Feuilles de match et feuilles de maîtres
Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.
Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.
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Red Tsar le 29/04/2024 à 16h20Pourquoi Aragon est un « géant » à mes yeux...
1- Une œuvre immense. On ne parle pas d'un gus qui a écrit une poignée de romans*, mais d'un auteur qui a cinquante ans d'activité littéraire. Et, oui, la taille, ça compte.
2- Une œuvre d'une grande variété de genres. Qui peut prétendre avoir excellé aussi bien dans le roman que dans la poésie ? Mais Aragon a aussi écrit du théâtre et des essais, beaucoup d'articles de presse. Plus encore, il faut louer la manière dont il hybride les genres : son roman, par exemple, est empli de poésie et de « théâtralité » (de même que sa poésie de prose, etc.).
3- Une œuvre d'une grande variété de styles. Entre sa période surréaliste et ses œuvres de la maturité, entre sa poésie « futuriste » et celle qui cherche l'inspiration dans les lais médiévaux...
4- Un perfectionniste : très régulièrement lors des rééditions de ses œuvres, il les réécrit. C'est parfois cosmétique, une tournure qu'il trouve finalement imparfaite, parfois une refonte plus importante (sur ce plan du perfectionnisme, il faut aussi signaler son impressionnante érudition, sans exclusive partisane).
5- Une vie fascinante : le mystère de sa naissance, la Première Guerre mondiale, ses relations avec Breton, son histoire avec Kagan-Triolet, son amitié trouble avec Drieu, l'engagement dans la Résistance, son travail comme directeur de presse, ses tentatives (pas toujours réussies) de concilier fidélité politique et « fidélité artistique », le triste crépuscule de mai 68... Et, dans une forme de recherche visant à lier l'art et la vie, sa vie est pleine de son art autant que son art est plein de sa vie. Il n'a écrit ni Mémoire ni Journal : mais il y a plein de jeux de pistes dans ses œuvres.
Partant, on voit bien la difficulté d'entrer dans l'œuvre d'Aragon. Par quel bout l'aborder ?
Difficulté également de dire pourquoi on aime Aragon : il y a tant d'Aragon différents.
Pour ma part, je mettrai d'abord en avant sa curiosité et son inventivité. Ensuite, j'apprécie beaucoup sa malice (un peu comme Yourcenar, à la même époque, capable de glisser une saillie scato en plein passage lyrique) et son côté humain : il ne se place pas en surplomb, mais comme un compagnon. Enfin, mais il n'est pas le seul, je trouve admirable cette capacité à écrire pour tous, y compris des catégories populaires, sans rien céder à l'ambition intellectuelle et artistique (comme d'autres au cinéma ou dans la chanson).
Les conseils de Loscoff sont excellents, comme d'habitude (bon, il est quand même un peu méchant avec Les Cloches de Bâle). J'ajouterais juste que ça vaut le coup de lire ses premiers romans de jeunesse, qui sont assez courts, justement pour mesurer l'étendue de sa palette (Télémaque ou Le Paysan de Paris, signalé à juste titre par Julow).
* On en parle de Stendhal ? : on se paluche sur un auteur qui a écrit quoi ? Deux romans ? Et encore un roman à temps partiel et un demi-roman.
hmds
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Milan de solitude le 29/04/2024 à 16h25"Un roman à temps partiel et un demi-roman" ?!! Faquin ! Maroufle ! Manant !
Choderlos de Laclos restera plus fort et plus longtemps dans les mémoires que cent fieffés noircisseurs de feuilles.
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John Six-Voeux-Berk le 29/04/2024 à 16h26A priori négatifs avant de le lire vraiment (notamment pour des raisons politiques).
Et là... la claque ("le roman inachevé" est en effet un sommet).
Aragon est une espèce de virtuose de la versification, un Satriani des mètres les plus inusités : ça peut agacer parfois, mais ça donne une étendue étonnante à son expression poétique. Il y a peut-être de la complaisance dans son "je" poétique, mais une complaisance bien placée.
Si on ajoute, certains côtés franchement queer de sa biographie, il devient carrément attachant (sa mère qu'il a longtemps pris pour sa soeur, son Elsa qui était on-ne-sait-trop-quoi, sa vie amoureuse post-Elsa).
Même si la réf est un peu cringe, Ferrat fait bien entendre la virtuosité poétique d'Aragon ("une corde brisée au doigt du guitariste. Et pourtant je vous dis que le bonheur existe"). Mieux que Ferré et son côté pompier, à mon avis.
Pour ses romans, je passe mon tour.
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Red Tsar le 29/04/2024 à 16h30hmds = Happeau* à Milan de Solitude.
Je ne suis pas peu fier.
Pour Choderlos : oui et j'ai découvert il y a peu son De l'éducation des femmes, très intéressant.
* Je suis vieux, en effet.
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Julow le 29/04/2024 à 16h38OK, mais donc, si je lis UN roman (j'ai pas le temps pour sa "palette"), je lis quoi ?
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Loscoff-Plage le 29/04/2024 à 16h46La Semaine sainte, rogntudju !
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Julow le 29/04/2024 à 16h48Ah oui c'est vrai, tu l'avais dit.
C'est l'âge.
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MarcoVanPasteque le 29/04/2024 à 16h55Son manga est pas mal non plus, Aragon Ball.
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Jeanroucas le 30/04/2024 à 14h28Son groupe aussi Aragon & Roses
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pipige le 01/05/2024 à 14h20La sentence est tombée : la médiathèque de Beauvais a rejeté l'achat de Nabil, au motif que "cette suggestion ne correspond pas aux critères d'acquisition du réseau". Bon en vrai, c'est toujours ce motif qui est indiqué, que je propose le DVD du FCN champion 94-95 ou "mon système" de Nimzovitch !
J'avais mis en justification de Nabil la 4ème de couverture et cette simple phrase "Je connais l'auteur. Il a une belle plume.". J'en conclue que la 4ème est mal écrite.
Pourtant je pensais vraiment que c'était jouable, j'ai déjà eu des propositions de livres acceptées.
Ma demande pour "À la fin du monde il fera beau" est toujours en cours. Elle date du 20 février dernier.