Pour le parler, en revanche, c'est une autre paire de manches. L'avant-dernier roman de Evgueni Vodolazkine, "Brisbane", décrire bien cette situation.
    En Biélorussie, malgré l'affichage permanent de la langue nationale par l'Etat, le russe reste omniprésent. Le biélorusse est encore plus proche du russe que l'ukrainien, en plus. Je me souviens d'avoir aidé une petite vieille à trouver son chemin dans le métro de Minsk, en me disant que, tout de même, son russe était quand même très bizarre. Elle me parlait biélorusse. Les récents événements ont peut-être changé quelque chose, parce que l'identité biélorusse (le drapeau rouge et blanc, la langue) est au coeur de la révolte contre Loukachenko. Je n'y suis pas retourné depuis 2015, donc je ne saurais dire.

    - J'appelle littérature russe toute littérature de langue russe. Ce sont en tout cas les consignes du chef de mon usine à trolls de la banlieue de Saint-Pétersbourg !

    - Oui, c'est en réalité Loskov : lien
    Je n'ai pas honte de m'autociter comme un vulgaire vendeur de pierres médicinales sur Facebook.

  • Loscoff-Plage le 31/10/2021 à 16h45
    Pour compléter sur l'Asie centrale :

    Un ami ouzbèque conseille de commencer par ce qui est considéré généralement comme le premier roman ouzbèque "Les jours passés", d'Abdulla Qodiriy (parfois écrit Qadiri ou Kadiri). L'action se déroule au milieu du XIXe siècle et raconte les luttes entres les différentes tribus nomades de la région de Tachkent et de Kokand. Ce n'est pas traduit en français, seulement en russe et en anglais ("Bygone Days"). Qodiriy a écrit deux autres récits (dont un sur la collectivisation) avant d'être fusillé en 1937. Cela illustre bien l'ambivalence du pouvoir soviétique vis-à-vis des littératures "nationales" : l'apprentissage de la langue et les publications étaient favorisées, mais cela ne veut pas dire que l'on était prêt à tolérer des voix discordantes, surtout sous Staline. Un écrivain ouzbèque contemporain, Hamid Ismaïlov, a écrit un roman sur le destin tragique de Qodiriy, "La danse des démons", dont des extraits ont été traduits en français par l'excellente revue Jentayu.